La Torre, Gioacchino Francesco - Torelli, Mario (a cura di): Pittura ellenistica in Italia e in Sicilia. Linguaggi e tradizioni, Atti del Convegno di Studi (Messina 24-25 settembre 2009). pp. XIV-606, 185 figg. in b/n e XLII tavole a colori fuori testo; serie «Archaeologica» 163; ISBN 978-88-7689-254-7; Formato: cm 17 x 25, Euro 189,00
(G. Bretschneider Editore, Roma 2011)
 
Compte rendu par Alexandra Dardenay, Université Toulouse-le Mirail
 
Nombre de mots : 2194 mots
Publié en ligne le 2012-08-31
Citation: Histara les comptes rendus (ISSN 2100-0700).
Lien: http://histara.sorbonne.fr/cr.php?cr=1417
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          Le colloque dont cet ouvrage rassemble les contributions s’inscrit dans le cadre d’un projet national de recherche italien (PRIN 2006) associant cinq universités (Bari, Messine, Pavie, Pérouse et Rome III) autour de la problématique de la diffusion du langage pictural hellénistique en Occident. Parallèlement aux résultats des participants au programme PRIN, le colloque de Messine fut également l’occasion de présenter des contributions sur la peinture issues d’autres projets de recherche universitaires, italiens et étrangers, ainsi que quelques travaux des Surintendances de Sicile et de l’aire vésuvienne.  Il en résulte une belle synthèse sur la transmission et le développement des styles et techniques picturaux hellénistiques - il s’agit, pour l’essentiel, de peinture murale -  en Italie et en Sicile. Le présent ouvrage propose donc  une analyse de la diffusion d’un nouveau langage artistique, sur supports pariétaux, dans les aires géographiques de Rome, l’Étrurie, la Campanie, la Sicile et l’Apulie. Les recherches se sont plus particulièrement centrées sur la confrontation entre ce nouveau langage et les traditions picturales locales, ce qu’illustre d’ailleurs le titre de cette rencontre "Linguaggi e tradizioni della pittura ellenistica in Italie e in Sicilia". Les contributions abordent également  des problèmes chronologiques, en particulier sur le moment de l’introduction du style structural en Italie et les modalités de sa transmission. En effet, cette question a pu être récemment revue grâce à l’apport des fouilles des niveaux républicains de Pompéi notamment, mais d’autres sites également, où la mise en œuvre de nouvelles études stratigraphiques  a permis d’affermir la datation de quelques ensembles picturaux. D’autre part, la question de la définition du "Premier style pompéien" et de ses liens avec le style structural grec a été au cœur de plusieurs travaux présentés lors de ce colloque. Enfin, du point de vue iconographique, quelques contributions se sont attachées à restaurer le lien entre les mosaïques et la "grande peinture" grecque (c’est-à-dire la "peinture de chevalet"). En effet, le style structural grec et son "dérivé" - le Premier style pompéien -étant des langages picturaux en grande partie aniconiques, ce sont les mosaïques qui portent l’essentiel de la charge iconographique dans le décor domestique hellénistique. Cette approche est complétée et renforcée par l’analyse du langage figuratif et des scènes figurées attestées sur des supports céramiques.

 

