|
||
Clergeau, Marie-Françoise - Grosset-Clergeau, Marie-Jeanne: Auguste Clergeau (1898-1967). Rétrospective. Musée d’Art et d’Archéologie de Guéret, 10 mars - 21 mai 2006, 60 pages, nombreuses illustrations ISBN : 2-9512954-3-X ( 2006) Compte rendu par Catherine Lochin, CNRS Nombre de mots : 1209 mots Publié en ligne le 2008-05-05 Citation: Histara les comptes rendus (ISSN 2100-0700). Lien: http://histara.sorbonne.fr/cr.php?cr=31 Lien pour commander ce livre Le catalogue de la rétrospective consacrée à l’œuvre d’Auguste Clergeau au Musée d’Art et d’Archéologie de Guéret de mars à mai 2006 regroupe 122 œuvres, il est précédé d’une brève biographie. Les œuvres classées par technique et par genre sont présentées chronologiquement à l’intérieur de chaque catégorie. Cette organisation fait percevoir rapidement l’évolution de la technique et de la sensibilité du peintre, mais morcelle la vision d’ensemble que le spectateur peut se faire de la diversité de sa production et masque les modifications de ses intérêts, l’ajout d’une simple liste chronologique récapitulative aurait suffi à combler ce manque. L’exposition a le mérite d’offrir un condensé complet et bien échantillonné de la production de l’artiste malgré la dispersion des œuvres chez les particuliers, ce qui a ajouté une difficulté supplémentaire pour aboutir au meilleur choix lorsque plusieurs œuvres traitant d’un sujet identique, par exemple « Les Iris » (n° 57), ne sont plus accessibles. Au fil des notices, les principales caractéristiques de l’œuvre sont mises en lumière, les influences diverses des maîtres anciens pour le choix des sujets et de la composition surtout dans le domaine des « figures » et des natures mortes, l’analyse de la technique picturale, de la touche, de la couleur et de son évolution. Le travail du peintre sur la mise en page du sujet et son interprétation de la réalité est illustré au travers de quelques œuvres ; les auteurs signalent ainsi « une légère recomposition » à propos de la toile intitulée « Saint-Paul-de-Vence » (n° 30) et ils ont aussi choisi d’exposer « L’ancien Palais et le pont d’Espalion » (n° 31), une toile laissée inachevée mais qui témoigne d’importantes modifications apportées par l’artiste à la réalité, elle a été abandonnée au profit d’autres consacrées au même paysage – malheureusement absentes de la présentation. Ce même désir de présenter toutes les phases du travail du peintre préside à la sélection des études ; cette démarche est d’autant plus utile pour suivre l’élaboration de peinture de l’idée à la version définitive que, lorsque cela a été possible, les auteurs ont rapproché deux états de la même œuvre, par exemple « La sieste » (nos 5 et 6) et le « Portrait de Mme Clergeau » (nos 16 et 17) ; à ce propos on ne peut que regretter l’absence d’une reproduction de la version définitive du panneau décoratif dont on peut suivre le travail préparatoire au travers de deux esquisses (nos 9 et 10). On peut regretter la stricte chronologie du catalogue qui a entraîné la dispersion de toiles qui, rassemblées, auraient plus clairement traduit l’évolution du peintre, par exemple une série de « Natures mortes aux oiseaux » (nos 55, 56 et 65) ; et le classement par technique qui a isolé la nature morte « La côte de bœuf » (n° 86) d’autres tableaux dont elle est si proche par l’esprit. Une place à part est faite à la toile intitulée « Le pique-nique » (n° 12), peinture peut-être inachevée ou témoin d’une recherche stylistique qui n’aurait pas abouti, influencée par un courant de la peinture contemporaine ; les auteurs, qui ne prennent pas parti, évoquent cependant de nouveau, comme pour « Deux femmes au bord de l’eau » (n° 8), l’influence de Maurice Denis, mais laissent dans l’ombre la raison de cette évolution stylistique, même si ce n’est qu’une tentative sans lendemain. L’importance accordée à l’œuvre peint, il est vrai le plus abondant, rejette dans l’ombre les autres techniques employées par A. Clergeau ; ainsi la part réservée aux arts appliqués ou aux illustrations d’ouvrages aurait pu être plus développée : la diversité des techniques familières à l’artiste (impression sur tissus, carte à gratter) n’est qu’effleurée