Katsioti, Angeliki: The Lamps of Late Antiquity from Rhodes, 3rd–7th centuries AD, II+676 p., ISBN : 9781784917463, 65 £
(Archaeopress, Oxford 2017)
 
Compte rendu par Chiara Croci, Université de Lausanne
 
Nombre de mots : 1739 mots
Publié en ligne le 2018-05-30
Citation: Histara les comptes rendus (ISSN 2100-0700).
Lien: http://histara.sorbonne.fr/cr.php?cr=3435
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          Avec son livre The lamps of Late Antiquity from Rhodes. 3rd-7th centuries AD, Angeliki Katsioti, responsable du département byzantin de l’Éphorie des antiquités du Dodécanèse, livre pour la première fois une étude complète et approfondie des lampes tardo-antiques retrouvées à Rhodes. Ce travail monumental se pose comme un jalon essentiel pour le développement des études historiques et archéologiques sur l’Antiquité tardive et l’époque paléochrétienne.

 

         À la suite d’une préface consacrée à la présentation de la genèse et des objectifs du travail, l’autrice propose une ample introduction qui retrace, en s’appuyant sur les données archéologiques actuellement disponibles, la situation historique et urbanistique de la ville de Rhodes entre le IIIe et le VIIe siècle. Cette introduction met en évidence que Rhodes, port d’importance cruciale pendant l’époque hellénistique, vécut une phase de déclin durant la période romaine et byzantine, qui se traduit dans une contraction urbaine. Rhodes resta toutefois un centre majeur dans les échanges commerciaux, ce qui explique l’importance d’entreprendre une recherche sur un type d’objet comme les lampes, qui circulaient sur tout le pourtour de la Méditerranée. Le cœur de l’ouvrage est donc constitué par douze sous-chapitres dans lesquels sont recensées, selon leur origine et leur typologie, pas moins de mille quatre cent lampes (corinthiennes, chypriotes, attiques, « rhodiennes », lampes ainsi dites d’Asie Mineure, cnidiennes, lampes du type samien, lampes du type « égéen », lampes nord-africaines, lampes d’origine non déterminée, « Wheel-made lamps », lampes en alliage de cuivre). Dans les douze sous-chapitres, une discussion générale sur la typologie spécifique de lampes précède un catalogue où chaque exemplaire fait l’objet d’une fiche. Toutes les fiches présentent le numéro d’inventaire ministériel, le type ou catégorie de la lampe, des indications offertes par les analyses chimiques sur l’argile (si disponibles), une description, l’indication des dimensions, de la datation, de la provenance (zone de la ville, fouille), la numérotation dans le journal de fouille ainsi qu’une bibliographie et des remarques spécifiques. Les résultats majeurs et les principales tendances d’ensemble mises en évidence dans le catalogue sont discutés dans une conclusion générale. L’ouvrage est ensuite complété par une ample section d’annexes : celle-ci s’ouvre par des cartes topographiques de Rhodes, qui indiquent en particulier l’emplacement des principaux chantiers de fouilles qui ont restitué le matériel analysé. Par la suite est présenté un registre illustré des signatures, inscriptions et symboles repérés sur les lampes, ainsi qu’une liste de concordance entre la numérotation d’inventaire du ministère et celle du livre. La dernière partie des annexes est consacrée à des tableaux qui présentent la méthodologie et les résultats des analyses chimiques auxquelles a pu être soumise une partie des lampes (analyse aux rayons X et analyse par activation neutronique) et se termine par l’illustration des perspectives d’analyses futures qui promettent d’amplifier et de préciser le cadre actuel.

