Elayi, Josette: Sargon II, King of Assyria, (Archaeology and Biblical
StudieS, 24), 280 p., 8 fig., ISBN : 9780884142249, 41,95 $
(Society of Biblical Literature Press, Atlanta 2017)
 
Compte rendu par Daniel Bonneterre, Université du Québec
 
Nombre de mots : 3462 mots
Publié en ligne le 2019-02-27
Citation: Histara les comptes rendus (ISSN 2100-0700).
Lien: http://histara.sorbonne.fr/cr.php?cr=3253
Lien pour commander ce livre
 
 

 

          Disons-le d’emblée, ce livre consacré au roi assyrien n’est pas une biographie au sens où on l‘entend habituellement. Il ne peut pas l’être puisqu’on ne sait que peu de choses personnelles sur le roi Sargon II d’Assyrie (722-705 av. J.-C.). On ignore à peu près tout de ses origines. Ni le lieu ni la date de naissance ne nous sont connus. Quelle éducation a-t-il reçue ? Quel parcours a-t-il suivi ? Quelles étaient ses attaches familiales, claniques et culturelles ? Quelle était sa personnalité réelle ? Il est assez difficile de répondre, même à titre d’hypothèse, à ces questions puisque nous manquons de renseignement sur l’homme. En revanche, grâce aux nombreux textes, nous savons beaucoup de choses sur son règne, sur ses activités militaires, ses conquêtes nombreuses et ses politiques. Surtout, nous savons à quel moment il prit le pouvoir et succéda à Salmanazar V : en janvier 722 av. J.-C. Les sources qui permettent de reconstituer cette biographie sont abondantes et variées : des inscriptions royales assyriennes, des chroniques babyloniennes, des lettres et textes de l’administration, plusieurs passages de la Bible, des sculptures et des bas-reliefs provenant du palais de Khorsabad.

 

         Dans cet ouvrage, l’auteure présente, en deux cents pages, un état complet de nos connaissances sur son règne. Elle les replace dans un cadre historique qui s’inscrit dans la collection de la « Society for Biblical Studies ». Josette Elayi, grande spécialiste de l’histoire et de l’archéologie du Levant, auteure d’une trentaine d’ouvrages sur le sujet, est bien informée pour reconstituer un tableau cohérent des événements marquants cette époque. D’un point de vue matériel, l’ouvrage est divisé en une dizaine de chapitres comme suit.

 

         Dans l’introduction, l’A. présente le cadre culturel de l’empire assyrien, les sources documentaires, les objectifs du livre et la méthode employée : non pas théorique, mais « terre à terre » et « au plus près des textes ». C’est cette ligne qui est conservée tout au long du travail.

 

