Henry, Olivier - Kelp, Ute (ed.): Tumulus as Sema. Space, Politics, Culture and Religion in the First Millennium BC, Series:Topoi – Berlin Studies of the Ancient World/Topoi – Berliner Studien der Alten Welt 27, xxxiv-1130 p., ISBN: 978-3-11-026750-1, 239 €
(De Gruyter, Berlin 2016)
 
Compte rendu par Isabelle Algrain, Université libre de Bruxelles
 
Nombre de mots : 6227 mots
Publié en ligne le 2020-04-29
Citation: Histara les comptes rendus (ISSN 2100-0700).
Lien: http://histara.sorbonne.fr/cr.php?cr=2818
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          Cet ouvrage collationne plus d’une quarantaine de contributions, relativement courtes, présentées lors d’un colloque qui s’est tenu à Istanbul en juin 2009 et qui avait pour thème l’étude des tumuli dans les cultures de la Méditerranée, de la mer Noire et de l’Eurasie au premier millénaire avant J.-C. L’étude chronologique et géographique de cet ouvrage est assurément très large mais met en exergue la récurrence de ce type de monument funéraire dans les différentes régions et cultures de l’Antiquité. Il ne couvre toutefois pas l’ensemble des manifestations de tumuli comme monuments funéraires puisque, dans d’autres régions et à d’autres époques, le tumulus a fréquemment servi de marqueur funéraire. Les éditeurs précisaient d’ailleurs clairement dans leur appel à communication que « the tumulus is one of the most widespread burial types in the ancient world » (p. 1). Ces monuments funéraires ont ainsi une importance marquée dans le paysage antique, le modifient et sont les témoins de la vie exceptionnelle de ceux qui y sont enterrés.

 

         Ces actes s’ouvrent sur deux introductions générales. La première, écrite par Susan Alcock,  commence par définir à la fois le « tumulus » et le « sema ». Soulignant la forme universelle des tumuli, Alcock rappelle que des monuments similaires ont également été érigés du Japon à l’Amérique du Sud, en passant par le nord de l’Europe, mais que cette uniformité dans l’apparence peut revêtir une multitude de significations. L’auteure met en avant les fils conducteurs de l’ouvrage et certaines de ces significations qui se dégagent, en premier lieu l’importance du tumulus comme lieu de mémoire et comme monument qui remodèle le paysage. Un article d’Alessandro Naso, qui fait figure de seconde introduction, présente un état des lieux de la recherche sur les tumuli entre 800 et 500 av. J.-C. aussi bien dans l’ouest que dans l’est de la Méditerranée. L’auteur s’intéresse notamment au développement parallèle des coutumes funéraires des groupes aristocratiques via la construction de tumuli dans différentes régions et à différentes époques.

 

         L’ouvrage est ensuite organisé de manière géographique. La première partie est dévolue à deux études relatives au sud de la Méditerranée. La première contribution, signée par Natascha Kreutz, concerne les deux tumuli de Battos, fondateur de Cyrène, la colonie de Théra, et de la dynastie battiade. Le premier, construit à la fin du VIIe siècle av. J.-C. par-dessus la tombe de Battos sur l’Agora de Cyrène, fut utilisé pour des sacrifices. Le lieu fut abandonné à la chute de la dynastie au milieu du Ve siècle av. J.-C. et un cénotaphe, également recouvert d’un tumulus, fut construit à côté de la tombe. Le lien entre les deux monuments et la situation politique de la cité semble donc évident. Le premier monument servait ainsi de lieu de culte pour les habitants de la cité et Battos y était honoré comme héros fondateur et ancêtre de la famille royale. La construction d’un second monument au moment de la chute du régime battiade indique une volonté de « redémarrage » politique sous la forme d’un nouveau lieu de culte, toutefois lié aux origines de la cité.

 

         Anne Marie Carstens nous emmène à Chypre pour discuter des tumuli qui y ont été découverts. Bien que les exemples monumentaux y soient rares, de nombreux exemples de ce type de marqueur funéraire existent, notamment dans la nécropole royale de Salamine. Les monuments y revêtent un éventail large de significations puisque le tumulus agit à la fois comme un marqueur spatial, politique, culturel et religieux et qu’il accueille par ailleurs au moment des funérailles des festivités et des rituels qui insèrent les tumuli chypriotes dans le contexte plus large du Proche-Orient.

 

         La seconde partie se penche sur la Grèce, l’Albanie et la Macédoine. Maria Grazia Amore présente les fouilles menées sur le complexe des tumuli 9, 10 et 11 de la nécropole d’Apollonia en Albanie, une colonie corinthienne. Après avoir décrit brièvement la cité et les relations entre la nécropole et celle-ci, l’auteure présente les trois tumuli, qui ont pour particularité de dater de périodes différentes. Ainsi, le tumulus 10 est une construction préhistorique qui recouvrait 49 inhumations, alors que les autres monuments sont datés de la période archaïque jusqu’au début de la période hellénistique. Le tumulus 10 permet donc de prouver l’existence d’une population locale avant la colonisation corinthienne et son intégration dans les structures de la cité dès l’époque archaïque est de première importance pour comprendre les relations sociales mises en place immédiatement après l’arrivée des colons.