 

         Cet énorme travail, conduit par l’autrice en guise de recherche post-doctorale à l’Université de Crète, est le fruit de recherches de très longue durée : l’autrice a en effet repris en main un dossier entamé par son prédécesseur à la tête du Département des Antiquité Byzantines du Dodécanèse Theodore Archontopoulos afin de présenter une partie des lampes lors de l’Exposition organisée en 1993 pour célébrer les 2400 ans de la fondation de Rhodes. Complété  par le recensement du matériel conservé dans les magasins de l’Éphorie des Antiquités du Dodécanèse, enrichi au fur et à mesure par les exemplaires retrouvés lors de nouvelles fouilles, le travail de Katsioti a le grand mérite de présenter des matériaux presque entièrement inédits qui étaient jusqu’ici presque inconnus à la recherche. Cette circonstance est due en partie au fait que le matériel est issu en ample mesure de fouilles de secours, mais aussi au fait que, même à l’échelle locale, les recherches sur Rhodes ont toujours privilégié d’autres phases historiques et en particulier la période hellénistique, qui a vu notamment la ville parmi les puissances maritimes majeures de l’époque.

 

         Le but de cette recherche, clairement énoncé dès le départ, était celui de chercher à comprendre, à travers le recensement des lampes, non seulement les changements esthétiques survenus entre le IIIe et le VIIe siècle, mais surtout les développements dans les choix de marché qui déterminaient l’approvisionnement de lampes à Rhodes pendant la période en question. Les lampes tardo-antiques retrouvées dans cette ville sont donc traitées comme des indicateurs pour reconstituer l’activité économique et sociale de Rhodes, et donc sa place dans les échanges maritimes jusqu’au VIIe siècle ; un choix chronologique motivé par le changement dans le système d’illumination qui se répand après cette date. Le volume de Katsioti est ainsi un jalon de grande importance qui offre un nouveau regard sur l’histoire matérielle, sociale et commerciale de la ville de Rhodes pendant une période peu fouillée jusqu’à présent : celle du passage de l’époque hellénistico-romaine à l’époque byzantine.

 

         Une recherche fondée sur des matériaux de ce type a dû faire face à la difficulté de déterminer le contexte d’appartenance des différents exemplaires ainsi que leur datation. Le développement urbain tardo-antique de Rhodes se caractérise en fait par la fréquente réutilisation de bâtiments d’époques précédentes, qui ont souvent changé de fonction. Cette tendance est complexifiée en même temps par le fait que, depuis la conquête byzantine, la ville a assisté à une sorte d’entrelac entre les zones résidentielles et les nécropoles, dont la distinction est devenue parfois difficile. Cette série d’éléments complique la tâche consistant à déterminer les différentes phases d’usage d’un contexte donné et rend parfois impossible d’établir à quel contexte chronologique et fonctionnel appartenaient les objets trouvés, et notamment les lampes. L’autrice fait face à ces difficultés de manière exemplaire grâce à une méthodologie de travail rigoureuse, au traitement prudent et systématique des données disponibles, ainsi qu’à l’aide des analyses sur la composition chimique d’une partie des échantillons. Le recensement proposé s’avère ainsi une base solide et incontournable pour le développement des recherches sur les lampes tardo-antiques et, plus en général, sur les arts mineurs de l’Antiquité tardive.

 

         Le livre de Katsioti s’insère dans une trajectoire historiographique qui manque de travaux d’ensemble sur les lampes tardo-antiques. En dépit de quelque rare étude où les lampes tardo-antiques ont été l’objet de recherches sur un thème iconographique spécifique (comme ceux sur les sujets bibliques de Klasbad 1977 et Sandoz 2002), les travaux sur ce type d’objets ont souvent été présentés sous forme d’analyse de matériaux issus de contextes spécifiques (comme les nécropoles d’Ostie, Amiternum ou Classe ou encore sur des régions comme l’Anatolie ou l’Afrique du Nord). En ce sens, la monographie sur les lampes de Rhodes proposée par Katsioti s’insère dans cette tradition historiographique caractérisée par une approche « géographique » aux lampes tardoantiques. Une telle approche a le mérite de réussir à suivre les usages en matière de lampes dans le même contexte sur plusieurs siècles, mais elle empêche une vision plus ample du problème qui permettrait de réfléchir aux développements des lampes de Rhodes dans un contexte plus large. En dépit du cadre choisi, le livre pose de toute manière des bases très solides pour le développement d’études de plus ample haleine qui pourront sortir les lampes tardo-antiques de leur cadre géographique et de l’approche liée à leur typologie de production afin de répondre à des questions plus profondes sur la fonction et l’usage de ces objets. Ces questions permettraient également de développer une réflexion plus profonde sur les conditions de production, d’achat et de choix iconographiques pour les lampes tardo-antiques au fil des siècles.