          L’ouvrage s’organise en cinq parties thématiques, privilégiant les approches géographiques, du moins pour les parties deux à cinq. La première partie - "La pittura dei regni ellenistici e i suoi riflessi"- regroupe huit communications portant sur des recherches récentes dans le champ des arts picturaux hellénistiques, de la "grande peinture" à la peinture murale en passant par la mosaïque. Le volume s’ouvre avec une "conférence inaugurale" de Paolo Moreno en forme de synthèse sur la peinture en Grèce de 323 à 31 av. J.-C., à travers le prisme de ses prolongements en Occident. Vient ensuite une intervention de F.-H. Massa Pairault sur la peinture à Pergame où le corpus des tableaux pompéiens est mis à contribution dans la recherche de modèles ou de thèmes iconographiques nés en contexte attalide. Françoise Alabe propose ensuite une réflexion sur le "vocabulaire et la syntaxe de décors pariétaux  hellénistiques", où sont convoqués, pour l’essentiel, les ensembles décoratifs de Délos, lui permettant de revenir sur la définition et la caractérisation du Masonry Style (également appelé "Style structural"), traduit chez elle en "Style de grand appareil". Proposées en entrée du volume, ces précieuses synthèses permettent de balayer quelques-unes des principales problématiques diachroniques et thématiques (reflets de la "peinture de chevalet" dans  le décor domestique, fonctionnement des ateliers et des "écoles" de peinture, modalités de transmission des langages picturaux au sein de la koinè hellénistique) permettant ainsi au lecteur de se replonger, non dans les grands débats historiographiques, mais dans les fondamentaux de la peinture hellénistique. Suivent, au sein de cette première partie, des interventions portant sur des dossiers iconographiques (A. Latini, M. Baggio et M. Salvadori, P.G.P. Meyboom) et deux ensembles décoratifs (T.  d’Angelo sur une tombe d’Agios Athanasios et M. Bell sur la maison de Ganymède à Morgantina).

 

          La deuxième partie - "La pittura dell’ Ellenismo in Occidente : il caso siciliano" - inaugure l’organisation résolument géographique de toutes les autres contributions du volume. Neufs articles sont l’occasion d’envisager le développement des arts picturaux en Sicile à l’époque hellénistique. La question de l’articulation entre le langage pictural de la céramique siciliote et de la peinture se trouve au coeur de plusieurs travaux, ceux de C. Lucchese (peintre de Lipari), de F. Mollo (céramique sicilienne du premier hellénisme) et E. C. Portale (Centuripe), les autres communications s’attachant à préciser la place des systèmes décoratifs pariétaux de Sicile au sein du Masonry Style. Au coeur de la problématique du colloque se trouve le texte G. F. La Torre qui se concentre sur l’introduction et la diffusion du style structural en Sicile. Ainsi qu’il le rappelle, la Sicile joua un rôle de premier plan dans l’introduction en Occident des modes de décor des espaces privés. On observe, en effet, que les systèmes décoratifs nés et expérimentés en Grèce et en Asie Mineure, à l’époque classique, ornent dès l’époque hellénistique au moins, les parois et les sols de Sicile de certaines maisons de la classe dominante. Alors qu’en Orient ce type de décors se développe essentiellement en contexte aulique au cours du "Premier Hellénisme", en Occident, leur diffusion en contexte domestique serait étroitement liée à un phénomène que l’on désigne sous le nom d’asiatica luxuria, qui caractérise la période succédant immédiatement à la conquête de la Grèce et de l’Asie Mineure par Rome.  Dans ce cadre, la Sicile aurait joué un rôle de tout premier plan en raison, notamment, de sa position de "charnière" entre l’Orient et l’Occident et le royaume de Syracuse pourrait avoir servi de vecteur et de réceptacle à l’introduction de modes décoratives élaborées dans les capitales et les cours macédoniennes, asiatiques et égyptiennes. L’imitation et la transmission de ces modèles auraient ainsi servi de support au développement et la diffusion de la luxuria asiatica  qui investira Rome et l’Occident dans le courant du IIe siècle a.C (l’auteur rappelle à cette occasion l’importance de la prise de Syracuse en 211 a.C., et du triomphe de Marcellus qui suivit, dans l’enthousiasme grandissant des Romains pour l’art grec).

 

          Les troisième et quatrième parties occupent moins de place dans le volume, avec respectivement trois interventions pour le "cas apulien" et trois sur l’Étrurie. Concernant la production d’Apulie on retrouve des problématiques prolongeant la réflexion sur les compositions iconographiques et la structuration du langage pictural dans la céramique locale. Pour la partie étrusque, c’est plutôt la peinture funéraire qui a retenu l’attention des trois communicants, V. Vaccaro (sur la figure de Charun/Charu), F. Franzoni (chronologie des tombes de Tarquinia)  et M. Harari.