 

         Lorenc Bejko s’intéresse quant à lui aux informations que peuvent délivrer les tumuli de la région sud-est de l’Albanie sur le paysage social de la fin de l’Âge du Bronze et du début de l’Âge du Fer. Dans cette région, cette période est en effet caractérisée par de nombreux changements environnementaux, culturels et sociaux et les tumuli en sont une des expressions matérielles. L’auteur considère que les tumuli peuvent ainsi servir à mieux comprendre le paysage social puisque ceux-ci seraient, d’une part, liés au concept des ancêtres et seraient, d’autre part, de puissants symboles d’unité au sein de la communauté. Les monuments agiraient non seulement comme des marqueurs territoriaux mais joueraient également un rôle dans le maintien de l’ordre social et de la cohésion de la communauté.

 

         Le court article de Samantha L. Martin-McAuliffe examine l’emplacement et les interactions du tumulus préhistorique de Lofkënd en Albanie avec son environnement dans la vallée de la rivière Gjanicë. Elle argue que le site a été choisi avec soin et que la construction du monument n’est pas le simple résultat d’un début d’occupation du territoire mais d’une longue relation avec le paysage environnant. Ce dialogue constant avec le paysage fait du tumulus bien plus qu’un simple monument funéraire.

 

         Barbara Schmidt-Dounas évoque les tumuli macédoniens, monuments qui ont dans cette région une longue tradition datant de l’Âge du Bronze. L’article se concentre sur les tumuli des époques classique et hellénistique et s’interroge notamment sur les relations entre ces monuments, l’environnement naturel, les constructions humaines et les routes qui relient ces différentes structures, sur les types de tombes qu’ils recouvrent, sur les périodes d’usage de ce type de monument, et sur les principes mis en œuvre pour leur construction. L’auteure observe qu’à Vergina, les tombes renfermant le matériel le plus riche sont couvertes par de petits tumuli, alors que dans la région de Pella, depuis la fin du IVe siècle, des tombes moins dotées sont au contraire recouvertes de gigantesques tumuli. Elle se demande si la participation de l’élite macédonienne dans les campagnes d’Orient d’Alexandre le Grand a pu avoir une influence sur les types de monuments utilisés.

 

         L’article d’Athanasia Kyriakou se concentre sur l’histoire de la Stenomakri Toumba, un tumulus oblong du IVe siècle situé à Aigai/Vergina. Après avoir donné des informations sur le matériel retrouvé à l’intérieur du monument, l’auteure présente différentes questions théoriques et méthodologiques sur la manière de traiter les données archéologiques provenant de ce site. Elle s’interroge ensuite sur l’histoire et le cycle de vie de ce tumulus, qui est successivement pillé, détruit, étudié par les archéologues, oublié, réétudié et valorisé comme attraction touristique.

 

         Dans sa contribution, Elizabeth McGowan développe une théorie selon laquelle le tumulus n’est pas uniquement un lieu de mémoire qui joue le rôle de sema, de marqueur funéraire destiné à montrer l’importance du défunt. En effet, des tranchées d’offrandes situées à proximité des tumuli attiques du VIIIe au VIe siècle montrent bien que des activités rituelles prenaient place à proximité de ces monuments. Ce type d’activité apparaît également dans les représentations iconographiques des périodes archaïque et classique, puisque les peintres athéniens ont dépeint à plusieurs reprises des gestes rituels pratiqués auprès de tumuli. Bien qu’il soit difficile de reconstituer avec certitude les rites anciens à partir de l’iconographie, l’auteure suggère que les scènes imaginées par les peintres soient des transcriptions de rites réels développés pour perpétuer de manière durable la mémoire du défunt auprès des visiteurs de ces monuments.

 

         Maria Stamatopoulou reprend les données issues des nécropoles thessaliennes des périodes archaïque et classique. À cette époque, l’utilisation combinée d’une chambre funéraire à encorbellement et d’un tumulus qui recouvre le tout à la fin du VIe et au Ve siècle, avec une concentration dans les régions de Pharsale et de Krannon, semble faire référence aux petites tholoi funéraires de la fin de l’Âge du Bronze et du début de l’Âge du Fer. L’appropriation de ces caractéristiques archaïsantes par certaines familles aristocratiques, à une époque où la compétition au sein de l’élite est particulièrement forte, aussi bien à un niveau régional que panhellénique, et alors que d’autres types de monuments funéraires sont également en usage, semble indiquer que les élites de Pharsale et de Krannon ont utilisé ce type de monument afin de se fabriquer une identité propre.

