AA.VV.: Salmon, Xavier - Faroult, Guillaume - Trey, Juliette - Olausson , Magnus - Fryklund, Carina (dir.). Un Suédois à Paris au XVIIIe siècle. La collection Tessin, 24,6 x 28 cm, 256 p., 170 ill., ISBN : 978-2-35906-178-9, 35 €
(Liénart éditions - Musée du Louvre, Paris 2016)
 
Compte rendu par Sandra Bazin-Henry, Sorbonne Université
 
Nombre de mots : 3361 mots
Publié en ligne le 2019-07-22
Citation: Histara les comptes rendus (ISSN 2100-0700).
Lien: http://histara.sorbonne.fr/cr.php?cr=3027
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          Publié dans le cadre de l’exposition « Un Suédois à Paris au XVIIIe siècle. La collection Tessin », qui s’est tenue au musée du Louvre du 19 octobre 2016 au 16 janvier 2017, en collaboration avec le Nationalmuseum de Stockholm, ce catalogue rend hommage au suédois Carl Gustaf Tessin, éminent personnage cosmopolite du XVIIIe siècle, à la fois homme politique, collectionneur et amateur d’art. Fils de Nicodème Tessin le Jeune, architecte des rois Charles XI et Charles XII, et surintendant des Bâtiments à la cour de Suède, Carl Gustaf séjourne à plusieurs reprises à Paris où il fréquente assidûment les ateliers d’artistes et les ventes aux enchères, se lie d’amitié avec des peintres comme François Boucher, des amateurs comme Pierre-Jean Mariette et le comte de Caylus, ou encore des marchands comme Edme François Gersaint. Sa grande curiosité, son intuition et son entregent lui permettent de faire des acquisitions de premier ordre et de constituer, en l’espace de quelques années, une collection exceptionnelle d’œuvres d’art anciennes et contemporaines, objet du présent catalogue. À son retour en Suède, ruiné par sa passion de collectionneur et sa charge d’ambassadeur, Tessin est contraint de vendre une grande partie de sa collection de dessins et de peintures à la famille royale suédoise, raison pour laquelle la majeure partie de cette prestigieuse collection est aujourd’hui conservée au Nationalmuseum de Stockholm[1].

 

         Très bien documenté et richement illustré, cet ouvrage bénéficie de l’apport des recherches récentes dans le domaine de la peinture, du dessin et de l’histoire des collections. Les œuvres présentées témoignent non seulement de l’émulation artistique qui régnait à Paris dans la première moitié du XVIIIe siècle, en donnant une image du goût et du marché de l’art à cette époque, mais également des relations privilégiées entre la France et la Suède au XVIIIe siècle. L’exposition, qui présentait environ 120 œuvres dont une trentaine de peintures, 75 dessins, mais aussi des sculptures et des objets d’art, a été placée sous un commissariat franco-suédois, composé de Carina Fryklund, Magnus Olausson, Guillaume Faroult, Xavier Salmon et Juliette Trey. Publié sous la direction des trois conservateurs français, le catalogue réunit dix-sept auteurs (dont les cinq commissaires de l’exposition) qui ont contribué à la rédaction des essais introductifs et des notices des œuvres. Deux préfaces, rédigées respectivement par Berndt Arell, directeur du Nationalmuseum de Stockholm, et Xavier Salmon, directeur du département des Arts graphiques au musée du Louvre, présentent la genèse de cette exposition, en soulignant en premier lieu le caractère exceptionnel de la collection de Carl Gustaf Tessin et les relations étroites qu’il a nouées dans la capitale française. Trois essais introductifs retracent ensuite la vie du collectionneur et les grandes étapes de l’histoire de sa collection. Le catalogue des œuvres exposées est ensuite divisé en sept sections thématiques, comprenant chacune un chapeau introductif et les notices des œuvres. Cette organisation thématique est la bienvenue compte-tenu de la richesse et de la diversité de la collection Tessin (le lecteur pourra consulter chaque section indépendamment sans difficulté). Elle permet aux auteurs du catalogue de mettre en évidence le goût de Tessin, l’influence de son réseau, mais aussi les relations qu’il entretient avec les artistes de son temps. Enfin, une bibliographie et un index des noms de personnes et des œuvres complètent l’ensemble et permettent de retrouver rapidement les informations recherchées.

