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Compte rendu par Marie-Christine Hellmann, CNRS-Université de Paris Ouest Nanterre Nombre de mots : 997 mots Publié en ligne le 2011-04-25 Citation: Histara les comptes rendus (ISSN 2100-0700). Lien: http://histara.sorbonne.fr/cr.php?cr=1330 Lien pour commander ce livre La très active « Butrint Foundation » (http://www.butrintfoundation.co.uk), qui a déjà édité en 2007 et 2008 trois guides respectivement consacrés à Butrint vénitienne et à la ville byzantine, ainsi qu’à son admirable baptistère mosaïqué, nous offre ici, dans un format commode (16 x 23 cm) et toujours comme un guide bilingue albanais/anglais, une petite synthèse sur les phases hellénistique et romaine de l’antique Bouthrôtos/Buthrotum, fondée au VIIe siècle av. notre ère (1) sur un promontoire en face de la pointe nord de l’île de Corfou. La plus méridionale des colonies grecques puis romaines de l’actuelle Albanie est aujourd’hui accessible par une route qui descend du port de Saranda (l’antique Onchesmos), d’où l’on peut aussi rejoindre,
un peu plus au nord, l’antique Phoinikè, fouillée avec succès par une mission albano-italienne. Rédigé par une archéologue formée à la British School at Rome, spécialiste de Butrint romaine et plus précisément de sa sculpture comme expression de l’identité provinciale dans l’Empire romain, ce fascicule ne se contente pas de résumer tout ce qu’il faut savoir sur la ville et ses alentours du IIIe s. av. notre ère jusqu’aux premiers repères protobyzantins : richement illustré et maquetté avec goût (on ne s’étonnera pas qu’il ait été imprimé en Italie), il donne réellement envie de visiter une région qui n’est guère envahie par les touristes, malgré son environnement attirant au bord d’un lac et le relatif bon état des vestiges, qui ont fait l’objet de restaurations. Publié à Londres en 1999, le petit livre de Neritan Ceka, A Guide to the City and the Monuments, était déjà d’une belle qualité éditoriale, mais comme ses 81 pages couvrent tout l’arc chronologique de la cité, elles apportaient proportionnellement beaucoup moins d’informations sur chacune de ses phases.
Dans ce nouveau guide, où la période romaine se taille la part du lion par rapport à la période grecque - les vestiges romains étant à la fois plus nombreux et plus visibles -, deux photos « romaines » de couverture (une tête de Livie trouvée dans le théâtre et une monnaie augustéenne, légendée BUTHR[otum]), introduisent deux illustrations « grecques », sur la page de garde et sur celle de titre : une inscription d’affranchissement et une tête d’Apollon de style praxitélien, toutes deux provenant du théâtre. Mais ces trouvailles sont également emblématiques d’un site qui, à l’instar d’autres cités d’Epire et d’Illyrie, est une mine pour les épigraphistes et les historiens des sociétés coloniales, les spécialistes de la sculpture et les amateurs de petits objets en tout genre, abrités dans son musée local (ou ailleurs, jusqu’à
Devenue colonie romaine en 44 av. notre ère, la ville frappe désormais monnaie à son nom et a ses propres magistrats, sur le modèle de ceux de Rome ; comme l’Vrbs, Buthrote prétendait avoir pour ancêtre le Troyen Énée. Très vite commence la romanisation de la ville basse : à l’ancienne agora fait pendant un forum caractérisé, on circule sur des voies pavées et, surtout, la plaine de Vrina devient un faubourg où s’installent des habitations et des bains, tandis que la vallée de Pavllas est divisée par la centuriation en parcelles où s’élèvent toutes sortes de constructions, comme autour de Phoinikè, Nicopolis, Corinthe… Les capacités des ingénieurs romains sont bien illustrées par un aqueduc qu’un pont à arcades transporte de la plaine de Vrina à Butrinte, où l’eau aboutit d’abord à un nymphée (p. 49).
Les traces d’abandon datables de la seconde moitié du IVe siècle doivent sans doute être mises en relation avec le séisme ravageur de 365. On constate par la suite une réoccupation des structures privées et une multiplication des constructions chrétiennes.
(1) Selon la Butrint foundation le site a été occupé depuis le VIIIe s.
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Éditeurs : Lorenz E. Baumer, Université de Genève ; Jan Blanc, Université de Genève ; Christian Heck, Université Lille III ; François Queyrel, École pratique des Hautes Études, Paris |