 

          Sans surprise, étant donné le thème du colloque, la cinquième partie - "La Pittura ellenistica di Roma. L’Urbs e la Campania" - est la plus dense avec quatorze articles. En ouverture, M. Torelli offre une précieuse "introduction" à ce chapitre avec une synthèse sur la place du Premier style pompéien - variante italienne du Masonry Style, ainsi que nous le rappelions plus haut - au sein des systèmes pariétaux de la koinè hellénistique. Les interventions suivantes s’attachent à caractériser le Premier style à travers la relecture de dossiers essentiellement pompéiens, mais aussi par le biais d’approches thématiques. La communication de F. Marcattili met ainsi l’accent  sur la culture de la luxuria dans le Premier style. Cette mode décorative est essentiellement documentée en Italie, comme on le sait, grâce aux vestiges de Pompéi et d’Herculanum. En dehors de ces sites, rares sont les témoignages de décors de Premier Style mis au jour dans la péninsule italique, ces derniers n’ayant, par ailleurs, pas reçu toute l’attention qu’ils méritent. C’est le cas notamment du décor du Temple de Castor et Pollux sur le Forum Romain, qui, au cours de sa reconstruction en 117 a.C. fut orné, sur les murs de sa cella, de panneaux de Premier Style réalisés par des ateliers qui auraient certainement travaillé, d’après Marcatilli, avec des peintres grecs. Il s’agit d’un exemple parmi d’autres illustrant la présence récurrente de tels décors dans de grands et fameux sanctuaires du Latium (Fregelle, Terracine, Préneste, ou de nouveau à Rome, dans l’area sacra du  Largo Argentina...)

 

          C’est également au sein de cette cinquième partie que sont proposés, en conclusion du volume et dans une optique d’ouverture chronologique, des travaux sur des ensembles relevant du Deuxième style pompéien, à la Villa des Papyri d’Herculanum notamment (articles de M.-P. Guidobaldi et D. Esposito). Les actes de ce colloque de Messine constituent donc un volume dense et précieux sur la peinture hellénistique en Italie, riche de synthèses comme d’études d’ensembles bien circonscrits du point de vue géographique ou iconographique et s’imposera, n’en doutons pas, comme un ouvrage de référence en la matière. Regrettons simplement le renvoi des images en fin d’ouvrage, et l’absence d’index, mais ces inconvénients - liés, en grande partie, à des contraintes éditoriales - ne sont que de minces inconvénients au regard de la qualité scientifique du volume.

 

 

 

SOMMARIO

 

Introduzione   p. XI

 

I LA PITTURA DEI REGNI ELLENISTICI E I SUOI RIFLESSI

PAOLO MORENO, Pittura in Grecia dalla maniera alla restaurazione romana (323-31 a.C): rapporti con l’Occidente   p. 3 

FRANCOISE-HÉLÈNE MASSA PAIRAULT, Pergamo e la pittura. Ipotesi e problemi   p. 27 

FRANCOISE ALABE, Vocabulaire et syntaxe de décors pariétaux hellénistiques   p. 39 

TIZIANA D’ANGELO, Un ’Symposion in 4D’: spazio e memoria nel fregio della facciata della tomba di Agios Athanasios   p. 49 

ALEXIA LATINI, Riflessi della mortalità neonatale e materna nella pittura ellenistica   p. 63 

MONICA BAGGIO, MONICA SALVADORI, Maschile-femminile nella pittura funeraria ellenistica: tra armi e ornamento per una dialettica spazio-oggetto   p. 79 

PAUL G. P. MEYBOOM, A tour along ancient scenes with aithiopian animals the Marisa frieze, the Nile mosaic of Palestrina, the artemidorus papyrus and the great hunt mosaic of Piazza Armerina   p. 91 

MALCOLM BELL, Osservazioni sui mosaici greci della Casa di Ganimede a Morgantina   p. 105

 

II LA PITTURA DELL’ELLENISMO IN OCCIDENTE: IL CASO SICILIANO

CLAUDIA LUCCHESE, II linguaggio della ceramica siceliota della prima età ellenistica: l’esempio del Pittore di Lipari   p. 127 

FABRIZIO MOLLO, La ceramografia policroma siciliana del primo ellenismo: spunti e riflessioni   p. 145 

ELISA CHIARA PORTALE, Un «fenomeno strano e inatteso»: riflessioni sulla ceramica di Centuripe   p. 157 