 

         Le premier essai, rédigé par Magnus Olausson, est consacré à la biographie de Carl Gustaf Tessin. Ce texte, qui relate avec précision toutes les grandes étapes du parcours de Tessin, montre comment l’amateur passe sans difficulté du monde politique international au monde des arts. À cet égard, l’auteur souligne d’emblée le paradoxe entre son activité politique, sujette plusieurs fois à controverses, et son action dans le domaine des arts, unanimement reconnue. M. Olausson insiste par ailleurs sur la forte personnalité de Tessin qui pouvait susciter aussi bien l’admiration que le rejet de la part de ses contemporains. Cet essai présente ainsi au lecteur toutes les informations nécessaires pour comprendre la trajectoire de cette personnalité brillante, qui manifesta, toute sa vie durant, une sensibilité et une passion pour les œuvres d’art.

 

         Le second essai est particulièrement éclairant pour comprendre l’évolution du goût de Tessin et l’histoire de sa collection. Magnus Olausson examine en effet le troisième séjour de l’amateur suédois à Paris, entre 1739 et 1742. Il est particulièrement opportun d’avoir consacré un texte spécifique à ce séjour important, au cours duquel le collectionneur noue des relations décisives dans la capitale et procède à des acquisitions marquantes. À cet égard, l’auteur souligne que l’achat, en 1739, des peintures d’Oudry, est un événement qui a souvent été passé sous silence, alors que ces acquisitions ont jeté les bases de la première collection nationale suédoise. Au cours de cette période, l’amateur n’hésite pas à s’endetter pour enrichir sa collection et compter parmi les plus grands collectionneurs de l’époque. C’est dans ce but qu’il commande, en 1740, son portrait au peintre Jacques Joseph André Aved, une œuvre particulièrement remarquée lors du Salon de 1740. Il faut souligner l’attention avec laquelle l’auteur examine l’influence de plusieurs personnalités du marché de l’art sur Tessin : le marchand Edme François Gersaint, à l’origine de nombreuses acquisitions d’œuvres d’art, en particulier celles issues du siècle d’or hollandais, mais aussi le Comte de Caylus, avec qui Tessin se lie d’amitié et auquel il n’hésite pas à demander régulièrement conseil. Enfin, le marchand d’art et collectionneur Pierre-Jean Mariette exerça aussi une influence déterminante sur l’amateur suédois, notamment lors de la vente aux enchères de la collection Crozat, au cours de laquelle il procède à plusieurs achats et joue un rôle de conseiller.

 

         Le troisième essai, rédigé par Guillaume Faroult, est l’occasion pour l’auteur de revenir sur cette catégorie nouvelle de l’ « amateur », qui émerge à Paris dans les années 1730-1740 et qui rassemble à la fois les compétences du collectionneur, du mécène savant et de l’artiste amateur. G. Faroult montre ainsi comment Tessin, fils d’architecte ayant reçu une formation artistique, fréquentant et soutenant les artistes, tenant un salon fréquenté par les hommes de lettres et s’intéressant aux travaux des savants, s’inscrit pleinement dans cette catégorie. À cet égard, l’auteur rend hommage aux importants travaux de Charlotte Guichard qui a mis en évidence le fait que cette catégorie nouvelle de l’ « amateur » innove véritablement  pour ce qui est des liens de sociabilité[2]. Le rôle de Tessin lors du salon de 1740 y est parfaitement montré. En effet, comme Magnus Olausson dans l’essai précédent, l’auteur insiste sur l’importance du portrait que le Suédois commande à Aved au printemps 1740, qui « témoigne de la proximité d’attitude et d’intérêt entre les artistes et leurs mécènes », en montrant Tessin dans son cabinet, en train de s’adonner au plaisir de la contemplation des œuvres d’art. Guillaume Faroult rappelle que ce portrait eut un retentissement important en fixant pour plusieurs décennies le dispositif de représentation que revendiquaient les amateurs. L’auteur met également en évidence l’action de mécène étranger de Tessin, qui semble avoir activé en retour, sur le sol français, les premières manifestations d’un souci de préservation du patrimoine. Ce troisième et dernier essai introductif fournit ainsi au lecteur des éléments de contexte bien utiles à l’étude des œuvres présentées dans le catalogue qui lui fait suite.

