Feugère, Michel : Protocoles d’étude des objets archéologiques, 87 p. coul, ISBN : 978-2-35518-055-2, 15 €
(Editions Mergoil, Drémil-Lafage 2018)
 
Compte rendu par Linda Papi
 
Nombre de mots : 706 mots
Publié en ligne le 2020-09-29
Citation: Histara les comptes rendus (ISSN 2100-0700).
Lien: http://histara.sorbonne.fr/cr.php?cr=3368
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          Ce petit livre, écrit par Michel Feugère, se présente comme une introduction à l’étude des objets archéologiques, hors vaisselles d’argile et monnaies.

 

         L’ouvrage aborde les étapes principales de l’étude des objets de fouille et il présente les méthodes et acquis de la recherche, ainsi que les enjeux de cette spécialité. Son objectif est de susciter une réflexion d’ensemble sur les procédures engagées par le chercheur dans l’étude du mobilier.

 

         Le volume se compose de deux parties qui suivent l’introduction. Cette dernière ouvre sur une interrogation précise : la définition de l’objet archéologique et de la discipline en général. Définir un « objet archéologique » pourrait sembler un aspect évident mais la difficulté réside dans l’abondance de la matière à traiter, dans l’ampleur des champs d’application aux contours parfois flous et dans la variété des problématiques liées. Concernant l’étude, les étapes principales sont l’élaboration du catalogue, l’analyse typo-chronologique et l’exploitation des données. L’auteur met l’accent sur la réflexion conceptuelle qui est à la base de la constitution du catalogue : une sélection d’artefacts destinée à entrer dans le corpus, qui implique des choix délicats. Cette réflexion est à la base de l’élaboration d’un système d’inventaire qui permet de regrouper les objets par phases chrono-stratigraphiques et de les décrire par catégories fonctionnelles : c’est l’ensemble d’outils Syslat et des modules OBJ et Dicobj, ainsi que de l’interface électronique Artefacts, qui est ouverte à des participations extérieures. Ces systèmes sont fondés sur un classement à trois niveaux : objet, fonction, domaine.

 

         À la suite de cette introduction, la première partie du volume ouvre sur une question principale : pourquoi étudier des objets archéologiques ? La diversité des formes d’objets dépend des évolutions formelles, qui témoignent de l’histoire des sociétés. Ainsi, la signification sociale des objets est strictement liée à la destination du site. Le mobilier présente donc plusieurs dimensions de cohérence — fonctionnelle, chronologique, sociologique — que l’archéologue doit interroger pour pouvoir interpréter les données. L’inventaire des artefacts, la production du catalogue, la répartition géographique d’une typologie et la distinction des productions sont des étapes précises qui permettent d’interpréter une série d’objets dans une perspective historique. L’étude des objets éclaire aussi leur fonction et l’organisation de la chaîne artisanale. Elle permet de comprendre les besoins économiques et culturels d’une population et, à plus large échelle, l’adoption d’un mode de vie, la charge symbolique et les conventions sociales.

 

         La seconde partie répond à une question pratique : comment étudier les objets archéologiques ? L’accent est mis sur les étapes principales, phase par phase, ainsi que sur l’intérêt d’utiliser un système d’enregistrement et d’attribution automatique. Ces étapes comprennent d’abord la sélection des objets destinés à constituer le catalogue, ensuite leur inventaire qui implique d’autres opérations telles que le comptage, la prise de mensurations et l’identification de l’artefact. Suivent le classement des pièces en « catégories fonctionnelles », l’étude et l’illustration du matériel par dessin et/ou photographie avec un rappel des règles de base de la réalisation d’une image. L’étape finale est l’exploitation des données, qui offre l’occasion de réfléchir sur des perspectives futures concernant les buts et les ambitions de la publication scientifique.

 

         Ce petit livre a le mérite de traiter le sujet avec une clarté immédiate et de condenser une discipline si vaste en moins de 80 pages de texte, tout en gardant un niveau d’exactitude remarquable.

 

         La destination de l’ouvrage est précisée par l’auteur même : « Conçu d’abord pour les étudiants, il s’adresse à toute personne envisageant une étude d’objets archéologiques ».

 

Sommaire

 

Préface

 

Remerciements

 

L'étude des objets, de l'archéologie à l'histoire, une spécialité en quête d'identité

1. Qu'est-ce qu'une "spécialité" en archéologie ?

2. Qu'est-ce qu'un "objet" ?

3. Une méthode spécifique ?

 

Pourquoi étudier les objets archéologiques ?

4. Inventorier, classer, exploiter

5. Créer, ou découvrir des typologies ?

6. L’évolution des techniques

7. Restituer un artisanat

8. Retrouver la fonction des objets

9. Caractériser un site de consommation

10. Etablir et interpréter une carte de répartition

11. Replacer une série dans une perspective historique

 

Comment étudier les objets archéologiques ?

12. La sélection des objets

13. L’inventaire

14. Le classement typologique et fonctionnel

15. L’étude

16. L’illustration des objets

17. La publication

 

Liste des illustrations

Bibliographie

 


N.B. : Mme Linda Papi prépare actuellement une thèse de doctorat intitulée « Modalités d’insertion des premiers groupes celtiques en Italie du Nord, au Ve siècle av. J.-C. », sous la direction de M. Stéphane Verger (EPHE).