Mercuri, Laurence - Gonzalez Villaescusa, Ricardo - Bertoncello, Frédérique (dir.): Implantations humaines en milieu littoral méditerranéen : facteurs d’installation et processus d’appropriation de l’espace (Préhistoire, Antiquité, Moyen Âge). 442 p., ISBN 2-904110-54-2, 35 €
(Éditions APDCA, Antibes 2014)
 
Reseña de Solène Chevalier, EPHE
 
Número de palabras : 3941 palabras
Publicado en línea el 2015-07-24
Citación: Reseñas HISTARA. Enlace: http://histara.sorbonne.fr/cr.php?cr=2387
Enlace para pedir este libro
 
 

 

          Les communications de ces trois jours d’études sont réunies ici dans un ouvrage dense, tant par le nombre d’interventions retranscrites que par son poids. Répartis en trois thèmes aux contenus inégaux par la longueur, les trente-quatre articles présentent une grande diversité d’études avec une extension géographique ample – l’intégralité du bassin méditerranéen et même au-delà est illustré – et une couverture chronologique tout aussi étendue, du Moustérien au plein Moyen Âge. Cette diversité est également sensible dans les différentes langues employées lors des rencontres : le français, l’espagnol, l’italien et l’anglais.

 

          Cet ouvrage se place dans la continuité des Actes des rencontres d'Antibes qui se tiennent annuellement depuis 1983, avec pour thèmes moteurs l’humain et son environnement, végétal, animal, l’exploitation de ce contexte, pour la survivance, l’artisanat et les échanges. Cette thématique à la fois large et précise permet d’aborder différents sujets, l’habitat et les techniques, l’identité des populations, le rapport à l’espace, dans une orientation résolument diachronique et transrégionale. Les littoraux ont été abordés à plusieurs reprises au cours de ces rencontres, mais c’est la première fois qu’ils font l’objet d’études exclusives.

 

          Cette concentration sur les littoraux participe à une dynamique engagée ces dernières années, née d’un besoin d’informations et d’une révision du thème, sur un domaine géographique et culturel longtemps délaissé au profit des études maritimes. L’orientation pluridisciplinaire des recherches sur les périodes anciennes toujours plus prégnante, les littoraux sont abordés par le prisme de l’archéologie, de la géomorphologie, de la géographie physique et historique, de la topographie (avec pour fondements traditionnels les sources littéraires et les représentations iconographiques) et des innovations en matières de sources contemporaines : carottages géomorphologiques, prospections géophysiques, études géoarchéologiques. Les réflexions autour des ports antiques, de leur évolution environnementale et des échanges auxquels ils participent ont fait l’objet de quatre publications en 2004, des Actes du Séminaire ANSER qui s’est tenu entre 2003 et 2004 dans quatre villes portuaires majeures de la Méditerranée (Alicante, Rome – Ostie Antique, Marseille et Gênes) et d’un congrès international à Pise en 2003, dont les actes sont publiés dans Mar Exterior. El Occidente atlántico en época romana.

 

          L’ouvrage débute par une solide introduction des trois membres du comité d’organisation qui énonce clairement les thèmes et les problématiques relatives à l’étude des littoraux. L’accent est mis sur la place des modèles que l’on a vu émerger dans les études spatiales et sur leur raison d’être. Le ton est sceptique quant à ces modèles et annonce la première communication, menée par P.G. Guzzo sur les fondations grecques de la côte ionienne qui réfute rapidement l’existence de modèles dans les choix d’installation qui se réfèreraient aux conditions environnementales des cités-mères. On regrette cependant, dans l’introduction, la mention récurrente aux sources antiques gréco-romaines et aux expansions coloniales grecque et phénicienne, qui n’illustrent pas la diversité géographique et chronologique de l’ouvrage. Les trois questions principales à l’origine du colloque ont ouvert sur une thématisation en trois parties : l’existence ou non de modèles d’implantation des établissements du point de vue environnemental et anthropique, l’organisation matérielle des établissements et enfin la gestion et l’organisation du territoire après son appropriation par une communauté.