         Le premier chapitre s’ouvre sur le portrait que l’on peut reconstituer de Sargon. De nombreuses représentations provenant de son palais de Khorsabad montrent le monarque dans des postures diverses et variées : au combat, à la chasse, recevant le tribut de hauts dignitaires, le tout, c’est-à-dire ses vêtements, sa coiffe, ses bijoux, sa coiffure, sa barbe, présente un homme raffiné, soigné, soucieux de son apparence. Il fait montre d’un goût certain pour les arts comme en témoignent les choix et l’esthétique de sa résidence. Sans être un lettré, Sargon ne s’est pas désintéressé de la littérature. Il a peut-être constitué une bibliothèque à l’instar des autres monarques assyriens. Son objectif est d’être vu par ses contemporains et de laisser son nom à la postérité, ses nombreuses représentations en majesté en attestent. Dans ses inscriptions, le roi ne mentionne nulle part son père comme l’usage le demandait. Il se fait simplement appeler, par une sorte de jeu de mots, « le roi légitime » ou « le roi juste » (šarru kîn), comme l’avait fait, deux mille ans plus tôt, Sargon d’Akkad, en usurpant le pouvoir. Le parallélisme est si troublant qu’on ne peut qu’y voir un emprunt direct au prestige et à la situation de son lointain modèle. Il est clair que son objectif est de rejoindre la lignée des grands conquérants et de dépasser en gloire tous ses prédécesseurs. Sa titulature du reste reflète ses ambitions : « roi du monde », « roi des quatre points cardinaux », « roi puissant », « invincible guerrier ». Il est « celui qui fait plier l’adversaire », il est « sans égal ». Dans ses inscriptions, il affirme que sa renommée atteignit un sommet inégalé. En se targuant de qualités intellectuelles, de sagesse et d’intelligence, de vertus religieuses et d’un sens aigu de la justice, il répond à ce que l’on appelle aujourd’hui le culte de la personnalité, pour ne pas dire qu’il serait caractérisé par une sorte de mégalomanie. Pour autant, la personnalité réelle de Sargon est, il faut l’avouer, difficilement déchiffrable tant les textes sont conformes à une tradition scribale qui accumule titres et hyperboles. Sargon, comme ses prédécesseurs et ses voisins contemporains (il n’est qu’à consulter le corpus des inscriptions urartéennes) prend plaisir à énumérer ses actions belliqueuses et à exprimer sa colère contre l’adversaire. Les images de violence s’affichent avec force sur les bas-reliefs et sont consignées dans les rapports de ses gouverneurs. Sargon est un roi énergique. Il prend part aux expéditions, s’implique personnellement dans les combats, et c’est sans doute sur un champ de bataille qu’il perdit la vie lors de sa dix-septième année de campagne. Son parcours est au total jalonné de faits d’armes, de conquêtes territoriales, de rébellions jugulées et de retours triomphants. De fait, il semble vrai qu’il exploite judicieusement le produit de ses conquêtes.

 

         Le deuxième chapitre, plus bref, traite en détail de la question de son ascension (encore problématique) au trône d’Assyrie. Selon les Chroniques babyloniennes, Salmanazar V meurt en janvier 722, et Sargon lui succède. Salmanazar V était un roi guerrier, assez mal connu, qui a suivi la politique extérieure de son père. Il avait hérité des conquêtes de Tiglath-Pilasar III (744-737) et aurait, pense-t-on, commis des sacrilèges dans sa ville. Ce qui lui valut une sombre notoriété. Quoi qu’il en soit, il n’avait plus l’appui du clergé et c’est ainsi que Sargon aurait pu légitimer son accession sur le trône d’Assyrie. Sargon affirmera ensuite être le fils de Tiglath-Pilasar, tout comme si l’on cherchait à faire oublier le règne de son prédécesseur. C’est en tout cas un homme d’âge mûr qui accède au pouvoir dans des conditions troubles, et sans doute violentes. À en juger par les décisions que prit Sargon, la transition fut compliquée. Il s’empressa d’annuler les décisions de son prédécesseur. Le fait est que, dès son avènement, il dut faire face à des rébellions nombreuses, plus ou moins coordonnées et souvent dirigées par les ennemis de l’Assyrie. Au sud, la Babylonie et l’Élam se déclarèrent indépendants, au nord, le puissant royaume d’Urartu, qui correspond approximativement à l’actuelle Arménie, menait une politique de harcèlement par l’intermédiaire de ses états tampons.

 

         Dans le chapitre trois, l’A. fait le point sur la situation du vaste empire hérité par Sargon en 722. Ce sont en filigranes rien de moins que les mécanismes du pouvoir qui sont analysés. Le roi règne en maître sur un territoire immense. Il exige de ses sujets une obéissance totale. Ses opposants sont systématiquement exécutés. Les trahisons sont punies avec une atrocité sans borne. Sargon, dans l’action, invoque la colère divine qui le fait détruire les palais de ses concurrents, leurs jardins merveilleux et le pousse à couper les arbres et les têtes. Sa puissance, il la doit au dieu Assur. C’est lui qui inspire et motive ses combattants dans une véritable guerre sainte. Ses troupes sont composées de différents corps d’armée : des soldats araméens, des contingents arabes et babyloniens, des déportés de Judée, des incorporés de force et des conscrits. Ce sont des armées conséquentes, plusieurs dizaines de milliers d’hommes, qui se déplacent d’un bout de l’empire à l’autre, guidées par des officiers loyaux à la cause du roi. Ce sont des serviteurs, parfois des eunuques, parfois de fidèles échansons qui représentent les intérêts du monarque.

