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Compte rendu par Amélie Le Bihan, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne Nombre de mots : 1349 mots Publié en ligne le 2010-07-20 Citation: Histara les comptes rendus (ISSN 2100-0700). Lien: http://histara.sorbonne.fr/cr.php?cr=1055 Lien pour commander ce livre
Cet ouvrage est le tome XXI des IGLS, une collection prestigieuse lancée au début du XXe siècle qui visait à rééditer et compléter l’ancien volume de Waddington et qui ambitionne désormais de rassembler les inscriptions grecques et latines de la Syrie, du Liban et de la Jordanie actuels. Il couvre la région du nord-est de la Jordanie et constitue le premier fascicule du volume 5 des Inscriptions grecques et latines de la Jordanie (IGLJ).
La Jordanie actuelle a été divisée en cinq zones, dont l’une est le nord-est, soit environ le cinquième du pays, qui constitue la zone de recherches de l’auteur. Elle est limitée à l’ouest par le chemin de fer du Hedjaz, qui correspond exactement à la limite ouest du périmètre de travail. La limite nord est la frontière syro-jordanienne, celle du sud est l’autoroute Mafraq-Bagdad. Enfin, à l’est, la limite traverse, du nord au sud, la région d’Umm al-Quttein. La région ainsi définie couvre une superficie d’environ 518 km². Cette région de la Jordanie est intéressante à de nombreux titres. D’abord il s’agit d’une zone de contact entre le désert et les régions agricoles et sédentarisés de l’ouest et du nord. D’importantes voies de communication dans l’Antiquité traversaient la région du nord au sud et vice versa. Dans cette région, la densité des sites archéologiques est exceptionnelle. Il semble donc que les inscriptions grecques et latines de cette partie du nord-est de la Jordanie méritaient de faire l’objet d’un corpus en raison de la cohérence géographique et historique de la région. Le travail présenté ici regroupe toutes les inscriptions grecques et latines de cette zone. Les inscriptions datées couvrent un arc chronologique de près de cinq siècles (177-646 ap. J.-C.).
Ce travail se fonde sur une thèse de doctorat soutenue par l’auteur à l’Université François-Rabelais à Tours en 1994. Le corpus réunit 747 inscriptions provenant de dix-huit sites de la région nord-est, dont un site – Umm al-Jimal – totalise à lui seul 537 numéros. Ce corpus de 747 inscriptions est composé de 12 inscriptions latines, 2 bilingues gréco-nabatéennes et 733 grecques. Parmi elles 254 sont inédites. L’épigraphie régionale est donc principalement de langue grecque.
L’ouvrage comprend une introduction générale, une introduction historique, des notes sur les voyageurs et les explorateurs, ainsi que le corpus qui occupe la quasi-totalité de l’ouvrage.
Après une brève introduction historique sur la région étudiée de l’époque hellénistique à la conquête islamique, l’auteur s’intéresse aux voyageurs et explorateurs qui ont parcouru la région et débuté les recherches sur les inscriptions, ainsi qu’aux fondateurs et rédacteurs des premiers volumes des IGLS.
Le format de cette recension ne permettant pas de détailler les notices de chaque inscription, on insistera donc sur la présentation de ce corpus. Ces inscriptions sont regroupées selon un classement géographique. Elles sont classées par site et, à l’intérieur de chaque site, thématiquement. Chaque site est décrit par une notice rapide qui vise surtout à faire connaître la bibliographie qui lui est propre.
Le corpus est donc classé selon deux principes : l’ordre géographique et l’ordre thématique. Suivant l’ordre géographique, les inscriptions sont classées par site, de l’ouest vers l’est ; le nord est toujours privilégié par rapport au sud. A l’intérieur de chaque site, les inscriptions sont rangées par ordre thématique ou, si l’on préfère, par catégories disposées comme suit :
1. Dédicaces religieuses païennes 2. Dédicaces et innovations chrétiennes 3. Documents officiels émanant de l’empereur 4. Inscriptions en l’honneur des empereurs 5. Inscriptions relatives à des constructions 6. Inscriptions relatives aux factions 7. Inscriptions funéraires en latin 8. Inscriptions funéraires en grec 9. Inscriptions diverses 10. Inscriptions fragmentaires peu identifiables
Dans chaque groupe, les inscriptions sont classées de la même manière que dans le corpus des inscriptions de Bostra (IGLS XIII/1), pour des raisons de commodité et pour conserver les mêmes méthodes de présentation dans tout le corpus du Hawran.
