Païn, Silvia: Manuel de gestion du mobilier archéologique. Méthodologie et pratiques. Documents d’archéologie française. 234 pages, broché, 114 figures noir et blanc, 19 tabl., ISBN 978-2-7351-1762-8, 40 €
(Édition de la Maison des sciences de l’homme, Paris 2015)
 
Recensione di Benoit Dercy
 
Numero di parole: 3247 parole
Pubblicato on line il 2016-06-15
Histara les comptes rendus (ISSN 2100-0700).
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         Sylvia Païn, spécialiste de conservation et de restauration du mobilier archéologique, s’appuie sur son expérience personnelle de chargée de mobilier, de contributrice à la rédaction du cahier des charges du SADY[1], et de formatrice-enseignante (à Paris I, l’INP et l’École du Louvre) pour offrir dans la collection des Documents d’archéologie française un « manuel de gestion du mobilier archéologique », gestion qui, insiste-t-elle, représente aujourd’hui « un domaine de compétence à part entière » (titre de la postface, p. 211).

  

         L’objectif clairement affiché dans l’Avant-propos (retraçant rapidement l’histoire de la gestion des collections au cours de la jeune histoire de l’archéologie française depuis les années 1970, et définissant les tâches du gestionnaire) et l’Introduction (abordant les aspects  méthodologiques) est de fournir en un ouvrage unique un « instrument de travail s’ouvrant vers toutes les facettes de la gestion des collections en apportant des réponses concrètes », en ne se limitant pas à donner des « recettes », mais en restant un « outil de conception » qui permette d’envisager la place du mobilier dans une démarche globale (p. 15 et 17).

  

         L’ouvrage arrive à point nommé. La définition précise des tâches et missions du « gestionnaire » ou « responsable du mobilier », s’appuyant sur les conclusions des ateliers des Assises de Bourges tenues en 1998, est donnée dans l’Avant-propos : elle montre la polyvalence et la complexité de ce qui doit désormais être considéré comme un métier à part entière (équivalant à celui de régisseur de musée, p. 15), à l’heure où les collections d’objets archéologiques, de par leur volume croissant et leur faible potentiel de mise en valeur aux yeux du public, ne mutent plus systématiquement dans des musées mais demeurent dans des dépôts. Il revient donc au professionnel, dont le savoir ne se réduit pas à celui du chercheur étudiant le matériel « en profondeur », d’en bien connaître la totalité « en étendue », notamment par son inventaire ; de permettre une conservation optimale des vestiges sur le long terme ; de responsabiliser les acteurs de la fouille ; de prendre en compte tous les mouvements que le matériel est amené à subir, entre sa mise au jour et son étude ou encore son prêt ; d’en connaître la localisation et d’en préserver les données préexistantes qui le rendent intelligible, afin d’ « assurer un accès pérenne à cet ensemble documentaire […] physique [et] intellectuel » (p. 14) aux chercheurs ; d’être au fait des questions de législation relatives au mobilier archéologique.

 

         Après un premier chapitre (p. 19-49) consistant en une mise au point sur les spécificités du matériel archéologique (matériaux minéraux et organiques) et ses altérations (dans le sol, après sa mise au jour, lors du transport et de l’étude), l’auteur développe trois chapitres sur les questions de sa conservation (p. 51-125) : qui en sont les acteurs, quels sont les risques d’une telle démarche, que doit-on conserver et comment, quelle différence y a-t-il à gérer du matériel en fouille ou en post-fouille… ? Plus de la moitié de l’ouvrage concerne donc directement les questions relatives à la conservation matérielle des vestiges, non par défaut de construction ni en raison du « penchant professionnel de l’auteur pour ce domaine », mais bien parce que sans elle, « il ne saurait y avoir de production scientifique, pas plus qu’on ne saurait confirmer ni infirmer les hypothèses énoncées par les chercheurs du passé. » (p. 211). Un deuxième volet développe en deux chapitres (p. 127-158) l’outil qu’est l’inventaire : quelle est son importance ; développe comment l’élaborer et le gérer à différents moments de la vie du mobilier (en cours de fouilles, pendant l’étude) ? Après un chapitre 7 (p. 159-178) consacré à la structure de conservation, qui donne les moyens d’évaluer les besoins en caractérisant les espaces de travail, de stockage et de médiation, les chapitres 8 à 9 (p. 179-210) examinent les aspects juridiques, essentiellement sur le plan national : qui est responsable du mobilier ; quelles obligations légales et normes est-il tenu de suivre ?

