Loisy, A.: La religion d’Israël. Deuxième édition revue et augmentée, 299 p. in-8.
(Ceffonds, chez l’auteur 1908)
Compte rendu par Salomon Reinach, Revue Archéologique t. 14 (4e série), 1909-2, p. 160-161
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A. Loisy. La religion d’Israël. Chez l’auteur, à Ceffonds, 1908. Deuxième édition revue et augmentée, 299 p. in-8.


L’auteur a donné en 1901, chez Letouzey et Ané, un petit livre de 88 p. intitulé : La religion d’Israël, réimpression d’articles publiés ou non publiés (à cause d’une interdiction épiscopale) dans la Revue du clergé français, sous le pseudonyme d’A. Firmin. Le volume que nous annonçons, beaucoup plus considérable, est une refonte très libre de l’original. « La préoccupation d’adapter le catholicisme à l’esprit moderne étant désormais étrangère à l’auteur, il s’abstient naturellement de considérations qui tendraient à interpréter l’enseignement de l’Église selon les exigences de la pensée contemporaine ». A cela près, la méthode de M. L. n’a pas changé ; il est resté prudent, hostile aux hypothèses radicales, aux essais de synthèse qu’il juge tous prématurés. Toutefois, les tenants de la méthode anthropologique n’ont pas lieu de le trouver rétrograde, témoin les passages suivants : « Les premières lois ont été, ce semble, des tabous, l’indication des choses qui ne se font pas. La sanction accompagnait l’interdiction. La morale individuelle, domestique et sociale était aussi une morale religieuse, et une morale aussi rudimentaire que la religion » (p. 74). — « L’état des témoignages ne permet pas, ce semble, d’affirmer que les tribus sémitiques aient traversé une période de totémisme proprement dit, où chaque clan aurait eu le culte d’une espèce animale avec laquelle il se serait cru spécialement apparenté. Cependant, il ne convient pas de pousser trop loin le scepticisme sur ce point, ni de contester que rien d’analogue ait pu se rencontrer chez les ancêtres d’Israël (1). Si la Bible a raison de rattacher au souvenir de Moïse le serpent d’airain qui fut l’objet d’un culte particulier dans le temple d’Ézéchias, il faudrait en conclure, le récit des Nombres (21, 6-9) touchant les guérisons opérées par le fétiche n’étant qu’un mythe explicatif du culte traditionnel, que la tribu de Moïse regardait le serpent comme un animal sacré ; que le serpent d’airain avait été un symbole de Jahvé, comme le taureau en fut un au temps des rois d’Israël ; et que Jahvé lui-même pourrait avoir été à l’origine un dieu-serpent » (2) (p. 81-82). Il est à peine besoin de dire que ce livre est très bien écrit, et qu’il s’y rencontre nombre de pasages [sic] mémorables, où la félicité de l’expression rehausse à propos celle de la pensée. Mais je ne comprends pas qu’on publie un ouvrage savant sans prendre la peine d’y ajouter un index (3).

S[alomon] R[einach]

 

(1) C’est précisément ce que j’ai dit et même redit.

(2) Cf. Orpheus, p. 267-269.

(3) Sauf quelques renvois à Meyer, il n’y a pas de références aux auteurs modernes. Il en résultera que beaucoup de lecteurs, contrairement à la volonté certaine de l’auteur, lui attribueront les résultats du vaste travail collectif dont il s’est fait l’interprète élégant et judicieux.