 

         Annie Schnapp-Gourbeillon s’intéresse quant à elle aux termes employés pour désigner les tumuli dans la langue grecque depuis les poèmes homériques, qui y prennent indifféremment les noms de sema et de tumbos. Elle examine les occurrences et les significations du tumulus dans le contexte épique. Les deux différents termes, sema et tumbos, disparaissent progressivement au profit du mot mnema. Elle aborde ensuite la question de l’oralité face à l’émergence de l’écriture dans la cité, et en particulier des épitaphes L’oralité et les louanges adressées au défunt font partie du monde de l’épopée et sont des traits caractéristiques de l’élite conservatrice de l’époque archaïque qui tente de se rattacher à un passé héroïque. Au Ve siècle av. J.-C., la récupération idéologique du passé héroïque, avec l’exemple du tumulus de Marathon, indique une volonté d’héroïsation des défunts qui rejaillit à la fois sur les familles de l’élite et sur l’ensemble du demos.

 

         La partie suivante regroupe neuf contributions qui ont trait aux tumuli thraces. L’article d’Inci Delemen part du constat que la Thrace est la plupart du temps considérée comme une région située à la périphérie des mondes méditerranéen et anatolien. Influencée tour à tour par la Grèce, l’Anatolie, la Perse et Rome, la Thrace a toutefois conservé des caractéristiques intrinsèques à l’instar de ses tumuli et de l’animal style. L’auteur étudie donc la place du sud-est de la Thrace et de ses tumuli dans la culture thrace et réévalue la place de cette sous-région à la fois par rapport à la Thrace et par rapport aux régions environnantes. Si les données archéologiques sont pour l’instant insuffisantes pour établir un schéma certain, les premiers résultats liés aux tumuli indiquent toutefois que les connexions du sud-est de la Thrace sont plus fortes avec les régions qui l’entourent qu’avec le reste de la Thrace.

 

         Dans son intéressante contribution, Daniela Agre présente trois types d’utilisations inhabituelles de tumuli en Thrace à la fin de l’Âge du Fer. Le premier exemple est le réemploi d’un tumulus de l’Âge du Bronze à l’époque classique pour l’inhumation d’un chef ou d’un membre de l’aristocratie thrace. L’auteure interprète ce phénomène comme une manière de légitimer les successeurs de ce chef et leurs revendications en matière de territoire. Le deuxième cas regroupe les tumuli érigés sans sépulture, qui, selon la suggestion de l’auteure, agiraient alors comme des moyens d’intercession auprès d’un ancêtre ou d’un héros local afin d’éviter tout désastre qui pourrait frapper la communauté. Le troisième exemple est l’érection d’un tumulus également sans sépulture mais dans le cadre d’un rituel périodique visant à appeler la protection d’un ancêtre ou d’un héros sur la communauté pour qu’il garantisse ses moyens de subsistance.

 

         La nécropole tumulaire hellénistique de l’ancienne capitale des Gètes à Sboryanovo dans le nord-est de la Bulgarie est l’objet d’étude de Maria Chichikova. Elle présente les tombes à chambre de l’élite locale, construites et décorées dans le style de l’époque hellénistique, ainsi que la tombe royale de Sveshtary, également connue sous le nom de Tombe des Caryatides et datée du deuxième quart du IIIe siècle av. J.-C. Le style hellénistique clairement marqué de ces différents ensembles funéraires montre l’intégration des Gètes à la koinè artistique des régions voisines que sont la Macédoine, la Grèce et l’Asie Mineure, établie grâce à des contacts politiques et économiques soutenus.

 

         La brève contribution de Dejan Dichev explore la question des rituels de commémoration accomplis à proximité des dolmens thraces. Si les plus anciens rituels de ce type qui ont été identifiés ont été liés à des dolmens et sont caractéristiques de ces monuments en Thrace, leurs traces ne sont toutefois pas toujours évidentes à détecter. Ces rituels avaient lieu dans le dromos d’accès au dolmen ou devant la façade du monument. Le matériel retrouvé indique une consommation de boissons et de nourriture et l’auteur considère que ces rituels avaient lieu de manière répétée et périodique.

 

         Rumyana Georgieva s’intéresse quant à elle aux tombes de cavaliers thraces depuis les VIIe-VIe siècles, époque à laquelle appartiennent les plus anciens exemples de tombes avec des restes d’équidés et de leurs harnachements, jusqu’aux IVe-IIIe siècles. Les sépultures de cavaliers, couvertes d’un tumulus et renfermant d’après les analyses des défunts de sexe masculin, sont populaires dans la région et les chevaux, enterrés à proximité ou déposés dans la tombe même du défunt, sont considérés comme des médiateurs entre le monde des morts et celui des vivants. Leur présence dans les sépultures est d’autant plus logique qu’ils jouent un rôle essentiel dans l’économie, la guerre et la chasse. En tant que symboles de statut et de pouvoir, ils permettent probablement d’identifier les tombes appartenant à une élite de l’aristocratie tribale, sans qu’il soit toutefois possible d’identifier avec certitude les tombes du IVe siècle à des tombes de rois, comme c’est parfois le cas dans les publications.

