Greco, Emanuele (a cura di) : Quartieri a nord e a nord-est dell’Acropoli e Agora del Ceramico. Tomo 3* : Quartieri a nord e a nord-est dell’Acropoli + Tomo 3** Agora del Ceramico. (SATAA 1. Topografia di Atene. Sviluppo urbano e monumenti dalle origini al III secolo d.C.,), 2 vol. : 264 p. + 368 p., ISBN 978-88-8774440-8, 180 € (chaque vol.)
(Pandemos, Atene 2014)
 
Rezension von Jacques des Courtils, Université Bordeaux 3
 
Anzahl Wörter : 3396 Wörter
Online publiziert am 2016-01-28
Zitat: Histara les comptes rendus (ISSN 2100-0700).
Link: http://histara.sorbonne.fr/cr.php?cr=2582
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N.B. : Ce compte rendu porte également sur l'ouvrage suivant :

Greco, Emanuele (a cura di) : Ceramico, Dipylon e Accademia. (SATAA 1. Topografia di Atene. Sviluppo urbano e monumenti dalle origini al III secolo d.C.,), 368 p., ISBN 978-88-877-42-2, 90 €
(Pandemos, Atene 2014)


 

          Les tomes 3 (en deux volumes) et 4 de la Topografia di Atene. Sviluppo urbano e monumenti dalle origini al III scolo d.C. décrivent l’arc des quartiers athéniens qui s’étend au nord de l’acropole, depuis le secteur de l’Ilissos jusqu’à l’agora (du Céramique) et qui, à l’exception de cette dernière, est entièrement recouverte aujourd’hui par la ville moderne. C’est dire d’emblée combien est utile et précieuse cette publication, nourrie par le séminaire organisé pendant de nombreuses années par E. Greco à l’École italienne d’Athènes, qui nous offre tout à la fois une analyse des fruits anciens et récents des fouilles et une synthèse historique et topographique sur les quartiers en question, présentée avec toutes les qualités de cette magnifique entreprise : typographie, présentation et illustration irréprochables, magnifiques plans (dus à O. Voza), photographies aériennes légendées, bibliographies thématiques et bibliographie générale. Comme dans les volumes précédents, l’étude de chaque quartier commence par une introduction générale de nature historique et topographique qui retrace l’évolution générale du quartier depuis la fin de l’époque mycénienne. On trouve ensuite l’analyse de détail de chaque monument ou ensemble important, présentés dans un ordre topographique qui les regroupe par secteurs. La numérotation continue des notices, depuis le premier volume de la série, est extrêmement commode et permet un repérage très aisé. Le corps du texte est émaillé d’encarts contenant des synthèses sur certains monuments ou d’autres questions (historiques notamment) et chaque encart est complété par la bibliographie propre à la question traitée. Une bibliographie générale termine chaque volume.

 

 

tome 3/1

 

         Le tome 3/1 décrit la zone N-E d’Athènes et la route vers le Lycée ainsi que la zone au N de l’Acropole. L’introduction à la première a été rédigée par D. Marchiandi qui présente ce secteur, généralement mal connu, certainement très agréable dans l’Antiquité en raison de l’abondance des eaux coulant des flancs du Lycabette, de l’Hymette ou provenant du Parnès et du Pentélique, et traversé par la voie majeure en direction de la Mésogée. Il s’agit en particulier d’une synthèse des connaissances (rares) et des doutes (nombreux) sur l’évolution des quartiers intra et extra muros, sur lesquels les renseignements antiques n’abondent pas. La première fortification turque (1778) a démonté le pont du stade, le temple de l'Ilissos et le nymphée d'Hadrien. Par la suite, cette zone a été ravagée par les travaux d'urbanisation, la construction des grands édifices publics (palais royal…) qui ont causé la destruction du rempart antique et de très nombreuses tombes que les archéologues grecs du XIXe s. s’efforçaient, souvent en vain, de documenter. Les fouilles les plus récentes ont fourni quelques données nouvelles (Lycée) et permis de mieux connaître l'extension tardo-antique de la ville au-delà du rempart classique.

