Edmond Pottier et Mme M. Servier. Conseils aux instituteurs sur les nouveaux programmes de l’enseignement du dessin. Paris, Hachette, 1909. In-8, 60 p., avec 2 pl.

Une longue lutte s’engagea autrefois entre le sculpteur Guillaume et le philosophe Ravaisson ; l’un tenait pour l’enseignement du dessin par la géométrie ; l’autre voulait expulser la géométrie du domaine de l’art. Guillaume l’emporta en 1878 ; les programmes de l’enseignement primaire s’inspirèrent de ses idées. En 1908-9, la victoire changea de camp ; ce fut le tour de la géométrie d’être proscrite. « Le système fondé sur la géométrie, écrit M., Pottier, qui devait faciliter les débuts en ramenant les formes complexes du monde extérieur à des lignes simples, qui visait en même temps à donner des habitudes de correction et d’exactitude, a le défaut très grave de ne pas tenir compte du caractère de l’enfant et de paralyser ses aptitudes au lieu de les développer ». A l’avenir « tous les modèles proposés seront des objets à trois dimensions, pris dans la réalité ». « Vous ne devez jamais faire copier par les enfants une image quelconque, ni une affiche, ni même un dessin exécuté par vous au tableau... L’image est faite pour être montrée à titre de renseignement, ou pour donner des notions de goût, pour apprendre l’histoire de l’art, mais non pour être copiée ». Vraiment, c’est aller un peu loin. Pour ma part, j’ai appris à dessiner (je ne dessine pas trop mal) en calquant et en copiant à la plume les gravures de Mannelli d’après les Loges de Raphaël ; une fois en possession d’une certaine habileté calligraphique, qu’on ne peut acquérir autrement, j’ai travaillé d’après le plâtre et d’après nature. La méthode nouvelle, appliquée à la musique, consisterait à faire composer des « airs » à des enfants qui n’ont pas appris à toucher juste. Tracer proprement une ligne n’est encore que l’ABC du dessin ; encore faut-il l’apprendre et, pour l’apprendre vite, s’inspirer de bons modèles, sans s’y attarder.

S[alomon] R[einach]

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