| Kottaridi, Angeliki - Walker, Susan - Galanakis, Yannis (eds): Heracles to Alexander: Treasures from the Royal Capital of Macedon, a Hellenic Kingdom in the Age of Democracy. Published to accompany the Ashmolean exhibition from 7 April to 29 August 2011. ISBN: 978-1-85444-254-3 (Ashmolean Museum, Oxford 2011)
| Compte rendu par Estelle Galbois, Université de Toulouse II- Le Mirail Nombre de mots : 1324 mots Publié en ligne le 2012-01-30 Citation: Histara les comptes rendus (ISSN 2100-0700). Lien: http://histara.sorbonne.fr/cr.php?cr=1407
Ce bel ouvrage, richement
illustré, en couleurs, accompagne l’exposition qui s’est tenue à l’Ashmolean
Museum, à Oxford, du 7 avril au 29 août 2011. Cette exposition est le fruit de
la collaboration entre l’Ashmolean Museum, l’Université d’Oxford, le ministère
de la Culture
et du Tourisme grec et la 17e Ephorie des antiquités préhistoriques
et classiques. Ce livre n’est pas à proprement parler un catalogue
d’exposition, puisque les documents plastiques et les éléments architecturaux
présentés, simplement listés en fin de volume avec quelques mentions générales,
n’ont pas fait l’objet de notices. Cette exposition a permis de rassembler,
comme il est précisé dans l’avant-propos, quelque 552 œuvres, certaines tout à
fait exceptionnelles, provenant pour l’essentiel du musée des Tombes Royales
d’Aigai. Ces œuvres, qui n’ont pour la plupart jamais été montrées au public,
ont été découvertes en grande majorité lors des fouilles effectuées à Aigai, la
moderne Vergina, durant ces vingt dernières années.
Les dix-huit études publiées dans
cet ouvrage, complétées par un appendice, ne suivent pas un classement
thématique et chronologique, si bien qu’on ne saisit pas toujours la logique de
l’ouvrage. Des contributions se recoupent parfois. Plusieurs synthèses portent
sur l’histoire de la
Macédoine antique de la fin de l’âge du Bronze-début de l’âge
du Fer au règne d’Alexandre IV, le fils et successeur d’Alexandre le Grand
(articles 1-5, 8, 14), et montrent la formation du royaume et son expansion
sous la dynastie des Téménides qui a régné des environs de 650 à 310/308 avant
notre ère.
Un article relate l’historique
des fouilles menées sur le site d’Aigai, classé au patrimoine de l’UNESCO
depuis 1996 (article 4). L’activité archéologique sur le site de l’ancienne
capitale de Macédoine fut inaugurée par Léon Heuzey dans la seconde moitié du
XIXe siècle. Plusieurs archéologues grecs se sont ensuite succédé
sur le site. La découverte du Grand Tumulus et de son riche contenu par M.
Andronikos conforta l’hypothèse de l’historien N. Hammond, le premier à
suggérer qu’Aigai était l’ancienne capitale du royaume macédonien.
L’exploration archéologique du site a également permis de mettre au jour de
nombreuses tombes, le théâtre, ainsi que le palais de la cité.
Deux contributions évoquent
l’économie (article 15) et les échanges commerciaux de la Macédoine (article 6).
L’exploitation des ressources minières et forestières sont des activités
économiques importantes du pays. Le monnayage royal en argent fut introduit par
Alexandre Ier. Pour la première fois, le portrait du roi figure sur
les monnaies. Le matériel céramique découvert en Macédoine, dans les tombes
notamment, a permis de retracer les échanges culturels et commerciaux depuis la
fin de l’âge du Bronze-début de l’âge du Fer. Des documents plastiques en verre
et en ivoire, des figurines de terre cuite et des œufs d’autruche ont en outre
fait l’objet d’importations. Des synthèses abordent certains
aspects sociétaux liés à la cour de Macédoine avec l’évocation de l’art de la
guerre et la pratique de la chasse (article 7), ainsi que le banquet royal
(article 12).
Les sites d’Aigai et de Pella ont
chacun fait l’objet d’une synthèse (respectivement articles 11 et 17) – on peut
s’étonner à cet égard que Dion, la troisième des capitales du royaume de
Macédoine, n’ait pas été évoquée. Une étude (article 18) et un
appendice font le point sur les recherches récentes menées sur le palais de
Philippe II de Macédoine, gigantesque édifice, construit au début du IVe
siècle avant J.-C., qui s’étendait sur environ 12 500 m². Ces deux
contributions ouvrent de nouvelles perspectives sur la compréhension de
l’organisation et du rôle assigné à ce palais, véritable archétype des basileia de l’oikouméné hellénistique, et sur l’influence qu’il a eue en tant que
modèle architectural à l’époque impériale.