 

          Le premier thème se concentre sur le contexte environnemental et anthropique avec huit communications traitant essentiellement des littoraux du bassin occidental de la Méditerranée (Péninsule italique, Midi de la France, Détroit de Gibraltar) à l’exception des interventions de L. Karali et alii sur Elis dans le Péloponnèse et de G. Bony et alii sur les bassins portuaires antiques de l’ensemble de la Méditerranée. La ligne directrice de ce thème est le questionnement autour des choix qui président aux implantations humaines, la définition des facteurs (environnementaux, économiques, stratégiques etc.) pour des communautés très diverses géographiquement, culturellement et temporellement. En débutant avec des interventions traitant du domaine colonial grec d’Occident, la XXXIVe rencontre d’Antibes se place dans une tradition historiographique classique, alimentée depuis le milieu du XXe siècle, comme une forme de préambule, de socle référent connu et maîtrisé par l’ensemble des chercheurs portant leurs recherches sur la Méditerranée.

 

          P.G Guzzo (pp. 23- 31), traitant dans sa communication des fondations grecques de la côte ionienne, met en lumière l’absence de modèles environnementaux qui se référeraient à une mémoire culturelle et géographique de la mère-patrie, la décision de l’implantation des sites répondant à une combinaison de facteurs somme toute assez communs à l’ensemble des installations anthropiques sur un territoire : la sécurité, la possibilité d’exploitation du territoire pour la survivance de la communauté et un accès aux voies de communication. Il reprend également le thème des voyages antérieurs aux nouvelles implantations qui auraient déterminé le choix des emplacements, utilisant la connaissance des littoraux des marins et la mémoire des caractères géographiques visibles depuis la mer.

 

          La seconde communication (pp. 33 – 43) pose la question de l’eau comme facteur essentiel à l’installation d’une communauté coloniale grecque en Occident. L’eau est indissociable de la vie et prime sur toutes les autres ressources, surtout pour une communauté exogène arrivant par la mer. Cependant S. Bouffier remet en cause cette affirmation en questionnant la présence de l’eau comme condition d’installation. Pour cela, l’auteure distingue les différents types de sources d’eau en débutant par le cas des fleuves et cours d’eau qui longent la plupart des villes tout en demeurant à l’extérieur. Cela lui permet d’aborder le cours d’eau comme source de vie (apport en eau douce) mais également de danger (les crues dévastatrices) et comme zones « tampons » entre les nouveaux arrivants et les populations locales. La valeur économique, stratégique, politique des fleuves apparaît clairement, espaces neutres servant d’interface entre les communautés. Cependant, avec les exemples des cités établies sur les côtes méridionale et septentrionale de la Sicile, dans des zones avares en sources d’eau potable, il apparaît que la présence de l’eau n’est pas la condition primordiale à une installation : très tôt les habitants de ces cités élaborent des stratégies de retenue et de conservation des eaux de pluie en complément des sources naturelles, insuffisantes quantitativement, avec une distinction dans l’utilisation de ces eaux : l’eau de source pour la consommation, les eaux de pluie pour les besoins collectifs et de la production artisanale. La présence de l’eau est donc une condition importante et indissociable des installations anthropiques mais ne prime pas dans le choix d’un emplacement.

 

          La communication suivante (pp. 45 – 52) nous entraine à Elis à l’ouest du Péloponnèse avec un projet de géoréférencement de l’ensemble des vestiges d’habitat du Paléolithique jusqu’au début du XXe siècle. L. Karali et alii explorent les facteurs d’installation dans l’espace littoral entre la Préhistoire et le Moyen Âge. Après une présentation des méthodes de travail avec l’élaboration de sept types de cartes à plusieurs échelles géographiques, l’étude se concentre sur deux sites aux chronologies diamétralement opposées (Âge du Bronze pour Epitalion de Barkeika, Moyen Âge pour le « Château Chlemousti » et son port à Glarentza) et vise à mettre en lumière les caractéristiques environnementales qui présidèrent à l’installation de ces sites. On regrette une concentration sur deux sites seulement, qui limitent la possibilité d’envisager des modèles et des exceptions. Il ressort de l’étude que la plupart des habitats se trouveraient sur des hauteurs, que la présence de l’eau serait indispensable et le degré d’ensoleillement un critère important. L’apport des Systèmes d’Informations Géoréférencées n’est pas assez mis en avant, avec seulement deux cartes peu lisibles pour illustrer le propos.