  

         Le premier chapitre intéresse tout autant le gestionnaire de mobilier que l’étudiant en archéologie ou l’homme de terrain. En effet, il définit la spécificité du matériel archéologique par sa valeur patrimoniale, du reste susceptible de variation, mais s’attarde surtout sur les altérations qu’il subit, depuis son usage (« phase utile ») jusqu’à sa nouvelle vie en tant qu’objet de science (« phase culturelle »), en passant par la « phase d’enfouissement ou d’abandon » (p. 24). L’auteur considère les facteurs d’altération des matériaux d’origine organique ou minérale, qui peuvent survenir au cours de ces trois phases à des degrés différents et en modifier la surface ou la structure profonde : facteurs physiques (vibrations, frottements, poids…), climatiques (variations extrêmes de température et d’humidité, problèmes liés à la présence d’eau), chimiques (transformation ou disparition de composants, altérant la dureté, la résistance, la porosité du matériau), électrochimiques (corrosion jusqu’à disparition du mobilier métallique), photochimiques (dégradations chromatiques, solarisation, développement de micro-organismes, dus à la lumière), biologiques (bactéries et champignons, insectes occasionnant un affaiblissement ou une perte de matière). Conformément à la dimension pédagogique du « manuel », l’auteur achève l’examen par 17 fiches qui font le bilan, selon la nature du matériau, de ses propriétés et des transformations qu’il peut subir pendant son enfouissement ou depuis son exhumation, et qui incluent des liens biographiques (p. 36-49). 31 photographies de détails, en noir et blanc, prises par le SADY, ainsi que 2 graphes et un schéma, complètent l’exposé scientifique, exhaustif et d’une grande clarté.

  

         Les trois chapitres suivants abordent la question de la conservation. Le chapitre 2 revient sur la notion de « cursus du mobilier », la chaîne des traitements qu’il subit depuis l’exhumation jusqu’à sa vie d’« objet de science, de patrimoine et de délectation » (p. 24), faite de phases d’instabilité difficilement maîtrisables, de stabilité et de phases évolutives (lorsqu’on fait évoluer l’objet de manière maîtrisée, comme lors du nettoyage, d’analyses, du remontage…). Ces phases sont envisagées selon les trois moments que sont l’exhumation, l’acclimatation (tri et traitement) et le stockage sur le long terme de l’objet (incluant le conditionnement, l’étude, l’exposition...). La démarche se veut à nouveau pédagogique et globale : elle envisage dans un premier temps l’analyse de la situation, puis la conception du projet, sa réalisation par l’intervention, et même l’évaluation à mettre en place en vue d’améliorer la pratique, en construisant ses propres indicateurs. Des encarts sur fond gris portant le titre de « Mise en application : dessiner un objet » donnent des conseils concrets pour accomplir cette tâche en suivant les étapes susnommées. L’auteur ancre la démarche systématique dans la réalité du terrain : elle insiste sur la nécessité d’un travail en équipe (notamment le dialogue entre l’archéologue, le gestionnaire et le restaurateur), de la formation des acteurs ; elle inclut un développement sur le rôle des laboratoires et les types de conservations-restaurations, constituant un véritable vademecum du métier. Elle conclut le chapitre en énonçant les diverses procédures de documentation : constat d’état du matériel, cahier des charges.

 

         Le chapitre suivant est l’occasion d’un retour sur la gestion des risques liés à la conservation, à leur mesure et à leur maîtrise, sur le long terme. Le tableau synoptique III de la p. 73 apporte de manière très efficace les réponses liées aux facteurs climatiques (température, hygrométrie, lumière, pollution) et mécaniques (stabilisation, manipulations, emballage pour les déplacements), à l’échelle individuelle de l’objet mais aussi de la collection dans son ensemble : il s’agit d’envisager une fois encore une solution globale. La contrepartie de la conservation trouve d’ailleurs matière à développement : quelle définition institutionnelle est donnée du rejet du mobilier ; comment opérer des choix, et quand les opérer dans le circuit que suit l’objet ?