 

         Sur un plan territorial et administratif, le pays est appelé « Pays d’Assur ». Situé géographiquement dans une zone qui correspond au district actuel de Mossoul et à ses alentours, ce pays est placé sous la protection du dieu tutélaire Assur ; alors que les territoires extérieurs sont considérés comme des provinces à exploiter. Le phénomène expansionniste est étroitement lié à un nationalisme assyrien avec des ambitions coloniales et impérialistes.

 

         Au chapitre quatre, c’est la question de l’expansion qui est analysée. À partir de 720, et après avoir maîtrisé les Babyloniens, Sargon entreprend « La conquête de l’Ouest ». Les régions du Levant sont riches et prospères. Elles fournissent des produits en demande et leur situation stratégique, face à la Méditerranée, offre des débouchés immenses, notamment pour le commerce avec Chypre et l’Égypte. La Palestine, ou le royaume d’Israël, conquis en partie par Tiglath-pileser III, doit être maîtrisé définitivement. Ces campagnes sont en lien avec les épisodes décrits dans la Bible. Le moment le plus grave est marqué par la prise de Samarie après trois années de sièges (725-722). Le roi assyrien, dans ses inscriptions, fait état de déportations massives : pas moins de 27 280 personnes qui seront déplacées en Assyrie et en Médie. Sargon, à l’inverse, fait venir en Judée-Samarie des prisonniers venant de Babylone, de Hama et d’autres villes. La ville de Samarie, après un saccage en règle, est reconstruite, intégrée comme ville de province de l’empire, administrée par un gouverneur et une administration militaire (équipée de corps de charrerie, de cavalerie). Sargon s’empare aussi de Jérusalem, de Ashdod, de Gaza, ainsi que d’autres villes de la côte syrienne (Hamath, Arpad, Tripoli, Damas, et surtout de Tyr). Son objectif est de pouvoir diriger l’expédition contre Chypre qui va s’avérer être un demi-succès. Il s’attaque ensuite aux villes de l’Égypte, déjà très affaiblies par les Nubiens. À présent, Sargon peut manifester toute sa fierté en affirmant que son empire s’étend désormais d’une mer à l’autre, de l’île de Chypre à l’île de Dilmun (Bahreïn). Les raisons qui justifient cet effort militaire exceptionnel sont d’ordre économique. Pour être rentables, les conquêtes doivent être un plein succès. La supériorité de ses armées bénéficie de l’assistance bienveillante des dieux assyriens. Si le début de son règne est marqué par d’indéniables succès, le front occidental ne sera jamais définitivement sous contrôle. Les villes de Karkemish, de Tyr, d’Ashdod ainsi que l’île de Chypre ne cessent de s’agiter.

 

         Le chapitre cinq évoque la politique septentrionale et les guerres répétées avec les cités de Cilicie. La pièce maîtresse étant la Phrygie, sous l’influence du célèbre roi Midas entre 718 et 709, jusqu’à la soumission de celui-ci.

