| Occhilupo, Sergio: La necropoli capuana. Per una definizione della prima fase tra l’età del Bronzo finale e la prima età del Ferro, pp. 192, 8 figg. e LXXXI tavv. in bianco/nero n.t., ISBN 978-88-6227-309-1, cm 23,3 x 30,5, rilegato/hardback, « Capua preromana », X,
collana diretta da Maria Bonghi Jovino. (Fabrizio Serra editore, Pisa-Roma 2011)
| Compte rendu par Stéphane Bourdin, École française de Rome Nombre de mots : 1146 mots Publié en ligne le 2012-05-15 Citation: Histara les comptes rendus (ISSN 2100-0700). Lien: http://histara.sorbonne.fr/cr.php?cr=1389 Lien pour commander ce livre La collection Capua Preromana, publiée sous le patronage de l’Istituto Nazionale di Studi Etruschi ed Italici, dont le premier volume date de 1965, s’enrichit d’un nouveau numéro, le 10e, consacré à la fouille de la nécropole du Nuovo Mattatoio.
Ce volume s’ouvre par une double préface. M. Bonghi Jovino revient
d’abord sur les circonstances éditoriales et sur le fait que plus de 10
ans ont passé depuis la publication du volume IX (en 2000) et déplore
que le matériel du Museo Provinciale Campano demeure encore en
grande partie inédit. Ensuite, V. Sampaolo rappelle que le matériel de
cette nécropole, fouillée en 1987-1988, a été étudié par divers
étudiants, dans le cadre de thèses de laurea et il revient à S.
Occhilupo, sur la base des notes prises lors des fouilles d’urgence,
durant lesquelles le matériel a été mélangé, de reconstituer les
mobiliers des tombes. V. Sampaolo fait aussi une brève allusion aux
opérations plus récentes, comme la fouille de 2005-2006 au Nuovo Mattatoio, qui a permis de mettre au jour 459 sépultures, toutes encore inédites.
L’ouvrage de S. Occhilupo est donc tiré d’une thèse de specializzazione,
soutenue en 2000 à l’Université de Padoue sous la direction de M.
Torelli, et ne concerne que le matériel issu des fouilles de 1987-1988,
soit 64 sépultures, à incinération ou à inhumation, correspondant à une
petite partie d’une nécropole bien plus étendue. Deux campagnes ont donc
eu lieu en avril-mai 1987 et en février-mars 1988, à la suite du
creusement de fondations et de l’intervention de clandestins. On a
creusé une première tranchée de 90 m de long pour 3-5 m de large, qui a
livré 39 tombes, et une seconde tranchée de 130 m de longueur, qui a
livré 25 tombes. Bien que proche de la nécropole des Fornaci fouillée
dans les années 1960-1970 par W. Johannowsky, cette nécropole du Nuovo Mattatoio, à laquelle on peut rattacher les tombes signalées en 1850 comme provenant du fondo Tirone, s’en distingue et correspond probablement à l’habitat découvert dans le secteur de l’Italtel.
Après une brève présentation de la fouille, l’auteur
propose donc un catalogue complet des mobiliers qu’il a pu reconstituer.
Ce catalogue est illustré de 81 planches, dessins et photographies en
noir et blanc, situées en fin de volume. 30 % des tombes du Nuovo Mattatoio étaient stériles ou bouleversées (soit 19 sur 64) et 24 % des tombes
avec mobilier n’ont livré qu’un ou deux vases. La classification repose
donc sur les 35 tombes qui ont un mobilier significatif. Les tombes
sont, dans leur très grande majorité, datées des phases I A (58 %, soit
27 tombes sur 47 tombes datables) et I B (30 %, soit 13 tombes sur 47)
de Capoue, soit de la fin Xe à la 2e moitié IXe s., à l’exception de deux sépultures plus récentes, appartenant aux phases II A et III A (T. 13 / 88 de la première moitié VIIIe s. et T. 25 / 88 de la première moitié VIIe s.).