 

         L’article de Kostadin Rabadjiev explore la question de l’espace rituel de la tombe à chambre thrace comme une manifestation de l’au-delà et de l’immortalité psychosomatique de l’élite thrace enterrée dans ce type de monument. Alors que, dans la culture grecque, les défunts appartiennent comme les divinités à un monde imaginé coexistant avec un monde humain et un monde naturel, les défunts dans le monde thrace appartiennent au monde naturel, ce qui se manifeste par l’érection même du monument funéraire qui s’intègre dans le paysage environnant. Par ailleurs, l’auteur examine le concept de mémoire associé à ces monuments. En tant que sema, les tumuli sont des signes qui marquent visuellement la gloire des défunts qui y sont enterrés et perpétuent leur mémoire d’une manière archétypale et héroïque. L’auteur suggère que l’individualisation progressive des sépultures via des mnemata, des monuments qui donnent de manière écrite des informations sur le défunt, en particulier à partir du début de l’époque hellénistique, correspond plus nettement à l’héroïsation des défunts dans la culture grecque qu’à la conception de l’au-delà de la tradition thrace.   

 

         Totko Stoyanov et Daniela Stoyanova examinent la chronologie des tombes à chambre thraces les plus anciennes (Ve-IVe siècles av. J.-C.) et les éléments qui permettraient de confirmer leur datation. Les auteurs présentent à la fois des tombes où l’architecture et les découvertes archéologiques indiquent une date ancienne et d’autres dont la datation est moins assurée, en récapitulant pour chaque cas d’étude les éléments pertinents. Leur analyse révèle que l’apparition des tombes monumentales au Ve siècle en Thrace est inhabituelle dans un contexte où d’autres types de monuments funéraires sont plus fréquents. Les nouveaux types architecturaux employés, que ce soit en termes de conception, de construction et de décoration, posent la question des interactions culturelles entre la Thrace et les régions voisines.

 

         Après plusieurs études plus généralistes et théoriques, Milena Tonkova présente le tumulus de Belishka Chuka, daté du Ve siècle et érigé dans la haute vallée de la rivière Mesta, habitée par les Bessoi. Ce tumulus présentait pour particularité de renfermer un sarcophage de bois qui a pu être conservé par les archéologues lors de sa découverte. La comparaison de ce tumulus avec les autres monuments thraces a révélé des éléments communs, en termes de rites funéraires et de construction du monument, avec les tombes de l’aristocratie odryse. Le tumulus est donc un indicateur de contacts entre les élites des territoires thraces et son matériel, notamment des vases grecs, suggère des contacts interrégionaux avec la Grèce et l’Égée.

 

         Sahin Yildirim retrace l’émergence et le développement des tumuli en Thrace orientale. Ces monuments appartiennent à une tradition ancienne et y sont en usage du XIIe siècle av. J.-C. au IIIe siècle de notre ère. À l’origine, les tumuli de Thrace orientale appartiennent à deux types introduits lors de la migration des tribus thraces dans cette région mais qui sont déjà bien connus dans le centre et l’ouest de la Thrace : les dolmens et les tumuli en pierres sèches. Ces types de sépultures sont utilisés jusqu’au VIIe siècle av. J.-C. avant de céder progressivement leur place à de nouveaux monuments qui deviendront majoritaires durant le IVe siècle av. J.-C., à savoir les tombes macédoniennes et les tombes à tholos. Toutefois, l’auteur précise que d’autres types de sépultures peuvent se retrouver sous les tumuli de Thrace orientale, notamment des fosses, des sarcophages et des tomba a cappuccina.

 

         La section suivante de l’ouvrage regroupe les contributions ayant trait à différentes régions de l’Asie Mineure, à commencer par l’article de C. Brian Rose et Reyhan Körpe sur les tumuli de l’ouest et du centre de la Troade. Au début de la période archaïque, une série de tumuli situés sur la côte nord-ouest de la région, à proximité de Troie, commence à être associée aux héros de l’épopée homérique tels qu’Achille, Patrocle, Antiloque, Protésilas et Ajax. Il n’est probablement pas anodin que la première colonie d’Athènes soit ainsi implantée à Sigée, à proximité de Troie et des tombes attribuées aux héros. Ces monuments constituent également avec Troie une attraction pour le tourisme antique, ce qui explique vraisemblablement pourquoi des travaux furent entrepris au IIIe siècle av. J.-C. afin de monumentaliser le tumulus d’Achille et ainsi accroître son intérêt touristique. Par ailleurs, les tumuli dans le centre de la Troade, datés principalement des époques archaïque et classique, peuvent quant à eux être associés à l’élite anatolienne de la satrapie perse de Phrygie hellespontique, dont le centre du pouvoir se trouvait à Daskyleion. À la fois marqueurs géographiques et politiques, ils participent à la compétition aristocratique en vigueur au sein des élites, notamment par l’utilisation de matériaux de très grande qualité comme le marbre de Proconnèse.