 

          La communication sur la plaine du fleuve Garigliano en Campanie septentrionale (pp. 53 – 64) met l’accent sur sa fonction d’interface entre éléments locaux et apports exogènes. À plusieurs reprises la notion d’attractivité de cette portion de la côte est mentionnée, portée notamment par le fait que le Garigliano était navigable dans l’Antiquité et représentait l’unique accès de la mer vers l’arrière-pays. Cependant, malgré ce pôle d’attraction qu’est le fleuve pour les communautés externes, la côte est probablement inoccupée de l’Âge du Bronze à la colonisation romaine (p. 56) à l’exception du sanctuaire dédié à Marica à l’embouchure du fleuve et du village au sommet du Monte Argento. On s’attendrait dans le cadre d’une communication traitant du lien entre l’environnement et l’anthropisation d’un lieu, à une proposition d’explication de ce vide apparent, malgré toutes les qualités du site. Le second élément de forte contradiction concerne le sanctuaire de Marica, qualifié « d’emporique » depuis sa découverte au début du XXe siècle. La communication insiste sur le rôle d’interface inter-communautaire que revêt le sanctuaire, tout en rappelant que l’essentiel des dépôts votifs est composé d’objets de production locale. M. Andreani en 2003 (dans Santuari e Luoghi di culto nell’Italia Antica) évoquait la controverse concernant ce sanctuaire, avec une opposition entre les tenants d’un sanctuaire à caractère emporique, passerelle entre populations locales et groupes exogènes fréquentant les voies maritimes tyrrhéniennes de la Campanie et ceux qui au contraire mettent l’accent sur la pauvreté en matériel exogène du sanctuaire. S’il apparaît nettement qu’il joue un rôle clef de contrôle à l’embouchure d’une voie navigable comme le Garigliano, son caractère emporique n’en est cependant pas plus clair.

 

          La présentation de M. Pasqualini (pp. 65 -80) traite de la romanisation des espaces littoraux entre le Rhône et le Var, en fournissant un grand nombre d’exemples d’habitats sur un laps de temps compris entre le début de la romanisation et le IIe s. ap. J.-C. et questionne l’identité des habitants et les choix qui président à la sélection d’un site géographique pour l’implantation d’une communauté. Il distingue pour cela trois types d’habitats, par aires géographiques : les habitats isolés et groupés de l’arrière-pays, ceux du littoral et les agglomérations portuaires. Il met en avant la mixité et le dualisme de certains habitats, avec une cohabitation entre indigènes et Grecs de Marseille, sur le littoral, les îles et sur les faibles reliefs camarguais, soumis aux crues et aux reconstructions incessantes. L’arrivée des Romains ne provoque pas de rupture dans un premier temps, mais une crise des oppida de hauteurs apparaît à la toute fin du Ier  s. av. J.-C., avec un glissement des habitats vers les plaines pour l’exploitation agricole. Il ressort pour les deux phases que le choix d’implantation d’un site ne dépend pas seulement de la conformation géographique du secteur choisi mais pour beaucoup de l’activité agricole, commerciale ou artisanale, que la communauté peut y développer.