 

         Le chapitre 4 développe chronologiquement, en commençant par le prélèvement sur le terrain, les processus à mettre en place pour préserver l’objet – envisageant même son ré-enfouissement provisoirement si les contraintes de temps ou de logistique ne permettent pas un prélèvement sûr -, qu’il s’agisse d’un simple ramassage ou d’un prélèvement assisté. Les techniques de prélèvement par encollage (ou « doublage souple »), par emballage (recommandé en priorité, car respectueux de l’objet et « simple à réaliser et à traiter », p. 105), et par motte (pour les objets en connexion, « des cas où apparaissent des négatifs ou des traces de matériaux organiques », p. 108) sont ainsi décrites par le menu, photographies et schémas à l’appui. Des tableaux complètent l’approche : le tableau VI dresse la liste du matériel utile aux interventions de prélèvement sur le terrain, et peut s’avérer fort utile à l’archéologue dans la gestion en amont de la fouille ; les tableaux  VIII et IX détaillent les propriétés des résines ou autres produits utiles à la consolidation (qui n’est à envisager selon l’auteur qu’en dernier recours, du fait que la résine enferme autant le mobilier que « la saleté » et « risque d’emprisonner de l’humidité au cœur du vestige », p. 99). Viennent ensuite l’emballage, la mise en caisse, le transport, les priorités de traitement à l’arrivée au dépôt et le stockage d’attente, le nettoyage et les premiers traitements (décrits, une fois encore, dans un tableau d’une grande efficacité, par types de matériaux, p. 116), le remontage et ses aléas ou encore l’assemblage définitif, le marquage et la documentation par le dessin, la prise d’empreinte ou la photographie : tous les stades sont pris en compte ici.

  

         Une deuxième grande partie, non délimitée formellement toutefois, englobe les chapitres dédiés à l’inventaire du mobilier. Dans le chapitre 5, l’auteur part de la conclusion évidente que « le choix [de l’inventaire à bâtir] correspond à un usage » et qu’il importe de s’ adapter à la collection et à l’institution pour laquelle on travaille ; mais encore faut-il connaître la palette des possibles, ce que permet le « tour d’horizon des pratiques » et la typologie des inventaires (descendant jusqu’à l’échelle des numéros d’inventaire) que dresse la spécialiste. Les fiches d’étude de l’archéologue, conçues généralement pour une catégorie précise de mobilier et renseignant des rubriques restreintes de manière très approfondie (dans la description physique de l’objet, par exemple), n’ont pas vocation à faire office d’inventaire général de gestion. Par ailleurs, certains inventaires correspondent à une gestion muséale du matériel plutôt qu’archéologique ; un inventaire peut être amené à évoluer en fonction de l’étude menée sur le matériel, le chercheur « créant de nouveaux enregistrements », « en fusionnant » d’autres (p. 131). Le manuel donne ainsi les moyens de réfléchir aux objectifs de l’inventaire, et d’en organiser la structure adéquate. L’auteur ne cherche pas tant à inciter le lecteur à créer son inventaire de toutes pièces qu’elle n’émet le vœu de voir arriver rapidement des « progiciels consacrés à la gestion du mobilier », qui feront gagner beaucoup de temps et donneront une dimension plus professionnelle « au moins du point de vue des aspects informatiques » (p. 137) : le manuel gardera alors son utilité en offrant les moyens de faire un choix pertinent entre les fonctionnalités proposées, ce que développe une partie intitulée « les fonctions de l’inventaire ». La conservation-restauration trouve toute sa place dans les inventaires, qui peuvent faire figurer un constat d’état, des recommandations de conservation, une documentation directement reliée à l’objet (comme un dessin, une photographie) permettant de le visualiser sans avoir à le manipuler, les traces des mouvements du mobilier… C’est d’ailleurs la traçablité du vestige et sa localisation précise dans le dépôt qui est abordée dans une dernière section, à travers les questions d’étiquetage, de marquage (discret) de l’objet ou de la signalétique des contenants ; les modalités de rangement et de tri (par matériaux, par encombrement…). Le chapitre 6, plus court, propose une réflexion encore plus élargie sur la place de l’inventaire dans le cursus de l’objet : quelle équipe constituer (en terme de nombre d’intervenants, de continuité de l’équipe entre le terrain et la post-fouille…) ; à quel moment inventorier (dresser l’inventaire pendant l’étude ou plus tard, après les remontages par exemple, pour éviter de procéder à trop de corrections) ; comment intégrer le « passif » (anciennes collections) au mobilier récemment mis au jour dans un inventaire nouvellement créé ; comment établir un état des lieux documentaire du mobilier : quelles stratégies choisir lors de la mise en place de la collection ?

