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Compte rendu par Amélie Duntze-Ouvry, ENSA Clermont-Ferrand Nombre de mots : 1214 mots Publié en ligne le 2019-07-24 Citation: Histara les comptes rendus (ISSN 2100-0700). Lien: http://histara.sorbonne.fr/cr.php?cr=2847 Lien pour commander ce livre
Aboutissement du colloque international qui s’est déroulé en novembre 2013 conjointement à la Maison des Sciences de l’Homme à Clermont-Ferrand et au Mobilier national à Paris, le présent volume offre dix-neuf contributions de chercheurs, universitaires et conservateurs.
Dirigé par Catherine Cardinal et Laurence Riviale, cet ouvrage s’inscrit dans la recherche actuelle menée par les historiens de l’art moderne et contemporain du Centre d’Histoire « Espaces et Cultures » (CHEC). Elle fait également écho à l’enseignement d’histoire de l’art de l’université Clermont Auvergne qui met en valeur les arts du feu, du textile et les décors monumentaux.
L’ouvrage est organisé en trois parties ; les contributions sont rassemblées selon le support des médias étudiés (céramique, émail, vitrail, tapis, tapisserie, papier peint, décors monumentaux, etc.) et de manière chronologique. À la suite de la conclusion générale, une table des illustrations et des crédits photographiques clôt l’ouvrage.
Laurence Riviale, dans l’Introduction, définit l’expression « décors de peintres » ainsi que le terme d’arts décoratifs. Elle synthétise les 19 contributions en les reliant aux problématiques soulevées lors de ce colloque. Quels sont les « processus et les procédés » de création pour la mise en œuvre du décor ? Quelle est sa durabilité ? Comment s’adapte-t-il au lieu ainsi qu’à l’objet ? Prend-il en compte l’accessoire ? Quelles sont les relations entre le peintre et l’architecte ? Comment le décor de peintre est-il considéré ? Son travail est-il reconnu ? Et qu’en est-il des collaborations entre différents corps de métiers ? Enfin, aujourd’hui, peut-on encore parler de « décor de peintre » avec les nouveaux médias contemporains ? Les intervenants de ce colloque, grâce à divers exemples, répondent à ces nombreux et enrichissants questionnements.
La première partie, « Quand le feu devient couleur : céramique, émail, vitrail », rassemble huit interventions. Dans un premier temps, les auteurs interrogent les « processus et les procédés » de création pour la mise en œuvre d’un décor ainsi que la durabilité de ce dernier sur différents supports comme la porcelaine ou la céramique. Les questions de productions industrielles, du statut de l’artiste mais également de pratiques artistiques du XIXe siècle à nos jours sont également interrogées. Dans un second temps, la question des sources iconographiques est abordée à travers l’exemple des émailleurs miniaturistes parisiens du XVIIIe siècle. Enfin, le processus de la commande est questionné grâce à l’étude de vitraux civils exécutés par l’atelier Osterrath (1872-1966).
La deuxième partie de l’ouvrage, qui regroupe quatre contributions, est consacrée aux techniques de la tapisserie et des tapis. Les problématiques d’attributions et de collaborations mais également celles des relations entre deux techniques, comme la tapisserie et la peinture, sont développées. Ainsi est mise à contribution une bibliographie afin d’illustrer les relations entre les tapisseries et la peinture à Aubusson entre les XVIIIe et XXe siècles. L’importance du rôle des peintres est donc soulignée.
La troisième et dernière partie de l’ouvrage est consacrée aux « peintres-décorateurs : le dialogue entre le faire et le penser ». Elle rassemble sept contributions qui interrogent, non plus le décor sur l’objet, mais le décor en tant qu’ensemble ornemental. Cette considération est illustrée, entre autres, par des exemples de collaborations échouées ou non entre des artistes peintres et l’industrie du papier peint à la toute fin du XIXe siècle et à l’aube du XXe siècle. Le rôle de l’architecte dans la confection de ce décor, de cet ensemble ornemental, est mesuré et illustré par l’étude lexicologique de « décorateur » et « muralistes » en France et aux États-Unis, ainsi que par l’exemple du château d’Ancy-le-Franc (XVIe siècle) ou par celui de l’œuvre d’Alexis Peyrotte (1699-1769).
Afin d’ancrer le sujet dans une actualité très contemporaine, l’ouvrage est terminé par la retranscription de la table ronde organisée par Marianne Jakobi et Diane Watteau à laquelle ont participé la plasticienne Éva Jospin, l’artiste visuelle Nathalie Junod-Ponsard, le designer Ramy Fischler et la directrice de production au Mobilier National Marie-Hélène Bersani. Cette mise en perspective des pratiques passées et actuelles tend à interroger un savoir-faire transmis et contemporain mais aussi les rapports entre art et industrie.