 

          La communication de P. Cressier sur les établissements médiévaux entre Tanger et Ceuta tend à mettre en évidence les spécificités de trois établissements (Qasr al-Saghîr, Marsà Mûsâ et Balyûnish) dans le cadre historique de la colonisation arabo-musulmane du Détroit de Gibraltar. Ces sites littoraux ne sont pas étudiés dans leur rapport au littoral mais sur la base de facteurs historiques, politiques et stratégiques. Ainsi la ville aux formes parfaitement géométriques de Qasr al-Saghîr répondrait à l’idéologie du djihâd du sultan mérinide, diffusant un message offensif par son plan et son architecture dans le contexte des affrontements avec les Chrétiens. P. Cressier montre bien comment ce plan est totalement inédit et ne suit en rien le modèle des cités circulaires d’Orient. Le second site est perçu comme un lieu de mémoire en l’honneur du conquérant du Maghreb occidental et de la péninsule ibérique, cependant ni son plan, ni sa situation géographique ne sont abordés par l’auteur. Enfin Balyûnish  se présente comme une dépendance de Ceuta à laquelle elle est reliée uniquement par la mer et comme le lieu de villégiature de son oligarchie. Le site présente un caractère mixte, à la fois d’exploitation agricole dont les produits sont destinés à Ceuta et de village de plaisance. Il ressort de cette riche communication une absence marquante de modèles avec des types d’implantations qui varient davantage selon leur fonction que leur secteur d’implantation.

 

          Les bassins portuaires sont présentés par G. Bony et alii (pp. 95 – 107) par le biais du prisme géomorphologique, avec l’étude des forçages naturels qui opèrent sur les sites portuaires du pourtour de la Méditerranée (trente au total) pour une évaluation statistique de leurs contraintes et potentialités. Quatre types portuaires ressortent de cette analyse selon quatre variables : la mobilité crustale sismique, la haute énergie, l’alluvionnement et l’aménagement des bassins portuaires. Il est prévu d’augmenter par la suite le nombre de sites afin d’approfondir les connaissances sur les réponses sociétales aux contraintes environnementales.

 

          C. Landuré et C. Vella (pp. 109- 121) présentent la montille d’Ulmet durant l’Antiquité tardive, son implantation et son rôle, questionnant sa fonction d’avant-port d’Arles. Le site ne semble pas suivre le modèle camarguais (déjà évoqué dans la communication de M. Pasqualini), caractérisé par des habitats près des chenaux fluviaux sur des reliefs lagunaires, et s’implante sur un ancien cordon littoral afin de jouer un rôle dans le trafic fluviomaritime arlésien. Cependant il semble que le site soit davantage une escale technique qu’un espace de commerce.

 

          Le deuxième thème aborde la question de l’organisation matérielle des établissements à travers quatre exemples : la Narbonne antique et trois sites de la Péninsule ibérique : Baelo, Valentia et Tarraco. Sans entrer trop en détail dans chacune des communications, il ressort que la ligne directrice porte sur la continuité et la discontinuité et sur le lien qu’entretiennent les sites colonisés par les Romains avec les installations indigènes antérieures (à l’exception de la communication sur Narbonne). En effet C. Sanchez et alii (pp. 125 -136) présente le fruit d’un travail pluridisciplinaire qui a porté l’Aude et son tracé final au statut d’espace majeur du commerce fluvial du Midi de la Gaule. Les fouilles menées au Castélou et à Mandirac ont en effet révélé les capacités d’aménagement entrepris par les Romains sur plusieurs kilomètres, afin de maîtriser l’embouchure du fleuve impétueux et de le rendre navigable certainement jusqu’à Narbonne, avec une ampleur jamais égalée dans le monde romain. Le lien entre l’intervention anthropique et l’évolution du contexte environnemental lagunaire est bien mis en valeur ainsi que le morcellement géographique du port de Narbonne.

