Scardozzi, Giuseppe (a cura di): Nuovo Atlante di Hierapolis di Frigia VII. Cartografia Archaeologica della Citta e delle Necropoli, 293 p., ISBN : 9786054701858, 99 €
(Ege Yayinlari, Istanbul 2015)
 
Reseña de Yvan Maligorne, Université de Bretagne occidentale
 
Número de palabras : 2362 palabras
Publicado en línea el 2021-08-30
Citación: Reseñas HISTARA. Enlace: http://histara.sorbonne.fr/cr.php?cr=3045
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          Depuis 1957, la Mission archéologique italienne de Hierapolis de Phrygie (MAIER), aujourd’hui dirigée par le professeur Francesco d’Andria de l’université du Salento à Lecce, conduit des recherches systématiques sur le site turc de l’antique Hierapolis, qui surplombe le village moderne de Pamukkale et ses célèbres vasques calcaires, manifestations les plus spectaculaires des concrétions qui recouvrent une large partie du site archéologique depuis l’époque byzantine et l’écoulement incontrôlé des eaux chaudes et gazeuses. Ces prospections, fouilles et relevés sont prolongés par des restaurations et donnent lieu à une activité éditoriale très soutenue. Les travaux de la Mission sont en effet publiés dans la série Hierapolis di Frigia, à laquelle appartient cet Atlas qui – illustration de la vigueur de la recherche italienne – constitue la mise à jour d’un ouvrage paru seulement sept ans auparavant, en 2008 (Hierapolis di Frigia II. Atlante di Hierapolis di Frigia, Istanbul, 2008). Les progrès considérables accomplis depuis lors justifient pleinement cette nouvelle publication : l’introduction rappelle que, en plus de dresser un bilan, le premier Atlas a constitué un instrument de recherches et un outil de prospective, orientant les travaux des années suivantes vers des secteurs négligés. Les résultats les plus spectaculaires concernent le centre de la ville, avec l’identification et la fouille d’un Ploutonion mentionné par les sources littéraires et jusqu’alors mal localisé, et dans le secteur nord-est, avec l’identification de la tombe de l’apôtre Philippe ; mais l’enceinte protobyzantine, le théâtre nord, les 25 km de canaux parcourant la ville et ses environs et surtout les nécropoles ont aussi fait l’objet d’enquêtes systématiques.

 

         La structure de l’ouvrage dégage trois parties distinctes, qui mettent à contribution quelque 36 auteurs, italiens pour la plupart, mais aussi norvégiens, puisque c’est à l’université d’Oslo que fut confié le relevé de la nécropole nord-est ; la préface ne manque pas de rappeler l’ampleur des collaborations, notamment turques, qu’implique un tel projet.  

 

         La première partie est constituée par des chapitres préliminaires. Le premier évoque la structure géologique du site (p. 7-11), si importante pour en comprendre l’organisation et l’histoire. Suit l’exposé des principes et méthodes qui ont présidé à l’établissement de la carte archéologique (p. 13-34), avec des développements sur les fouilles, les prospections géo-radar et géomagnétiques, et les méthodes de relevé. 

 

