Schreyer, Julian: Zerstörte Architektur bei Pausanias. Phänomenologie, Funktionen und Verhältnis zum zeitgenössischen Ruinendiskurs, Studies in Classical Archaeology (SCA 5),
XVI+500 p., 21 b/w ill. + 7 colour ill., 156 x 234 mm, ISBN : 978-2-503-57974-0, 120 €
(Brepols, Turnhout 2019)
 
Compte rendu par Marion Muller-Dufeu, Université Lille
 
Nombre de mots : 705 mots
Publié en ligne le 2021-03-22
Citation: Histara les comptes rendus (ISSN 2100-0700).
Lien: http://histara.sorbonne.fr/cr.php?cr=3690
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        Ce gros livre est un bon représentant de l’érudition allemande : copieux, très fouillé, appuyé sur une bibliographie fournie. Il comprend quatre chapitres principaux, un résumé en allemand, un en anglais, une bibliographie et des index, le tout précédé par une table des illustrations, un avant-propos rapide et quatre planches en couleurs (peintures de Pompéi et environs). 

 

       Le premier chapitre est une introduction qui fixe le cadre de la recherche exposée dans le volume, à commencer par sa problématique : pourquoi Pausanias mentionne-t-il autant de sites en état de ruines ? L’auteur cherche ensuite à caractériser la Périégèse dans son ensemble. Il s’intéresse ensuite au discours sur les ruines chez les contemporains de Pausanias et cherche enfin à établir une comparaison entre le discours des contemporains et celui de Pausanias.

 

       Le deuxième chapitre expose le discours sur les ruines chez les contemporains de Pausanias : après une brève recherche sur le discours sur les ruines avant l’époque impériale, il fait une large revue des textes où apparaît un tel discours. Chaque texte est présenté par un résumé qui précise, outre les références du texte, les circonstances de son élaboration. Le texte est ensuite donné en entier, en grec ou en latin et avec une traduction en allemand. Des intertitres indiquent les points traités par le passage. La section se termine par un commentaire des informations les plus importantes. Parmi les auteurs cités, les discours d’Aelius Aristide, Dion de Pruse, Flavius Joseph, Lucien, les Philostrate, Plutarque pour le grec, Apulée, Juvénal, Lucain, les deux Pline, Sénèque, Tacite pour le latin. L’auteur propose aussi des extraits de textes épigraphiques à contenu juridique ou mentionnant des reconstructions. Il analyse ensuite quelques images où sont figurés des bâtiments en ruine. Ces exemples proviennent essentiellement de peintures trouvées dans les villes de Campanie détruites par le Vésuve en 79 de. n. è., auxquelles s’ajoutent quelques reliefs de provenances diverses (Campanie encore, mais aussi Vase Portland ou colonne Trajane, entre autres). Ce long chapitre s’achève avec un commentaire synthétique sur l’interprétation de ces mentions et l’utilisation qu’en faisaient les Anciens.

 

       Le troisième chapitre présente la Périégèse sous tous ses aspects : état de la transmission, datation, titre, auteur et commentaire d’ensemble quant à son programme et les différents domaines de savoir présentés dans le texte (l’espace, le passé, la religion, l’ethnographie et autres). Le chapitre s’achève sur une analyse du contexte de la communication de ce texte particulier.

 

       Le quatrième chapitre, finalement assez court, s’intéresse au discours sur les ruines chez Pausanias. Comme dans le 2chapitre, chaque extrait, dans l’ordre du texte, est présenté par une courte phrase résumant le point traité, le texte est donné en grec et en traduction en allemand, sans commentaire individuel. Le commentaire est donné ensuite, de façon globale ; un premier paragraphe précise ce qu’on entend par « ruines » chez Pausanias : au-delà des bâtiments proprement dits, l’auteur considère également les statues détruites, qu’elles soient de culte ou simplement honorifiques. Il analyse ensuite le vocabulaire employé dans ces cas par Pausanias, qu’il s’agisse de ruines complètes ou simplement de parties détruites. Enfin, il s’interroge sur les stratégies de présentation de ces ruines. Trois cas principaux sont distingués : dans le premier, la description des ruines s’inscrit dans le récit par une dénotation claire des circonstances de la destruction. Dans le deuxième cas, les ruines sont évoquées par association avec la description en cours. Dans le troisième cas, les ruines ne possèdent aucune relation avec le discours environnant.

 

       Malgré la richesse, la précision des analyses et l’érudition de ce livre, on reste un peu sur sa faim : le quatrième chapitre, qui traite réellement du sujet annoncé, arrive bien tard, et ne répond pas vraiment, me semble-t-il, à la question posée : le rapport entre le traitement des ruines chez Pausanias et chez ses contemporains. À moins que les concepts trop complexes ne permettent pas de comprendre vraiment le sens de la démonstration. C’est d’autant plus dommage que l’enquête se montre très complète, portant autant sur des textes de contenu très varié que sur des témoignages figurés. Si le commentaire reste donc un peu abscons, la richesse des sources ici rassemblées permettra cependant de se faire une idée complète du sujet tel qu’il est traité par Pausanias.