AA.VV.: La Grèce antique dans la littérature et les arts de la Belle Époque aux années trente. Actes du XXIIIe Colloque de la Villa Kérylos, 5 et 6 octobre 2012 à Beaulieu-sur-Mer, 311 pages ; ISSN : 1275-6629 ; prix : 35 euros.
(Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, Paris 2013)
 
Recensione di Pierre Ragot
 
Numero di parole: 3328 parole
Pubblicato on line il 2014-04-26
Histara les comptes rendus (ISSN 2100-0700).
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          Devenue pleine propriété de l’Institut de France en 1967 suite au legs de Théodore Reinach et de ses descendants, la villa « Kérylos », sise à l’extrémité de la pointe des Fourmis à Beaulieu-sur-Mer (Alpes Maritimes) accueille, chaque année, depuis la première quinzaine d’octobre 1990, des colloques organisés par le Secrétaire perpétuel de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres (AIBL), Président de la Fondation Théodore-Reinach et conservateur de la villa, qui réunissent d’éminents spécialistes de la Grèce antique et du monde méditerranéen pour faire le point sur les avancées les plus récentes de la recherche en ces domaines. Grâce à la diligence de l’AIBL, qui veille à ce que les Actes des colloques successifs soient publiés dans le courant de l’année suivante, nous disposons dès à présent des Actes du 23e colloque des 5 et 6 octobre 2012 dont le thème constitue le titre de l’ouvrage dont nous rendons compte maintenant.

 

          Comme dans les « Cahiers » précédents, après l’« Allocution d’accueil » prononcée par le Secrétaire perpétuel de l’AIBL et conservateur de la villa (p. viii-ix), vient le corps du volume constitué ici de quatorze articles et d’une « Postface » (p. 1-291), lequel est suivi de la liste des participants accompagnée de leurs fonctions respectives (p. 293), de la table des matières (p. 295-296) et du récapitulatif détaillé du contenu des « Cahiers de Kérylos » n° 1 à 23 (p. 297-311).

 

          Les Actes du colloque s’ouvrent avec l’article de Jacques Jouanna, « Deux bâtisseurs de l’hellénisme en France : Théodore Reinach et Paul Mazon, membres de l’Institut » (p. 1-17), qui, pour illustrer le dynamisme de l’hellénisme à l’aube du xxe siècle, revient sur le rôle décisif que jouèrent Théodore Reinach (1860-AIBL 1909-1928) et Paul Mazon (1874-AIBL 1927-1955), le premier dans le développement de l’Association pour l’Encouragement des Études grecques (AEÉG) et de sa Revue, le second dans la création de l’Association Guillaume-Budé (AGB) et de sa Collection des Universités de France (CUF), deux institutions qui demeurent encore actuellement les piliers de l’hellénisme en France. Tandis que Théodore Reinach est à l’origine de la transformation de l’Annuaire, organe originel de l’AEÉG (1867-1888), en une revue trimestrielle désormais appelée Revue des Études grecques (REG) dont il fut le rédacteur en chef pendant dix-neuf ans (1888-1907) avant de contribuer, en tant que président (1908), au rapprochement de l’AEÉG avec l’Université, Paul Mazon sera, quant à lui, le secrétaire général de l’AGB (1917) et le président de la « Société d’édition Les Belles Lettres » (SÉBL) chargée de l’édition de la CUF et créée en 1919. Si ces deux derniers faits sont assez bien connus des hellénistes (cf. p. ex. P. Ragot, « Marie Delcourt, exploratrice et traductrice des tragiques grecs », dans : Traductrices et traducteurs belges, éd. Catherine Gravet, Mons, 2013 [Université de Mons. Service de Communication écrite. Collection « Travaux et documents » n° 1], p. 111 et n. 4 et 5), on saura gré à J. Jouanna d’avoir rétabli (p. 11-15) le lien méconnu entre l’appel du 24 février 1917 paru sous le titre « Un projet de Collection d’auteurs grecs et latins » dans la REG 19, 1916, p. 457-458 et la création de la SÉBL en 1919 et d’avoir expliqué pourquoi Paul Mazon fut dans l’impossibilité de signer l’appel à la création de la société et de la collection dont il fut pourtant le maître d’œuvre.