         Un chapitre important est consacré à l’histoire de la ville (p. 35-57), dressant un bilan diachronique, dont la lecture constitue le préalable indispensable à la consultation d’un Atlas dont la structure obéit naturellement à un principe topographique. G. Scardozzi insiste d’emblée sur le rôle de la structure géologique et de la grande faille qui traverse le site dans la définition d’un schéma urbain qui perduré jusqu’à l’Antiquité tardive : les principaux sanctuaires, qui occupent le centre de la ville (consacrés à Apollon et Hadès), sont établis sur la faille. La ville a été fondée au IIIe s. avant notre ère par les Séleucides, sur un site occupé par un sanctuaire de la Grande Mère. Le réseau viaire, même s’il est moins régulier qu’on l’a longtemps pensé, est orthogonal, mais les principaux monuments (les sanctuaires déjà mentionnés et le théâtre du Centre) s’écartent de ses axes directeurs pour s’adapter aux contraintes géologiques et topographiques. La ville hellénistique, ouverte, comme le sera la ville romaine, est assez mal connue : ses sanctuaires principaux, déjà fréquentés, sont monumentalisés au début de l’époque impériale, et se sont surtout les nécropoles qui fournissent des témoignages monumentaux des premiers siècles de l’histoire de la ville. La première phase de monumentalisation perçue par les fouilles date des périodes augustéenne et julio-claudienne : sont alors érigés ou amplifiés les sanctuaires d’Apollon et d’Hadès, la stoa de Marbre, la stoa des Sources, l’agora dite civile, le théâtre, monuments qui définissent un véritable « centre monumental », compact et d’une grande densité, et auquel peut être ajouté un gymnase dans la partie sud de la ville. Des canaux de travertin alimentés par les principales sources traversent la ville pour descendre dans la vallée du Lykos, où ils contribuent à l’irrigation. En 60, un violent séisme entraîne des transformations importantes, au terme desquelles la ville atteint son expansion maximale (72 ha.) Les édifices endommagés sont restaurés, et d’autres monuments sont érigés ; la plateia qui traverse et structure la ville est allongée de quelque 150 m au nord et au sud à l’initiative de Frontin, proconsul de la province d’Asie, ses extrémités étant scandées par deux portes monumentales dont l’une, au nord, est bien conservée. Au IIe s., sont construits la gigantesque agora septentrionale et le théâtre qui la surplombe, les Grands Thermes, les cd « Thermes-église » (peut-être une basilique), tandis que le sanctuaire d’Hadès connaît des adjonctions. À l’époque sévérienne, c’est le théâtre du Centre qui est modifié, comme le sanctuaire d’Apollon, tandis que l’agora nord reçoit une façade monumentale sous la forme du nymphée des Tritons, qui longe la plateia. Peu après le milieu du IVe s., la ville est frappée par un nouveau tremblement de terre, qui en modifie l’aspect, sans bouleverser le schéma urbanistique. Une enceinte est élevée à la charnière des IVe et Ve s., qui marque une rétraction de la ville, dont l’assiette revient à celle du début de l’Empire (60 ha.). Ce circuit fortifié remploie de très nombreux blocs des monuments impériaux. Autre manifestation du renouvellement radical de la parure monumentale, Hierapolis, lieu du martyr de l’apôtre Philippe, devient un important centre de pèlerinage chrétien. Durant les IVe et Ve s., un complexe étagé en plusieurs paliers est érigé au nord-est de la ville, hors du circuit des murs, autour de la tombe du saint. Ailleurs dans la ville, une cathédrale et plusieurs églises sont érigées, tandis que les sanctuaires d’Apollon et Hadès sont démantelés. Hierapolis subit au milieu du VIIe s. un autre séisme, dont elle ne se relève pas, entamant un long déclin, achevé par son abandon au cours du XIVe s., probablement à la suite du tremblement de terre de 1354. C’est à partir du VIIs. que le schéma urbain hérité de l’époque hellénistique cesse de s’imposer à l’occupation : d’amples secteurs de la ville connaissent un processus de ruralisation et sont utilisés pour les cultures, les pâtures et le travail de la laine ; ces zones sont parcourues par des canaux de calcaire, qui marquent fortement le paysage de cette époque médiobyzantine. 

 

         L’enceinte protobyzantine fait l’objet d’une étude, comme les deux systèmes de canaux, celui de l’époque impériale et celui de l’époque médiobyzantine. Les six nécropoles qui entourent la ville se voient consacrés des développements importants (p. 69-89) ; la plus spectaculaire est assurément la nécropole nord : établie le long de la voie qui prolonge la plateia, elle accueille des tombes diversifiées et parfois imposantes, qui en font le lieu privilégié de l’expression d’une compétition sociale dans le champ funéraire, laquelle ne se manifeste pas dans la nécropole nord-est, plus unitaire (p. 79). La première phase, hellénistique, des nécropoles se signale par des tumuli recouvrant une ou plusieurs chambres funéraires et un dromos, souvent ceinturés par un tambour de grand appareil ; dans la nécropole nord-est, cependant, les archéologues relèvent la présence de chambres voûtées dépourvues de toute trace de tambour, ce qui rendrait selon eux improbable l’existence de tumuli. À partir de la fin de l’époque julio-claudienne, la typologie monumentale s’étoffe et se diversifie : sont érigées des plateformes de type varié accueillant des sarcophages, des tombes à édicules sur podium, des sacella (comme celui qui aurait accueilli la dépouille de l’apôtre Philippe), des chambres funéraires couvertes par des dalles formant un toit à double pente… 