 

          Les communications suivantes nous portent en Ibérie romaine en posant la question de la continuité entre les sites indigènes et les fondations romaines. Ainsi le site indigène de Silla del Papa (pp. 137 -148) se présente bien comme la genèse de la fondation romaine de Baelo, avec un transfert physique du site et de sa population depuis les hauteurs escarpées à quatre kilomètres de la côte sur le littoral même au moment de la paix augustéenne, caractérisé par le caractère composite de sa culture qui en fait un site à part dans l’Hispanie républicaine et impériale : Silla del Papa se présente d’abord comme un site bastulo-phénicien, Baelo comme un modèle d’urbanisme provincial romain teinté d’une composante punique. Malgré des caractères structurels radicalement différents régis par des facteurs militaires, stratégiques et économiques qui président au transfert d’un site à l’autre, la continuité est assurée par l’hybridité de la communauté. À l’inverse, la communication d’A. Ribera I Lacomba sur la Valentia romaine (pp. 149 – 161) présente un cas de discontinuité totale avec les époques précédentes, la cité étant implantée comme base de lancement d’expéditions militaires dans un paysage aquatique isolé du contexte indigène. La continuité entre l’habitat indigène et la ville romaine est en revanche démontrée par J. Ruiz de Arbulo Bayona (pp. 163 -173) dans une étude se fondant sur les témoignages littéraires, l’étymologie et la numismatique à propos des origines urbaines de Tarraco. Il met fin à la confusion due à l’existence de plusieurs noms de sites en les attribuant tous à la même cité, mais à des périodes différentes : la romaine Tarraco se serait implantée sur l’oppidum ibérique Kesse dont le port nous est connu par le témoignage d’Érastosthène et appelé Tarràkon.

 

          Le troisième thème enfin est le plus diversifié et présente des cas très disparates portant sur l’organisation et la gestion des territoires. Nous ne pourrons pas ici développer comme pour les thèmes précédents, mais il faut noter que la chronologie et l’aire géographique étudiée est plus large, s’étendant de l’abri de Ksar’Akil au Liban daté du Moustérien récent (pp. 177-190) aux processus migratoires médiévaux en Catalogne (pp. 399- 410) et en Vénétie (pp. 423 – 433). La structuration du paysage littoral est au cœur du sujet, et passe par un large panel d’occupations des espaces : des perioikides de Rhégion de Calabre (pp. 285 - 294) aux réseaux de villes nouvelles implantés par les Romains dans le territoire de Padoue (pp. 315 - 328). Le point de vue « depuis la mer » est également adopté pour la première fois avec les communications de J. Christiansen (pp. 229- 241) sur les amers et la signalisation maritime antique et de J. Ramon Torres (pp. 243 – 252) sur le sanctuaire punique du Cap Llibrell à Ibiza, point d’amer et zone de guet pour la côte orientale de l’île. Le rapport continuité/discontinuité dans le temps est toujours évoqué avec la question du poids des apports exogènes en contexte local : quel rôle joue le mouvement de colonisation grecque dans l’aménagement d’Andriakè en Lycie (I. Pimouguet-Pédarros, N. Çevik pp. 253 -266) ? Quel est l’impact des colons grecs, puis des Locriens et enfin des Brettioi sur le territoire de l’Aspromonte (G. Cordiano pp.267 – 284) ?

 

          La synthèse conclusive a été assurée par M. Gras que l’on ne présente plus, reconnu de tous pour son travail fondamental ces trente dernières années sur les littoraux et les dynamiques en mer méditerranéenne. En quelques lignes, toute la particularité du territoire littoral est évoquée, toute sa richesse, que les chercheurs tentent depuis le milieu du XXe siècle de décortiquer, de comprendre et de valoriser : « Le littoral est un ruban fragile qui court autour de la Méditerranée. Fragile, de par sa nature même, avec un milieu d’interface entre la terre et l’eau, entre le solide et le liquide […] Le littoral est aussi une ligne de frontière entre ceux qui restent et ceux qui passent, entre les sédentaires et les nomades, et ceci vaut aussi bien vers la mer que vers la terre […] Au contact se situe l’échange, qu’il concerne des biens ou des personnes […] » (p. 437). Ainsi voilà résumées toute les possibilités qu’offre cet espace longtemps délaissé des études archéologiques : un espace propice à la pluridisciplinarité, que souligne M. Gras pour ces XXXIVe Rencontres qui ont réuni archéologues, anthropologues, géomorphologues, géographes.