Enfin, cet ouvrage, caractérisé par les riches études qu’il propose, s’achève par la conclusion rédigée par Marc Bayard, conseiller pour le développement culturel et scientifique au Mobilier national et manufactures nationales. Il note alors l’importance de « l’histoire et de la théorie de l’art du faire ». Nous ne pouvons que souligner la qualité scientifique de cette publication, reflet d’une savante collaboration entre universitaires, conservateurs, chercheurs mais également artistes contemporains, qui intéressera les spécialistes. Si cet ouvrage fait aujourd’hui parti de l’historiographie de l’histoire des arts décoratifs, nous espérons que ce genre de collaboration entre deux institutions soit renouvelée afin de témoigner des axes de recherches actuels et d’asseoir la dynamique de recherche engagée ces dernières années au sein du département d’histoire de l’art de l’Université Clermont Auvergne.
Tables des matières
Les auteurs, p. 7 Remerciements, p. 9 Catherine Cardinale, « Avant-Propos », p. 11-12 Laurence Riviale, « Introduction », p. 15- 27 Première partie : Quand le feu devient couleur : céramique, émail, vitrail Anne Lajoix, « Inaltérable ou le rêve de la trace éternelle, essai », p. 31-46 Marie-Laure de Rochebrune, « Charles-Nicolas Dodin (1734-1803) peintre de figures à la manufacture royale de porcelaine de Vincennes-Sèvres au XVIIIe siècle », p. 47-60 Céline Paul, « Tables d’artistes. La porcelaine de Limoges et les décors de peintres », p. 61-76 Gwenn Gayet, « Alfred Beau à Quimper (1829-1907), ̏ peintre de tableau sur faïence ̋. Une production novatrice », p. 77-86 Véronique Notin, « Léonard Limosin, émailleur, peintre, valet de chambre du roi », p. 87-99 Vincent Bastien, « Les sources iconographiques des émailleurs miniaturistes sur les boîtes en or et les objets de luxe parisiens du XVIIIe siècle », p. 101-114 Catherine Cardinal, « Paul Victor Grandhomme (1851-1944), peintre-émailleur », p. 115-137 Isabelle Lecocq, « La création et la réalisation de vitraux civils par l’atelier Osterrath (Tilff et Liège, 1873-1966) », p. 139-155 Deuxième partie : La broche comme pinceau : tapis et tapisserie Guillaume Kazerouni, « Simon Vouet et la tapisserie. Cartons ou fragments de décors. Réflexions autour de quelques peintures », p. 159-169 Wolf Burchard, « Les décors tissés de Charles Le Brun : les Gobelins et la Savonnerie », p. 171-186 Christophe Henri, « Les Gobelins et l’Académie de France à Rome au XVIIIe siècle. Approche d’une synergie décorative », p. 187-204 Bruno Ythier, « Relations entre tapisseries et peinture à Aubusson, XVIIIe-XXe siècles : les références bibliographiques à l’épreuve de l’examen des œuvres textiles », p. 205-222 Troisième Partie : Les peintres-décorateurs : le dialogue entre le faire et le penser Évelyne Thomas, « Les plafonds à poutre et solives. Décors peints et dorés dans la seconde moitié du XVIe siècle en France », p. 225-240 Magali Bélime-Droguet, « Les décors du château d’Ancy-le-Franc : du dessin sous-jacent aux sources iconographiques », p. 241-255 Annie Regond, « Peindre la bataille de Lépante sur les murs aux XVIe et XVIIe siècles », p. 257-275 Yoann Groslambert, « Alexis Peyrotte (1699-1769), un peintre décorateur sous Louis XV », p. 277-293 Jérémy Cerman, « L’artiste peintre et l’industrie du papier peint : échecs et collaborations au tournant des XIXe et XXe siècles », p. 295-308 Pierre Sérié, « France/Amérique, décorateur ou muraliste : deux attitudes faces à l’architecture », p. 309-324 Éva Jospin, plasticienne, Nathalie Junod Ponsard, artiste visuelle, Ramy Fischler / designer, Marie-Hélène Bersani / Directrice de la production au Mobilier National. Propos recueillis par Marianne Jakobi et Diane Watteau, « Pratiques actuelles : l’artiste entre invention et réalisation », p. 325-341 Conclusion Marc Bayard, « Pour une histoire de l’art de faire », p. 345-346 Table des illustrations / Crédits photographiques, p. 348-378 Table des matières, p. 379-381
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Éditeurs : Lorenz E. Baumer, Université de Genève ; Jan Blanc, Université de Genève ; Christian Heck, Université Lille III ; François Queyrel, École pratique des Hautes Études, Paris |