Parrot, André: ASSUR (PROCHE ET MOYEN-ORIENT) [1961]. Présentation et mise à jour bibliographique de Jean-Claude Margueron (L'Univers des Formes, nouvelle présentation) ; 320 pages, 233 ill., cart., sous couv. ill., 195 x 235 mm. - ISBN 9782070118618. 29,00 €.
(Editions Gallimard 2007)

 
Reviewed by Amélie Le Bihan, Doctorante Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
 
Number of words : 3271 words
Published online 2008-02-27
Citation: Histara les comptes rendus (ISSN 2100-0700).
Link: http://histara.sorbonne.fr/cr.php?cr=159
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« L’Univers des formes », collection voulue par André Malraux, est la plus prestigieuse Histoire universelle de l’art. En vingt volumes, cette nouvelle édition présente les grandes civilisations et leurs chefs-d’œuvre, de la Préhistoire au déclin de la Rome antique.

Prolongement du volume de la collection consacré par André Parrot à Sumer, le volume sur Assur illustre la culture de l’Orient mésopotamien et iranien, de l’émergence de l’Empire assyrien (IIe millénaire av. J.-C.) jusqu’à la conquête d’Alexandre le Grand (356-323 av. J.-C.). Le texte d’origine d’André Parrot, illustré par une documentation largement en couleur, est introduit par une nouvelle présentation et augmenté d’une bibliographie mise à jour, dues à Jean-Claude Margueron, directeur d’études émérite de l’École pratique des hautes études et directeur honoraire de la mission archéologique française de Mari.

Cet ouvrage est divisé en deux parties : une première partie chronologique divisée en cinq chapitres (les Assyriens et l’âge du Fer ; du Khabour au Tigre ; la fin des Assyriens ; Babyloniens, Néo-Babyloniens et retour aux sources ; des Achéménides à la mort d’Alexandre le Grand) et une deuxième partie thématique composée de trois chapitres (les techniques mésopotamiennes, la littérature mésopotamienne et la musique mésopotamienne). Des annexes (cartes, bibliographie, bibliographie mise à jour, index de noms propres et de noms de lieux) complètent cet ouvrage. La documentation iconographique est très riche, 220 illustrations en couleur d’objets, reliefs, peintures, plans et photographies de sites.

Dans sa présentation Jean-Claude Margueron met en évidence les nouvelles découvertes archéologiques depuis la première édition de 1961 et les avancées dans les recherches assyriennes.

Les Assyriens à l’âge du Fer

L’Assyrie participait à la civilisation mésopotamienne. Le monde conquis par les Assyriens s’étend du Golfe persique à l’Elam à l’est, aux montagnes d’Arménie au nord, à la Méditerranée et à l’île de Chypre à l’ouest, à l’Égypte, aux déserts d’Arabie au sud. Jamais un peuple n’avait poussé aussi loin ses conquêtes hors de ses frontières. On peut reconnaître deux grandes phases dans la progression de cette conquête : du XIIIe siècle aux environs de l’an 1000, de l’an 1000 à la ruine de Ninive en 612 av. J.-C. La première phase va de l’émancipation locale et régionale au début des grandes expéditions militaires hors de Mésopotamie. La seconde phase voit la poursuite et l’extension de l’hégémonie. Il y a un lien étroit entre la politique, les guerres et le développement de la civilisation assyrienne et donc de son art.

La civilisation assyrienne est à la mesure et à l’image de ces événements tumultueux. Tout y est gigantesque, à commencer par les palais qui sont parmi les plus extraordinaires réalisations architecturales de tous les temps. Celui de Sargon, à Khorsabad, demeure insurpassable à ce jour, par l’ampleur et l’ordonnance, comme par la richesse du décor et la perfection des aménagements. Le gigantisme ornemental qui s’est imposé presque toujours et qui était commandé par l’architecture elle-même, était destiné à prédire la puissance et l’invincibilité du royaume.

La période néo-assyrienne est caractérisée par une production sculpturale qui dépasse tout ce que l’Orient a déjà connu. Cela tient sans doute à deux raisons : la profusion du matériau et la volonté d’expression historique. En effet, la région du Haut-Tigre offre un albâtre gypseux, facile à extraire. Très tendres, ces roches étaient aussi facilement débitées que ciselées. Cependant ces plaques étaient fragiles et résistaient mal aux agents atmosphériques.

