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Compte rendu par Eve Gran-Aymerich, Académie des inscriptions et belles-lettres Nombre de mots : 762 mots Publié en ligne le 2011-09-28 Citation: Histara les comptes rendus (ISSN 2100-0700). Lien: http://histara.sorbonne.fr/cr.php?cr=1371 Lien pour commander ce livre Le bicentenaire de la Pontificia Accademia Romana di Archeologia a fourni à M. Buonocore, « Scriptor Latinus » et directeur des archives de la Biblioteca apostolica Vaticana, l’occasion de proposer un bilan de l’activité de la prestigieuse institution au travers de l’analyse de ses publications, « Dissertazioni » (série I 1821-1864 ; série II 1881-1921), « Memorie » (1923-2010) et « Rendiconti » (1921-2010). Il s’agit de rappeler et de souligner le rôle déterminant de la Pontificia Accademia… comme centre de diffusion du savoir archéologique, en Italie et dans le monde. A cet effet, ont été sollicitées les contributions de spécialistes, tous italiens à une exception près, des disciplines appliquées à l’Antiquité et au Moyen Âge – archéologie bien sûr, mais aussi topographie, épigraphie, numismatique, philologie, histoire et histoire de l’art. La présidente de l’Accademia elle-même, Letizia Pani Ermini, professeur d’archéologie médiévale à La Sapienza de Rome, présente l’ouvrage et propose une revue analytique des « studi di epigrafia, archeologia e topografia del Medioevo ». L’archéologie classique, l’un des domaines de prédilection de l’Accademia, a été confiée à Bernard Andreae, qui, de 1984 à 1995, a dirigé le Deutsches Archäologisches Institut de Rome, héritier de l’Institut de correspondance archéologique créé en 1829 et concurrent de l’Accademia dans la diffusion et la promotion du savoir sur l’Antiquité. Si les travaux publiés traduisent la prédominance de Rome et de l’Italie – par l’étruscologie, l’archéologie classique, la topographie, l’épigraphie latine et grecque, la numismatique – ils témoignent aussi de la curiosité et de l’activité dirigées vers d’autres contrées de l’Antiquité, ainsi l’Égypte, la Grèce ou encore la Libye, manifestant également le caractère international de l’institution qui, depuis sa création, compte en ses rangs de prestigieux savants étrangers, comme l’atteste la liste des membres. Ainsi qu’y insiste M. Buonocore dans son introduction, cette monographie ne prétend pas établir un bilan exhaustif des travaux scientifiques conduits depuis 1810, mais doit permettre d’évaluer les résultats obtenus dans les différents domaines en les situant dans le contexte historique de la recherche internationale. Lieu de dialogue, la Pontificia Accademia occupe incontestablement une place de premier plan dans les échanges que les « sciences de l’Antiquité » ont suscités en Europe. Ancrée dans l’histoire de l’Italie, l’Accademia l’est aussi dès sa fondation dans celle de l’Europe, ainsi que le rappelle Arnaldo Marcone, professeur d’histoire romaine à l’Université de Roma Tre et l’un des grands spécialistes de l’historiographie moderne sur le monde antique. En effet, si la célébration du bicentenaire renvoie à la fondation en 1810 de la Libera Accademia Romana di Archeologia par Joseph-Marie de Gérando (1772-1842), chargé par Napoléon 1er d’organiser l’administration romaine, le libellé même de la Pontificia Accademia la rattache à la Pontificia Accademia di Storia e di Archeologia créée en 1740 par Benoît XIV. Autre signe de l’insertion européenne de l’institution pontificale : c’est précisément en 1829, date de la création à Rome de l’Institut de correspondance archéologique, à l’initiative de savants issus de plusieurs pays européens, que Pie VIII modifie l’intitulé de l’académie en y introduisant l’adjectif « pontificia », renforçant ainsi le poids d’une institution soumise à la concurrence scientifique européenne. A rappeler les noms de Bartolomeo Borghesi (1781-1860), de Giovanni Battista De Rossi (1822-1894) ou de Gaetano De Sanctis (1870-1957), figures éminentes de l’Accademia, on prend la mesure de la part qu’ils prirent à l’élaboration d’une recherche conduite en collaboration étroite avec leurs collègues européens. Dans cette optique, l’étude par Angelo Russi de la présidence de G. De Sanctis (1930-1956), par certains éléments inédits de sa correspondance, apporte un éclairage révélateur sur les échanges et l’avancée de la recherche, et met en évidence l’intérêt des documents d’archives pour l’histoire de ces sciences humaines inscrites dans l’histoire de l’Europe. M. Buonocore en fait lui aussi la preuve en repérant les recours aux sources manuscrites et archivistiques dans les publications de l’Accademia, lui qui, par ailleurs, a fondé son ouvrage sur la contribution de T. Mommsen à l’étude du monde antique, sur ses lettres conservées à la Bibliothèque apostolique vaticane. Chacune des contributions consacrées aux différents domaines de recherche, par disciplines appliquées à l’Antiquité classique, orientale, chrétienne et au Moyen Âge, satisfait au projet initial : donner, par l’analyse des travaux majeurs, une image précise des recherches conduites pendant deux siècles, en les confrontant au mouvement scientifique international, ce qui revient à réunir les éléments d’une histoire de chacune de ces sciences. Soulignons de ce point de vue l’importance des données prosopographiques qu’apporte ce volume, aussi bien dans chacun des textes que dans les appendices établis par M. Buonocore et qui fournissent les listes des présidents, secrétaires et membres depuis 1810, ainsi que le contenu détaillé des publications de l’Accademia.
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Éditeurs : Lorenz E. Baumer, Université de Genève ; Jan Blanc, Université de Genève ; Christian Heck, Université Lille III ; François Queyrel, École pratique des Hautes Études, Paris |