 

         Si l’autrice précise dès le début de ne pas vouloir toucher à la question de la fonction des lampes et à celle de leur usage (et cela en raison de la complexité des contextes de fouilles qui ont restitué les matériaux), le large panorama qu’elle reconstitue ouvre des pistes en mesure de développer d’ultérieures réflexions autour de ces questions. En effet, le volume de Katsioti n’est pas seulement un instrument indispensable pour connaître la production artisanale de l’Antiquité tardive et le fonctionnement de la géographie commerciale d’une ville comme Rhodes pendant cette période. Bien que fondé sur des objets d’artisanat, souvent produits en série, le volume dévoile aussi des exemplaires de qualité exquise, dont les commanditaires/acheteurs devaient être de très haut rang. Un regard croisé entre ces objets et le matériel issu d’autres régions du bassin méditerranéen pourrait donc permettre de préciser dans quel contexte les différents types de lampes étaient employées et de comprendre mieux quel était le lien entre l’iconographie choisie et le contexte d’usage des lampes au fil des siècles. De manière plus générale, l’espoir est donc que le travail de Katsioti devienne une base pour le développement d’ultérieures études qui puissent sortir des objets de ce type du rôle d’indicateurs matériels qui les a toujours caractérisés et en faire des témoignages historico-artistiques et anthropologiques de plein titre : de témoignages en mesure de préciser toujours plus nos connaissances sur une phase historique cruciale comme celle embrassée par cette étude.

 

 

 

Table des Matières :

 

A. 1. Introduction
History of research and methodology

A. 2. The Historical Context

Observations on the topography of Late Roman-Early Byzantine Rhodes

The City of Rhodes

         The West and Central Sections of the City

         Central Section, the Medieval Town

         Northern Section of the City

         Eastern section of the city

         South Section of the City

       The Necropolis

         West Sector of the Necropolis

          Central Sector of the Necropolis

          Rural Rhodes

 

B. The Lamps

B.1 The Corinthian Lamps

B. 2. The Cypriot Lamps

B.3. The Attic Lamps

B. 4. The ‘Rhodian’ Lamps

B. 5. The So-called Asia Minor and the Asia Minor-type Lamps

B. 6. The Knidian Lamps

B. 7. The ‘Samian-type’

B. 8. The ‘Aegean type’ Lamps

B. 9. The North African Lamps

B. 10. Unplaced: The Greek East Lamps

B. 11. The Wheel-made Lamps

B. 12. The Lamps of a Copper Alloy

C. Epilogue – Conclusions

D.1. Topographic map of Rhodes and location of excavation work (a list of the land-plots from which the lamps came)

D.2. List of signatures, inscriptions and symbols

Signatures

Inscriptions

Symbols, patterns

D.3. List of plates (signatures, inscriptions and symbols)

D.4. Plates

D.5. List of Illustrations

D.6. Illustrations

D.7. Concordance of registration numbers and catalogue numbers

D.8. Bibliography-Abbreviations

Secondary literature

 

E.1. NAA Analysis of Late Roman Lamps from Rhodes

Analytical approach

Results and discussion

Summary

E.2. The Preparation of a Preliminary XRF Database and the Comparison of Provenanced and Unprovenanced Lamps from Rhodes: An XRF Study Conducted by the University of Hartford Research Group

General Definitions and Method

Work carried out in January, 2016 at the Ephorate of the Antiquities of Dodecanese, Rhodes laboratory

Results

2016-2017 Future Work

E.3. Some comments on the NAA and XRF analyses results