Il est certain que les Assyriens ont connu cette fécondité artistique, parce qu’ils voulaient affirmer, iconographiquement, leur suprématie. Le souverain qui faisait consigner sur la pierre ou sur la terre des tablettes la succession de ses exploits, mais selon une version officielle, c’est-à-dire censurée, procédait de même pour les images afin qu’elles soient conformes à la propagande. Il en résulte l’élaboration puis la pétrification d’une doctrine iconographique royale. Le roi deviendra une entité et finalement la fonction marquera tellement le modèle que celui-ci perdra toute individualité.

La production artistique la plus abondante est la sculpture. Ce qui frappe et étonne c’est l’extrême rareté des pièces en ronde bosse, au contraire de la profusion des reliefs. Les thèmes les plus traités sont le palais, la chasse et la guerre. La guerre est de loin le thème le plus magnifié. Elle est avant tout l’œuvre du roi qui participe à chacune des expéditions et y exerce une action décisive.

On constate une évolution très nette dans cette imagerie descriptive. D’Assurnazirpal à Assurbanipal, le style a changé. Au IXe siècle, les scènes font intervenir peu de personnages, mais tous sont représentatifs. Toutes les lois de la perspective, de l’échelle et des proportions sont négligées. Cette méthode permettait une expression beaucoup plus vivante qu’avec le système des registres superposés. Entre ces deux méthodes, l’une statique, l’autre dynamique, l’art assyrien n’a jamais su choisir et il arrive qu’on les trouve combinées sur un monument. Aucune confusion n’est possible entre les sculptures du IXe et celles du VIIe siècle av. J.-C. Au VIIe, les scènes sont beaucoup plus ciselées que sculptées, et les personnages se multiplient. On observe aussi l’introduction de plus en plus nette du paysage.

La chasse était considérée non seulement comme un sport noble, mais comme le meilleur entraînement à la guerre. Assurnazirpal est le premier roi assyrien qu’on voit s’y adonner. À l’époque d’Assurbanipal, le genre est complètement renouvelé, non tant par une amélioration de la technique, qui est sensible, et une meilleure connaissance de l’anatomie animalière, que par la transfiguration de la matière. Celle-ci est trop souvent figée et une nouvelle vie va lui être insufflée.

Du Khabur au Tigre

La marque assyrienne, si nette dans les villes du Moyen-Euphrate, se retrouve aussi, mais avec certains correctifs, sur le site de Tell Halaf, dans la région du Khabour, à l’époque néo-assyrienne. Les sculptures en pierre retrouvées sur ce site sont tout à fait surprenantes et originales.

Si les reliefs de pierre constituaient l’essentiel de l’ornementation des palais assyriens, ils cédaient parfois la place à d’autres modes de décorations comme des compositions mettant en œuvre des briques émaillées. Le site de Khorsabad en a fourni d’excellents exemples. Il est désormais établi que les Assyriens ont fait un très large emploi de la peinture murale. Outre les peintures murales, ils usèrent d’un autre procédé décoratif, des revêtements de minces lamelles de bronze clouées sur les portes, par exemple les « portes de bronze » de Balawat. À cette époque, l’industrie du métal était florissante. Les Assyriens exécutèrent donc des pièces en bronze à caractère artistique, comme la série animalière des lions, avec anneau dorsal.

L’influence assyrienne s’est exercée bien au-delà des bords du Tigre. L’art de la région du lac de Van, l’Urartu des textes anciens, apparaît dans son originalité et avec sa marque propre.

La fin des Assyriens

Dans l’art de la région du Luristan, on peut voir attestée l’originalité des ateliers qui ont réussi à créer un style nettement différent de celui qui caractérise les arts assyriens et hittites contemporains. Il nous apparaît que la phase la plus féconde de cette production correspond aux temps néo-assyriens et qu’on peut donc la fixer au début du Ier millénaire, le départ ayant eu lieu quelques siècles avant, vers les XIIe–XIe siècles, l’achèvement se situant avec l’arrivée des Achéménides. La production de cette région correspond à des objets faciles à transporter, donc fortement appréciés par les nomades.

Les thèmes sont empruntés au monde animal qui est reproduit avec fidélité, avec des compléments qui lui confèrent un cachet d’irréalité et évoquent un monde symbolique et mystérieux : sphinx ailés, mouflons ailés, bêtes androcéphales. On peut constater un emprunt manifeste, à travers toutes les adaptations, à l’iconographie mésopotamienne et singulièrement sumérienne, mais en aucun cas assyrienne. Comment de tels thèmes ont pu survivre, sans qu’on puisse en préciser les intermédiaires, cela demeure incompréhensible. Le Luristan, même s’il a beaucoup emprunté, n’a pourtant jamais produit servilement ; ses copies furent toujours l’occasion de créations originales.