 

         Nicola Zwingmann s’intéresse aux mentions de tumuli dans les sources grecques et latines en prenant pour cas d’étude les tumuli de Troade, de Sardes et de Gordion. Alors que les environs de Sardes accueillent une des plus grandes concentrations de tumuli d’Asie Mineure (Bin Tepe), érigés entre le VIIe et le IVe siècle av. J.-C., très peu de témoignages dans les sources relèvent l’importance du site, si ce n’est pour mentionner l’existence du tumulus du roi lydien Alyattes, ou plus rarement celle du tumulus de son fils Crésus. Aucun des monuments de la nécropole de Gordion, comptant plusieurs dizaines de tumuli datant du VIIIe au VIe siècle av. J.-C., n’est par ailleurs mentionné dans les sources grecques et latines. À l’inverse, en Troade, il existe une quarantaine de tumuli dont la chronologie s’étend de la préhistoire à l’époque romaine. Presque tous ces monuments sont considérés dans les sources comme les tombes de héros grecs et troyens morts pendant la guerre de Troie. Certains d’entre eux font par ailleurs partie des monuments les plus cités dans la littérature antique comme lieux de pèlerinage ou de tourisme, un phénomène qui se renforça après le passage d’Alexandre le Grand qui accomplit notamment un sacrifice au tumulus dit d’Achille.

 

         Christina Luke et Christopher H. Roosevelt étudient le contexte géographique et historique entourant le groupe de tumuli de Bin Tepe, considéré comme la nécropole de la famille royale lydienne et situé à environ 10 kilomètres au nord de Sardes. Les raisons qui ont pu pousser la royauté lydienne à choisir cet emplacement pour la construction de leurs sépultures sont probablement multiples. Toutefois, il est probable que la présence d’un royaume de l’Âge du Bronze établi dans la région du lac Marmara, identifié récemment grâce à des campagnes de prospection, et le caractère sacré du bassin du lac Marmara et de ses fluctuations cycliques aient joué un rôle prépondérant dans ce choix. Le développement de la nécropole, convoquant à la fois la mémoire locale de héros de l’Âge de Bronze et des aspects sacrés, est ainsi envisagé par son importance dans le paysage à la fois naturel et conceptuel de l’époque.

 

         Olivier Henry rappelle que la Carie, dont les sources écrites nous disent qu’elle se trouve sous domination lydienne aux VIe et Ve siècles av. J.-C., a livré de très rares vestiges archéologiques de cette domination. Parmi ceux-ci, on peut toutefois citer les tombes à chambres sous tumulus qui appartiennent clairement à la tradition funéraire lydienne. Sur la base de l’étude de tumuli situés dans les vallées de l’Harpasos et du Marsyas au nord de la Carie, l’auteur explique l’usage ostentatoire qu’ont fait les Lydiens de leurs traditions funéraires afin de remodeler le paysage et d’asseoir leur contrôle sur une contrée étrangère.

 

         Deux articles de cette section traitent d’éléments architecturaux particuliers des tombes à chambre sous tumulus, à savoir les reproductions en pierre de portes et de toitures. Selon Orhan Bingöl, un des points communs à différentes civilisations est que la mort y est souvent synonyme d’immortalité acquise par le défunt. La dernière demeure préparée pour ces défunts devenus immortels inclut une composante de première importance qui symbolise le passage vers l’au-delà, à savoir une porte monumentalisée, qui apparaît aussi bien sur les tombes taillées dans la roche que dans les tombes sous tumulus, ainsi que la façade dans laquelle elle s’ouvre. L’article compare l’importance des portes dans les temples dédiés à des divinités et dans les tombes des mortels. Latife Summerer et Alexander von Kienlin examinent quant à eux les décorations imitant les toitures en bois reproduites dans les tombes à chambre des tumuli anatoliens, plus particulièrement en Lydie et en Phrygie, et leurs liens avec l’architecture domestique.

 

         Adnan Diler s’intéresse aux tumuli en pierre étudiés lors de récentes prospections et fouilles à Pedasa dans la péninsule d’Halicarnasse (ou péninsule lélégienne). Les différents types de bâtiments et de monuments funéraires de la région sont fréquemment attribués aux Lélèges, dont les relations avec les Cariens, et plus anciennement avec les Créto-minoens et les Mycéniens, posent toujours question. L’auteur examine donc les influences ayant présidé à l’établissement de la tradition des tumuli en pierre dans la région, dont les plus anciens datent de la fin de la période protogéométrique, et les relie avec certaines traditions funéraires crétoises.

 

         L’article d’Oliver Hülden présente un aperçu de nos connaissances sur les tumuli lyciens, quelque peu contrastées puisque les monuments sont particulièrement bien connus et documentés dans le centre de la région, alors qu’il n’existe presque aucune information sur les monuments, ou sur leur existence même, dans l’ouest et l’est de la Lycie. Tout en mettant en avant la signification socio-culturelle de ces monuments, l’auteur note que les tumuli constituent le plus ancien type de monuments funéraires en Lycie, où ils apparaissent durant les VIIe-VIe siècles av. J.-C., et qu’ils sont prédominants durant les périodes archaïque et classique.

 

         Bilge Hürmüzlü s’intéresse aux tumuli de Pisidie, où ce type de monument apparaît à la fin du VIe siècle av. J.-C. alors que la région est sous domination perse, et où il reste en usage jusqu’à la période romaine. Différents types de tumuli (phrygiens, lydiens, etc.) y ont été érigés et peuvent nous apporter des informations sur les structures politiques et sociales de la Pisidie antique. En effet, l’importance de son monument funéraire reflète le niveau de respect et de pouvoir d’un défunt, et donc son importance sociale et/ou politique dans la communauté. L’auteur examine cette question en détail à partir de l’exemple des tumuli de Delipınar, datés de la fin du VIe siècle av. J.-C., qui ont pu être les sépultures des occupants perses ou de membres de l’élite pisidienne.

