Catling, Hector - Mannack, Thomas (ed.): Corpus vasorum antiquorum, Great Britain. Oxford, Ashmolean Museum. Corpus vasorum antiquorum, Great Britain, Fasc. 24; Oxford, Fasc. 4., 2010. xvii, 46 p., 60 p. of plates, 15 p. of figures, ISBN 9780197264447, $175.00
(Oxford University Press, Oxford, New York: 2010)
 
Reviewed by Delphine Tonglet, Université Libre de Bruxelles-FNRS
 
Number of words : 740 words
Published online 2011-04-19
Citation: Histara les comptes rendus (ISSN 2100-0700).
Link: http://histara.sorbonne.fr/cr.php?cr=1295
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          Les quelques deux cents vases et fragments de poterie grecque, aujourd’hui présentés dans le quatrième fascicule des CVA de l’Ashmolean Museum d’Oxford, couvrent de manière inégale une période allant de la fin de l’Âge du Bronze aux environs de 700 av. J.-C. Un seul objet représente la poterie submycénienne et peu de pièces caractérisent le protogéométrique, avec des productions attiques (seulement deux vases), eubéennes, laconiennes et du Dodécanèse.  Les Géométriques Moyen et Récent sont également peu présents alors que le Géométrique Tardif attique est particulièrement représenté par des vases et des fragments essentiellement datés de la phase II. Ce noyau offre une palette variée de formes petites ou moyennes et un répertoire assez ample d’ornements géométriques standards. Il permet également une mise en lumière du passage de cette dernière période vers le Protoattique, grâce à une séquence de vases de diverses formes et tailles.  

 

          La collection ainsi que son mode de formation reflètent le faible intérêt que suscitait la période dite des  « Dark Ages » chez les archéologues britanniques de la fin du XIXe et du début du XXe siècle. Accumulée de manière très sporadique, elle ne présente guère un échantillon représentatif de toutes les séquences chronologiques et géographiques qui scandent l’époque géométrique et ses transitions.

          Une première impulsion, bien que relativement faible, fut pourtant apportée à cette collection de vases géométriques dès l’accession d’Arthur Evans à la tête du musée. Il est intéressant de noter que la dizaine de vases alors enregistrés ont sans doute été acquis par Evans lui-même, lors d’un voyage à Athènes. La variété des formes de ce groupe marque le caractère didactique que devait prendre cet assemblage et reflète les propres intérêts du célèbre chercheur.

          Par la suite, les années 1920 connurent diverses donations de membres ou de proches du musée, dont Sir John Beazley. Malheureusement, la plupart des vases, rassemblés par ces donations et quelques achats, sont de provenance inconnue ou très vague.  Cependant, c’est aussi durant cette période que le gouvernement grec donne à l’Ashmolean Museum la plupart des fragments aujourd’hui présents dans la collection, et qui proviennent essentiellement des fouilles de la British School entreprises à Sparte (dans les sanctuaires d’Artémis Orthia et d’Athéna Chalkioikos) entre 1906 et 1910.

          Les années 1930 furent la période la plus prolifique de la collection de poteries géométriques. Malheureusement, le mode un peu douteux d’acquisition des vases sur le marché des antiquités n’offre, encore une fois, que des provenances vagues. Anavysos, Éleusis, Keratea, Koropi, Markopoulo, Spata sont les provenances les plus précises qui apparaissent sur  le registre, alors qu’un grand nombre d’objets sont plus simplement indiqués comme ayant été « achetés à Athènes ».

          Après la Seconde Guerre mondiale, si l’intérêt pour les périodes géométriques augmente fortement, la collection ne s’agrandit plus tellement. Depuis les années 1970, seules quelques pièces sont entrées au musée, les modes d’acquisition ayant changé de nature.


          Ce quatrième fascicule des CVA d’Oxford, entièrement consacré à la collection de poteries géométriques décrite ci-dessus, est en réalité le fruit d’un très vieux projet, entamé par Hector Catling au cours des années 1960, jusqu’à 1971. Il s’agit d’un travail de description, de comparaisons avec du matériel de musées grecs, de bibliographie, photographie et dessin. Certains vases ont également été nettoyés et les mauvaises restaurations annulées. C’est en 2004, sous l’impulsion de John Boardman, que Catling reprend son ouvrage, aidé cette fois par Thomas Mannack. Ce dernier s’est essentiellement occupé de la digitalisation et de l’enrichissement du catalogue.

          Ce nouveau CVA est très sobre. Après une courte introduction, que nous avons résumée ci-dessus, le catalogue comprend 60 planches photos avec des images de grande taille et de bonne qualité. Ces planches sont suivies de 15 figures présentant les profils de nombreuses formes. Quelques autres dessins agrémentent le texte du catalogue. On apprécie aussi les index des provenances et des numéros d’inventaire qui font de l’ouvrage un outil pratique.

          Cependant, il s’agit ici d’un catalogue essentiellement descriptif où les comparaisons et attributions sont signalées mais point discutées, rendant l’ouvrage assez sec. Les caractéristiques des productions, des peintres et des indices de passage d’un style à l’autre que peut révéler la collection d’Oxford (auxquels il est pourtant fait allusion en introduction) ne sont nulle part développées. La fonction de catalogue, d’outil, n’est pas doublée par une ambition monographique, ce qui, à notre avis, est pourtant la force de certains CVA récents.