Leniaud, Jean-Michel: Vingt siècles d’architecture religieuse en France, 272 p. et ill. ISBN : 2-240-02555-07. 29 euros.
(SCEREN-CNDP, Paris 2007)
 
Recensione di Sabine Berger, université Paris IV-Sorbonne
 
Numero di parole: 1253 parole
Pubblicato on line il 2011-07-07
Histara les comptes rendus (ISSN 2100-0700).
Link: http://histara.sorbonne.fr/cr.php?cr=1301
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          Dans ce riche ouvrage publié en 2007 par le Centre national de la documentation pédagogique – au sein de la collection Patrimoines (1) –, l’historien de l’architecture Jean-Michel Leniaud propose un panorama synthétique de l’architecture religieuse en France embrassant à la fois l’évolution des styles, des composantes et des techniques de construction, la diversité des fonctions et des pratiques cultuelles, la situation patrimoniale et administrative des édifices religieux et la place de ces derniers dans leur environnement (urbain comme rural). Une sélection de textes d’auteurs complète cette synthèse, de même que des études de cas et des pistes pédagogiques (2) destinées à favoriser une meilleure compréhension de l’architecture religieuse présente sur le territoire français actuel. L’ouvrage s’adresse aussi bien au grand public, qui y trouvera matière à réflexion, qu’aux professionnels de l’éducation – premier lectorat visé – souhaitant familiariser leurs élèves aux différentes problématiques liées au patrimoine religieux.

 

          La première partie, « Synthèse scientifique », est divisée en dix chapitres d’une grande clarté. Elle est impressionnante par la variété des angles d’approche et des thématiques abordées : situation administrative et patrimoniale des bâtiments cultuels (place de l’Église et des églises dans l’histoire et la société françaises, moyens d’étude et de sauvegarde du patrimoine religieux, richesse mobilière et culturelle des lieux de culte en France, implication de l’État et d’autres structures dans la prise en charge de l’entretien comme de la construction des bâtiments cultuels) ; rapports étroits entre architecture et liturgie (fonctions des édifices de culte dans le catholicisme, le protestantisme, le judaïsme et l’islam) ; insertion des édifices religieux dans l’espace urbain et localisation en milieu rural (rôle et visibilité des édifices religieux dans les villes et dans les campagnes du Haut Moyen Âge à la fin du XXe siècle, intégration dans des quartiers spécifiques – épiscopaux, canoniaux, etc. – et présence de bâtiments annexes) ; principales composantes architecturales (l’autel chrétien des origines à l’époque contemporaine, clochers, nefs et chapelles, typologie des plans et des modes de couvrement) ; rôle du décor peint et vitré (l’accent est particulièrement mis sur les périodes médiévale et post-révolutionnaire) ; techniques de construction et grands courants stylistiques représentés sur le sol français (les procédés et les styles sont présentés par ordre chronologique en deux chapitres balayant seize siècles de création architecturale, exemples à l’appui).

 

          L’« Anthologie. Symbolique et cathédrale », constitue la deuxième partie de l’ouvrage. Elle offre au lecteur un choix de textes d’auteurs qui renseignent sur la signification de l’architecture religieuse au Moyen Âge, les pratiques liturgiques et la perception de l’architecture gothique depuis le XIXe siècle : les écrits de l’abbé Suger sur la consécration de l’abbatiale de Saint-Denis (XIIe siècle, ici éd. française de 1996) et de l’évêque de Mende Guillaume Durand sur le rôle des images et des objets de culte (XIIIe siècle, ici éd. française de 1854) côtoient ceux de J.-K. Huysmans sur la cathédrale de Chartres (1898), de John Ruskin sur la basilique Saint-Marc de Venise (1851-1853, ici éd. française de 1983), l’article de Marcel Proust sur Ruskin – dont il fut le traducteur – et la notion d’art chrétien (1900, ici éd. de 1999) et les commentaires de Paul Claudel sur la couleur et la lumière dans l’architecture religieuse (1965).

 

          Six pages d’annexes apportent des informations pratiques (notions de législation sur les monuments historiques, sources documentaires, archivistiques et iconographiques relatives aux édifices cultuels) et orientent le lecteur vers des œuvres littéraires (fictions, études, catalogues) traitant de la cathédrale – pas exclusivement médiévale, d’ailleurs.