 

          Hervé Duchêne, « En Méditerranée orientale avec les frères Reinach : Joseph, Salomon, Théodore » (p. 19-36), essaie d’évaluer l’impact des voyages qu’entreprirent successivement les trois frères Reinach en Méditerranée orientale et en Grèce entre 1878 et 1904 sur leurs carrières respectives. L’aîné, Joseph (1856-1921), qui fut le premier à fouler le sol grec à l’automne 1878, en tira, l’année suivante, un Voyage en Orient dans lequel il donne libre cours à ses émotions et se montre un observateur passionné de la vie politique grecque de l’époque. Son cadet Salomon (1858-AIBL 1896-1932), membre de l’École française d’Athènes (ÉFA), s’impliqua, entre 1880 et 1882, dans diverses missions archéologiques (Myrina, Thasos, Délos) et fut même l’inventeur du concept de « croisière archéologique ». Théodore (1860-AIBL 1909-1928), quant à lui, sut faire de son voyage de 1904 une croisière à la fois touristique, comme l’atteste la pièce humoristique Cérigo-lo dont il fut l’un des auteurs et acteurs, et scientifique en redécouvrant des inscriptions grecques d’importance dont il tira plusieurs publications. Ce voyage décida également de la vocation de son neveu Adolphe (1887-1914), le fils de Joseph, qui rejoignit l’ÉFA en 1908.

 

          Béatrice Robert-Boissier, « La Grèce par-delà le miroir. La villa Kérylos et les enjeux de l’hellénisme entre la France et l’Allemagne » (p. 37-66), replace le projet de la villa Kérylos dans le contexte scientifique et politique des relations franco-allemandes à la fin du xixe et au début du xxe siècle. Grâce à cette entreprise, Théodore Reinach remet en cause la « parenté choisie », Wahlverwandtschaft, entre la Grèce et l’Allemagne, telle que cette dernière la revendique à la veille de la Grande Guerre, en montrant que c’est en France que sont en fait réunies les conditions favorables à la mise en œuvre du beau, lequel passe, selon l’historien de l’art J. J. Winckelmann (1717-1768), par l’imitation des Grecs eux-mêmes et de la manière dont ils ont regardé la nature.

 

          Dans « Elpénor de Giraudoux ou la guerre de Troie a eu lieu » (p. 67-77), Michel Zink compare la lettre et l’esprit de la célèbre pièce de théâtre de Giraudoux, La guerre de Troie n’aura pas lieu, parue en 1938, avec ceux d’Elpénor, son roman moins connu de 1926. Si l’anachronisme est le ressort des deux œuvres et si son roman canularesque n’est pas plus optimiste sur la nature humaine et son usage fallacieux du langage que sa pièce de théâtre, Elpénor a été écrit pour partie dans l’insouciance de la Belle Époque et pour partie dans l’immédiat après-guerre : la guerre de Troie a donc eu lieu et la France est dans le camp des vainqueurs. L’univers d’Ulysse est alors un refuge pour des érudits, amateurs de plaisanteries lettrées. Tel n’est plus le cas en 1938 : c’est à nouveau l’avant-guerre. Le monde homérique est alors essentiellement le conservatoire de mythes terrifiants dont on éprouve la vérité permanente. À notre avis, le jeu de mots bien connu entre le nom propre Personne et le pronom personne dans l’épisode du Cyclope (cf. Elpénor, p. 71 et Od. IX, 408-410) s’inspire également sinon davantage, tant par la tonalité que par la forme, du Cyclope, drame satyrique d’Euripide, où la confusion entre Oὖτις « Personne » et oὐδείς / οὔτις « personne » est entretenue durant quatre vers (v. 672-675). D’ailleurs, l’exclamative giralducienne « Qui est-ce, ton Personne ! » (p. 71), n’est-elle pas une quasi traduction de l’interrogative euripidéenne « Ce Personne, où est-il ? », Ὁ δ’ Oὖτις πoῦ’ στιν ; (v. 675) ?

