Di Giacomo, Giovanna : Oro, pietre preziose e perle. Produzione e commercio a Roma. (Arti e mestieri nel mondo romano antico), 17x24, 234 p., 131 in bn + 16 tavv. a colori, Isbn: 978-88-7140-713-5, 18 €
(Edizioni Quasar, Roma 2016)
 
Compte rendu par Lucas Michaelis
 
Nombre de mots : 971 mots
Publié en ligne le 2017-02-28
Citation: Histara les comptes rendus (ISSN 2100-0700).
Lien: http://histara.sorbonne.fr/cr.php?cr=2895
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          Rares sont  les publications sur les bijoux romains qui ne sont pas uniquement un catalogue de collections de musées ou de collections privées. En effet, ces publications se contentent souvent de présenter leurs objets avec une courte description de chaque pièce sans chercher ni à identifier des changements dans la mode romaine durant l‘Empire ni à formaliser les procédures socio-économiques qui sous-tendaient la production et le commerce des bijoux. À ce jour, seuls Pirzio Biroli Stefanelli Lucia 1992 : L’oro dei Romani. Gioielli di età imperiale, Roma et Pfeifer Bärbel 1970 : Goldschmuck des ersten und zweiten Jahrhunderts n. Chr. nach datierten Funden, Mayence constituaient, chacun à sa façon, d’importantes références sur les bijoux romains. On peut donc s’étonner que ces derniers n’apparaissent pas dans la bibliographie de l’œuvre de Di Giacomo.

 

         La présente publication traite, d’une part, de la production et du commerce de l’or, des pierres précieuses et des perles à Rome et, d’autre part, de leurs transformations en bijoux et autres objets précieux. On peut féliciter l’auteur de s’attaquer à un sujet si peu étudié, et nul doute que son étude représentera une importante participation à la recherche sur les bijoux dans le monde romain. Son livre est structuré en cinq chapitres principaux avec plusieurs sous-chapitres. Le premier examine les techniques d’extraction de matériaux précieux et les sources d’approvisionnement, le second les technologies productives, le troisième les différents produits, le quatrième la chaîne productive et commerciale, et enfin le cinquième les différents lieux de la production ainsi que les commerces. C’est le dernier chapitre qui est particulièrement remarquable pour son analyse et sa description intéressantes des lieux de vente ainsi que de la production des bijoux.

 

         En effet, ce travail bien structuré et rédigé dans une langue italienne claire, est précieux tant pour les spécialistes que pour les amateurs, même étrangers, de bijouterie romaine. À l’examen des notes du texte, on remarque immédiatement l’importance que l’auteur accorde aux sources écrites. Nombreuses sont les références aux auteurs antiques dans l’ouvrage – notamment Pline l’Ancien et Strabon – concernant différents sujets liés à la bijouterie et aux matériaux utilisés pour sa production. Prolongeant les récits antiques, l’auteur relate les différentes méthodes d’extraction de l’or pratiquées (p. 9-17), les conditions difficiles des travailleurs (p. 16), à une époque où l’or était disponible en grandes quantités. Dans les pages suivantes, on note néanmoins que Di Giacomo fait peut-être trop confiance aux sources antiques, surtout celles ayant trait aux quantités indiquées (notes 60, 80 et 113), souvent surestimées et exagérées. Pour améliorer la méthode de travail dont il use ici, il aurait été souhaitable que soient remis en question les chiffres fournis par les auteurs antiques, grâce à certaines sources archéologiques ou à d'autres méthodes. Or il s’agit, malheureusement, d’une tendance  qu’on observe à travers les différents chapitres du livre. Ainsi, le lecteur se trouve face à des pages où l’auteur accumule les citations de différentes sources écrites sur les bijoux – bien connues des archéologues – sans vraie tentative d’examen plus approfondi. C’est pour cette raison que l’originalité du livre et le sujet de recherche sont mis à mal, dans la mesure où l’on était en droit d’attendre un peu plus de résultats novateurs pour la recherche archéologique sur les bijoux romains. Ceci peut paraître d’autant plus dérangeant que l’auteur reprend des montants monétaires trouvés dans des textes antiques qui avaient souvent pour objectif de dénoncer le luxe de certains citoyens (p. 72-88). Encore une fois, il serait nécessaire de mettre en évidence certaines exagérations de la part de ces auteurs antiques. À la page 69, l’auteur mentionne trop rapidement les portraits du Fayoum, produits entre le Ier et le IIIe siècle en Égypte, alors que ces portraits nous montrent toute la variété de la mode des bijoux romains pendant cette période dans l’Empire romain. De même pour les coiffures : dans tout l’Empire romain, les femmes s’inspiraient de la mode impériale et l’on note que les mêmes types de bijoux et coiffures étaient portés par les femmes fortunées, hormis quelques variantes régionales. C’est pourquoi il est un peu regrettable que l’auteur n’ait pas utilisé suffisamment ces portraits, alors même que l’un d’entre eux a été choisi pour la couverture de son livre. Par ailleurs, il est dommage qu’on ne trouve pas dans sa bibliographie de référence aux ouvrages de Barbara Borg ou de Klaus Parlasca, qui ont publié les études les plus marquantes sur ce sujet.

 

         Néanmoins, le chapitre sur la chaîne productive et commerciale (p. 121-159), dans lequel l’auteur décrit la répartition du travail grâce à des sources épigraphiques, est très riche d'enseignements, car le lecteur archéologue y trouve cette fois des résultats originaux ;  il s’agit en outre d’un chapitre très intéressant et plaisant à lire. Il en va de même pour le chapitre suivant, traitant des différents lieux de production et de commerce. L’auteur semble ainsi avoir gardé les meilleurs chapitres pour la fin.

 

         La bibliographie de six pages paraît à première vue très courte, mais considérant que l’auteur fonde essentiellement son livre sur des sources antiques, le nombre limité d’ouvrages de la littérature de recherche moderne sur le sujet semble logique. Bien que la masse des livres italiens domine, quelques ouvrages français, allemands, espagnols et anglais sont néanmoins cités, mais d’autres qu’on aurait attendus pour une telle recherche, hélas, manquent.  

 

         Pour finir, il convient de se demander à quel type de lecteur ce livre est destiné. S’il s’agit d’un amateur intéressé, on ne peut que conseiller l’ouvrage car il comporte une très bonne introduction sur la production et le commerce des bijoux romains. Il est en outre fort bien illustré – surtout compte tenu de son prix – et, grâce à ses citations d’auteurs romains, donne une très bonne idée de la société romaine et de son goût pour le luxe. S’il s’agit d’un spécialiste, l’ouvrage présente également de l’intérêt, même s’il y manque des résultats vraiment novateurs. Malgré ces réserves, le livre rassemble des aspects importants de la bijouterie romaine et pourra servir de support valable pour toute recherche sur les bijoux romains.