 

         La première partie du catalogue des œuvres exposées, intitulée Un milieu familial dédié aux arts, présente des œuvres assez éclectiques qui mettent l’accent sur les années de jeunesse de Tessin et les biens hérités de son père. Fils et petit-fils d’architecte, Carl Gustaf reçoit dans un premier temps une formation artistique. Une notice est ainsi consacrée à un carnet de dessins et exercices d’après Sébastien Le Clerc (non reproduit dans le catalogue), probablement exécutés par Carl Gustaf sous la conduite de son père. Toutefois, en dépit des espoirs nourris par ce dernier, le jeune homme n’aspire pas à une carrière d’architecte. Pour autant, le milieu dans lequel il évolue est tout à fait favorable au développement de son goût pour les arts. Aussi, les auteurs du catalogue attirent l’attention du lecteur sur les biens dont Tessin hérite, par exemple les dessins d’Antoine Coypel (cat. 3), qui permettent d’éclairer certains de ses choix futurs, à l’instar des onze dessins du même artiste dont il fait l’acquisition quelques années plus tard lors de la vente Crozat. En plus des dessins, Carl Gustaf reçoit également de son père plusieurs objets d’art et des bronzes de la Renaissance (cat. 8, 9, et 10) qui témoignent également de la richesse et de la variété de sa collection d’œuvres d’art.

 

         La seconde section du catalogue s’intéresse au premier séjour officiel de Carl Gustaf Tessin à Paris en 1728-1729. Ce choix permet aux auteurs du catalogue de mettre l’accent sur les achats judicieux et souvent précurseurs de Tessin, qui entend bien se distinguer sur la scène internationale, en fréquentant les artistes les plus en vogue de l’époque, comme Antoine Coypel et François Boucher, à qui il passe directement commande (cat. 11 et 12). Lors de ce séjour parisien, Tessin acquiert également plusieurs peintures « galantes » de Nicolas Lancret (cat. 13 et 14) et de Jean-Baptiste Pater (cat. 15). Cette partie du catalogue met par ailleurs en évidence l’importance des achats de Tessin qui contribueront de manière déterminante à « asseoir l’intérêt de ses compatriotes pour la peinture française jusqu’à la fin du siècle ».

 

         L’officieuse ambassade parisienne de 1739-1742. Carl Gustaf Tessin, amateur fastueux de l’école française fait l’objet d’une troisième partie, qui constitue une sorte de pendant au second essai de Magnus Olausson, présenté précédemment. Cette partie du catalogue, particulièrement riche, témoigne de l’exigence de Tessin et de son « grand discernement dans le choix des artistes et des œuvres ». Les liens d’amitié qu’entretient Tessin avec François Boucher y sont particulièrement mis en évidence. Ainsi, le lecteur trouvera dans cette partie du catalogue de nombreuses œuvres de l’artiste, qui comptait parmi les proches du collectionneur. Trente et un dessins de Boucher, aujourd’hui conservés au Nationalmuseum de Stockholm, ont appartenu à Tessin, qui s’intéressait en particulier aux études figurant des personnages (cat. 20 à 23). Cette section fait également la part belle aux œuvres exposées lors du salon de 1740, comme Le portrait du comte Carl Gustaf Tessin par Aved (cat. 16) ou encore La Naissance de Vénus de Boucher (cat. 17 ; c’est la première fois que l’œuvre revenait à Paris depuis le XVIIIe siècle, à l’occasion de l’exposition au musée du Louvre). Les natures mortes, les scènes de genre, les allégories, et les portraits occupent par ailleurs une place de choix dans cette section du catalogue (voir par exemple les œuvres de Chardin cat. 26 et 27, et de Lancret cat. 29), en offrant une excellente vue d’ensemble de la production artistique de l’époque. En outre, les auteurs du catalogue ont porté une attention particulière aux nombreuses acquisitions de dessins faites par Tessin au cours de cette période. En effet, outre ceux de Boucher, Tessin acquiert sept dessins de Lemoyne, quatre dessins de Natoire, et quinze dessins d’Oudry qui conseillait régulièrement Tessin pour l’acquisition d’œuvres de maîtres anciens. Notons que c’est également dans cette section du catalogue que se trouve le fameux tableau d’Oudry représentant le basset de Tessin (dont un détail de l’œuvre a été choisi pour la couverture de l’ouvrage). Ce tableau constitue un témoignage précieux des liens d’amitiés qu’entretenaient les deux hommes.

 