  

         Le chapitre 7 soulève à son tour les questions relatives à la structure de conservation, eu égard aux aspects scientifiques de l’activité qui y est menée mais aussi aux contraintes les plus techniques en termes d’accessibilité, de sécurisation des accès (le tableau XIV offrant un aperçu sur les modalités de contrôle de ces accès), de confort pour les équipes qui y travaillent. La question des espaces y est traitée selon quatre catégories plus ou moins développées : espaces de travail, de stockage de la documentation et du mobilier (devant faire l’objet d’une régulation vigilante du climat), de « vie » et de médiation. Le « manuel » résume ensuite à destination du lecteur gestionnaire les grandes étapes qui mènent à la réalisation d’un projet d’aménagement de sa structure de travail, non sans mentionner l’usage de l’informatique indispensable à tous les niveaux (sécurité, gestion, documentation…).

  

         Enfin, les questions juridiques inhérentes au mobilier archéologique, dont la valeur patrimoniale a déjà été rappelée, sont évoquées dans les deux derniers chapitres 8 et 9. Il s’agit de rappeler ici le cadre légal qui identifie le(s) propriétaire(s) de l’objet, depuis la loi Carcopino de 1941 et celle du 17 janvier 2001 relative aux fouilles préventives, dont le statut diffère selon que le mobilier est issu de trouvailles fortuites, de prospections, de fouilles programmées ou préventives. Il est en outre question de définir qui détient la responsabilité du mobilier, entre contrôle et autorisations d’étude émanant de l’État, obligations d’inventaire et de marquage du mobilier par le fouilleur, versement de la documentation par l’opérateur au SRA - au moins du rapport d’opérations, dans les faits, selon l’auteur qui distingue clairement la théorie de la pratique (p. 183). Viennent ensuite le rappel des normes de conservation et d’inventaire que doit suivre le dépositaire du mobilier, les peines applicables en cas de détérioration ou de destruction du matériel appartenant au domaine public, la question du droit sur la propriété intellectuelle, le passage en revue des conditions de communication des rapports de fouilles, le droit de reproduction des images, l’assurance des biens dans le lieu de conservation ou lors des prêts. L’auteur aborde enfin la question des normes données à différentes échelles (internationales, issues des milieux professionnelles et de l’institution), dans les domaines de l’inventaire, de la conservation, du classement, de l’accès aux collections, et évalue les conséquences négatives (par ex., déséquilibre dans les tâches et les contraintes au sein de l’équipe) ou positives (gain de temps, automatisation de certaines tâches) d’une telle démarche. Le chapitre 9 intéressera enfin les gestionnaires devant faire face au partage ou à un don de mobilier, mais aussi à un prêt dont on envisage ici tous les risques dus au déplacement, à la présentation (atmosphère, luminosité, vol, incendie…). Ces dernières pages fourmillent de recommandations pratiques, celles que le gestionnaire doit suivre, mais aussi celles qu’il doit par prudence adresser à son interlocuteur.

  

         L’ouvrage se clôt sur une bibliographie générale, une table des références aux textes législatifs français et internationaux, un index thématique et une table des matières détaillant avec plus de précisions le sommaire placé en début d’ouvrage, plus lisible.