 

         Le survol diachronique permet de saisir l’évolution de cette zone depuis la présence des tombes sub-mycéniennes et pendant toute la durée du processus d’urbanisation antique. Plusieurs articulations majeures de ce dernier apparaissent : la découverte récente de tronçons d’un aqueduc archaïque repose la question des aménagements tyranniques (ici traitée en détail), le tracé du rempart de Thémistocle et la question de l’emplacement des portes sont étudiés avec soin, l’apparition et le développement d’une importante présence d’artisans (potiers, bronziers) constituent une découverte majeure des dernières décennies. L’époque de Lycurgue se caractérise par « une remarquable série d'interventions sur le paysage suburbain ». La localisation — bien problématique — du Lycée et l’histoire de l’école aristotélicienne sont très clairement présentées.

 

         Suivant l’interprétation résultant des recherches de l’École italienne, l'intervention d'Hadrien a été mal comprise en raison d'une lecture erronée des inscriptions de la fameuse « porte » qui a amené à penser que l’empereur était à l'origine de l'extension de la ville vers l'est, correspondant à la création d'une 13e tribu portant son nom. Les fouilles récentes ont montré que l'extension du rempart à proximité de l'Olympiéion et certaines des domus luxueuses trouvées dans ce secteur appartiennent en réalité au IIIe s. et qu'il y a très peu de trace d'un état du IIe s. Si l'on ajoute que certains bâtiments hadrianiques, et non des moindres (bibliothèque) se trouvent dans la vieille ville, on peut en effet penser que les inscriptions en question opposent une ville hadrianique qui fut nouvelle par ses aménagements mais pas par une extension spatiale au-delà de la ville ancienne. Le Bas-Empire apporte des transformations profondes : le rempart reconstruit vers 260 permet à la ville de s’étendre vers l’est, avec des habitations, dont certaines luxueuses, et des bains publics. Le Lycée reste en activité. Le quartier est finalement en grande partie désaffecté au V e s.

 

         Parmi les encarts qui émaillent le texte, plusieurs sont consacrés au réseau hydraulique et offrent de très utiles synthèses de données dispersées dans le temps et l’espace. On mentionnera en particulier les bains d'Athènes à l'époque classique et tardo-classique. Accompagné d'un plan de situation, cet encart montre que l'époque classique a privilégié les bains situés hors les murs et à proximité des portes (le bain du Céramique, situé à proximité immédiate de la nécropole, n'est donc pas du tout une exception). Un encart sur les palestres combine les données archéologiques et textuelles, donnant une liste de 8 palestres et d’utiles précisions lexicales sur ce genre d’établissements.

 

         La deuxième section du tome 3/1, consacrée à la zone qui s’étend au nord de l’Acropole, commence par une introduction historique et topographique de R. Di Cesare. Nous sommes ici au centre même de la ville d’Athènes antique et moderne, dans le quartier de la Plaka, dont l’histoire antique peut être péniblement reconstituée (dèmes Kydathènaeon et Skambonidai) malgré le caractère discontinu des fouilles et les débats nombreux concernant la localisation et l’identification des monuments.

 

         Après avoir connu la même évolution ancienne que les autres quartiers (habitats et tombeaux disséminés depuis la fin de l’Âge du Bronze, raréfaction au VIII e s., lacune de nos données pour le VIIe s.) cette zone connaît de profondes transformations à l’époque archaïque : l’absence de tombes à l’intérieur du tracé du rempart de Thémistocle est un indice important de l’existence (discutée) d’un rempart archaïque qui aurait déjà suivi le même tracé. Avec de rares exceptions, le réseau viaire ne remonte pas avant le V e s. Le dème de Kydathénaion était à l'époque classique occupé par des maisons modestes, de petits sanctuaires (un Héracléion) et des ateliers (notamment sur la berge de l'Éridan, dont le cours, aujourd’hui presque entièrement invisible, est localisé).