dans la dernière partie du catalogue ; cette part de l’œuvre est plus influencée par les tendances contemporaines, comme cela paraît au travers du graphisme « Arts Déco » des images produites à l’occasion des Jeux Olympiques de 1924 (nos 74 et 90), elle montre la variété du trait et la sensibilité de l’artiste aux courants actuels. L’utilisation de ce graphisme est d’autant plus intéressante à relever qu’elle est limitée à ce seul domaine et n’a pas laissé de trace dans l’œuvre peint. On peut regretter aussi la brièveté des mentions concernant la sculpture éparses dans le catalogue : cet art n’est illustré que par un numéro de catalogue (n° 123) et n’apparaît qu’au travers de deux brèves mentions dans le reste du texte ; cette concision estompe la diversité du talent de l’artiste. L’attachement du peintre à la tradition est sensible dans la composition, la touche et dans le choix des accessoires, ainsi la plupart des natures mortes font appel exclusivement à des objets anciens (cuivres, poteries), aux fruits et aux fleurs traditionnelles, et cependant l’on remarque quelques tentatives pour renouveler ce répertoire par l’introduction d’éléments nouveaux ; à cet égard une peinture comme « Physalis, lunaires et chardons bleus » (n° 61) est particulièrement significative. On peut regretter que les remarques sur la technique picturale et la composition ne fassent l’objet que de notations éparses sans une ébauche de synthèse, mais cela est dû en grande partie à la « règle du jeu » qui régit la rédaction d’un catalogue d’exposition. La variété des œuvres présentées permet néanmoins de se faire une idée de l’ensemble de la production et le catalogue constitue une première étude sur A. Clergeau, et l’on aurait aimé, dans cette optique, des extraits plus larges des articles le concernant, de ses interviews ou de ses écrits exposant ses idées sur son expression artistique. Parallèlement aux commentaires sur le savoir-faire, l’ouvrage est émaillé de souvenirs personnels évoquant les goûts de l’homme qui expliquent les choix de l’artiste tout au long de son œuvre ; son goût pour la pêche est à l’origine du grand nombre de paysages de rivière que compte son œuvre et d’un projet de livre inachevé (nos 104-122) consacré aux poissons, et sa préférence pour les saisons intermédiaires pendant une partie de sa carrière est justifiée par le manque de nuances des couleurs du plein été. Ces anecdotes liées à l’origine de tel ou tel tableau sont permises par les liens familiaux très proches existant entre l’artiste et les auteurs qui ont su mêler les deux aspects ; ils ont au travers de souvenirs personnels rendu le peintre plus proche du lecteur, se rappelant avec émotion ces instants partagés avec lui. Ils ont su aussi par quelques mentions souligner l’importance qu’avait eue sa carrière de pédagogue et ce qu’il avait pu apporter à ses élèves. Les auteurs n’ont pas seulement fait œuvre de piété filiale en organisant cette exposition, ils se sont aussi attachés à cerner l’évolution d’un artiste resté fidèle à une technique classique, mais aussi à dégager le portrait d’un homme qui, au travers d’une œuvre principalement consacrée à la nature et ponctuellement à l’homme, excluant le monde urbain, a choisi de peindre un monde calme et de transmettre l’expression du bonheur tranquille que les auteurs font bien ressentir au lecteur. Présenter la rétrospective de l’œuvre d’un artiste implique de faire un choix drastique parmi sa production pour en exposer une sélection illustrant tous les facettes de l’œuvre, exercice toujours difficile mais qui ici paraît réussi ; ainsi ce catalogue a le mérite de jeter les bases d’une étude plus complète consacrée à un peintre figuratif certes « hors de la mode » mais représentant de tout un courant artistique, ce qui pourrait amener à un travail sur ces peintres.
Sommaire p. 2 : Avant-propos, de Michel Vergnier p. 5 : Préface, de Jacques Thuillier p. 7 : Biographie, par Marie-Françoise Clergeau p. 9- 59 : Catalogue
|
||
Éditeurs : Lorenz E. Baumer, Université de Genève ; Jan Blanc, Université de Genève ; Christian Heck, Université Lille III ; François Queyrel, École pratique des Hautes Études, Paris |