 

         Devant tant de précision, la volonté d’exhaustivité de l’auteur, l’étendue des champs d’application du métier envisagé ici, et en dépit d’une subdivision claire (avec numérotation en continu) des paragraphes, il faut reconnaître que le lecteur peut s’égarer, voire ressentir par moments une impression de redondance. Ainsi, la question de la conservation purement matérielle du mobilier, développée essentiellement dans la première partie de l’ouvrage, se retrouve traitée dans les questions de la documentation, des infrastructures, des obligations légales, de l’aveu même de l’auteur (postface, p. 211) pour les raisons qu’on a rappelées. Des thèmes semblables paraissent être traités dans des chapitres différents. Ainsi, la question du lavage du mobilier, pour ne prendre qu’un exemple, est traitée à la fois dans le chapitre 2 (en tant que séquence de travail dans la chaîne des traitements du matériel, p. 52 et 54, ou intervention de conservation curative, p. 66), le chapitre 3 (comme phase au cours de laquelle on peut être amené à rejeter l’objet, p. 91), le chapitre 4 (où est développé en détails le nettoyage selon le type de matériau, et donc les outils et techniques du lavage à l’eau, p. 115-117), le chapitre 6 (où on envisage le lavage du mobilier ancien, en cas de traitement du passif, p. 155), le chapitre 7 (quand il s’agit de définir les besoins du bâtiment de conservation en fonction des activités qui y sont pratiquées, incluant des espaces de lavage, p. 160, 164), le chapitre 8 (donnant la référence au texte qui définit la responsabilité de lavage par l’opérateur en cas de fouilles préventives, p. 183). Le lecteur ne peut appréhender dans son ensemble -dans ses modalités, ses objectifs, ses applications, sa législation - l’opération de lavage, en raison du plan choisi qui, nécessairement, vient fragmenter l’objet d’étude. Le recours à l’index s’avèrera donc particulièrement précieux pour faire le lien entre les différents paragraphes consacrés à un même matériau (ex. cuir, enduit…), à un facteur d’altération (ex. choc, corrosion, eau, poids…), à une procédure (ex. enregistrement de terrain, étiquetage, tri…) ou au matériel associé (ex. boîte…), ou encore à une instance ou une question juridique (ex. conditions de prêt, droits de reproduction, propriété intellectuelle…).

  

         On soulignera, s’il est encore besoin, l’apport des documents complémentaires enrichissant le texte : les photographies de détails d’altérations des matériaux complètent, pour l’œil, les définitions ; l’image prend valeur argumentative dans les exemples à suivre et les contrexemples en matière de restauration ou de rangement (comme l’empilement de boîtes s’affaissant sous leur propre poids dans un dépôt, fig. 48 ; les traces laissées par du ruban adhésif sur une céramique remontée, fig. 92) ; les schémas et tableaux permettent de visualiser sous forme synthétique le propos et de mémoriser ainsi plus facilement la démarche décrite.

  

         En dernière analyse, il s’agit à n’en pas douter d’un ouvrage qui, par son aspect systématique, son approche globalisante et pédagogique, la réflexion qui à plusieurs reprises prend appui sur une mise en situation et s’incarne dans les acteurs de terrain, par la somme des savoirs scientifiques, techniques et juridiques qu’il convoque, ainsi que les liens bibliographiques qu’il déploie, est à mettre aussi bien entre les mains du gestionnaire de mobilier professionnel que dans celles d’un étudiant en archéologie, d’un responsable de dépôt le temps de la fouille ou d’un archéologue (apprenti ou chevronné) appelé à travailler en interaction avec ce dernier. Bien qu’initialement il réponde à un besoin énoncé en 2012 par l’auteur au sein d’une réflexion sur la conservation préventive en France[2], et que le cadre juridique évoqué soit essentiellement national, l’usage d’un tel manuel ne saurait se réduire à la pratique de l’archéologie préventive en France : les conseils pratiques prodigués ici sont adaptés à tous les types de matériaux, de collections, d’opérations et de terrains. Enfin, nous ne doutons pas que sa lecture « encourage[ra] des vocations », ainsi que l’espère Silvia Païn dans ses dernières lignes (p. 212).

 

 


[1] SADY : Service Archéologique Départemental des Yvelines

[2] Dans un article de 2012 (« Formation des archéologues à la conservation préventive : pour une démarche de conservation », In Situ [en ligne], 19, §48-53), Silvia Païn constatait que si l’objectif idéal « en matière de conservation préventive (…) serait de toucher tous les personnels concernés[, d]ans la pratique, les formations ne touchent qu’une fraction assez faible de leur public » en raison d’une formation limitée en temps, en variété quant à l’offre et au public visé, en somme pour des raisons principalement économiques.