 

         Les abords nord de l'acropole vont recevoir des embellissements significatifs au III e s. avec la construction du Ptolémaion et du Diogèneion, deux gymnases majeurs de l'époque hellénistique. La localisation du premier est particulièrement débattue (l'auteur penche pour l'idée d'E. Lippolis qui en reconnaît un morceau dans l'édifice dont les fondations ont été dégagées partiellement rue Adrianou, et que Travlos considérait comme le Panthéon). L’auteur traite aussi des diverses hypothèses de datation de la Tour des vents et du quartier environnant : il pourrait s'agir du quartier d'Érétrie mentionné par Strabon, qui aurait hébergé des activités commerciales auxquelles l'agora romaine ne ferait ensuite que donner un cadre plus noble. Tout ce secteur, comprenant l'agora du Céramique, présentait des installations provisoires ou en dur pour des commerces, dont beaucoup était regroupés par spécialités. La notion d'agora est donc assez diffuse et ne se limite pas aux places publiques monumentalisées que nous connaissons : c’est une leçon à tirer qui rappelle les rapprochements faits par d’autres auteurs entre les agoras antiques des cités du Levant et les souks modernes.

 

         Est enfin discutée l’identification des monuments d’époque romaine. Le forum de César et Auguste (ou péristyle d’Athéna Archégétis ?) est un quadriportique de tradition hellénistique, aux fonctions multiples, mais en train de muer en direction d'un forum impérial. La « bibliothèque d’Hadrien » a ses meilleurs parallèles dans le Trajaneum d’Italica et le forum de Vespasien (templum Pacis), ce qui mène à l’identifier comme un forum ou comme le panhellénion.

 

         Parmi les thèmes abordés dans les encarts, on mentionnera : le Ptolémaion, le Diogénéion, le Panthéon et l’Agoranomion, les Apatouries, le Héros Médecin, l’aqueduc d’Acharnes.

 

 

Tome 3/2

 

          Le 2e volume du tome 3 comporte une seule section (n° 9) consacrée à l’agora du Céramique et au Kolonos agoraios : nous sommes ici au cœur de l’Athènes antique. La présentation du cadre historique et topographique a été assurée par F. Longo qui réussit en 45 pages à décrire l’histoire de l’occupation des lieux tout en soulignant les nombreuses parts d’hypothèse ou d’ombre qui subsistent et qui ne sont pas toujours détectables dans les nombreuses publications antérieures (par ex. la chronologie du portique royal).

 

         Vient ensuite un chapitre dû à E. Greco sur l’agora du Céramique et ses « prédécesseurs » qui commence par une précieuse introduction méthodologique : les guillemets du titre sont justifiés par une mise en garde contre la tendance quasi instinctive à une lecture rétrospective d’autant plus insidieuse que les lieux décrits sont investis d’une charge symbolique exceptionnelle. Au risque de surinterprétation s’ajoute symétriquement, remarque très justement l’auteur, celui d’une oblitération de la dynamique propre aux lieux, ainsi que celui, bien connu, de la mise en rapport arbitraire entre les événements historiques et les constats matériels. Cet avertissement sert de base à un plaidoyer pour la thèse soutenue par l’auteur (déjà exposée dans le 1er tome, SATAA 1,1, 25-26) : les dernières trouvailles archéologiques (Aglaurion) et le récit de la prise de pouvoir par Pisistrate imposent de placer l’agora archaïque (ou meson ou agora cecropia) au sud-est de l’acropole.