 

         Donatella Ronchetta livre une intéressante contribution sur les tumuli de Hiérapolis de Phrygie, cité établie par les Séleucides au IIIe siècle av. J.-C., dont les nécropoles ont livré environ 75 tumuli. La nécropole nord témoigne des transformations progressives des tumuli de la cité. Ceux-ci possèdent des caractéristiques communes en termes d’orientation, de techniques de construction et de finition, ainsi que d’organisation spatiale. On observe toutefois des variations individuelles liées aux conditions topographiques ou au statut économique du commanditaire. L’article se conclut par une précieuse annexe de soixante pages présentant de manière détaillée dix-sept tumuli de la nécropole, le tout accompagné de plans, de dessins en élévation et de photographies.

 

         Giuseppe Scardozzi présente les résultats de prospections menées de 2005 à 2007 sur le territoire de Hiérapolis de Phrygie, qui ont permis de reconstituer l’occupation du territoire depuis la préhistoire jusqu’à l’époque ottomane. Durant ces recherches, des groupes de tumuli ou des monuments isolés datant de la période hellénistique et du début de l’époque impériale ont été découverts et étudiés. Ces monuments sont liés à des villages ruraux des populations indigènes et constituent des témoignages importants de ce type de rituels funéraires en Phrygie. Ils copiaient les modèles de tumuli des nécropoles de la cité, bien que de manière moins raffinée, et ils appartenaient probablement à l’élite rurale, qui a adopté les types funéraires utilisés par l’aristocratie urbaine.

 

         La contribution d’Ute Kelp prend pour cas d’étude deux types de tombes phrygiennes de la fin de l’époque hellénistique et du début de l’époque romaine, afin de discuter la question du développement de l’art provincial phrygien et de ses influences. En ce qui concerne les tumuli de Hiérapolis de Phrygie, elle suggère une connexion avec l’art de l’Asie Mineure occidentale, et en particulier Pergame. Pour les portes en pierre des monuments funéraires de la région d’Aizanoi, l’auteur suggère comme prédécesseurs les tumuli lydiens des époques archaïque et classique. Les modèles utilisés ne sont donc pas romains mais font appel à des traditions régionales qui peuvent être comprises par un public local.

 

         La Phrygie occidentale a connu une période d’apogée politique et culturelle entre les IXe et VIIe siècles av. J.-C. Taciser Tüfekci Sivas et Hakan Sivas avec une équipe de l’Université Anadolu réalisent depuis 2001 une prospection systématique de la région, ainsi que des relevés et une étude des monuments. Plus de soixante-cinq tumuli, dont la chronologie n’est pas toujours facile à établir, ont été identifiés dans cette zone et présentent une grande diversité dans leur typologie : chambres construites ou taillées dans la roche, fosses ou sarcophages ; présence ou non de plusieurs chambres, d’un porche, d’un dromos, etc.

 

         Richard F. Liebhart, Gareth Darbyshire, Evin Erder et Ben Marsh présentent une perspective nouvelle sur les tumuli de Gordion. Disséminés dans la vallée autour de la citadelle, dont le niveau de destruction est désormais daté aux environs de 800 av. J.-C., plus de deux cent quarante tumuli, dont quarante-quatre ont été fouillés de manière systématique, offrent une chronologie absolue et relative à l’histoire de la ville du IXe au VIe siècle av. J.-C. Ils impriment également de manière claire la présence de l’élite phrygienne dans le paysage environnant, dominé par le tumulus MM (« Midas Mound »). Ce dernier monument permet, par la nature complexe et imposante de sa construction, de supposer qu’une grande partie de la population locale a pris part à son érection.

 

         L’article de Maya Vassileva traite de la question des tombes « royales » à la fois en Phrygie dans des régions proches de l’Anatolie et des Balkans. Elle remarque que les offrandes funéraires ou les monuments eux-mêmes ne livrent pas le nom des défunts qui y sont enterrés – à l’exemple du fameux tumulus MM – et qu’il est impossible de faire coïncider les noms de rois que nous connaissons avec les tumuli qu’ils ont laissés. Les graffiti découverts dans les tombes phrygiennes semblent faire référence à des titulatures liées aux cultes. Il semble donc que le statut rituel des défunts ait joué un rôle plus important que leur statut politique, à moins que les messages politiques de l’élite phrygienne aient principalement été convoyés par leur statut rituel. La situation est similaire dans la Thrace du IVe siècle.

 

         Après ces différentes contributions ayant trait aux tumuli phrygiens, Nicole Thierry aborde le tumulus d’Avanos, situé à 6 km de la ville du même nom (antique Venasa). Haut de trente mètres, il est traditionnellement associé à la tombe d’un roi de Cappadoce mais n’a jamais été fouillé et cette association demeure par conséquent hypothétique, tout comme sa datation. Il présente pour particularité une série d’escaliers convergeant vers son sommet où se trouvait probablement à un moment un monument votif du Zeus céleste de Cappadoce dont Venasa était la ville sainte.