 

            Pour Antoine Compagnon, « Albert Thibaudet et la Grèce » (p. 79-99), la place que le critique et essayiste Albert Thibaudet (1874-1936) a accordée, dans son œuvre, à la Grèce antique montre que cette dernière a toujours été pour lui une référence vivante et active. Dans La Campagne avec Thucydide, notes prises à la hâte durant l’hiver 1917, Thibaudet dégage ainsi, entre la guerre du Péloponnèse et la Grande Guerre, une analogie essentielle, celle de l’engrenage fatal provoqué par un système d’alliances destiné initialement à préserver la paix. Ses essais antérieurs, dont ceux qu’il a consacrés à Maurras et à Barrès, attestent en outre que Thibaudet ne peut caractériser une pensée sans définir d’abord le rapport de celle-ci à la Grèce antique.

 

          Deux officiers français perdus dans le Sahara finissent par arriver au cœur du Hoggar où s’élève le palais d’Antinéa, la reine de l’Atlantide, dont ils deviennent les prisonniers. Tel est le sujet de L’Atlantide, le célèbre roman de Pierre Benoit paru en 1919 sur lequel revient Alain Lanavère, « Pierre Benoit, L’Atlantide, et Platon » (p. 101-121), pour essayer d’évaluer la dette du romancier à l’égard de Platon. Si Benoit lui a bien emprunté la topographie de l’île et si la salle de marbre rouge où reposent les victimes de la reine s’inspire fortement de l’inviolable sanctuaire dédié à Clitô et à Poséidon, le roman, dont l’intrigue se déroule en 1897, forme en réalité un ensemble hétéroclite, produit de la culture bigarrée de son auteur qui mêle au mythe platonicien forgé dans le Timée et le Critias, l’Alexandrie hellénistique de Cléopâtre, la conquête du Sahara par la France à la fin du xixe siècle et la vie parisienne sous le Second Empire. On ne saurait reprocher à l’auteur d’avoir cité Platon dans la traduction de Léon Robin. Toutefois, il aurait fallu au moins informer le lecteur de l’existence de celle de Luc Brisson, Platon. Timée, Critias. Présentation et traduction, Paris, 20015 [Garnier-Flammarion n° 618] qui est souvent plus précise, comme on peut le vérifier à propos de la citation tirée du paragraphe 26c du Timée mise en exergue par l’auteur au tout début de son article (p. 101) et ainsi rendue par Robin : « Cette histoire m’est restée, comme gravée au fer, en caractères ineffaçables ». L’expression « gravée au fer » a l’inconvénient de substituer l’image courante de l’empreinte au fer rouge à celle réellement retenue par Platon, de la technique de la peinture à la cire. Il vaut donc mieux traduire avec Brisson, o.c., p. 113 : « comme les représentations d’une peinture à l’encaustique qu’on ne peut effacer » : détails sur cette technique, o.c. p. 228 n. 87 ad loc. Ajoutons également que les passages du Timée et du Critias consacrés au mythe de l’Atlantide ont été commodément réunis dans le petit livre de Jean-François Pradeau, Les mythes de Platon, Paris, 2004 [Garnier-Flammarion n° 1185], p. 80-121.

 

          Selon Michel Jarrety, « Valéry et la Grèce » (p. 123-132), on a largement surestimé l’empreinte de la Grèce chez Valéry. L’étude attentive des discours prononcés à ce sujet durant l’entre-deux-guerres montre que, pour Valéry, seul compte l’esprit grec qui a su s’élever du particulier à l’universel et devenir peu à peu la puissance créatrice de l’Europe. Cette analyse est d’ailleurs confirmée par son œuvre littéraire où la tonalité grecque de bien des pages n’a pas pour but d’établir un lien entre le passé antique et le présent moderne mais de déréaliser le présent moderne grâce au passé antique et de produire ainsi un effet d’éloignement et d’étrangeté.

 

          « Le Démosthène de Clemenceau (1926) », sur lequel revient Xavier Darcos (p. 133-144), est un opuscule déroutant pour qui ne connaît pas déjà les grandes lignes de la vie et de l’œuvre de l’orateur et homme politique athénien. Rédigé sans véritable structure chronologique, l’ouvrage est un discours que Clemenceau adresse à la fois aux Athéniens du ive siècle av. J.-C. et à ses contemporains pour leur rappeler que la rhétorique politique n’est pas l’affaire des virtuoses du verbe comme Eschine et Cicéron, mais celle des combattants dont Démosthène est, à ses yeux, le représentant achevé. Défenseur de la Séparation entre l’Église et l’État, Clemenceau veut aussi expurger de la République la rhétorique héritée de Rome, notamment le césarisme, dont il récuse le détestable projet de « pontificat » laïque, pour lui substituer celle de Démosthène qui, depuis le xixe siècle, incarne la défense de la nation et de la liberté.