Si les villes assyriennes n’avaient pas été pillées, il est évident qu’on y aurait trouvé une masse considérable de bijoux. Les reliefs témoignent en effet du goût que les souverains portaient aux parures. La plus belle collection de bijoux provient d’un tombeau intact d’Assur. Mais c’est sur les territoires iraniens qu’il faut chercher les bijoux les plus spectaculaires. Dans la province du Kurdistan, on a découvert un trésor qui contient des pièces d’inspiration assyrienne, et d’autres d’un style beaucoup plus vigoureux, apparenté à ce qu’on appellera « l’art des steppes ».

Les Assyriens ont accordé dans leurs installations une très grande place aux ivoires. Ils sont entrés dans l’ornement du mobilier. Les capitales ont fourni de riches séries d’ivoires, en particulier Nimrud, Khorsabad, Assur. Mais ces ivoires étaient-ils fabriqués sur place par des artisans assyriens ? Il y a en effet à Nimrud et à Khorsabad des ivoires qui semblent provenir d’ateliers étrangers, syriens ou phéniciens.

La glyptique est aussi un art mineur utilisé par les Assyriens. Le répertoire de la glyptique est nettement différent de celui de l’ivoire. Et même lorsque les thèmes sont identiques, ils ont été exécutés dans un style particulier à chacun des genres. On constate dans la glyptique un mélange assez curieux de réalisme et de fantaisie mythologique. Ainsi, on rencontre fréquemment la scène de la chasse, mais elle est traitée tout autrement que sur les objets en ivoire. Des cylindres présentent des réminiscences lointaines d’iconographie mésopotamienne, mais adaptées à la région et à l’époque.

Les Babyloniens, Néo-Babyloniens et le retour aux sources

Les monuments appartenant à l’art néo-babylonien sont très peu nombreux, comme on pourrait s’y attendre avec une période aussi mouvementée politiquement. On constate à l’époque néo-babylonienne un retour aux anciennes traditions iconographiques. Fidélité absolue au passé et à ses traditions, mais avant tout politique de grandeur, matérialisée par la splendeur de la capitale Babylone.

À cette époque, les graveurs exercèrent largement leur activité. Nombreux, en effet, sont les cylindres et les sceaux qui doivent être attribués à cette période, mais il est difficile de différencier assyrien et néo-babylonien, les thèmes étant identiques.

Par la suite, la double disparition, de Ninive d’abord, puis de Babylone, a mis un point final à l’action politique de la Mésopotamie. Mais son influence culturelle devait survivre à l’anéantissement des empires. Son art forgé par plus de trois mille ans d’histoire était trop fortement enraciné pour disparaître. Les Achéménides allaient le prolonger encore pendant deux siècles. Cependant on peut noter que, bien qu’influencé par les Assyriens, l’art achéménide a un visage nouveau en partie dû à la profonde modification du régime politique.

Des Achéménides à la mort d’Alexandre le Grand (558-323 av. J.-C.)

La chute de Babylone, sous les coups de Cyrus, fut accueillie par une allégresse générale à travers le Proche-Orient tout entier. Le propos de cet ouvrage est de montrer que l’art perse est dans le prolongement direct des civilisations et des arts mésopotamiens, et plus précisément dans leur forme assyrienne et néo-babylonienne.

L’art monumental perse nous est connu grâce aux villes royales : Pasargade, Persépolis et Suse. L’art achéménide est multiple avec des inspirations dissemblables sinon contradictoires. Un des traits caractéristiques de l’architecture achéménide est l’emploi des colonnes. Ces colonnes permettent l’aménagement de salles hypostyles. Ces conceptions semblent un emprunt à l’Égypte. Il faut souligner l’intérêt des Achéménides pour la polychromie. Ils eurent de même un goût particulier pour le bas-relief ornemental. L’imitation assyrienne y est flagrante. L’art est un hymne chanté à la gloire du monarque et à ses succès. La réminiscence assyrienne est indéniable mais la technique n’est plus du tout la même. Il y a davantage de modelé, plus de douceur, mais surtout un effort pour animer les vêtements. Audacieux dans leur architecture, les Achéménides ont été de remarquables spécialistes dans le domaine de la glyptique et des métaux.