 

         Cette longue section se clôture avec la contribution d’Owen Doonan qui explore la possibilité que les tumuli du IVe siècle érigés dans l’hinterland de Sinope, dont la forme rappelle les monuments locaux de l’Âge du Bronze, aient pu constituer un terrain d’entente, un « middle ground », notion développée par Malkin pour qualifier le modèle d’interactions dans les colonies d’Italie du Sud entre Grecs et indigènes où, sur la base d’une presque égalité entre les deux parties, les indigènes vont à la fois adopter et adapter des pratiques ou des produits grecs. Les transformations du paysage au moyen de l’érection de tumuli participent selon l’auteur de ce même « middle ground », ce qui confère à ces monuments un rôle actif dans les processus culturels et sociaux.

 

         La section suivante regroupe deux articles qui traitent des tumuli dans les régions du nord de la Mer Noire. Marina Daragan présente les résultats d’une étude SIG sur la concentration spatiale et temporelle des tumuli de l’époque scythe, à partir de la seconde moitié du IVe siècle av. J.-C., dans la région du Bas-Dniepr en Ukraine. La comparaison avec les tumuli de l’Âge de Bronze montre que les territoires utilisés pour ces monuments sont différents. Par ailleurs, la majorité des tumuli impériaux ont tendance à être regroupés dans des zones qui ont une faible concentration de monuments scythes ordinaires. La prise en compte de la visibilité indique également que, malgré les reliefs, chaque tumulus est visible depuis un autre monument de ce type. Une analyse géo-archéologique est quant à elle envisagée par Leon van Hoof et Marlen Schlöffel afin d’étudier les kourganes des steppes dans la région du nord-est de la mer d’Azov. Les premiers résultats de cette recherche permettront d’étudier le développement chronologique de ces monuments ainsi que la variabilité des pratiques culturelles et rituelles, le choix des lieux d’implantation des kourganes et leur signification comme marqueur géographique et social, et la diffusion des kourganes dans des périodes de temps donné.

 

         Le volume se termine par deux articles ayant trait aux tumuli eurasiens. Le premier, rédigé par Anton Gass, se concentre sur les tumuli de la fin de l’Âge du Bronze et du début de l’Âge du Fer de la région du Jetyssou, au Kazakhstan. Avec l’appui de photographies aériennes, de cartes topographiques et d’images satellites, plus de deux-cents kourganes ont pu être inventoriés. Ces données et l’étude des monuments permettent d’étudier la stratification sociale et le développement de l’utilisation du paysage par l’implantation de tumuli, d’autant plus importante au sein de sociétés nomadiques pastorales dont la mobilité ne fait que croître à cette période.

 

         Enfin, Wouter Gheyle, Alain De Wulf, Eduard P. Dvornikov, Alexander V. Ebel, Rudi Goossens et Jean Bourgeois présentent les résultats d’une prospection menée depuis 2003 par l’Université de Gand dans les montagnes de l’Altaï. Depuis le début de ce projet, plus de 12.000 structures archéologiques, dont plus de 2.500 kourganes, ont été répertoriés. Ces tumuli des steppes sont le type de monuments le plus fréquent et la majorité d’entre eux datent du Premier Âge du Fer, entre les IXe et IIe siècles av. J.-C. La base de données réalisée dans le cadre du projet permet notamment d’extraire des données sur l’orientation des tumuli (principalement nord-sud), la distribution des structures (équidistance), les déviations par rapport à la norme ou les interactions avec des structures d’autres époques.

 

         Ces actes constituent un apport majeur à l’étude des tumuli dans le monde antique et se clôturent par une série d’index, dont un, très utile, permet une recherche par nom de tumulus. Ils ont le mérite de réunir un grand nombre de chercheurs autour d’un thème transversal aussi bien du point de vue chronologique que géographique. À cette somme de plus de 700 pages de texte vient s’ajouter un second volume de 377 planches, qui constitue un des points forts de cet ouvrage puisqu’il est entièrement dédié aux illustrations qui accompagnent les articles et que nombre d’entre elles sont imprimées en couleur. Un des grands atouts de cette publication est non seulement de présenter de nombreuses informations précieuses sur des fouilles récentes ou plus anciennes, mais aussi de regrouper les contributions de près de 50 spécialistes des tumuli et ainsi de créer des ponts entre les connaissances de différentes régions et de différentes époques.