 

          Jean-Yves Tadié, « Debussy, Proust et la Grèce » (p. 145-152), montre, à travers quelques exemples bien choisis, qu’aussi bien chez Proust que chez Debussy le système de références à la Grèce organise leur vision du monde et contribue ainsi à la structure de leur œuvre et de leur pensée.

 

          Henri Lavagne, « Une autre villa Kérylos ? La villa du Sphinx à Cap d’Ail (Alpes-Maritimes) » (p. 153-172), tente de dissiper le halo de mystère qui entoure l’histoire de la villa du Sphinx et la personnalité de son propriétaire tout en faisant ressortir son originalité ainsi que les liens étroits qui la rattachent à la villa Kérylos. Passionné par l’Antiquité, membre de la Société d’Archéologie d’Avranches, sa ville natale, et secrétaire général de la Nouvelle Revue, le commanditaire de la villa, Alphonse Lenoir (1853-1915), a fait fortune dans la presse en stipendiant des journalistes chargés ensuite d’orchestrer des campagnes politiques au profit de grandes banques ou de ministères influents. C’est sans doute dans ce cadre qu’il a rencontré Théodore Reinach, député de Savoie et homme politique de premier plan. La construction de la villa du Sphinx, qui commence en 1911, est confiée à l’architecte Alphonse Demerlé, la décoration, au peintre Jules Wielhorski (1875-1961). Le peintre a visiblement façonné le sphinx grec, qui donne à la villa son nom primitif, d’après le moulage du sphinx offert par les Naxiens à Delphes présenté à l’Exposition universelle de 1900. Il a par contre puisé ses sujets picturaux dans les beaux in-folio de la bibliothèque de Théodore Reinach, mais l’iconographie de ses peintures est moins cohérente et moins liée à la fonction de la pièce qu’à Kérylos.

 

          Pour faire apprécier au lecteur l’état dans lequel les antiquités grecques du Louvre étaient montrées aux visiteurs des années 1930, Alain Pasquier, « La Grèce du Louvre et celle des musées d’Europe, au miroir des conceptions muséologiques d’avant 14 » (p. 173-203), commence par retracer l’histoire des collections et des critères d’agencement qui prévalurent de 1793, date d’ouverture du musée, à la fin du xixe siècle. D’abord exposées en fonction de leur effet décoratif dans un ensemble iconographique qui privilégie l’accumulation, les sculptures, souvent associées en outre à des plafonds peints, sont chargées de mettre en image l’Antiquité prise comme un tout, sans que la distinction entre les statues proprement grecques, les copies d’époque romaine et les modèles romains jouent le moindre rôle dans la présentation. Peu à peu, toutefois, les statues, qui cessent d’être une simple parure culturelle pour devenir un objet d’étude à part entière, tendent à être exposées dans un ordre chronologique et en fonction de leur origine géographique, dans un cadre plus dépouillé qui permet de souligner la pureté de leurs lignes. Ce changement radical dans l’histoire du goût est confirmé notamment par l’inauguration des salles de sculpture grecque en 1936, la Grèce occupant désormais le premier rang des vestiges sculptés présentés au Louvre pour évoquer l’Antiquité classique.

 

          Adrien Goetz, « L’Arcadie réinventée – dans la peinture française de Puvis de Chavannes à Matisse » (p. 205-211), met en exergue le rôle joué par Puvis de Chavannes (1824-1898) dans la représentation d’une Arcadie universelle, pays de beauté et de liberté et symbole d’une Grèce idéalisée, ainsi que l’influence décisive qu’il exerça notamment sur Matisse (1869-1954) et son Bonheur de vivre au tournant du xixe et du xxe siècle.