Chaque inscription est présentée de la façon suivante :
1. Localisation de la pierre 2. Description du support de l’inscription 3. Dimensions maximales données en cm 4. Indications sur la visibilité de la pierre par l’auteur 5. Publications antérieures de la plus ancienne à la plus récente 6. Le texte 7. La traduction 8. Les notes critiques 9. Commentaire
La numérotation des inscriptions est effectuée à partir du n°1 sans tenir compte de la localisation de chaque site à l’intérieur de la zone géographique. Les planches photographiques ont la même numérotation que les inscriptions citées dans le corpus.
Les monuments qui portent des inscriptions sont en basalte, pierre caractéristique du Hawran. Les supports des inscriptions peuvent être classés dans cinq types différents selon leur forme actuelle : stèles, autels, blocs, bornes et fragments. Les stèles sont les plus nombreuses. Malgré leur brièveté et leur état fragmentaire, la plupart du temps, les inscriptions peuvent donner des renseignements importants sur plusieurs aspects de l’histoire sociale et politique de cette partie de la Jordanie à l’époque romaine et byzantine. Les inscriptions ont des dates qui s’échelonnent entre le IIe et le VIIe siècle de notre ère, ce qui permet de tirer des conclusions sur la date d’occupation des villages et l’emploi du grec par les populations locales. On peut regrouper les inscriptions selon leur contenu : les dédicaces païennes ; les dédicaces et invocations chrétiennes ; les inscriptions relatives à l’administration, l’armée et aux institutions civiques ; les inscriptions funéraires ; les systèmes de datation.
On peut noter que l’auteur présente ici une épigraphie très diversifiée : inscriptions païennes et chrétiennes, inscriptions des équipes de sport, édits des empereurs, inscriptions honorifiques, inscriptions commémorant des constructions ainsi que des inscriptions funéraires, qui sont de loin les plus nombreuses. On remarque en effet tout de suite en observant le corpus que la grande majorité des inscriptions est d’origine funéraire. Elles sont présentes sur de nombreuses stèles funéraires avec le même contenu : le nom du défunt, son patronyme et l’âge. On trouve aussi davantage d’inscriptions chrétiennes que d’inscriptions païennes, ce qui est conforme aux vestiges archéologiques attestés dans la région. Certaines des inscriptions nous renseignent aussi sur la présence de l’armée romaine dans la zone. Ainsi, ces nombreuses inscriptions nous apportent des informations sur des aspects historiques, religieux, militaires, funéraires ou encore politiques de la région.
Les noms propres de ce corpus seront étudiés par M. Sartre et l’auteur dans un index onomastique commenté général pour tout le Hawran, ce qui permettra sans doute d’apporter des informations sur l’origine des habitants de la région, sur les familles etc.
Grâce aux inscriptions qu’il rassemble, aux très nombreux inédits qu’il publie et aux commentaires qu’il en donne, l’ouvrage de N. Bader contribue largement à enrichir nos connaissances sur la région nord-est de la Jordanie. Toutes les inscriptions accompagnées d’un commentaire soigné et, le plus souvent, d’une bonne photographie, sont traduites. L’ouvrage se termine par un index utile comprenant différentes entrées : les noms des personnes en grec ; les noms des personnes en latin ; les mots grecs ; les mots latins ; les divinités, saints et épithètes divines ; les empereurs, rois, gouverneurs et évêques ; inscriptions datées ; index sémitique ; index des provenances ; toponymes et ethniques ; corps de troupes, ce qui facilite l’accès aux inscriptions recherchées. Cet ouvrage est complétée par une bibliographie assez riche sur les sites et les inscriptions de la région. Ainsi il constitue assurément un précieux outil de travail qui vient combler une lacune, et il est amené à devenir une référence pour les inscriptions de la partie nord-est de la Jordanie. Ce volume s’inscrit donc bien dans la collection des IGLS qui a pour ambition de mettre à la disposition des chercheurs un outil de travail sûr, comprenant les textes originaux, les traductions et les commentaires des inscriptions. La nouvelle mise en forme et la présentation plus modernes et plus complètes des derniers volumes des IGLS facilitent aussi l’étude et la compréhension de ces inscriptions.
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Éditeurs : Lorenz E. Baumer, Université de Genève ; Jan Blanc, Université de Genève ; Christian Heck, Université Lille III ; François Queyrel, École pratique des Hautes Études, Paris |