Piel, Thierry (dir.): Figures et expressions du pouvoir dans l’Antiquité. Hommage à Jean-René Jannot. Format : 15,5 x 24 cm. Nombre de pages : 142 p. ISBN : 978-2-7535-0729-6. 10,00 €
(Presses universitaires de Rennes, Rennes 2009 )
 
Recensione di Claire Joncheray, Université Paris-Ouest Nanterre
 
Numero di parole: 823 parole
Pubblicato on line il 2011-11-14
Histara les comptes rendus (ISSN 2100-0700).
Link: http://histara.sorbonne.fr/cr.php?cr=1140
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          Le trente-sixième volume des « enquêtes et documents », publié par les PUR, correspond à un recueil de huit articles, édité par T. Piel. L’ensemble des auteurs, depuis le Master jusqu’au Professeur honoraire, appartient, ou a été associé, au Centre de Recherche en Histoire Internationale et Atlantique (CRHIA) ; ces contributions relèvent de la volonté de remercier J.-R. Jannot pour ses travaux et pour son investissement dans l’Université de Nantes, une décennie après son départ à la retraite. Les thèmes abordés par cet ouvrage rappellent notamment trois axes de recherche que J.-R. Jannot avait appliqués au monde étrusque : des études iconographiques, une réflexion sur les aspects de la guerre et une analyse du rôle des magistrats.

 

          Ces thèmes sont élargis au monde grec pour les trois premiers articles qui traitent des images, des problèmes onomastiques et de l’art de la guerre. Les cinq autres articles concernent le monde étrusco-latin par ordre chronologique : depuis le Ve siècle av. J.-C.  jusqu’à la période byzantine. Ce recueil, à cause de son hétérogénéité, doit être utilisé ponctuellement, en fonction des éclairages nouveaux que chaque contribution propose. Le premier article (I. Pimouguet-Pedarros, Les formes de combat dans l’iconographie grecque, p. 13-34) prend comme point de vue, typologiquement difficile à assumer à cause de la faiblesse des sources, l’évolution des représentations des scènes de combat. Cet essai présente alors les œuvres de l’époque archaïque en correspondance non pas avec les réalités du temps, mais avec l’idée que se faisaient les Grecs de la guerre, alors que la période hellénistique semble plus excessive dans ses réalisations même si elle se conforme encore aux choix stylistiques du passé et s’inscrit dans la tradition.

 

          Le second article (J. Wilgaux, Transmission et distinction en Grèce ancienne : une étude des règles de nomination, p. 35-48) cherche à nuancer l’hypothèse de B. Vernier, selon laquelle un prénom définit l’identité et la position sociale de celui qui le porte, à cause de la variété des combinaisons possibles. L’auteur propose comme alternative le fait que l’application des règles de nomination et les choix matrimoniaux obéissent à une même logique : les alliances semblent alors davantage déterminantes dans la construction des identités individuelles et familiales que l’onomastique.

 

          En complément du travail de L. Poznanski sur les trois principes de l’art du commandement de Polybe (commander, contrôler et communiquer), le troisième article (S.  Guinebaud, Polybe et la guerre de siège, p. 49-60) oriente son propos vers la tactique de Polybe : il montre comment celle-ci s’inscrit dans la longue durée et privilégie l’action régulière et méthodique au détriment des opérations massives et ponctuelles, ce qui explique comment les Romains ont pu rattraper leur retard en matière de technique militaire.  La problématique novatrice, que C. Chauvire (La gens Flavia avant le Crémère, p. 61-74) propose pour son étude des modes de contrôle du pouvoir par une famille de la période républicaine, concerne l’aspect « temporisateur » de la famille Flavia. Cette perspective expliquerait la grande place de cette gens dans les mécanismes du jeu politique romain de cette époque.

 

          L’article de T. Piel (Des contingents étrusques en Méditerranée occidentale : mercenaires ou forces d’intervention civiques ?, p. 75-92) montre comment l’engagement auprès de Rome transforme les mercenaires étrusques en socii. Ce phénomène expliquerait, malgré un dossier documentaire relativement limité, l’apparition tardive et sporadique de ce mercenariat dans les sources littéraires.

 

          À l’intégration institutionnelle du successeur à la tête de l’Empire romain, étudiée par T. Mommsen, et compte tenu de la nécessité sociologique identifiée par E. Flaig dans le consensus qui permet la succession dynastique à Rome, l’article de F. Hurlet (Comment devenait-on empereur à Rome ? La succession dynastique sous les Julio-Claudiens, p. 93-108) ajoute une nouvelle donnée : le rôle important de la domus impériale, structure créée dans le but d’associer au pouvoir les membres d’une famille élargie. Ainsi, afin de devenir empereur sous les Julio-Claudiens, il faudrait concentrer ces trois aspects : être investi des pouvoirs impériaux, faire l’unanimité et appartenir à la domus.

 

          J. Peyras (Pouvoir romain et terre étrusque d’après des documents romains de l’Antiquité tardive, p. 109-126) part des conclusions d’un premier article : le système agraire établi par les Gracques fait table rase du passé sauf en Étrurie, où il est obligé de respecter la discipline des haruspices. Les sources administratives du droit romain des IVe-Ve siècles ap. J.-C., établissent des différences entre la limitatio, l’établissement des frontières et la centuriation. Elles définissent une tradition des références culturelles étrusques fondées sur la création d’une science étrusque attachée à un système rationnel de l’espace humanisé.

 

          Enfin, H. Inglebert (Les relations entre le Daquin (l’empire romain) et le pays des Sères (l’empire chinois), p. 127-141) met en garde sur l’utilisation des rares textes sur les échanges entre Chinois et Romains et les quelques découvertes archéologiques : ces données nous renseigneraient sur les représentations imaginaires de chaque peuple, et non pas sur une possible rencontre entre ces deux peuples.

 

          Les contributions figurant dans ce recueil permettent de repenser les modes d’expression du pouvoir dans l’Antiquité, depuis les diverses modalités des prises de pouvoir notamment familiales et militaires, jusqu’au maintien de son statut par l’intégration dans une lignée, par des stratégies politiques complexes et par la gestion des informations, des terres et des hommes. Les contributions sont riches en mises au point historiographiques et utiles pour la poursuite des débats.