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Compte rendu par Yves Roman, Université Lyon 2 Nombre de mots : 785 mots Publié en ligne le 2014-04-23 Citation: Histara les comptes rendus (ISSN 2100-0700). Lien: http://histara.sorbonne.fr/cr.php?cr=2052 Lien pour commander ce livre
Si l’on se pique de méthode, il ne faut pas commencer la lecture de ce fort volume par son début, mais par trois articles consacrés au site de la villa de Vareilles (Paulhan, Hérault) par St. Mauné (dir.), à l’épave Arles-Rhône 14, par L. Long et G. Duperron, et à la région de Valence (Drôme) par A. Gilles. Ces trois articles font, disent St. Mauné et G. Duperron, dans leur introduction, espérer voir affinées des datations avec une précision au-delà du demi-siècle. Quoi de mieux, en effet, qu’une épave comme élément de datation d’un matériel céramique ? La datation proposée ici pour l’épave Arles-Rhône 14 (p. 162), la première moitié du IIIe siècle, repose sur un rapprochement intéressant, fait par A. Desbat, d’un médaillon d’applique retrouvé dans l’épave, qui figure un personnage revêtu du paludamentum, portant la légende AVG(usti)/EQVIT-ATV(s)/FELICIT/ER, avec une monnaie de Caracalla, qui, en 207 ap. J.-C., renvoie à une cavalcade (RIC, 97). Cette démarche, si l’on veut bien la suivre, permet de s’avancer sur le plan chronologique, pour les importations africaines que renfermait l’épave (sigillée claire B par exemple). Dans la région de Valence et la moyenne vallée de l’Hérault, « l’assemblage des céramiques dites “communes” » n’est pas le même, ce qui soulève des questions encore sans réponse, mais les deux articles constituent à n’en pas douter une pierre d’attente pour l’avenir.
Ensuite, le lecteur peut « remonter » aux deux premiers articles, consacrés à Nîmes, par S. Barberan, et à Narbonne par G. Maza et T. Silvino, qui permettent d’intéressantes confrontations avec certaines démarches de sociologues. Car, pour un sociologue, la pertinence de la question « dis-moi ce que tu manges et je te dirais qui tu es » ne se discute pas. Ici le résultat est clair : maintien des traditions culinaires autochtones à Nîmes, ville indigène rapidement romanisée, et traditions italiques à Narbonne, ville de colons venus d’Italie. Ou, plus exactement, « décalage » (S. Barberan, p. 58) entre Nîmes et Narbonne dans les pratiques culinaires. Voilà qui est d’un grand intérêt, même si cela ne fait que confirmer la personnalité différente des deux villes, déjà perceptible par l’onomastique. Mais, si l’on relie cela, avec « l’affinage » des chronologies proposé plus haut, peut-on, allant plus loin, espérer mettre en évidence un jour un processus de romanisation par modification dans le temps des pratiques culinaires ? Pour prendre un exemple, l’intégration à La Réunion, d’après les anthropologues et les sociologues, va de pair avec un usage évolutif et régressif des piments, notamment le « safran des Indes », le cari (voir M.-O. Gonseth, « Autour du cari : cuisine et identité à La Réunion dans J. Hainard, R. Kaehr, Dire les autres. Réflexions et pratiques ethnologiques. Textes offerts à Pierre Centlivres, Lausanne, Payot Lausanne, 1997, p. 223-236). Alors, pour prendre un exemple, le bouilli à la romaine peut-il être mis en évidence, comme processus de romanisation ?
Le lecteur achèvera son parcours, comme il est normal, par deux études consacrées à l’Antiquité tardive, culture matérielle pour le site de La Reille à Montbazin (Hérault) étudié par G. Duperron, R. Bourgaut, Cl. Leger, et abandon pour le site de Constantine (Lançon-de-Provence, Bouches-du-Rhône), étudié par G. Duperron, et saluera, comme St. Mauné et G. Duperron (p. 8), la mémoire de Jean-Luc Fiches, récemment disparu.
Selon la formule consacrée, cet ouvrage rendra service à qui s’intéresse aux problèmes de datation, d’un point de vue statigraphique ou typologique, aux questions d’alimentation et, plus généralement, à la vie matérielle en Gaule du Sud.
Sommaire
Avant-propos (7-9)
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Éditeurs : Lorenz E. Baumer, Université de Genève ; Jan Blanc, Université de Genève ; Christian Heck, Université Lille III ; François Queyrel, École pratique des Hautes Études, Paris |