 

          Les « Études de cas » (une à trois pages chacune), qui s’ouvrent par une présentation de la “cathédrale idéale” d’Eugène Viollet-le-Duc, mettent en avant quelques édifices choisis en raison de leurs qualités esthétiques ou patrimoniales – ou parce qu’ils sont révélateurs d’un contexte historique particulier – et représentatifs de l’architecture religieuse des XVIIe-XXe siècles. L’auteur a veillé à ce que les trois grandes religions monothéistes soient également représentées : abbayes, églises, synagogues ou mosquée illustrent ainsi toute la variété du patrimoine religieux bâti de la France.

 

          Sept sections de « Pistes pédagogiques » proposent dans un premier temps de faire le point sur la place de l’architecture et du patrimoine dans les programmes scolaires – de la maternelle au lycée – puis de guider les enseignants vers les moyens de susciter l’intérêt des élèves pour le patrimoine religieux français, dans toute sa diversité : importance de la transmission des notions de “sacré” et de tolérance vis-à-vis des croyances d’autrui, prise en compte des réticences éventuelles à l’étude du fait religieux, généralisation des activités de découverte (visites, conception de projets, travaux écrits) des édifices de culte – toutes confessions confondues –, utilisation des ressources électroniques et audiovisuelles disponibles.

 

          Jean-Michel Leniaud propose enfin une courte bibliographie, utile complément pour le lecteur qui ne peut être qu’enthousiasmé par cette synthèse originale, qui constitue un bel exemple d’ouvrage de vulgarisation de qualité : le sujet, complexe, est en effet traité avec une grande efficacité, ce volume remplissant parfaitement sa mission. Puissent les acteurs de l’enseignement primaire et secondaire utiliser abondamment ce livre afin de faire naître chez leurs élèves une curiosité pour les édifices religieux et plus généralement un intérêt pour le patrimoine français.

 

Notes :

 

(1). Celle-ci accueille également des synthèses sur le patrimoine industriel et urbain contemporain. L’ensemble des volumes de la collection Patrimoines est présenté sur le site web du réseau S.C.E.R.E.N. : http://www.cndp.fr/collection/collection-detail/Patrimoine-1340.html.

(2). Rédigées par l’historienne Marie Lavin, dont on peut citer de manière complémentaire L’histoire des arts : émergence d’un enseignement, préf. Philippe Joutard, éd. S.C.E.R.E.N.-C.N.D.P. (coll. Ressources formation. Enjeux du système éducatif), Paris, 1998.

 

Table des matières :

 

Synthèse scientifique :

1- Situation administrative et patrimoniale, p. 11.

2- Architecture et religion : les conditions d’une union, p. 31.

3- Diversité et fonctions des lieux de culte, p. 43.

4- Emplacement et visibilité sur le territoire rural et urbain, p. 55.

5- Le groupe cathédral et paroissial, p. 75.

6- Le chœur, le sanctuaire et l’autel, p. 91.

7- Le plan et le couvrement, p. 109.

8- Couleur, peintures murales, vitraux et lumière, p. 131.

9- Styles et techniques dans l’histoire. I, p. 153.

10- Styles et techniques dans l’histoire. II, p. 175.

Anthologie. Symbolique et cathédrale :

Guillaume Durand, p. 199.

Suger, p. 203.

Joris-Karl Huysmans, p. 207.

John Ruskin, p. 211.

Marcel Proust, p. 212.

Paul Claudel, p. 214.

Annexes :

Architecture religieuse et patrimoine, p. 220.

Cathédrale et littérature, p. 221.

Comment documenter une monographie d’église ou autre édifice du culte, p. 222.

Études de cas :

1. La “cathédrale idéale” de Viollet-le-Duc, p. 229.

2. L’abbaye Sainte-Marie-Majeure à Pont-à-Mousson, p. 231.

3. L’église Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Maubeuge, p. 235.

4. L’église luthérienne Saint-Martin à Montbéliard, p. 237.

5. Le temple de la rue Julien-Lacroix à Paris, p. 241.

6. L’église grecque de la rue Bizet à Paris, p. 243.

7. La synagogue de Cavaillon, p. 245.

8. La synagogue de la rue Pavée à Paris, p. 247.

9. La synagogue de la Paix à Strasbourg, p. 249.

10. La Grande Mosquée de Paris, p. 251.

Pistes pédagogiques :

1. Des “lieux de mémoire” à l’importance du fait architectural : l’École intègre la réflexion sur le cadre de vie et le patrimoine, p. 254.

2. Le patrimoine architectural religieux a-t-il une place dans les programmes scolaires ?, p. 255.

3. Donner du sens, p. 259.

4. Attention, sujet sensible, p. 260.

5. Des dispositifs variés et adaptés, p. 261.

6. De quelques pistes pédagogiques, p. 262.

7. Adresses et références utiles, p. 263.

Bibliographie, p. 265.

Index, p. 266.