Pagenstecher, R.: Die Calenische Reliefkeramik. In 4°, xii-194 p., avec 27 planches et 54 gravures dans le texte (8e vol. complémentaire du Jahrbuch).
(Berlin, Reimer 1909)
Compte rendu par Salomon Reinach, Revue Archéologique t. 14 (4e série), 1909-2, p. 309-310
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R. Pagenstecher. Die Calenische Reliefkeramik. Berlin, Reimer, 1909. In 4°, xii-194 p., avec 27 planches et 54 gravures dans le texte (8e vol. complémentaire du Jahrbuch).


Ce n’est pas seulement un corpus de la céramique à reliefs de Calès, mais un véritable trésor de beaux motifs grecs que nous a donné là M. Pagenstecher. Ce volume est désormais indispensable, au même titre que les Vases ornés de M. Déchelette et le beau catalogue de la poterie du British Museum publié par M. H. B. Walters. L’auteur ne s’est pas contenté, d’ailleurs, de décrire et de publier des monuments ; il en a cherché la filiation, qu’il résume lui-même clairement dans une page bonne à traduire. « Pendant mille ans nous pouvons suivre ce style de décoration dans le monde méditerranéen et en pays rhénan. Le début est marqué par cette jolie coupe attique à fond blanc qui montre, en léger relief, la figure d’Artémis (Ath. Mitt., 1880, pl. 10). Mais la véritable origine de la décoration cultivée à Calés doit être cherchée en Grèce et à Alexandrie, d’où elle se répandit en Asie Mineure, dans la Russie méridionale, et trouva de bonne heure accès en Campanie et en Apulie. En Campanie surtout, sous l’influence de la tradition étrusque, le vernis noir avec sa gracieuse décoration put se maintenir jusqu’à l’époque romaine. Les fabricants de Calès et de Capoue fournirent des vases à toute l’Italie, en particulier à l’Étrurie, et suscitèrent naturellement des imitateurs. Tandis que, en Campanie, on cherchait, par le vernis noir, à rendre l’éclat du métal, tandis que Ruvo et Canosa au sud, Orvieto au nord s’efforçaient d’obtenir le même résultat par des revêtements d’argent ou d’or, il se développa plus à l’est, en Asie Mineure, un nouveau style, qui se libéra de l’imitation de modèles toreutiques par le vernis et ne se rattacha plus au grand art que par la qualité des reliefs. Une fabrique campanienne et une fabrique toscane l’adoptèrent ; Puteoli et Arezzo l’emportèrent bientôt sur Calès. Dès lors, la couverte rouge domine. En Asie Mineure, en Grèce, dans la Russie méridionale, en Égypte, cette technique trouve son expression la plus parfaite, puis subit diverses évolutions qui la conduisent jusqu’à la fausse sigillata. Cette dernière fut déjà fabriquée à Rome au IIe siècle, le terrain ayant été préparé par les coupes d’argile augustéennes. Au IIIe et au IVe siècle, devenue la céramique de tout le monde romain, elle se rencontre depuis l’Égypte jusqu’aux bouches du Rhin. D’une technique de plus en plus mauvaise, la fausse sigillata, avec des ornements non plus en relief, mais imprimés, se prolongea péniblement jusqu’au VII e siècle. »

Calès s’appelle aujourd’hui Calvi Risorta. Il y aurait lieu, comme le dit M. Pagenstecher, d’y pratiquer des fouilles, avec l’espoir de découvrir les restes des fabriques et d’apprendre à en distinguer les produits. Même longues et coûteuses, elles mériteraient d’être entreprises ; ne sperne sigillum. C’est par ces modestes coupes, il ne faut pas l’oublier, qu’une bonne partie des idées plastiques de l’hellénisme a pénétré dans le monde romain et, protégée par la pauvreté de la matière, s’est conservée jusqu’à nous.

S[alomon] R[einach]