GIOVANNI D I STEFANO, Il tema del defunto banchettante fra scultura e pittura. Il caso di un rilievo votivo di Acrillae   p. 183

LORENZO CAMPAGNA, Sistemi decorativi parietali ellenistici in Sicilia: le cornici in stucco   p. 187 

ALESSIO TOSCANO RAFFA, MASSIMO LIMONCELLI, Una proposta di ricostruzione 3D dei sistemi decorativi della Casa 1 di Finziade (Licata-AG)   p. 227 

G. BARONE, V. CRUPI, C. INGOGLIA, D. MAJOLINO, P. MAZZOLENI,V V ENUTI, Il contributo dell’archeometria allo studio della pittura in Sicilia: il progetto su Licata (relazione preliminare)   p. 241 

GIOACCHINO FRANCESCO L A TORRE, Origine e sviluppo dei sistemi di decorazione parietale nella Sicilia ellenistica   p. 255 

CATERINA GRECO, / sistemi decorativi di Solunto: appunti e riflessioni

 

III LA PITTURA ELLENISTICA IN OCCIDENTE: IL CASO APULO

GIUSEPPINA GADALETA, Linguaggi e tecnica della pittura a tempera policroma nella Daunia della prima età ellenistica   p. 319 

CARMELA ROSCINO, Schemi compositivi e linguaggio figurativo nelle scene mitologiche del Pittore di Dario   p. 331 

LUIGI TODISCO, Il progetto «La ceramica a figure rosse della Magna Grecia e della Sicilia» dell’Università di Bari   p. 341 

 

IV LA PITTURA ELLENISTICA IN OCCIDENTE: IL CASO ETRUSCO

VALERIA VACCARO, Caronti e finte porte   p. 349 

FRANCESCO FRANZONI, Alcune annotazioni sulla cronologia delle tombe tarquiniesi dipinte di III secolo   p. 361 

MAURIZIO HARARI, Perché all’inferno cresce labarba ai draghi   p. 387 

 

V LA PITTURA ELLENISTICA DI ROMA: L’URBS E LA CAMPANIA

MARIO TORELLI, Dalla tradizione ’nazionale’ al primo stile   p. 401 

FRANCESCO MARCATTILI, Primo stile e cultura della luxuria   p. 415

FABRIZIO PESANDO, Case d’età medio-samnitica nella Regio VI di Pompei: periodizzazione degli interventi edilizi e decorativi   p. 425 

RENATA ESPOSITO, Decorazione parietale nella Protocasa del Centauro (VI, 9,3)   p. 437 

DORA D’AURIA, La Protocasa del Granduca Michele (VI, 5, 5): funzionalità degli ambienti, tipologie edilizie e decorazioni parietali   p. 447 

VALENTINA BEFANI, LARA ANNIBOLETI, MARINELLA ANTOLINI, Decorazioni di primo stile nella Domus VI 2, 14 e nella Casa del Marinaio (VII 15, 1-2): recenti acquisizioni   p. 459 

ROBERTO CASSETTA, Un raro fregio figurato di I stile dalla Casa del Naviglio (VI 10, 11) di Pompei   p. 473 

FLAVIANA ORIOLO, KATHARINA ZANIER, Decorazioni di primo stile nei peristili e giardini di Pompei   p. 481 

FLORIAN SEILER, Questioni intorno ad un complesso di pitture ellenistiche singolari a Pompei   p. 499 

MARIA PAOLA GUIDOBALDI, La Villa dei Papiri di Ercolano: inquadramento architettonico e decorativo alla luce delle recenti indagini archeologiche   p. 519 

DOMENICO ESPOSITO, Il secondo stile nella Villa dei Papiri di Ercolano   p.  531 

MARIO GRIMALDI, Alcuni esempi di riflessi della grande scultura ellenistica nella pittura romano-campana   p. 547 

UMBERTO PAPPALARDO, La decorazione dell’Insula Occidentalis a Pompei: mutamenti di gusto dall’età sillana all’età vespasianea   p. 561

ISABELLA COLPO, Paesaggi dell’altrove   p. 571

 

Indice delle figure   p. 583

Indice delle tavole   p. 599