Gaultier, Françoise - Rouillard, Pierre - Rouveret, Agnès (dir.): Céramique et peinture grecques dans la Méditerranée antique. Du terrain au musée. Hommages à François Villard, 284 p., ill. n&b. et coul., ISBN : 978-2-7018-0499-6, 59 €
(De Boccard, Paris 2019)
 
Compte rendu par Marion Muller-Dufeu, Université de Lille
 
Nombre de mots : 1277 mots
Publié en ligne le 2019-10-17
Citation: Histara les comptes rendus (ISSN 2100-0700).
Lien: http://histara.sorbonne.fr/cr.php?cr=3711
Lien pour commander ce livre
 
 

 

          Le titre de ce livre pourra paraître un peu trompeur : on n’y trouvera que peu d’articles traitant spécifiquement de peinture ou de céramique grecques. En revanche, l’ouvrage répond parfaitement à son sous-titre : Hommages à François Villard, car la plupart des interventions font revivre de façon dynamique le savant auquel elles sont consacrées. Ce qui ne signifie pas que la science soit absente de ce volume, bien au contraire. Elle surgit à chaque page, dans l’évocation de la méthode et du travail incessant de F. Villard dans tous les domaines où il les a exercés. Les auteurs s’effacent en quelque sorte derrière les souvenirs qu’ils ont du maître et mettent en lumière les diverses facettes de sa personnalité.

 

         L’introduction rédigée par les éditeurs rappelle que ce volume est la publication d’une journée d’études au cours de laquelle les auteurs ont présenté in vivo leurs contributions et retrace le déroulement de cette journée ainsi que les objectifs de l’ouvrage. Celui-ci est ensuite divisé en deux parties : la première s’intéresse aux différents sites archéologiques sur lesquels F. Villard a travaillé, tandis que la deuxième est consacrée aux musées et collections qu’il a étudiés.

 

         La première partie rassemble onze articles, assez courts, puisque chacun vise à présenter une activité de F. Villard. A. Pasquier évoque tout d’abord l’arrivée de F. Villard au Louvre et les débuts de sa recherche sur la céramique grecque. P.  Rouillard s’intéresse aux « choix de F. Villard », en mettant en valeur les grandes lignes directrices de sa carrière : l’étude de la céramique grecque et de l’histoire que celle-ci pouvait aider à comprendre. H. Tréziny rappelle les liens de F. Villard avec Marseille, où il a fouillé dans la fin des années quarante, aux côtés de F. Benoît. M. Gras souligne les côtés novateurs du projet de Mégara Hyblaea, tant sur le plan diplomatique (collaboration entre les archéologues français et italiens) que sur le plan scientifique (dégagement systématique du site et interprétation des données au fur et à mesure). P.  Pelagatti revient sur la présence de F. Villard en Sicile et M. Cavalier sur son passage à Lipari, deux destinations où il a exercé son sens aigu de l’interprétation historique. Pour Ph. Zaphiropoulou, F. Villard a eu une action décisive dans la compréhension et le classement des céramiques orientalisantes des Cyclades. R. Étienne revient sur l’intérêt que F. Villard éprouvait pour l’histoire et sur son travail en ce sens dans le domaine de la céramique, aspect développé par J.-Ch. Sourisseau (céramique et colonisation) puis par J.-P.  Morel (« une approche pionnière de la céramologie »). Enfin, A.-M. Guimier-Sorbets et Y. Morizot évoquent le pédagogue à travers son passage à l’Université de Nanterre. Toutes ces contributions, outre la présentation factuelle de l’action de F. Villard, contiennent des anecdotes personnelles qui font revivre la personnalité du récipiendaire.

 

         La deuxième partie réunit dix articles, un peu plus longs, car certains s’efforcent de prolonger l’activité de F. Villard par un questionnement scientifique sur certains aspects de sa recherche. J. de la Genière évoque un autre aspect de la présence de F. Villard au Louvre, lorsque, bien installé dans le musée, il y accueillait jeunes étudiants novices et chercheurs étrangers chevronnés, provoquant ainsi des rencontres fructueuses pour tous. M. Hamiaux rappelle son rôle déterminant dans l’informatisation des collections du Musée et sa volonté de rendre plus accessibles à tous les richesses qui y sont contenues. F. Gaultier reprend la méthode de F. Villard pour présenter le cratère étrusque CA 4717 et relier son décor à la grande peinture antique. Dans le même domaine, A. Rouveret évoque le travail de synthèse de F. Villard dans l’Univers des Formes, travail qui a mis en avant les rapports entre la peinture de vases et la grande peinture et qui a su utiliser l’apport décisif des tombes peintes de Macédoine dès leur découverte. A. Coulié présente l’importance du regard de F. Villard. pour la compréhension des vases du Dipylon et leur classement. F. Lissarague revient sur le travail accompli dans les réserves des musées pour retrouver, recoller et ainsi re(con)stituer de nombreux vases antiques, avant d’en tirer toutes les conclusions stylistiques et historiques possibles. D. Williams montre de son côté comment l’étude de la collection Campana par F. Villard a conduit à mettre en valeur des peintres comme Euphronios et Smikros, et à illustrer les rapports qu’ils pouvaient entretenir. M.-Ch. Villanueva Puig évoque les signatures sur vases et les enseignements qu’en tirait F. Villard. H. Brekoulaki et G. Kavvadias présentent leur étude sur les pyxides de marbre et les peintures qui s’y trouvent, étude autant technique (détermination des pigments utilisés) que stylistique (iconographie, éléments décoratifs, mise en œuvre du programme). V. Jolivet et C. Pouzadoux examinent de leur côté la présence d’Éros sur les vases italiotes, « de l’Étrurie à la Sicile » et sa signification.