         

          Cet ouvrage présente un riche tour d’horizon des nouvelles recherches sur les domaines littoraux et des possibilités qui s’ouvrent pour le futur, avec une association de différentes disciplines toujours plus présente et des questionnements très variés. La volonté assumée de ces Rencontres d’Antibes d’offrir un panorama diachronique et transméditerranéen a permis de sortir du cadre traditionnel du monde gréco-romain et de créer des ponts entre les différents domaines. Il apparaît clairement que la mise en place de modèles est nécessaire pour l’analyse des espaces afin de faire ressortir les exceptions, mais que cela doit rester un outil de la recherche et en aucun cas conditionner notre connaissance et notre interprétation des rapports entre l’Homme et  l’environnement littoral.

 

 

 

Table des Matières :

P.

 

13 – Introduction : Pour une étude de la genèse des implantations humaines en milieu littoral méditerranéen. L. Mercuri, R. González Villaescusa, F. Bertoncello.

 

Thème 1 : Contexte environnemental et anthropique des implantations littorales : existe-t-il des modèles de référence ?

 

23 – Les fondations grecques de la côte ionienne de l’Italie et leur insertion dans le contexte géo-environnemental. P.G. Guzzo.

 

33 – La présence d’eau, critère d’installation et d’essor des Grecs d’Occident ? S. Bouffier

 

45 – The geografic area of Elis through the centuries. L. Karali, S. Lampropoulos, M. Bardani.

 

53 – Coastal landscape and settlement pattern in the Garigliano river delta plain. K. Ferrari, S. L. Trigona, G.R. Bellini, P.L.Dall’Aglio.

 

65 – La romanisation des espaces littoraux entre le Rhône et le Var. M. Pasqualini.

 

81 – Etablissements médiévaux de la côte du détroit de Gibraltar entre Tanger et Ceuta : fonction et évolution. P. Cressier.

 

95 – Contraintes et potentialités naturelles des bassins portuaires antiques, propositions de typologie. G. Bony, C. Morhange, D. Kaniewski, N. Marriner.

 

109 – La montille d’Ulmet (Camargue, commune d’Arles) : un avant-port d’Arles durant l’Antiquité tardive ? Etudes archéologiques et paléoenvironnementales. C. LANDURE, C. VELLA.

 

Thème 2 : Organisation materielle des etablissementslors de la phase initiale d’installation.

 

125 – Le système portuaire de Narbonne antique : approche géoarchéologique. C. SANCHEZ, C. FAÏSSE, M.-P. JEZEGOU, V. MATHE.

 

137 – Les deux Baelo : du site perché protohistorique au site portuaire romain sur la rive nord du détroit de Gibraltar. P. MORET, F. PRADOS MARTINEZ.

 

149 – La realidad material de la fundación de Valentia, una colonia en Iberia a mediados del siglo II a.C., y la situación previa de su entorno territorial immediato. A. RIBERA I LACOMBA.

 

163 – Kesse / Tarrákon / Tarraco. En torno a los orígines de una ciudad portuaria. J.R. DE ARBULO BAYONA.

 

Theme 3 : Organisation et gestion mises en oeuvre dans les territoires nouvellement investis.

 

177 – La séquence de l’abri de Ksar’Akil (Liban) et l’occupation du littoral méditerranéen du Proche-Orient pendant le Moustérien récent. M. PAGLI.

 

191 – 2500 avant notre ère : l’implantation campaniforme en France méditerranéenne. O. LERMERCIER, E. BLAISE, F. CATTIN, F. CONVERTINI, J. DESIDERI, R. FURESTIER, R. GADBOIS-LANGEVIN, M. LABAUNE.

 

205 – Evolution et dynamiques d’occupation du littoral tripolitain (Lybie). K. SCHÖRLE, G. LUCARINI.