Cette présentation d’ordre chronologique est suivie d’une partie thématique consacrée aux techniques, à la littérature et à la musique mésopotamienne. Dans cette partie, l’auteur veut mettre en avant l’originalité de la production artistique mésopotamienne.

Techniques mésopotamiennes

L’architecture mésopotamienne a été commandée à la fois par les ressources et les déficiences du pays : terre argileuse et manque de bois et de pierre. La terre sera utilisée pour faire des briques et la pierre et le bois seront importés et réservés aux emplacements indispensables. Dans le bas pays, les premières constructions furent en roseaux. Le procédé de construction s’est maintenu pendant longtemps. Après le roseau, on passa au torchis, puis au pisé (mottes de terre, de forme irrégulière, séchées modérément au soleil) et finalement à la brique. Il existe deux variétés de briques : brique crue et brique cuite. La première est la plus utilisée. Le module des briques a varié selon les époques. Les briques cuites furent dans les premiers temps très modérément employées, puis elles sont par la suite davantage utilisées dans les fondations puis dans les constructions des murs. Dans l’architecture achéménide, la pierre occupe une place plus importante. Il est évident qu’une architecture qui ne dispose que de la terre pour ses réalisations rencontre certaines difficultés. Pour pallier le manque de bois, on utilise presque exclusivement des toits en terrasse. Différentes techniques décoratives ont été employées pour décorer l’architecture : assemblages d’éléments de découpes dans la pierre, brique cuite moulée puis taillée. Les procédés de construction permettent de caractériser l’architecture mésopotamienne de « type horizontal ».

La sculpture en pierre était rare car la pierre devait être importée. On utilisait des pierres variées : gypse, calcaire, albâtre, marbre, basalte, lapis lazuli, stéatite, cornaline… Avec ces pierres, on fabriqua des récipients, des masses d’armes, des statues et des bas-reliefs. On ignore à peu près tout de la technique employée pour la taille et le polissage.

La conquête du métal s’accompagne d’un bouleversement radical des conditions de vie. Dès le début du IVe millénaire, le cuivre avait fait son apparition. Le premier outillage est en cuivre presque pur. L’utilisation du métal ne fait pas disparaître celle de la pierre pour l’outillage. L’emploi généralisé du bronze améliore la technique. Outre le martelage, on utilisait trois méthodes de coulée : à moule ouvert, à moule clos, à cire perdue. Les alliages utilisés varient suivant les objets et les sites. L’âge du bronze voit un développement considérable de la métallurgie. L’armement s’accroît en quantité et en qualité. Puis suit l’âge du fer qui commence en Mésopotamie aux environs de 1200 av. J.-C. Tout d’abord, le fer fut réservé aux ornements et parures, puis il fut utilisé pour l’outillage et l’armement. À côté du bronze et du fer, on utilisa aussi l’or et l’argent. On pouvait utiliser plusieurs métaux pour la fabrication d’un seul objet.

La céramique apparaît avec l’état sédentaire. Au début, tout était façonné à la main, puis tourné à la main. Ensuite, on inventa la tournette. La céramique mésopotamienne ne saurait, sauf exception, prétendre à une grande élégance. Le décor était soit incisé, soit peint, soit les deux à la fois.

Les figurines en terre cuite occupent une place importante dans la production artistique mésopotamienne. Au départ, la fabrication était entièrement exécutée en ronde bosse puis avec les Néo-Assyriens apparaissent les moules.

Les Mésopotamiens ont fait une place considérable dans leur art décoratif à deux matières : la coquille et l’ivoire. La coquille était recueillie en abondance sur les bords du golfe persique. Les mosaïques et les incrustations de coquille, très en faveur au cours du IIIe millénaire et plus singulièrement à l’époque présargonique (entre 2800 et 2450 av. J.-C.), ont presque totalement disparu dans les siècles qui suivirent. L’ivoire est utilisé dans les temps paléolithiques mais son emploi se généralise avec l’époque chalcolithique. Il est certain que la technique de la taille de l’ivoire est très nettement inspirée par celle qui avait fait ses preuves avec la taille de la coquille, matière beaucoup plus fragile.

Les Mésopotamiens appréciaient les décors de peinture murale. Les plus anciennes traces de peinture murale datent du IVe millénaire. Il est évident que la documentation est tronquée car la préservation de ces peintures est rare. Les couleurs et les thèmes sont très variés.