 

 

 

Table des matières :

 

Susan Alcock, Time Traveling Tumuli. The Many Lives of Bumps on the Ground. A General Introduction, 1

 

Alessandro Naso, Tumuli in the Western Mediterranean, 800-500 BC. A Review before the Istanbul Conférence, 9

 

Southern Mediterranean: Cyrene and Cyprus

Natascha Kreutz, Two Tumuli for Battus in the Agora of Cyrene, 35

 

Anne Marie Carstens, Tumuli as Power Political Statements. On Tumuli in Cyprus in an East Mediterranean and Anatolian Context, 43

 

Greece, Albania and Macedonia

Maria Grazia Amore, The Complex of Tumuli 9, 10 and 11 in the Necropolis of Apollonia (Albania). A Time Span from the Early Bronze Age to the Early Hellenistic Period, 57

 

Lorenc Bejko, Social Landscape and Tumuli Burials in Late Bronze and Early Iron Age Southeastern Albania, 75

 

Samantha L. Martin-McAuliffe, Defining Landscape. The Prehistoric Tumulus at Lofkënd, Albania, 89

 

Barbara Schmidt-Dounas, Macedonian Grave Tumuli, 101

 

Athanasia Kyriakou, The History of a Fourth Century BC Tumulus at Vergina. Definitions in Space and Time, 143

 

Elizabeth McGowan, Tumulus and Memory. The Tumulus as a Locus for Ritual Action in the Greek Imagination, 163

 

Maria Stamatopoulou, Forging a Link with the Past. The Evidence from Thessalian Cemeteries in the Archaic and Classical Periods, 181

 

Annie Schnapp-Gourbeillon, Tumuli, Sema and Greek Oral Tradition, 205

 

Thrace

Inci Delemen, Tumuli in Southeastern Thrace: On the Periphery?, 221

 

Daniela Agre, On the Untraditional Use of Mounds in Thrace during the Late Iron Age, 233

 

Maria Chichikova, The Hellenistic Necropolis of the Getic Capital at Sboryanovo (Northeastern Bulgaria), 243

 

Dejan Dichev, The Commemorate Ritualism at Thracian Dolmens, 261

 

Rumyana Georgieva, Riders' Burials in Thrace, 269

 

Kostadin Rabadjiev, The Thracian Tomb as Ritual Space of the Beyond, 281

 

Totko Stoyanov, Daniela Stoyanova, Early Tombs of Thrace. Questions of Chronology and Cultural Context, 313

 

Milena Tonkova, A Fifth Century BC Tumulus with a Wooden Sarcophagus of the Upper Mesta Valley, 339

 

Sahin Yildirim, The Emergence and the Development of Tumuli in Eastern Thrace, 359

 

Asia Minor, from Aegean Coast to Cappadocia

C. Brian Rose, Reyhan Körpe, The Tumuli of Troy and the Troad, 373

 

Nicola Zwingmann, Tumuli as Points of Interest in Greek and Latin Sources, 387

 

Christina Luke, Christopher H. Roosevelt, Memory and Meaning in Bin Tepe, the Lydian Cemetery of the 'Thousand Mounds', 407

 

Olivier Henry, Marking Karian Soil. Lydian Tumuli in Karia, Sixth to Fourth Century BC, 429

 

Orhan Bingöl, A 'Door' between Two Worlds. A Reflection on Tumuli, 445

 

Adnan Diler, Stone Tumuli in Pedasa on the Lelegian Peninsula. Problems of Terminology and Origin, 455

 

Oliver Hülden, Tumuli in Lykien. Ein Überblick über den Forschungsstand, 475

 

Bilge Hürmüzlü, Display of Power. The Mortuary Landscape of Pisidian Tumuli, 491

 

Latife Summerer, Alexander von Kienlin, Roofing the Dead. Architectural Allusions in Anatolian Tumuli, 501

 

Donatella Ronchetta, The Significance of the Tumulus Burial among the Funeral Buildings of Hierapolis of Phrygia, 513

 

Giuseppe Scardozzi, Tumuli in the Ancient Territory of Hierapolis in Phrygia, 589

 

Ute Kelp, Some Remarks on Tumuli of Late Hellenistic and Early Roman Times in Phrygia and the Development of Provincial Art, 601

 

Taciser Tüfekci Sivas, Hakan Sivas, Tumulus Tombs in Western Phrygia, 613

 

Richard F. Liebhart, Gareth Darbyshire, Evin Erder, Ben Marsh, A Fresh Look at the Tumuli   of Gordion, 627

 

Maya Vassileva, 'Royal' Tombs in Balkan-Anatolian Context. Representations of Status in Phrygian Tumuli, 637

 

Nicole Thierry, Le Tumulus d'Avanos et la ville sainte du grand Zeus Ouranos, 649

 

Owen Doonan, Tumuli and the Expression of a Colonial 'Middle Ground' in the Hinterland Landscape of Greek Sinope, 657

 

Northern Black Sea

Marina Daragan, The Use of GIS Technologies in Studying the Spatial and Time Concentration of Tumuli in the Scythian-time Lower Dnieper Region, 669

 

Leon van Hoof, Marlen Schlöffel, Kurgans in the Northeastern Azov Sea Region. Proposals for a Geo-archaeological Research Program, 677

 

Eurasia

Anton Gass, Archäologische und geoarchäologische Untersuchungen im Siebenstromland, 705

 

W. Gheyle, A. De Wulf, E.P. Dvornikov, A.V. Ebel, R. Goossens, Jean Bourgeois, Early Iron Age Burial Mounds in the Altay Mountains. From Survey to Analysis, 719