 

         Abordant l’agora du Céramique, E. Greco commence par l’échafaudage d’hypothèses (Thompson) qui a placé le temple d’Apollon Patrôos au pied du Kolonos Agoraios et lui a trouvé un prédécesseur daté vers le milieu du VIe s. : s’appuyant sur certaines des critiques d’E. Lippolis, l’auteur démonte l’identification et sa chronologie, pour rendre à ce secteur une vocation métallurgique de date plus ancienne. C’est un peu plus au sud, dans le secteur qui sera occupé par le vieux bouleutérion et la tholos que se produit au milieu du VIe s. un changement décisif : passage d’un groupe de maisons à une seule grande maison (F) — un véritable palais pour l’époque — près de laquelle sera construit vers 500 le vieux bouleutérion. Non sans humour, l’auteur résume les principales interprétations données de ces faits pour arriver à la sienne — la demeure des Pisitrates — qui, aux yeux de l’hypercritique, ne sera jamais prouvée « tant qu’on n’aura pas trouvé leur nom gravé sur la targette de la porte » !

 

         L’analyse se focalise alors sur le flanc est du Kolonos Agoraios, où se trouvent les fameux gradins que l’auteur, s’appuyant en partie sur les conclusions d’E. Lippolis, fait remonter au milieu du VIe et laisse en usage jusqu’à la construction de la stoa de Zeus à la fin du IVe.

 

         La démonstration repose d’abord sur l’éviction des ikria, dont les textes ne disent pas qu’ils se trouvaient sur l’agora (lors du fameux accident) et que l’auteur reconstruit sur l’emplacement du futur théâtre de Lycurgue, où il localise aussi le sanctuaire de Dionysos Lénéen. Dès lors, les gradins du Kolonos Agoraios et l’orchestra à leur pied peuvent avoir été le théâtre des Panathénées instituées par Pisistrate à côté de son propre palais, ainsi que des Olympieia. En somme, il s’agit d’une « agora tyrannique » que le peuple se serait ensuite appropriée sans en changer totalement la fonction. À l’appui, vient une idée subtile consistant à traduire la fin du passage de Thucydide concernant l’autel d’Apollon Pythien (VI, 54, 7) par : « le dèmos… fit effacer l’inscription de l’autel » (au lieu d’un simple passif : « l’inscription fut effacée »). Cette traduction met en lumière une damnatio memoriae traduisant l’appropriation de l’autel par le peuple. La construction de la stoa royale peut s’interpréter de même, tandis que la maison F devient le prytanikos oikos, foyer commun du peuple remplaçant le foyer des tyrans honnis. La place était prête pour accueillir les statues des Tyrannoctones et par la suite des grands hommes de la démocratie athénienne. Le chapitre se conclut par un magnifique parallèle entre Athènes et Rome à l’époque archaïque : l’édifice F et la Regia, l’agora tyrannique et l’ager Tarquiniorum (qui deviendra le Champ de Mars).

 

         Cette relecture des faits archéologiques est donc tout à la fois polémique et fondamentale : elle est en réalité l’épine dorsale à laquelle se raccrochent la plupart des identifications et localisations des monuments d’Athènes à l’époque grecque et romaine. Tout à la fois concept euristique de base et légitimation a posteriori des hypothèses énoncées dans les chapitres et volumes précédents de la Topografia di Atene, elle fournit à l’histoire topographique d’Athènes une cohérence historique et une lisibilité topographique que les modernes n’avaient pas encore atteintes. Il incombera aux archéologues suivants de vérifier par des trouvailles significatives la légitimité de cette reconstruction dont un des fondements majeurs, la localisation du sanctuaire d’Aglaure, est d’ores et déjà confirmé.

 

         Encarts : fouilles de l’agora du Céramique ; Eurysakeion ; stoa Poikilè ;  stoa aux hermès ; Hipparcheion ; statues de dieux sur l’agora ; les « fosses perses » de l’agora (R. Di Cesare) ; bilan nuancé des destructions sylaniennes (S. Leone) ;  ostracophories ; tribunes, gradins et dispositifs provisoires ;  groupe des Tyrannoctones et autres statues honorifiques et votives (R. Di Cesare) ; maison de L. Fauvel ; le monnayage athénien ; le mur « post-Hérule ».