 

         Le chapitre six complète le chapitre précédent en développant le dossier des guerres dans le nord de l’empire. Celles-ci ont pour but de contrer l’influence du principal adversaire, le royaume d’Urartu dont la capitale, Turuspa, n’est distante que de 240 km à vol d’oiseau de Ninive. Entre les deux opposants, à la confluence du Tigre et du Haut Khabur, se trouve une série d’états tampons indépendants, mais pas nécessairement neutres. La région est vivement convoitée parce que riche en forêts. L’objectif étant l’exploitation des bois indispensables à la construction de bâtiments de grande taille. Les Annales de Sargon documentent les expéditions du roi. Le récit de la huitième campagne rapporte ses expéditions militaires sur une longue inscription qui donne de ses stratégies un tableau détaillé, dans les conflits avec les états voisins, et en particulier avec le puissant royaume des Mannéens qui s’étendait du Kurdistan iranien à l’Azerbaïdjan. Une fois encore, Sargon y apparaît cruel et passionné. Il raconte ses exploits contre les peuples septentrionaux avec force détails. Par son orgueil qui le pousse à prendre, une à une, les forteresses ennemies et à chercher à annexer les territoires, il est un roi conquérant. Son ambition est celle d’être un souverain, guidé et inspiré par son dieu national, Assur. Par ses actions et ses réalisations, il veut surpasser tous ses prédécesseurs. Il se plaît à défier les plus solides alliances. Il ne faudrait toutefois pas voir dans ce désir de conquête une simple revanche sur un adversaire. Sargon revendique une saine colère voire du mépris pour ses ennemis, ce qui est révélateur de son état d’esprit.

 

         La défaite du roi de l’Urartu entraîne celle du roi mannéen. Sargon applique une politique systématique de terreur : une fois la ville prise, il exige des otages et procède à des exécutions d’une grande violence comme, détail atroce, le dépeçage à vif de Bagdati dans sa capitale, Izirtu. Pour effrayer ses adversaires, il déploie de formidables moyens. Plusieurs rois vaincus l’« implorent à quatre pattes comme des chiens ». Sargon écoute leurs paroles suppliantes et dans sa grande magnanimité accède, parfois, à leur demande, et « leur promet la paix ». Sargon vient de mettre la main sur cinq provinces urartéennes.

 

         Le chapitre sept traite encore des expéditions menées vers l’est et le nord de l’empire ainsi que de la politique de ‘pacification’ de ces puissants royaumes. Cette région de collines, sise entre le plateau iranien et la plaine mésopotamienne, peuplée par des montagnards mal sédentarisés constituait un problème permanent pour les souverains mésopotamiens. À ce stade, les informations dont on dispose sur la Médie ne sont pas des sources cunéiformes, ce sont celles des sources grecques, en premier lieu Hérodote. Il est ensuite question de l’Élam (qui a produit une documentation cunéiforme appelée « néo-élamite »), de la Susiane et des habitants des montagnes. Incontestablement, ce qui donnait le plus de préoccupations restaient les incursions impliquant les peuplades nomades.

 

         Le chapitre huit revient sur les insurrections et les querelles permanentes qui surgissent, cette fois, à l’intérieur d’un empire multiethnique caractérisé par la présence dérangeante des tribus araméenne, chaldéenne et arabe, des Bédouins qui circulent parfois à dos de chameau (c’est une nouveauté) dans le Néguev, en Jordanie et en Arabie.

 