 

         Comme on le voit, les thèmes abordés dans ce volume sont à la fois très variés, et reliés entre eux par une cohérence forte, qui reflète celle qui sous-tendait la recherche de F. Villard. Cette collection de (parfois) courts articles évoque avec une admiration teintée de respect, parfois de complicité, une recherche sans cesse en action, et la personnalité vivante et bienveillante de son auteur. On peut ainsi voir dans ce volume entièrement centré sur la figure de F. Villard un modèle qui se distingue de la forme ordinaire des volumes d’hommages où les auteurs rivalisent pour mettre en valeur leur propre recherche, même si celle-ci est placée sous la houlette (forcément) bienveillante du récipiendaire. Même l’illustration concourt à cette présentation vivante du maître, en donnant à voir des extraits de carnets de fouilles, des listes de courses, des photos d’époque ou encore des croquis dessinés par F. Villard et insérés dans ses carnets. Ce volume est ainsi l’occasion pour ceux qui l’ont connu, même brièvement, de retrouver l’homme derrière le savant et pour les autres de comprendre comment on peut conduire une vie de recherche sans cesse attachée à une ligne directrice claire. L’ensemble se termine par une bibliographie de F. Villard et la liste des auteurs.

 

 

Table des matières 

 

Introduction, p.  7

Première partie - François Villard, l’Occident méditerranéen et l’expansion grecque en Méditerranée, p.  13

Alain Pasquier, « François Villard conservateur », p.  15

Pierre Rouillard, « Les choix de François Villard », p. 19

Henri Tréziny, “François Villard et Marseille”, p.  25

Michel Gras, “François Villard à Mégara Hyblaea : un projet novateur”, p.  35

Paola Pelagatti, “François Villard, la céramique archaïque et la Sicile”, p.  47

Madeleine Cavalier, “François Villard et Lipari”, p.  41

Photini Zaphiropoulou, “François Villard dans les Cyclades : la localisation de la céramique géométrique et orientalisante”, p.  55

Roland Étienne, “François Villard historien de la céramique », p.  71

Jean-Christophe Sourisseau, “François Villard : céramique et colonisation”, p. 77

Jean-Paul More, « Une approche pionnière de la céramologie », p.  85

Anne-Marie Guimiers-Sorbets et Yvette Morizot, « François Villard, professeur à l’Université de Paris X-Nanterre : témoignages », p.  87

Deuxième partie – François Villard et ses travaux sur les collections, entre céramique et grande peinture, p.  87

Juliette de La Genière, « François Villard au Louvre », p.  91

Marianne Hamiaux, “François Villard et l’informatisation des collections du département des Antiquités grecques et romaines du musée du Louvre”, p.  95 Françoise Gaultier, « Le cratère du musée du Louvre CA 4717 : les échos de la grande peinture sur un vase étrusque à décor polychrome », p.  103

Agnès Rouveret, “François Villard et l’Univers des Formes : fragments d’une histoire de la peinture grecque”, p.  117

Anne Coulié, “François Villard et les vases du Dipylon », p.  139

François Lissarrague, “Travailler avec François Villard ; d’une réserve à l’autre”, p.  155

Dyfri Williams, “Villard and the Campana Collection ; Euphronios and Smikros”, p.  161

Marie-Christine Villanueva, “Des signatures sur les vases”, p.  191

 Hariklia Brécoulaki et Georges Kavvadias, “Les pyxides de marbre peintes : un autre aperçu sur la peinture classique”, p.  217

Claude Pouzadoux et Vincent Jolivet, “Éros dans tous ses états : de l’Étrurie à la Sicile”, p.  247

Bibliographie de François Villard, p.  271

Les auteurs, p.  278