 

 

Tome 4

 

         Avec le tome 4 se conclut l’analyse de la topographie de l’asty athénien. Il contient deux chapitres consacrés à la frange ouest de la ville. Le chapitre 10 (dans la numérotation continue des 4 tomes) contient le dème de Mélitè et le Céramique intérieur (M.C. Monaco) et n’apporte pas beaucoup de données sûres : ce dème contenait peu de monuments signalés par les auteurs antiques et, de ce fait, nous y manquons de repères sûrs. Cette étude n’en est que plus intéressante puisqu’elle fait revivre un quartier populaire où se trouvait une population dense, des petits sanctuaires et des installations artisanales. L’étude de la nécropole du Céramique intérieur (la distinction intérieur/extérieur remonte à l’époque classique) permet de préciser la topographie de cette zone cruciale en fournissant les données les plus récentes sur les fouilles des portes (porte Sacrée et Dipylon) dont l’importance aussi bien historique que symbolique est énorme.

 

         L’introduction au chapitre 11, consacré au Céramique extérieur et à l’Académie, a été rédigée par D. Marchiandi à qui on doit aussi la plupart des notices du chapitre examiné ici ainsi qu’un volume de la collection des SATAA consacré aux périboles funéraires d’Athènes et de l’Attique à l’époque classique. La nécropole archaïque (très aristocratique) se trouve de part et d’autre de la muraille de Thémistocle, ce qui amène à chercher plus à l’est le tracé du rempart archaïque. Les tombes de la nécropole extérieure sont étudiées suivant leur répartition le long des voies sortant des portes du Céramique (Porte Sacrée et Dipylon) : voie sacrée, dromos de l’Académie, voie menant au Kolonos Hippios.

 

         Pour ce qui est du dromos (l’appellation est étendue au parcours extra portam du Dipylon bien que les sources antiques soient muettes sur cette partie), son parcours a été précisé depuis le Lexique de Travlos, grâce à la découverte de plusieurs points notables cités par Pausanias. L’ensemble de ce secteur reste toutefois mal connu dans le détail, ce qui s’explique aussi par les divagations saisonnières du Céphise (dont le cours actuel est différent de celui qu’il suivait dans l’Antiquité).

 

         Le quartier change beaucoup sous les Pisistrates et d’abord du fait de la fondation (ou de l’importance nouvelle) du gymnase de l’Académie, d’où découle l’importance de l’itinéraire de la lampadédromie des éphèbes, passant par le Céramique (et occasion de l’assassinat d’Hipparque). Les fouilles récentes ont apporté de nombreux renseignements sur cette zone sans pour autant permettre de connaître exactement la topographie de l’Académie à l’époque archaïque (« mur d’Hipparque »). Mais le changement majeur est la construction du mur de Thémistocle qui impose une réorganisation de la nécropole. Le dromos devient une voie processionnelle majeure longée de polyandreia en nombre de plus en plus grand, rappelant aux yeux des éphèbes les exemples de civisme de leurs aînés. Le Ve s. et surtout le IVe s. voient la parcellisation de la nécropole par la multiplication des enclos familiaux.

 

         Très important est aussi le coup de projecteur sur le Querweg : la rue transversale qui reliait le dromos à la rue de la Hiéra Pylè à l’endroit où se trouve la patte d’oie d’où naît la Hiéra Hodos proprement dite : secteur de fouilles anciennes mal connues et utilement résumées. Tout ce chapitre, consacré à la zone qui s’étend du Dipylon à l’Académie est remarquable par l’abondance des références textuelles et l’usage qui en est fait par l’auteur.