Littérature mésopotamienne

Les Mésopotamiens firent aussi figure de novateurs dans le domaine de la littérature. La littérature était très riche et a connu tous les genres. De toutes les civilisations antiques, la Mésopotamie semble avoir donné la documentation écrite la plus volumineuse. Ce sont les tablettes cunéiformes, de terre crue ou cuite, qui consignent les archives couvrant la totalité des faits, gestes et croyances. Des bibliothèques ont été retrouvées à Ninive, Nippur, Lagash et Mari. Ces archives ont pu être déchiffrées grâce aux inscriptions trilingues de Persépolis et Behistun, et par étapes successives (1849, 1854, 1857). Il faut rappeler que le système appelé « assyro-babylonien » avait une origine sumérienne. On peut souligner la très grande variété de la littérature mésopotamienne : elle comprend des récits épiques et mythologiques, des légendes, des hymnes royaux ou divins, des lamentations, des élégies, des textes cultuels et rituels, des contrats de commerce et de transactions, des échanges épistolaires. À la fin du IIIe millénaire, les Sumériens disparaissent de la scène politique mais leur langue subsiste comme langue sacrée. Les traditions sumériennes ont inspiré largement la production littéraire qui suivit, qu’on peut appeler « accadienne » ou « assyro-babylonienne ». Le début du IIe millénaire est en effet témoin d’une extraordinaire production littéraire dont les Sémites sont cette fois les artisans. Comme auparavant, tous les genres sont abordés. Deux récits de cette période sont très fameux : le « Poème babylonien de la Création » et l’« Épopée de Gilgamesh ». Cette production littéraire immense est due à une légion de scribes. Formés dans des écoles spécialisées, des hommes écrivaient toute la journée, sur des petits blocs d’argile, conservés jusqu’à nous.

Musique mésopotamienne

La musique n’est pas seulement perçue comme un moyen d’expression et de jouissance sensible, mais très certainement aussi comme une fonction sociale, dictée par des impératifs religieux. C’est sans doute chez Goudéa, patési de Lagash, (XXIIe siècle av. J.-C.) que l’on trouve les textes les plus explicites à cet égard. Ces textes célèbrent l’accueil que les divinités réservent aux chants sacrés, psaumes et lamentations, qu’un personnel spécialisé exécute suivant une liturgie bien établie. Les instruments utilisés au cours de ces cérémonies peuvent être variés : lyres, harpes, flûtes, cymbales, tambours. Nous connaissons cette musique mésopotamienne à travers les instruments de musique et leurs représentations. À Ur, la série de harpes est aussi importante que variée. La plus célèbre est la grande lyre en or du « puits de la mort » dans la nécropole royale. Au IIe millénaire, harpes et lyres sont toujours en faveur. On en trouve des représentations sur un tesson découvert à Larsa ou sur des figurines. À côté des harpes et des lyres, il faut noter l’emploi très fréquemment attesté du luth, avec une minuscule caisse de résonance piriforme et un très long manche.

Les scènes avec des musiciens représentent avant tout des scènes religieuses. La nudité rituelle était de règle dans certaines cérémonies ; il apparaît que certains musiciens sont des officiants, s’accompagnant eux-mêmes dans l’exécution de quelque liturgie. Mais parfois, ce sont aussi des représentations de scènes de musique profane : au cours des repas, des fêtes, sur des champs de bataille. On trouve aussi des représentations de véritables orchestres : lyres, harpes, cymbales, instruments à percussion et à vent, musiciens. Tous ces objets mettent en évidence l’importance de la musique dans le monde mésopotamien.

Cette publication détaillée permet d’avoir une vision complète de l’art de l’Orient mésopotamien et iranien, de l’émergence de l’empire assyrien jusqu’à la conquête d’Alexandre le Grand. Très bien illustrée, elle laisse entrevoir la profusion et la variété de la production artistique de cette période. Ce volume est riche de réflexions et de références utiles à la compréhension de cet art et met en évidence le rôle fondamental de cet héritage culturel.

Nous attendons avec impatience que l’ensemble des vingt volumes soit publié. La réédition de cette Histoire universelle de l’art sera utile à de très nombreux étudiants en histoire de l’art et archéologie mais aussi aux amateurs d’histoire et d’art. Son nouveau format et son prix en font un outil de travail indispensable.