Seeck, Otto: Geschichte des Untergangs der antiken Welt. Tome III. In-8, 444 pages.
(Berlin, Siemenroth 1909)
Compte rendu par Salomon Reinach, Revue Archéologique t. 14 (4e série), 1909-2, p. 315-316
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Otto Seeck. Geschichte des Untergangs der antiken Welt. Tome III. Berlin, Siemenroth, 1909. In-8, 444 pages.


Le troisième volume de cet ouvrage considérable est consacré tout entier à la religion, comme en témoigne cette énumération des chapitres : Les mystères, la philosophie, la religion de l’Empire romain, les hommes crus divins, le christianisme, l’Église et l’hérésie, les persécutions, le donatisme, Mélitiens et Ariens, le Concile de Nicée. Les indications de sources et les discussions sont reléguées dans un fascicule qui peut se relier avec celui-ci.

L’auteur n’est pas plus bienveillant que Gibbon pour le christianisme. S’il y eut des vertus dans la primitive Église, ce fut par l’effet des persécutions, qui éliminèrent les faibles et les médiocres ; mais, avant et après les persécutions, les chrétiens ne valurent pas mieux que les païens et, bien ou mal, vécurent sur les mêmes préjugés. La prohibition de l’avortement et de l’infanticide, d’où résulta un relèvement de la population dès la fin du IIIe siècle, est à peu près le seul bienfait incontesté de ce qu’on appelle la morale chrétienne. Voici un échantillon du style et des idées de M. Seeck (p. 14) : « La moralité s’éleva, dans le monde antique, en raison de l’affaiblissement des croyances religieuses, non pas que ces croyances soient nuisibles par elles-mêmes, mais parce que le progrès de la civilisation, qui élevait la moralité, retrécissait [sic] progressivement la religion, rudiment de la science primitive. N’avons-nous pas vu la même chose dans les temps modernes ? La piété enfantine du moyen âge s’accommodait des chevaliers pillards et des chambres de torture. Plus cette piété diminua, plus le monde devint meilleur, et aujourd’hui les classes sociales dont la moralité est la plus haute sont aussi, sinon dans tous leurs représentants, du moins en grande majorité, les moins croyantes. » Des phrases comme celles-là seront, très vivement contestées ; de quel instrument de précision disposons-nous donc pour mesurer la moralité des hommes et leur plus ou moins d’attachement aux religions?

M. Seeck a beaucoup d’idées, beaucoup d’esprit, beaucoup de savoir. Son style a quelque chose d’agressif, de coupant (schneidig), quelquefois de moderne et d’anachronique à plaisir, qui fait tressauter le lecteur (ce que semble précisément désirer l’auteur). Un jour que je faisais à Mommsen l’éloge du tome I de cet ouvrage, il me répondit presque avec colère qu’il ne pouvait pas lire cela sans perdre patience et que Seeck était un journaliste. N’est pas journaliste qui veut, parmi les érudits qui savent recourir aux textes. M. Seeek m’agace parfois (1), mais il m’instruit souvent et ne m’ennuie jamais ; c’est assez pour que je recommande la lecture de son livre et que je lui souhaite même un traducteur.

S[alomon] R[einach]

(1) Par exemple quand il veut faire montrer de connaissances demi-mondaines et écrit chambres séparées, qui n’a pas de sens, au lieu de cabinets particuliers

(p. 169).