         

         Les études qui suivent portent sur les différents vestiges conservés ou restitués de toute cette zone. On mentionnera ici seulement les synthèses sur le jardin d’Épicure et sur l’Académie : dans les deux cas, nous sommes confrontés à des sources textuelles aussi abondantes qu’ambigües et à des données archéologiques pauvres et difficiles à interpréter : on n’est encore aujourd’hui sûr de rien à propos de ces deux sites illustres, sauf, à la rigueur, à admettre que le grand péristyle du IVe s. qui a été découvert depuis longtemps soit le gymnase de l’Académie, hypothèse plausible mais en aucun cas démontrée…

 

         Les encarts de ce chapitre traitent, entre autres, des fouilles de la nécropole du Céramique, du cours de l’Éridan, de la voie d’Éleusis, des établissements artisanaux d’Athènes, de l’aqueduc « de Cimon », du Dèmosion Sêma.

 

         Le volume 4 et, du même coup les volumes qui le précèdent, se concluent par un chapitre de synthèse dû à E. Greco, intitulé « L’asty. Pour une histoire urbanistique d’Athènes ». Dans un style alerte, parfois incisif (voire polémique) ou humoristique, l’auteur résume ici les principes directeurs qui ont sous-tendu l’ensemble de l’ouvrage et peuvent se résumer dans un plaidoyer en faveur de l’approche historique-topographique-urbanistique qui est celle de la Topografia di Atene, tournant le dos à l’approche dogmatique de type historique-politique-mythique qui a dominé jusque-là les études sur la ville antique d’Athènes. Parmi de nombreuses perles contenues dans ce chapitre, on retiendra seulement ici le point fondamental : la mise en valeur des axes viaires de la ville antique, seule façon de comprendre la logique de son développement au cours du temps, démarche qui ne pouvait être suivie qu’à condition d’avoir d’abord accompli l’énorme travail préparatoire de rassemblement des sources diverses dont nous sommes redevables à nos collègues italiens. Deux exemples éclairent particulièrement la logique de cette démarche : pour l’époque géométrique, en l’absence de traces suffisantes des habitats, la seule donnée qui permette de comprendre la disposition des tombes est celle des itinéraires — disparus mais perceptibles au chercheur — que ces dernières balisaient ; pour le cœur de la ville d’Athènes, la rue des Trépieds (qui finit par atteindre une largeur de c. 15 m) « assume une importance capitale » par son existence même et par le fait qu’elle se raccorde à deux autres voies : l’une menant  au quartier de l’Ilissos (Olympiéion, Pythion), l’autre au théâtre de Dionysos ; c’est autour de ces axes que peut être décrite et comprise la dynamique du développement de la ville. Dans un autre domaine, on mentionnera enfin la critique acérée des erreurs méthodologiques qui ont amené à surévaluer l’importance du sac des Perses (la construction du rempart de Thémistocle a beaucoup détruit) ou de celui de Sylla.

 

         On ne peut qu’être frappé par la cohérence du propos et la richesse de ces observations qui illuminent d’un jour nouveau l’urbanisme athénien et concluent dignement les 4 premiers tomes de la Topografia di Atene consacrés à l’asty. Outre l’énorme travail de mise à jour des données archéologiques sur lequel reposent ces livres, on admire la qualité de l’historiographie et de l’enquête textuelle, le tout placé dans une perspective synthétique qui n’avait jamais été élaborée jusqu’à présent à une telle échelle : du détail apporté par telle fouille de sauvetage à la vision générale du développement de la ville, l’ouvrage apporte un enrichissement exceptionnel à notre connaissance d’Athènes à travers les âges. C’est ainsi que, grâce à l’élargissement de la perspective, nous disposons pour la première fois d’une vision claire des limites de la ville, des portes du rempart, du réseau des rues de l’Athènes antique ainsi que de son réseau hydraulique (rivières et aqueducs), ce qui éclaire d’un jour nouveau la vie des dèmes athéniens et permet aussi de mieux comprendre la distribution spatiale des établissements de bain.

 

         Les mots manquent pour décrire l’importance de cette publication exemplaire et l’admiration du lecteur pour l’équipe qui, sous la conduite d’E. Greco, a réalisé ce chef-d’œuvre.