Suter, Rudolf: Hans Arp. Weltbild und Kunstauffassung im Spätwerk. Europäische Hochschulschriften Reihe 28: Kunstgeschichte Band 424. 594 S., zahlr. Abb. ISBN 978-3-03911-428-3 br.
SFR 113.00 €* 78.00 €** 80.20 € 72.90 £ 47.40 US-$ 94.95 (* comprend la TVA - uniquement valable pour l’Allemagne, ** comprend la TVA - uniquement valable pour l’Autriche)
(Peter Lang, Berne 2007)
 
Compte rendu par Paul-Louis Rinuy, Université Paris 8 Saint-Denis-Vincennes
 
Nombre de mots : 412 mots
Publié en ligne le 2010-02-26
Citation: Histara les comptes rendus (ISSN 2100-0700).
Lien: http://histara.sorbonne.fr/cr.php?cr=146
Lien pour commander ce livre
 
 


          L’œuvre tardif des artistes est souvent mal  connu ou loin d’être évalué à sa juste valeur. Le sculpteur Jean Arp n’échappe pas à cette loi générale, et  même l’importante exposition Art is Arp que lui a consacrée en 2008 le musée de Strasbourg, accompagnée d’un excellent catalogue édité  par Isabelle Ewig, mettait principalement en évidence les liens entre Arp et le Dadaïsme et ses créations plastiques de l’entre-deux guerres. Centré sur l’invention plastique de Jean Arp des années 1940 jusqu’à sa mort en 1966, ce livre propose une vision originale et utile sur des œuvres  analysés  couramment comme de simples variations sur des inventions plastiques antérieures. C’est ainsi la place d’Arp dans la sculpture des années 1950 voire 1960 qui  peut être reconsidérée, au sein d’un contexte artistique où s’affirment  les créations plastiques de grands  créateurs des années 1910 et 1920, tels que Brancusi, Giacometti ou Naum Gabo tandis qu’apparaissent d’autres formules de créations sculpturales auxquelles Arp demeure radicalement étranger.

 

          L’ambition de cet ouvrage se marque  dans le souci de l’auteur de refuser une histoire platement formaliste de l’évolution plastique de Jean Arp au profit d’une analyse plus synthétique de sa conception du monde, de ses écrits, de son inscription multiple dans le champ de l’invention intellectuelle. La structure du livre répond à ce dessein. L’œuvre plastique d’Arp n’est abordé qu’en troisième partie, à partir de la page 337, tandis que les deux premières parties sont consacrées à une réflexion critique sur les influences théoriques de l’artiste et à l’analyse de ses fort nombreux écrits. Si le plan se révèle ainsi d’une clarté méritoire, il présente l’avantage d’être rigide et schématique et de conduire l’auteur à retrouver systématiquement dans les œuvres ce qu’il a cru découvrir d’abord dans les réflexions théoriques et dans les textes. Une analyse conjointe de l’invention plastique et théorique aurait sans doute rendu davantage justice au triple jeu – théorique, poétique et plastique – de la création chez Jean Arp. Et l’examen de bien des œuvres tardives d’Arp montre  aussi une certaine répétition, qu’on trouverait aussi chez un Rodin ou un Brancusi, et que l’auteur se refuse à analyser de manière frontale.

 

          Bien des points de ce livre constituent des modèles d’analyse, pour leur force suggestive et leur rigueur méthodologique, comme, notamment, les réflexions sur l’importance du vide dans l’invention de la sculpture moderne, les considérations sur les rapports entre sculpture et architecture ou  entre sculpture et religion, ou encore  l’étude précise de la bibliothèque de Jean Arp. Mais il manque à ce livre, fort utile et bien fait, une véritable perspective d’ensemble qui en ferait un réel ouvrage de référence.