         La quatrième section du catalogue ravira en particulier les spécialistes et les amateurs de dessins. Celle-ci est en effet consacrée à la vente de la collection de dessins du banquier Pierre Crozat, un événement majeur dans l’histoire de la collection Tessin, et plus généralement dans l’histoire de la vie artistique parisienne de l’époque. Tessin fut l’un des principaux acheteurs lors de cette vente exceptionnelle qui fut organisée du 10 avril au 13 mai 1741. Le diplomate acheta en effet 2057 dessins pour la somme de 5072 livres et 10 sols. Les lots dont il fit l’acquisition étaient rattachés à chacun des principaux ensembles (Primitifs italiens de la collection Vasari, Primitifs flamands et allemands, Études de Primatice pour Fontainebleau, Écoles vénitienne, bolonaise et française, Dessins flamands et hollandais). Cette partie du catalogue, qui compte une vingtaine de notices, réunit de nombreuses feuilles de grands maîtres (entre autres : Augustin Carrache, cat. 44 ; Guido Reni, cat. 45 ; Eustache Le Sueur, cat. 47). L’attention portée à des dessins ayant donné lieu à de nombreuses controverses mérite d’être soulignée (voir par exemple ceux de Titien, cat. 42 et 43 et, également, les deux dessins de François Chauveau, cat. 48 et 49). L’un des points forts de l’ouvrage, en particulier dans cette section du catalogue, est d’examiner en effet l’histoire des attributions et ce que révèlent les œuvres en termes d’histoire du goût au moment de leur acquisition. Aussi est-il particulièrement intéressant pour le lecteur de suivre avec attention l’histoire de certaines d’entre-elles, comme ce dessin de Rembrandt, représentant un Buste de vieil homme barbu aux bras croisés (cat. 53), qui avait été acquis par Tessin à la vente Crozat comme étant de l’artiste français Claude Mellan.

 

         La partie suivante du catalogue est directement liée à la précédente, même si elle peut être consultée indépendamment. Elle traite du catalogue de 1749, rédigé par Tessin pour le classement de sa collection de dessins. Cette section est particulièrement éclairante pour comprendre la méthode du collectionneur, largement inspirée de celle qu’avait employée Mariette dans le catalogue de la vente Crozat. Les œuvres furent classés en 25 livrets selon les écoles ou les sujets et Tessin commenta et attribua chaque feuille. Dans cette partie de l’ouvrage, les commissaires de l’exposition ont fait le choix de la diversité en présentant une importante sélection de dessins provenant de livrets thématiques (« dessins d’élite et proprement collés » ; « têtes et portraits » ; « Académies » ; « Animaux »). Ce choix judicieux donne un excellent panorama de la collection de dessins de Tessin dans laquelle se trouvait, parmi les œuvres qu’il estimait le plus, une Annonciation de Raphaël (cat. 60) que le lecteur ne manquera pas de remarquer.

 

         L’avant-dernière section du catalogue intéressera en particulier les spécialistes d’art flamand et hollandais. Cette partie offre en effet une mise au point sur la place des maîtres nordiques dans la collection du diplomate suédois. Tessin n’échappe pas à l’engouement pour la peinture des écoles du nord des XVIe et XVIIe siècles, particulièrement en vogue à Paris vers le milieu du XVIIIe siècle. Il procède à de nombreuses acquisitions et le rôle de son ami et marchand Gersaint est à cet égard important, notamment lorsqu’il lui vend des paysages de Jacob Van Ruysdael (cat. 103) et d’Adriaen Van de Velde (cat. 104) ou encore La Jeune femme de profil de Rembrandt (cat. 102) (dans le second essai de Magnus Olausson, au début de l’ouvrage, l’auteur rappelle que Tessin fréquentait également d’autres marchands, qu' on a peine aujourd’hui à identifier, mais dont le rôle fut important dans la constitution de sa collection). Tessin acquiert par ailleurs un nombre considérable de dessins nordiques lors de la vente Crozat, rassemblant des feuilles attribuées alors à Rembrandt, Rubens, Van Dyck, Jordaens ou encore Dürer. Cette partie, en s’attachant aux œuvres des écoles du nord, permet de mettre tout particulièrement en évidence le rôle déterminant des marchands dans la constitution de la collection Tessin.

 

         Intitulée À la campagne, la dernière partie du catalogue plonge le lecteur dans l’intimité du château d’Åkerö, dont Tessin avait confié la construction à son ami et architecte Carl Hårleman, pour y passer les dernières années de sa vie, après s’être retiré de la vie politique. Cette section de l’ouvrage dresse un portrait attachant de Tessin et de son épouse. En effet, malgré des difficultés économiques dont il ne parviendra jamais à se défaire, le collectionneur consacre toute son énergie à l’aménagement de sa demeure, au classement de ses œuvres, et à la rédaction de son journal, témoignage précieux du parcours exceptionnel de cet homme brillant et passionné qui meurt en janvier 1770. Le lecteur trouvera notamment dans cette section le portrait de son épouse Ulla Sparre par Jean-Marc Nattier (cat. 116) ainsi qu’une aquarelle d’Olof Fridsberg montrant un portrait posthume de la comtesse dans son petit cabinet, une pièce ornée de chinoiseries rococo et de nombreux objets d’art (cat. 117). Cette section présente en outre plusieurs portraits au pastel exécutés par Gustaf Lundberg et Rosalba Carriera, ainsi que du mobilier et plusieurs objets d’art du XVIIIe siècle. À cet égard, on peut regretter que ces œuvres n’aient pas fait l’objet de notices plus détaillées (à l’exception d’un fauteuil de Johan Liung ou Jean Gaspar Caillon et Samuel Pasch, cat. 126).