 

         Le cœur de l’ouvrage est constitué par la carte archéologique de la ville et de ses nécropoles (p. 91-205). Elle est découpée en 53 feuilles, toutes publiées à l’échelle 1/1000e, et figurant de façon très claire et rigoureusement harmonisée toutes les structures archéologiques, sur un fond comprenant les courbes de niveaux (équidistance de 1 mètre), les canaux et bassins, le réseau viaire moderne et les structures d’accueil touristiques. Ces feuilles sont commentées par des notices brèves, qui fournissent les éléments de compréhension essentiels, présentant les grands principes d’organisation du secteur considéré et décrivant les structures et monuments, de l’époque hellénistique à la période byzantine, sans oublier de signaler le cas échéant les structures ottomanes ; chaque notice est suivie de la bibliographie afférente. Les plans à échelle constante sont complétés par 166 photographies, presque toutes en couleur, et par 18 plans plus précis ou dessins de restitution. L’ensemble dresse un bilan très complet de l’état des connaissances. Certains ensembles font l’objet d’une attention particulière : le centre monumental de la ville romaine (agora dite civile, sanctuaires d’Apollon et Hadès, portiques de Marbre et des Sources, Grands Thermes, théâtre du Centre) ; le grandiose complexe alto-médiéval constitué au nord-est de la ville autour de la tombe de Philippe ; les nécropoles nord et nord-est, dont la cartographie est particulièrement impressionnante. Ces complexes funéraires gigantesques ne pouvaient évidemment faire l’objet de commentaires exhaustifs, et seuls sont évoqués les principes d’organisation et les tombes les plus remarquables.

 

         L’Atlas est suivi par plusieurs études. Certaines, qui tiennent de la géoarchéologie, en constituent le prolongement naturel ; d’autres rendent compte des activités récentes de la Mission italienne. Le chapitre suivant prolonge directement l’Atlas : il est consacré à la faille sismique de Hierapolis, qui a largement conditionné le développement de la ville, son existence même, sa structure et la position de ses principaux monuments, surtout aux époques hellénistique et impériale, qui a surtout scandé son histoire par des séismes répétés qui ont fini par provoquer l’abandon du site urbain. Toutes les manifestations superficielles (fissures et dépressions) sont donc recensées, dans un catalogue qui comprend 88 notices.

 

         Suivent deux appendices. L’un est consacré à la recherche géoarchéologique : il s’intéresse aux paysages anciens et aux caractères géomorphologiques qui ont tant pesé sur l’histoire du site. Certains passages sont particulièrement ardus pour qui (comme l’auteur de ces lignes) ne dispose pas d’un bagage solide en matière de géomorphologie ; les développements consacrés au déterminisme géologique qui a pesé sur la fondation de la ville, la localisation des principaux sanctuaires et l’évolution de l’assiette urbaine sont plus aisés à suivre ; particulièrement éclairants, ils complètent utilement les notices de l’Atlas. Les sanctuaires d’Apollon et Hadès sont à nouveau évoqués et une intéressante comparaison est développée entre les deux théâtres (p. 251-253), celui qui domine le centre monumental exploitant au mieux la pente d’une éminence dont les terrains lui ont offert une assise stable, au prix d’un décalage (habilement rattrapé) par rapport aux axes directeurs du réseau viaire, quand celui du nord a été établi, à partir de considérations relevant uniquement de la syntaxe monumentale, sur un terrain instable qui a provoqué sa ruine rapide et sa disparition presque complète. Les eaux chaudes et gazeuses qui sourdent sur le site et en recouvrent une large partie de leurs concrétions calcaires font elles aussi l’objet de développements : si les sources et les canaux de travertin qui sillonnent le site ont été amplement évoqués dans les autres parties de l’ouvrage, et d’abord dans de nombreuses notices de l’Atlas, on retiendra les remarques sur le rôle de ces eaux dans la teinture à la garance, qui constituait une des principales activités économiques de la ville. La dernière partie de l’appendice s’intéresse au substrat géologique de Hierapolis et de ses environs et à son exploitation. Ces développements donnent une image précise des ressources du territoire, mais disent bien peu, quand ils s’intéressent aux carrières, des techniques d’extraction.  