Les arts somptuaires à la cour de
Macédoine sont également mentionnés dans deux études portant l’une sur la
métallurgie, l’autre sur la peinture (articles 13 et 16). Les découvertes
effectuées dans les tombes d’Aigai, mais aussi sur d’autres sites de la Macédoine, témoignent de
l’essor de la métallurgie au IVe siècle avant J.-C., ce qui coïncide
avec l’apparition d’une société de type aristocratique. Aux côtés de la
métallurgie et de l’orfèvrerie, la peinture occupait aussi une place de choix
dans la vie artistique du IVe siècle avant J.-C. H. Brékoulaki
rappelle bien les liens qui existaient entre les souverains et les peintres à
la cour de Macédoine à la fin de l’époque classique et à l’époque
hellénistique. De nos jours, on peut apprécier la peinture de cette époque
grâce aux compositions picturales qui ornaient la paroi des tombes
macédoniennes récemment mises au jour. Sont citées à titre d’exemples les
tombes de Philippe II, de Perséphone, et la Tombe III. Si
l’identité des artistes qui ont œuvré dans ces sépultures nous est inconnue, il
ne fait nul doute qu’il s’agissait de personnalités marquantes de cette époque. Les pratiques funéraires et les
croyances sont évoquées par l’étude du mobilier découvert dans la nécropole
d’Aigai. Céramiques, terres cuites, armes et pièces de vaisselle ou de bain
sont tour à tour mentionnées.
Dans une contribution (article
9), J. Musgrave et J. Prag reviennent sur la polémique liée à l’identification
des défunts de la tombe II d’Aigai, dans lesquels M. Andronicos avait voulu
reconnaître Philippe II et l’une de ses épouses, Méda ou Cléopâtre. Pour J.
Musgrace et J. Prag, il ne peut s’agir de Philippe III Arrhidée, le demi-frère
d’Alexandre III, et de son épouse Eurydice, comme cela a récemment été proposé
par A. Bartsiokas. Leur étude s’appuie sur des sources littéraires,
historiques, archéologiques et sur l’analyse du matériel osseux retrouvé dans
cette tombe.
Ce beau livre, en dépit de
quelques faiblesses, au nombre desquelles il faut aussi signaler le décalage
qui existe entre les illustrations et le texte qui ne sont pas systématiquement
mis en regard, met à l’honneur le royaume de Macédoine, et plus
particulièrement la cité d’Aigai. On ne peut que s’en réjouir, car ce champ
d’étude a trop longtemps été négligé. Cet ouvrage, constitué de riches
synthèses accompagnées entre autres de cartes, d’un index, d’un glossaire et
d’une riche bibliographie actualisée, sera d’une grande utilité pour tous ceux
qui s’intéressent à cette période.
[1] Il faut signaler deux
ouvrages récents qui illustrent ce nouvel intérêt porté à la Macédoine antique :
A. Cohen, Art in the Era of Alexander the
Great. Paradigms of Manhood and Their cultural Traditions, Cambridge-New
York, 2010 et Au royaume d’Alexandre le
Grand. La Macédoine
antique, sous la direction de Sophie Descamps-Lequime assisté de Katerina
Charatzopoulou, Paris, 2011 (ouvrage qui accompagne l’exposition organisée à
Paris, au musée du Louvre, du 13 octobre 2011 au 16 janvier 2012).
Sommaire
1. The Legend of Macedon: a Hellenic
kingdom in the age of democracy,
par Angeliki Kottaridi, p. 1-24
2. Macedon, c. 650-336 BC,
par Robin Lane Fox, p. 25-38
3. Royalty and Democracy: the case of Macedonia,
par Miltiades Hatzopoulos, p. 39-47
4. Aegae: 160 years of archeological
research,
par Yannis Galanakis, p. 48-58
5. The Myceanean presence in Macedonia:
new evidence from the region of Emathia,
par Elena Kountouri, p. 59-66
6. Trade and exchange in the Macedonian
court,
par Ioannes Graekos, p. 67-74
7. War and Hunting: the world of the
Macedonian king and his companions,
par Ioannes Graekos, p. 75-92
8. Queens,
princesses and high priestesses: the role of women at the Macedonian court,
par Angeliki Kottaridi, p. 93-126
9. The occupants of Tomb II at Vergina:
why Arrhidaios and Eurydice must be excluded,
par Jonathan Musgrave et John
Prag, p. 127-130
10. Burial customs and beliefs in the
royal necropolis of Aegae,
par Angeliki Kottaridi, p. 131-152
11. Aegae: the Macedonian metropolis,
par Angeliki Kottaridi, p. 153-166
12. The royal banquet: a capital
institution,
par Angeliki Kottaridi, p. 167-180
13. Macedonian metallurgy: an expression
of royalty,
par Stella Drougou, p. 181-192
14. The royal presence in the agora of
Aegae,
par Chrysoula Saatsoglou-Paliadeli, p. 193-204
15. Macedonian coinage before Alexander,
par Sophia Kremydi, p. 205-208.
16. Painting at the Macedonian court,
par Harikleia Brekoulaki, p. 209-218
17. Pella:
the ‘greatest of the cities in Macedonia’.
The new capital of the kingdom
of Macedon,
par Maria Lilimpaki-Akamati, p. 219-224
18. From basileion to kaisareion:
the Roman heritage of Philip’s palace at Aegae,
par Susan Walker, p. 225-232
Appendice: The palace of Philip II
in Aegae,
par Angeliki Kottaridi, p. 233-237
Liste des documents illustrés
dans le catalogue, p. 238-256
Dynastie des Téménides, p. 257
Glossaire, p. 258-259
Notes, p. 260-263
Bibliographie, p. 264-271
Crédits photographiques, p. 272 |