Domaszewski, A. von: Die Rangordnung des römischen Heeres. 278 p. in-4°. Extrait des Bonner Jahrbücher de 1908.
( 1908)
Compte rendu par Adolphe Joseph Reinach, Revue Archéologique t. 14 (4e série), 1909-2, p. 473-474
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A. von Domaszewski. — Die Rangordnung des römischen Heeres. 278 p. in-40 [sic]. Extrait des Bonner Jahrbücher de 1908.


La hiérarchie dans l’armée romaine à l’époque impériale, les lois de l’avancement, les droits et prérogatives de chaque grade, telles sont les questions complexes que M. von D. s’est attaché à élucider dans ce nouveau mémoire, le plus considérable peut-être de tous ceux par lesquels il a déjà tant fait pour tirer, des milliers de cas particuliers que nous présentent les inscriptions, les lois et les règlements qui ont régi l’armée aux différentes époques de l’Empire. Pour faire sentir l’importance de ce travail, il suffira d’en indiquer les grandes divisions, en signalant les résultats lès plus remarquables. — I. Sous le nom de principales sont désignés tous les militaires de rang inférieur qui, par un beneficium, sont affranchis du service ordinaire, munus ; de là leur viennent les noms de beneficiarii et d’immunes, qui font place à celui d’officiales quand ces bas officiers font partie d’un état-major, officium. Suivant leurs fonctions, on peut les répartir en différents groupes : celui des porte-enseignes (vexillarius, imaginifer, signifer, aquilifer, etc.) ; celui des transmetteurs d’ordres (tubicen, cornicen, tesserarius, etc.) ; celui des sous­-officiers d’approvisionnement (frumentarius) ; celui des sous-officiers de campement et casernement (magister campi, architectus, hydraularius, etc.) ; celui des scribes et agents de bureau (cornicularius, commentariensis, etc.). Comme grandes divisions de l’armée, dans chacune desquelles on retrouve ces différents grades inférieurs, on peut distinguer : les corps spéciaux et privilégiés (cohortes prétoriennes, cohortes urbaines, cohortes des vigiles), les légions, les auxiliaires, les états-majors des gouverneurs de provinces militaires et de certains grands fonctionnaires, enfin les réservistes et les rengagés (veterani et evocati). — II. Les centurions. Avant de les étudier dans toutes les charges qu’ils peuvent être appelés à remplir, M. von D. dresse une intéressante statistique de leur provenance : jusqu’à Hadrien, le centurionat, c’est-à-dire l’accès aux grades plus élevés de l’armée, n’est presque ouvert qu’aux Italiens et aux citoyens des colonies militaires ; avec Hadrien, l’Illyricum et l’Afrique sont plus fréquemment représentés ; avec Septime-Sévère, l’indication d’origine disparaît des cippes funéraires des centurions; c’est que la loi qui réservait ce grade aux italiens a été abolie et que, se recrutant sur place, l’armée va devenir de plus en plus provinciale et de plus en plus barbare. — III. Les primipili. Les premiers d’entre les centurions forment de plus en plus la pépinière pour les commandements qui exigent une longue expérience : praefectus castrorum et praefectus legionis. — IV. Les trois commandements qui comportent le rang équestre. Ces tres militiae equestres (praefectus cohortis, tribunus legionis, praefectus alae) restent longtemps le privilège des colonies romaines ou des grands municipes. Sous Hadrien, cette aristocratie militaire atteint son apogée, excluant quiconque n’est pas Romain ou complètement romanisé. Elle provoque la violente réaction de Septime-Sévère, dont les massacres donnent partout la place à ses Illyriens, à ses Orientaux et à ses Africains. La cause profonde des conflits qui ensanglantent l’Empire depuis sa mort jusqu’au triomphe d’Aurélien serait la rivalité entre ces trois éléments. — V. Au chapitre des procuratores, M. v. D. dresse les tableaux des procuratelles auxquelles peuvent accéder ceux qui ont été praefectus alae ; il faut occuper successivement des postes appartenant aux trois catégories entre lesquelles se répartissent les officiers généraux sexagenarii, centenarii, ducenarii ; dès Septime-Sévère, on est en pleine hiérarchie byzantine. — VI. Les postes qui confèrent le rang sénatorial (tribunus laticlavius, legatus Augusti legionis, legatus Augusti pro praetore). Ils sont enlevés par Septime-Sévère à l’aristocratie romaine et romanisée : tous les fils de primipili sont de droit tribuni laticlavii. Gallien fit un effort suprême pour remédier à la barbarie qui, depuis Septime-Sévère, envahissait de plus en plus l’armée. Mais il voulut aussi attacher plus directement ses soldats à la personne du prince; dans le titre de protector divini lateris, qui apparaît sous son règne, M. von D. veut voir un écho du principe politique de ces Germains que Gallien combattit sur le Rhin : principes pro victoria pugnant, comites pro principe. Ce serait le vrai début du Moyen-Age. — Le mémoire de M. von D. est complété par un appendice contenant la plupart des inscriptions discutées et d’excellents indices qui permettent d’en exploiter les richesses. On doit seulement regretter qu’il ait paru dans un recueil qui est loin d’être — en France du moins, — dans toutes les bibliothèques d’universités.

A[dolphe]-J[oseph] R[einach].