         Le chapitre neuf, intitulé « fin de règne », traite de la période à laquelle s’achèvent les activités militaires du roi. La période est marquée par le projet de construction de Khorsabad. En 707, Sargon a environ une soixantaine d’années, il est au sommet de sa gloire. Il a repris Babylone, la ville adverse, où il va résider pendant trois années. Il a pacifié tout le territoire de son empire, à une seule exception : la cité phénicienne de Tyr qui, habituée à résister à toutes conquêtes, va tenir pendant une quinzaine d’années. Il peut donc céder le pouvoir à son fils. Sans mystère, Sennachérib lui succède. Sargon va pouvoir se consacrer entièrement à la réalisation d’un vieux rêve. Il décide de bâtir sa résidence ville-palais. Il l’implante « en un lieu vierge de toute construction ». Il conçoit sa ville sur un espace de trois kilomètres carrés qu’il fait entourer de murailles. Il mobilise des moyens gigantesques. Pas moins de 26 gouverneurs de provinces viennent lui prêter main-forte dans cette entreprise. Celui qui ne craint pas de se faire appeler « roi du monde » entreprend de bâtir une mégapole qu’il veut être « la » capitale du monde. De fait, la nouvelle ville a non seulement des dimensions imposantes, mais elle a aussi des mesures parfaites qui évoquent des rapports harmonieux et cosmiques. Son plan reflète une organisation hiérarchisée. Sa décoration inclut des reliefs, des peintures, des frises de briques à glaçure, des inscriptions, de grandes portes de bronze. Le domaine que l’on nomme « le palais sans rival » est aussi doté d’un sanctuaire et d’un jardin arboré sur quatre mille hectares, planté d’espèces fruitières provenant des régions lointaines : 2 350 pommiers et 450 néfliers, des amandiers, des cognassiers et des pruniers transportés à grands frais à Khorsabad. L’inauguration du palais eut lieu en 707, en un jour de bon augure et un mois favorable. Un banquet inaugural fut offert à la cour. On sacrifia des bœufs, des moutons gras, des oies, des poissons, on servit du vin et du miel, les meilleurs produits du pays. Si le banquet de Sargon n’est pas aussi détaillé que celui du roi Assurnasirpal II (qui avait réuni 69 574 convives), les inscriptions royales mentionnent, en dehors de celle du roi lui-même, la présence de nombreux invités, gouverneurs du pays, princes, eunuques et anciens du royaume ainsi que des présents en or et en argent apportés par les souverains de l’Ouest et de l’Est.

 

         Le chapitre dix, et dernier développement, propose une synthèse chronologique. Année après année, le règne est passé en revue de manière à en tirer un instrument utile. Un point particulier retient notre attention : celui de la mort suspecte de Sargon. À ce sujet, les sources sont peu nombreuses, mais l’on comprend que le roi fut tué au cours d’une campagne militaire destinée à mater une rébellion. Son corps fut incinéré et non pas inhumé comme le voulait la tradition. Ainsi, il n’aurait pas été dignement honoré par une sépulture et par les rites funéraires auxquels il avait droit. Cette fin déshonorante allait peser sur la renommée de Sargon. Aurait-il commis une faute morale pour que les dieux l’aient ainsi puni ?

 

         Dans la conclusion, l’A. se demande quel bilan peut-on tirer de ce règne. Une chose est évidente : c’est le moment où l’empire assyrien a atteint son extension maximale, des rives de la Méditerranée au Golfe persique. À cette extension, il faut inclure l’ajout de nouvelles provinces, l’intégration de territoires qui se rallient à l’Assyrie avec un statut de protectorat, ainsi que les conquêtes de régions lointaines comme Chypre. Un second trait concerne le type de politique menée par le roi. Les inscriptions royales qui ont vocation à refléter la propagande mettent de l’avant des conquêtes violentes visant à annihiler radicalement les identités locales, d’une part par les menaces et la confrontation militaire frontale mais aussi par des déportations massives de populations. Ce sont des décisions importantes qui occasionnent l’ébauche d’un ordre social nouveau, peut-être même déjà les ambitions d’un métissage.

 

         Sur le plan de la gestion administrative, Sargon a instauré des réformes audacieuses et a mis sur pied une organisation plus centralisée et plus spécialisée, en restructurant l’armée cantonnée aux frontières et aux lieux de confits. Le roi, bien informé des questions militaires, réorganise les anciens modèles et détermine de nouvelles fonctions pour les commandements militaires. La réforme des armées, avec l’incorporation de mercenaires étrangers, est suivie d’innovations dans l’armement, dans la charioterie, dans la cavalerie (mords et harnais). D’autres innovations sont visibles dans l’architecture des palais, avec la mise en place de reliefs à vocation de propagande.  Pour l’assister dans l’organisation de son empire, il restaure l’ancienne fonction de vizir, sorte de Premier ministre, une fonction qu’il donne à un proche appelé « frère préféré ».