 

215 – Les établissements humains littoraux de la basse vallée du Chlef (Algérie), depuis le premier âge du Fer jusqu’à la période musulmane. B. BOUSSADIA, J. DILLOLI FONS, D. BEA CATAÑO, S. CEUMA SARDA.

 

229 – La signalisation maritime dans l’Antiquité: aménagement du littoralet appropritation territoriale. J. CHRISTIANSEN.

 

243 – Le sanctuaire punique du cap des Llibrell (Ibiza). Un point de guet et un amer pour la navigation côtière autour d’Ebrusus. J. RAMON TORRES.

 

253 – Peuplement et aménagement du littoral méditerranéen antique : le cas de Myra et de son port Andriakè sur la côte lycienne. I. PIMOUGUET- PEDARROS, N. ÇEVIK.

 

267 – Siculi, Greci, Brettii in Aspromonte tra età arcaica ed ellenistica. Insediamenti costieri e non in Magna Grecia tra Rhegion, Lokroi Epizephyrioi e Metauros. G. CORDIANO.

 

 

285 – Perioikides: villaggi greci lungo la costa della Magna Grecia nell’antica “chora” di Rhegion. E. INSOLERA.

 

295 – Les débuts de la colonie de Pola (Croatie), dans l’Istrie tardo-républicaine et augustéenne. V. BON, F. TASSAUX.

 

307 – Le littoral de l’Istrie septentrionale et son arrière-pays, de la Protohistoire à l’Antiquité tardive. E. FOVET, F. TASSAUX, V. BON.

 

315 – Colonisation romaine et paysage de l’Italie adriatique : le cas de Potentia. F. VERMEULEN.

 

329 – Dinamiche di occupazione della pianura litorale a sud della città di Padova (Italia) in epoca romana : scelte insediative e uso del territorio. M. MATTEAZZI.

 

341 – De la colonisation d’un territoire à l’exploitation d’un terroir, le cas de Fréjus. Contribution à l’étude du peuplement en basse-vallée de l’Argens. P. EXCOFFON, N. PORTALIER, L. PURDUE.

 

355 – Du Néolithique au Moyen Âge sur le territoire niçois : plaines littorales et dynamiques de peuplement. R. MERCURIN, M BOUIRON, S. MORABITO.

363 – L’occupation préhistorique des basses plaines littorales niçoises : l’apport des sondages carottés. O. SIVAN, D. DUBESSET.

 

371 – L’occupation de l’île Sainte-Marguerite, de la Protohistoire à l’Antiquité. P.-Y. LARRAT.

 

379 – Ocupació y estructuración del paisaje litoral de Valentia durante el período romano. M.J. ORTEGA, H.A. ORENGO, S. RIERA, J. M. PALET, P. CARMONA, J. M. RUIZ.

 

389 – Dynamiques du paysage et organisation territoriale dans la plaine littorale de l’Emporda (nord-est de la Catalogne) de l’Antiquité au Haut Moyen Âge. J.M. PALET, H.A. ORENGO, A. EJARQUE, A. GARCIA, R. JULIÀ, S. RIERA, J. MARCO, J. MONTANER.

 

399 – Nouveaux villages et processus migratoires en zone côtière de la Catalogne (XIIe siècle) : la campagne de Tarragone. A. VIRGILI.

 

411 – La transformation du milieu littoral dans une société médiévale de conquête : le royaume de Valence (c. 1240 – c. 1330). J. TORRÓ, F. ESQUILACHE, E. GUINOT.

 

423 – Entre Lombards et Byzantins : une migration à l’origine de Venise. R. SIMONETTI.

 

Conclusion

 

435 – Le littoral méditerranéen entre nature et culture. Synthèse conclusive. M. GRAS.

 

 

Solène Chevalier prépare une thèse de doctorat à l’Ecole Pratique des Hautes Etudes sur "Ports, paysages littoraux et réseaux maritimes de la mer tyrrhénienne (VIIIe - IVe av. J.-C.)" sous la direction de Stéphane Verger (EPHE).