 

          Pour sa part, Benoît Duteurtre, « La Grèce dans la musique française de Daphnis et Chloé à Phi-Phi » (p. 213-220), souligne l’importance de la Grèce antique dans l’inspiration des compositeurs de la fin du xixe et du début du xxe siècle. Si l’opéra baroque s’est tourné vers la mythologie grecque en tant que modèle des passions humaines, après 1870, l’imitation de la Grèce est surtout conçue comme un moyen de s’affranchir de la suprématie musicale allemande et du wagnérisme. Parfois simple évocation poétique d’un monde méditerranéen idéalisé comme dans le ballet Daphnis et Chloé (1912) de Maurice Ravel, la Grèce est aussi pour d’autres, tel Maurice Emmanuel dans Prométhée enchaîné (1916) et Salamine (1927), une source d’inspiration plus technique, la musique grecque tenant alors lieu d’idéal formel. La Grèce a également inspiré les compositeurs de musique légère, tel Henri Christiné dont l’opérette Phi-Phi (1918) raconte, sur un mode parodique, les démêlés amoureux de la femme de Périclès.

 

          Pour sa part, Véronique Schiltz, « L’Odyssée des Duncan, Isadora et Raymond » (p. 221-286), tente d’évaluer ce que la danse d’Isadora Duncan (1877-1927), dont elle fournit (p. 279-286) une biographie synthétique fort utile, doit à la Grèce antique. Même si certains de ses mouvements trouvent leur source dans les représentations picturales du xixe siècle, c’est sur les vases grecs exposés au Louvre et dans la thèse de Maurice Emmanuel (1862-1938), La Danse grecque antique d’après les monuments figurés (Paris, 1896), qu’elle trouvera les gestes et attitudes qu’elle reproduira ensuite sur scène, notamment, sur le modèle des ménades (cf. p. 239), le « danser à l’envers », ce « vacillement allant jusqu’à la chute, autrement dit l’acceptation de la pesanteur et l’utilisation positive du poids du corps, au contraire du désir du ballet classique de paraître s’en affranchir » (p. 237) associé à « l’apport d’une mimique expressive que pratiquait, en dansant, les Anciens, mais que le ballet classique avait complètement délaissée, lui préférant une pure succession de prouesses chorégraphiques » (ibid.). Précisons que cette communication est très difficile à résumer, car elle ne limite pas son propos à la seule danse. Le lecteur y trouvera de précieuses informations sur d’autres domaines, telle la musique (p. 242-243), la mode (p. 263-266), sur d’autres contemporains comme le traducteur Mario Meunier (p. 250) et le musicologue et helléniste Maurice Emmanuel (p. 250-253) et même des allusions à des thèmes qui n’avaient pas été initialement retenus pour le colloque (cf. p. viii) comme « la Grèce et le sport » (p. 267-271) et « la Grèce et la psychanalyse » (p. 271-276).

 

          À l’issue de la lecture, nous n’avons noté qu’une seule omission : p. 101 ll. 2-4, il faudrait préciser que la citation du Critias, « Je dois vous en prévenir d’abord, avant d’entrer en matière, ne soyez pas surpris de m’entendre appeler des barbares de noms grecs », Tὸ δ’ ἔτι βραχὺ πρὸ τοῦ λόγου δεῖ δηλῶσαι, μὴ πολλάκις ἀκούοντες Ἑλληνικὰ βαρβάρων ἀνδρῶν ὀνόματα θαυμάζητε, figure au paragraphe 113a de l’édition d’Henri Estienne.

 

