Karvonis, Pavlos - Mikedaki, Maria - Zachos, Giorgos: Tabula imperii romani, j35: Smyrna, i: Aegean islands, pages 252, maps 43+1, A4, ISSN 2241-2824, ISBN 978-960-404-226-5, 70 €
(Academy of Athens, Athens 2012)
 
Recensione di Alexis D’Hautcourt, Kansai Gaidai [Université des Langues Etrangères du Kansai]
 
Numero di parole: 872 parole
Pubblicato on line il 2014-06-24
Histara les comptes rendus (ISSN 2100-0700).
Link: http://histara.sorbonne.fr/cr.php?cr=1789
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          La Tabula Imperii Romani (TIR) a une histoire longue et prestigieuse, mais un peu cahotante, ce qui entraîne parfois des bizarreries comme le fait qu’aucune des cartes de ce volume ne concerne Smyrne, la ville qui apparaît dans son titre. Heureusement, derrière cette curiosité de couverture, on découvre un excellent travail, qui servira dorénavant d’ouvrage de référence pour l’étude d’une région importante de l’Orient romain. On y trouve d’abord une carte au 1/1.000.000 de la partie de la Mer Egée qui s’étend, d’Ouest en Est, de l’Eubée à l’île de Kastelorizo (Dodécanèse) et, du Nord au Sud, de Lemnos à Kassos, ensuite 37 cartes, aux échelles variées, consacrées chacune à un(e) ou plusieurs îles et îlots, 6 plans des villes de Mytilène, Chios, Samos, Kos, Rhodes et Karystos, finalement un livre. Classées en régions (Lemnos, Egée orientale, Dodécanèse, Cyclades, Eubée, Sporades), toutes les îles reçoivent dans ce livre une introduction historique, la liste des sources écrites qui permettent de rédiger la présente histoire (l’épigraphie et la numismatique ne sont pas oubliées), une bibliographie et un inventaire alphabétique commenté des sites archéologiques qui sert d’index aux cartes. Les auteurs se sont concentrés sur la période qui va du IIe s. av. J.-C. au IVe s. ap. J.-C., mais l’ouvrage est riche en informations antérieures et postérieures à cet intervalle chronologique.

 

          Peu de personnes peuvent prétendre estimer la précision et la valeur de l’ensemble des informations rassemblées ici. Pour cette recension, en guise d’échantillon, comme j’ai l’honneur, pour les îles du Dodécanese, de collaborer à la Chronique archéologique de la Religion grecque publiée annuellement dans la revue Kernos (voir http://kernos.revues.org/), j’ai comparé, pour cet ensemble d’îles, les données fournies par la Chronique et ce volume de la TIR, et je suis heureux de pouvoir affirmer n’avoir trouvé aucune défaillance dans le volume ici recensé ; il me semble seulement que la fouille de la spectaculaire nécropole d’enfants et de nouveaux-nés d’Astypalaia et les recherches anthropologiques qu’elle permet de réaliser auraient dû être mieux mises en valeur, mais il est possible que les délais de publication soient responsables de ce minuscule manquement.

 

          Le volume J 35 de la TIR sera sans doute particulièrement utile pour les petites îles de Mer Egée, mais il sera aussi précieux pour les îles les mieux connues et publiées de la région, comme Délos et Kéos, par exemple, pour lesquelles il sera pratique d’avoir toutes les données ainsi rassemblées et synthétisées. Les cartes sont claires et élégantes ; les symboles utilisés pour les différents types de vestiges ou de découvertes archéologiques se lisent facilement (on regrettera parfois que l’échelle n’ait pas été imprimée plus nettement et il aurait été sans doute intéressant de publier en une page la liste de toutes les échelles utilisées au long du volume).

 

          Si je recommande donc TIR J 35 I à toutes les bibliothèques universitaires, aux chercheurs mais aussi aux touristes les plus intéressés par l’Antiquité ou simplement désireux de sortir des sentiers battus, je voudrais cependant signaler deux problèmes :

- Il est dommage que, dans  l’introduction de l’ouvrage, il ne soit fait aucune mention d’internet ou de quelque autre format électronique de publication. Paolo Sommella, responsable de la TIR auprès de l’Union Académique Internationale, annonçait dans un article de 2006 des projets en ce sens, mais on n’en saura pas plus ni ici, ni sur la page de la TIR du site officiel de l’Union Académique Internationale (http://www.uai-iua.org/cgi?usr=yxayb8js64&lg=fr&pag=1145&tab=195&rec=6&frm=0&par=secorig1155&id=5255&flux=43346659, consultée le 9 mai 2014), où on se doit de constater que la parution du volume Smyrna J 35 n’est même pas annoncée (on aura un bon aperçu des projets cartographiques électroniques liés à l’Antiquité en consultant le blog « Awol — The ancient world Online » : http://ancientworldonline.blogspot.jp/search/label/Maps).

- Le projet de la TIR a été conçu par un géographe, O.G.S. Crawford, et, à travers ses différents volumes, ses collaborateurs ont toujours veillé à bien présenter les voies de communication et les facteurs géographiques qui les influençaient : montagnes, rivières, cols, passes, ... Si les cartes de TIR J 35 sont excellentes en ce qui concerne le relief des îles, la mer qui les entoure me semble avoir été traitée superficiellement. Certes, on y distingue des variations du bleu clair au gris, mais aucune isobathe n’est dessinée, aucune explication n’est offerte pour ces changements de teinte. Bien sûr, il ne s’agit pas de donner ici une carte marine détaillée, mais je pense qu’on aurait dû plus se soucier de l’océanographie et des conséquences qu’elle avait pour la connectivité des îles traitées. Sauf erreur de ma part, ce désintérêt pour la mer se marque aussi dans ce volume par l’absence d’un type de site archéologique, les épaves. Or une rapide consultation, sur le site internet du « Oxford Roman Economy Project », de la base de données de Julia Strauss, Shipwrecks Database. Version 1.0. (2013) (http://oxrep.classics.ox.ac.uk/databases/shipwrecks_database/) (consultée le 9 mai 2014) montre qu’on en connaît plus d’une trentaine datant grossièrement de l’époque romaine dans la zone traitée par ce volume.

 

            En guise de conclusion, on espère qu’une seconde édition paraîtra vite, qu’elle sera associée à une publication électronique et que les belles et utiles cartes terrestres de TIR J 35 seront alors complétées d’informations maritimes.