 

         L’immense ensemble de peuples et de territoires qui constituaient l’empire assyrien demandait une bureaucratie performante. On en a une idée à travers la multiplication des textes officiels, des enregistrements de toute sorte, des lettres, des inscriptions royales. Ces sources signalent l’emploi d’un vocabulaire plus recherché qui rend compte de situations complexes. Elles emploient des archaïsmes et des néologismes, des styles grammaticaux plus élaborés. Les scribes dorénavant bénéficient de promotions. Ils apparaissent comme des membres de l’élite sociale. Les réformes administratives touchent le système des courriers royaux qui est d’une plus grande efficacité, avec des relais poste qui permettent la rapidité des communications entre les centres de pouvoir. Le système fiscal que met en place Sargon tend vers un allégement général des taxes et vers des exemptions. Autre fait marquant : une politique culturelle dynamique voit le jour. Elle est matérialisée par une augmentation du nombre de bibliothèques en Assyrie. L’une d’elles est spécialisée dans l’observation astronomique. Sargon invite à sa cour des savants d’horizons différents, des Babyloniens, des Syro-anatoliens et des Égyptiens.

 

         En somme, le livre est de présentation soignée. Pas d’erreurs matérielles : on peut seulement ajouter au sujet de la localisation de Dilmun, les récentes découvertes à Bahreïn qui identifient l’archipel comme « Dilmun, de la mer Inférieure », cf. N. Marchetti, « Inscriptions from the Royal Mounds of A'ali (Bahrain) and Related Texts » dans S. T. Laursen, The Royal Mounds of A'ali in Bahrain: The Emergence of Kingship in Early Dilmun (Jutland Archaeological Society Publications 100; Hoejbjerg), pp. 425-437, 2017). Ce n’est qu’un détail. L’intérêt de l’ouvrage est évident. Certes, l’évocation et la mise en ordre des campagnes militaires menées par le roi constituent l’essentiel de l’analyse, mais il serait disgracieux et mal intentionné de reprocher à l’A. d’avoir organisé et critiqué un matériel si abondant au caractère répétitif, et pas toujours datables. Ceci n’altère en rien l’impression favorable que laisse cette publication fouillée. C’est donc un travail utile que de mettre à la disposition des chercheurs et des étudiants un ouvrage sur le grand roi assyrien.

 

 

Contents/Sommaire

 

Author’s note vii

Abbreviations ix

Introduction 1

1. Portrait of Sargon 11

2. Sargon’s Ascent to the Throne  25

3. Heir to the Assyrian Empire 33

4. The Conquest of the West 45

Palestine 45

Syria 61

Phoenicia 67

Cyprus 72

Egypt 78

5. The Northwest of the Empire 85

Mushki/Phrygia 87

Que, Hilakku, Samal 90

Tabal, Bit-Purutash 98

Gurgum 103

Kummuhu 106

Kammanu/Melid 109

6. The Wars in the North of the Empire 115

Shubria, Amidi, Tushhan 115

Ukku, Kumme 122

The Mashennu and Rab-Shaqe Provinces 126

Mannea 129

Urartu 136

Hubushkia, Musasir 143

7. Neutralization of the Eastern States 153

Central Zagros 155

Media 163

Ellipi 169

Elam 171

8. Recurring Problems in the South 177

Aramean and Chaldean Tribes 177

Babylonia  182

Dilmun 190

Arab Tribes 194

9. End of Reign 201

The Inauguration of Khorsabad/Dûr-Sharrukîn 201

The Suspicious Death of Sargon 210

The “Sin” of Sargon 213

10. Chronological Synthesis of Sargon’s Reign 219

Conclusion: Assessment of Sargon’s Reign 245

Selected Bibliography 257

Index of Ancient Source 267

Index of Modern authors 268

Index of Personal Names 275