          Si la qualité et la richesse de l’iconographie insérée dans les contributions d’H. Duchêne, B. Robert-Boissier, H. Lavagne, A. Pasquier et V. Schiltz sont indéniables, tel n’est pas toujours le cas du texte imprimé. À plusieurs reprises (p. 16 l. 6, p. 22 l. 11, p. 34 ll. 7 et 15, p. 41 n. 13 l. 2 et n. 18 ll. 4-5, p. 141 l. 27 et p. 158 l. 4), le logiciel a supprimé les espaces entre les mots. Les quelques fautes de frappe relevées au fil du texte sont en général mineures[1] et n’altèrent pas la compréhension du texte, car le lecteur a souvent les moyens de les corriger en s’appuyant sur le contexte. Ainsi, Paul Mazon est bien décédé en 1955 (cf. p. 1, 12 et 15) et non en 1950 (sic, p. 13 l. 16), Isadora Duncan, en 1927 (cf. p. 279 et 285) et non en 1925 (sic, p. 226 l. 1). P. 56 ll. 12-15, on lira « Il qualifie (…) le mur du temple (…) de « véritables Archives des Affaires étrangères de la République romaine » et p. 209 l. 18, à propos du tableau de Renoir, « les Baigneuses (1918, the Barnes Foundation) ». Parfois, le lecteur doit procéder à des vérifications externes : ainsi le peintre Sully Prudhomme (1839-1907) n’a pu recevoir le prix Nobel de littérature en 2001 (sic, p. 7 l. 7) : il l’a en fait reçu en 1901. Parfois, il est contraint de laisser la question en suspens : p. 166 l. 23, Pierre-Adrien Pâris (1745-1819 : cf. n. 76 ad loc.) ne peut avoir réalisé un moulage de la colonne offerte par les Naxiens à Delphes en 1899 (sic !) ; le peintre Wielhorski a-t-il habité la villa du Sphinx en 1911-1912 (p. 169) s’il n’a rencontré Lenoir qu’à Pâques 1912 (p. 163-164) ? La tragédie lyrique Salamine a-t-elle été créée à l’opéra de Paris en 1927 (B. Duteurtre, p. 217 l. 35) ou « le 19 juin 1929 » (V. Schiltz, p. 252 ll. 28-29) ? L’ensemble aurait donc gagné à être relu avec plus d’acribie.

 

          Ces quelques imperfections ne sauraient évidemment remettre en cause l’excellent niveau d’ensemble et l’extrême richesse de ce beau volume. « Incarner ce qu’a représenté la Grèce antique dans le savoir et l’art des premières années du xxe siècle » et mettre en évidence les détournements et les retournements de la tradition grecque : l’objectif assigné par M. Zink (p. viii-ix) aux quatorze contributeurs a incontestablement été atteint. Qu’il soit un amateur éclairé ou un spécialiste de l’un des domaines abordés, le lecteur trouvera assurément, dans la diversité des approches proposées, une multitude d’analyses suggestives qui lui permettront d’étayer son édifice culturel, tant la Grèce antique fut et demeure un « rideau de scène inusable au théâtre de la vie intellectuelle et artistique » (ibid.).

 



[1] On notera toutefois que le substantif mémoires, en principe masculin quand il désigne « une relation écrite d’événements auxquels l’auteur a participé ou dont il fut le témoin », est considéré à tort comme féminin p. 162 l. 9 et p. 164 l. 8.

 

 

Sommaire 

 

« Deux bâtisseurs de l’hellénisme en France : Théodore Reinach et Paul Mazon, membres de l’Institut », par J. JOUANNA, membre de l’AIBL, 1-17

« En Méditerranée orientale avec les frères Reinach : Joseph, Salomon, Théodore », par H. Duchêne, 19-36

« La Grèce par-delà la miroir. La villa Kérylos et les enjeux de l’hellénisme entre la France et l’Allemagne », par B. Robert-Boissier, 37-66

« Elpénor de Giraudoux ou La guerre de Troie a eu lieu », par M. ZINK, Secrétaire perpétuel de l’AIBL, 66-77

« Albert Thibaudet et la Grèce », par A. Compagnon, 77-99

« Pierre Benoit, l’Atlantide, et Platon », par A. Lanavère, 101-121

« Valéry et la Grèce », par M. Jarrety, 123-132

« Le Démosthène de Clemenceau (1926) », par X. DARCOS, de l’Académie française, Secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences morales et politiques, 133-144

« Debussy, Proust et la Grèce », par J.-Y. Tadié, 145-152

« Une autre villa Kérylos ? La villa du Sphinx (Primavera) à Cap d’Ail (Alpes-Maritimes) », par H. LAVAGNE, membre de l’AIBL, 153-172

« La Grèce du Louvre et celle des musées d’Europe, au miroir des conceptions muséographiques d’avant 14 », par A. PASQUIER, membre de l’AIBL, 173-203

« L’Arcadie réinventée − dans la peinture française de Puvis de Chavannes à Matisse », par A. Goetz, 205-211

« La Grèce dans la musique française de Daphnis et Chloé à Phi-Phi », par B. Duteurtre, 213-220

« L’Odyssée des Duncan, Isadora et Raymond », par V. SCHILTZ, membre de l’AIBL, 221-286

Postface, J. Jouanna, 287-291