 

         Le deuxième appendice fournit les résultats préliminaires de la fouille du portique des Sources, qui flanque le sanctuaire d’Hadès, et d’un « édifice rectangulaire » dans le même secteur monumental. On retrouve ici une tendance qui s’est fréquemment manifestée dans les volumes de collection : ils mêlent présentation de dossiers aboutis et comptes-rendus des activités de l’équipe de recherche ; le rythme soutenu des publications condamne ces rapports d’étape à une péremption rapide et ils ont de l’intérêt surtout pour ceux qui suivent de manière régulière et très attentive les travaux de la Mission.

 

         On l’aura compris, la construction de l’ouvrage amène à évoquer à plusieurs reprises certains monuments et ensembles, au premier chef les deux sanctuaires autour desquels se déploie le centre monumental. Ce ne sont d’ailleurs pas les notices synthétiques de l’Atlas (p. 165-167) qui fournissent les informations les plus complètes, mais le chapitre dévolu aux rapports entre géologie et structure urbaine (p. 241-246). Les répétitions inévitables et une dispersion du propos dans certains chapitres ne nuisent en rien à l’intérêt de ce très bel ouvrage et d’une collection remarquable qui s’est depuis lors enrichie de sept volumes, parmi lesquels la publication du temple A du sanctuaire d’Apollon (X, 2017), et celle du nymphée des Tritons (XI, 2018).

 

Sommaire

 

Prefazione (F. D’Andria) p. VII

 

INTRODUZIONE. Dall’Atlante alla carta archeologica di Hierapolis (G. Scardozzi) p. 1

 

NOTE ILLUSTRATIVE DELLA CARTA GEOLOGICA DI HIERAPOLIS (S. Marabini) p. 7

 

LA CARTOGRAFIA ARCHEOLOGICA DI HIERAPOLIS p. 13

•  Caratteristiche tecniche, base cartografica, organizzazione dei dati archeologici (G. Di Giacomo) p. 13

•  Metodologie di acquisizione dei dati archeologici (G. Scardozzi) p. 18

•   Sistemi di ripresa aerea per la documentazione archeologica (G. Di Giacomo) p. 28

•  Il rilievo della cinta muraria e il geodatabase dei materiali di reimpiego (I. Ditaranto) p. 30

•  Le ricognizioni topografiche nella Necropoli Nord-Est (D. Hill, L.T. Lieng) p. 33

 

LO SVILUPPO STORICO DI HIERAPOLIS p. 35

•   Caratteristiche e trasformazioni dell’impianto urbano tra l’età ellenistica e l’epoca ottomana (G. Scardozzi) p. 35

•  La cinta muraria protobizantina (L. Castrianni) p. 58

•  La rete dei canali di travertino (I. Ditaranto) p. 63

•   Le necropoli: inquadramento topografico generale e sviluppo storico (G. Scardozzi, S. Ahrens) p. 69

•  Problematiche aperte e prospettive di ricerca per la ricostruzione della topografia antica di Hierapolis (G. Scardozzi) p. 88

 

NUOVO ATLANTE DI HIERAPOLIS p. 91

•  Repertorio delle entità e dei simboli grafici (G. Di Giacomo) p. 91

•   Fogli 1-53 (AA.VV.) p. 92

 

LA FAGLIA SISMICA DI HIERAPOLIS p. 207

• La documentazione delle manifestazioni in superficie nella cartografia archeologica (G. Scardozzi) p. 207

•  Il geodatabase archeo-sismologico di Hierapolis (G. Di Giacomo) p. 212

•  Catalogo delle manifestazioni in superficie (I. Ditaranto, I. Miccoli) p. 215

 

APPENDICE I – La ricerca geo-archeologica a Hierapolis (S. Marabini, G. Scardozzi) p. 227

 

APPENDICE II – Indagini di scavo presso la Stoà delle Sorgenti e il cd. “Edificio rettangolare”: risultati preliminari (G. Scardozzi) p. 269

 

• Abbreviazioni bibliografiche p. 287

 

• Carta archeologica di Hierapolis di Frigia (tavola fuori testo)