Le catalogue est suivi d’une analyse typologique des
différentes catégories de matériel découvert, qui s’appuie sur des
comparaisons avec les autres contextes campaniens contemporains
(Pontecagnano, S. Angelo in Formis), mais également sur les vestiges
d’Étrurie méridionale (Tolfa) ou des Monts Albains. L’auteur passe ainsi
en revue les différentes productions de céramique d’impasto (askoi, olle,
urnes biconiques, amphores, cruches, écuelles etc.), ainsi que les
objets de terre cuite (fusaïoles), et constate que le répertoire des
formes, comme de la décoration (dents de loups, triangles, zigzags)
renvoie aux centres villanoviens proches (Pontecagnano, Sala Consilina)
ou plus lointains (Monts de la Tolfa, Tarquinia, Caere). Les
fibules, en bronze, à disque, à arc serpentant ou trapézoïdal etc.
renvoient également aux typologies villanoviennes ou du centre de la
Péninsule (Terni), de même que les autres artéfacts métalliques
(épingles, spirales, rasoirs, armes).
L’ouvrage se clôt par deux chapitres de synthèse. Dans le
premier, l’auteur revient sur le rituel funéraire et la composition des
mobiliers. Il rappelle que l’on a pu identifier 7 tombes masculines (7
%), 25 tombes féminines (51 %) et 15 tombes indéterminées. Ces
identifications ont été faites uniquement sur la base de la composition
des mobiliers, dans la mesure où les ossements n’ont pas été conservés ;
ceci explique peut-être la sous-représentation des tombes masculines,
due à la rareté des éléments considérés comme typiquement masculins
(rasoirs, armes). Le ratio entre incinérations (23) et inhumations (24)
est assez équilibré, même si l’incinération, avec le dépôt de l’urne
dans un pozzetto revêtu de pierres ou dans une fosse
quadrangulaire, domine aux phases plus anciennes et semble exclusive
pour les tombes masculines. La composition des mobiliers est extrêmement
variable, même si on trouve en général un vase, un askos, par
exemple, en association avec l’urne cinéraire et si certaines tombes (T.
21 / 87 ou 38 / 87) se distinguent par l’abondance du mobilier.
Le dernier (court) chapitre vise à replacer la nécropole du Nuovo Mattatoio dans le contexte plus général de Capoue et de la Campanie à la fin de
l’Âge du Bronze et au début de l’Âge du Fer. Cette phase n’était
auparavant connue que par le matériel de S. Angelo in Formis et quelques
tombes dispersées. Les tombes du Nuovo Mattatoio montrent donc que des éléments de faciès villanovien sont présents à Capoue dès le IXe s., ce qui concorderait selon l’auteur avec les notices des sources
littéraires mentionnant une fondation de la ville par les Étrusques. Les
analogies avec du matériel d’Étrurie méridionale seraient de même à
mettre en relation avec un mouvement migratoire depuis la région de
Tarquinia et Caere d’une part et depuis l’Étrurie tibérine
d’autre part, ces nouveaux migrants se superposant à des populations
locales détentrices de la Culture des tombes à fosse. Au final, cette
mise en perspective, qui assimile de façon un peu automatique le
matériel protovillanovien ou villanovien à des nouveaux arrivants
étrusques et les tombes à fosses féminines à un substrat « ausone »
demeure un peu scolaire et d’une façon générale, l’ensemble du livre se
démarque assez peu de la tesi di specializzazione dont il est issu.
Il n’en demeure pas moins qu’il s’agit d’une très utile
mise au point, sur un ensemble funéraire de première importance, dans la
mesure où les contextes de cette période sont en général très mal
documentés. On n’en attend pas moins avec impatience la publication
(mais quand ?) des 459 tombes encore inédites qui sont signalées dans la
préface. Un autre regret enfin, qui n’est pas dû à l’auteur, mais à
l’éditeur. Le prix de vente de cet ouvrage de 192 pages est fixé à 495 €
(soit 2,57 € la page), ce qui rend son acquisition par de simples
particuliers extrêmement improbable et pose de sérieux problèmes aux
bibliothèques spécialisées, désireuses de compléter leur collection de Capua Preromana.
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