 

 

         Dans cet ouvrage très riche qui aborde de nombreux sujets, le lecteur trouve facilement les informations qu’il recherche grâce à une mise en page claire et soignée et un appareil de notes conséquent, aussi bien pour les essais introductifs que pour les notices. Ces dernières ouvrent souvent la voie à de nouvelles recherches et, on ne peut que le souhaiter, à de futures découvertes. Les illustrations de qualité, souvent présentées en pleine page, offrent au lecteur une véritable plongée dans l’histoire de l’art. Des maîtres italiens de la Renaissance à ceux du Grand Siècle, en passant par les artistes les plus en vogue du siècle des Lumières, ce catalogue s’apparente à un musée en réduction où le lecteur traverse les époques et les écoles. L’approche thématique de l’ouvrage, tout à fait pertinente pour un tel sujet, engendre toutefois quelques répétitions entre les premiers essais et le catalogue des œuvres exposées (l’accent est mis par exemple à plusieurs reprises sur certains repères biographiques ou encore sur l’importance de certaines commandes, comme le portrait de Tessin par Aved). Néanmoins, la répétition de certaines informations s’avère utile pour un lecteur qui ne consulterait que quelques sections de ce catalogue. Par ailleurs, il aurait été intéressant d’étudier davantage la place des objets d’art et du mobilier dans la collection Tessin, en consacrant par exemple une section du catalogue aux arts décoratifs. Mais ce ne sont là que des attentes suscitées par la qualité et la richesse de ce catalogue d’exposition. L’histoire de la collection Tessin dispose ainsi d’un ouvrage de référence qui pourra s’adresser à des spécialistes de différents domaines, de l’histoire du dessin à celle de la peinture, en passant par l’histoire des collections, et plus généralement, à tous ceux qui s’intéressent à l’histoire du goût et des échanges artistiques à l’époque moderne.

 

 


[1] Entièrement rénové, le Nationalmuseum de Stockholm a rouvert ses portes le 13 octobre 2018 après cinq années de travaux.

[2] Charlotte Guichard, Les amateurs d’art à Paris au XVIIIe siècle, Seyssel, 2008. Sur la catégorie de l’amateur, voir également la notice récemment publiée dans le dictionnaire dirigé par Michèle-Caroline Heck, Lexart. Les mots de la peinture (France, Allemagne, Angleterre, Pays-Bas, 1600-1750), Montpellier, 2018, p. 40-48.

 

 

 

 

Sommaire

 

  • Préface de Berndt Arell, Directeur du Nationalmuseum de Stockholm, p. 11
  • Préface de Xavier Salmon, Directeur du département des Arts graphiques au Musée du Louvre, p. 12
  • Essai de Magnus Olausson, Directeur du département des Collections et de la Recherche, Nationalmuseum de Stockholm, « Carl Gustaf Tessin : une biographie », p. 15
  • Essai de Magnus Olausson, Directeur du département des Collections et de la Recherche, Nationalmuseum de Stockholm, « Carl Gustaf Tessin, un amateur d’art à Paris, 1739-1742 », p. 23
  • Essai de Guillaume Faroult, Conservateur en chef au département des Peintures, musée du Louvre, « Portrait d’un Suédois en amateur étranger à Paris vers 1740 », p. 35

 

Catalogue des œuvres exposées (en couleur avec une introduction pour chacune des sections)

  • « Un milieu familial dédié aux arts », cat. 2 à 10, p. 46
  • « Le séjour parisien de Carl Gustaf Tessin en 1728-1729 », cat. 11 à 15, p. 56
  • « L’officieuse ambassade parisienne de 1739-1742. Carl Gustaf Tessin, amateur fastueux de l’école française », cat. 16 à 38, p. 64
  • « La vente de la collection Crozat », cat. 39 à 58, p. 96
  • « Le catalogue de 1749 », cat. 59 à 94, p. 126
  • « Tessin et les écoles nordiques : un goût parisien ? », cat. 95 à 115, p. 184
  • « À la campagne », cat. 116 à 130, p. 222
  • Bibliographie, p. 237
  • Index, p. 251