| Laferrière, Pierre: La Bible Murale dans les sanctuaires coptes (IF-976)
Format: 27 x 35,5 cm
ISBN:978-2-7247-0473-0
Prix : 30 Euros (Institut français d’archéologie orientale du Caire [IFAO] 2008)
| Reseña de Jean-Michel Spieser, Université de Fribourg Número de palabras : 1409 palabras Publicado en línea el 2009-01-06 Citación: Reseñas HISTARA. Enlace: http://histara.sorbonne.fr/cr.php?cr=373 Enlace para pedir este libro Avant d’entrer dans le détail du contenu de ce livre, il convient
d’en marquer les limites. En effet, son titre recèle une certaine
ambiguïté. Un titre plus précis (ou un sous-titre si on avait voulu
garder un titre principal court) aurait pu ou même dû être
« Peintures des sanctuaires des églises coptes médiévales ».
Même si la plupart des scènes montrées ont un lien avec des textes
bibliques, leur sens premier ici n’est pas l’illustration de la
Bible ; d’autre part l’expression « La Bible murale »
fait penser pour le moins à une imagerie riche et abondante, alors que
ce sont des scènes relativement peu nombreuses qui sont peintes dans
les sanctuaires. On joue aussi sur l’ambiguïté du mot
« sanctuaire » qui en français peut désigner aussi bien une
église, un monastère, un complexe religieux qu’une partie bien précise,
la zone de l’autel, dans une église. Ce sont les sanctuaires dans ce
second sens dont il est question ici. Enfin, il me paraîtrait
important, pour le lecteur non averti – et pour l’acheteur éventuel –
qu’il apparaisse clairement que, dans ce volume, il n’est en rien
question des sanctuaires coptes particulièrement célèbres dans
l’histoire de la peinture copte ancienne, à savoir Baouît et Saqqara et
que ce sont des peintures plus tardives qui y sont présentées. En fait,
ce livre présente les dessins qui ont été faits, entre 1967 et 1999,
sous l’égide de l’Institut français d’archéologie orientale, dans un
certain nombre de monastères et d’églises coptes. Cette limitation est
bien sûr légitime et il est tout à fait bienvenu que ces dessins soient
publiés par l’un des dessinateurs qui a participé à ces missions. Mais
il aurait été souhaitable que le titre soit davantage en accord avec le
contenu.
Après une brève « Introduction » qui rappelle la genèse de ce
livre et qui en explicite le contenu, le matériel proprement dit est
divisé en deux grandes parties. La première présente les peintures des
« sanctuaires triconques », ceux des deux monastères de
Sohag, le monastère Blanc et le monastère Rouge. La seconde
partie est consacrée aux peintures présentes dans les sanctuaires de
dimensions plus restreintes qui se trouvent dans les autres monastères
qui ont fait l’objet de ces missions (deux monastères d’Esna, deux
églises du Vieux-Caire – la Mo’allaqa et Abou Seifein – quelques
monastères du Ouadi al-Natroun et, enfin, Saint-Antoine et Saint-Paul,
proches de la mer Rouge). Les deux parties sont structurées de manière
différente ; les deux grands sanctuaires triconques sont présentés
de manière séparée, l’un après l’autre. Les peintures des autres,
désignés par le terme de Haikal, sont regroupées de manière plus
synthétique, d’abord toutes les coupoles, puis les représentations des
« vingt-quatre prêtres », désignation donnée à ceux que l’on
appelle d’ordinaire les « vingt-quatre vieillards de
l’Apocalypse » (et qui est justifiée par le fait qu’ils sont
représentés jeunes et imberbes). Ces figures sont représentées en
particulier à la base de la coupole de chaque haikal. Les peintures des
absides sont décrites ensuite, puis les représentations de quelques
scènes à signification eucharistique (vision d’Isaïe – plus communément
appelée purification d’Isaïe, sacrifice d’Isaac, rencontre d’Abraham et
de Melchisédek, sacrifice de Jephté). La publication se termine par le
décor de l’arc d’entrée du sanctuaire. Seul Saint-Antoine d’ailleurs
conserve un décor à cet emplacement.
Ce parti-pris a été choisi, nous dit l’auteur, pour faciliter la
comparaison entre les scènes qui se répètent d’un monument à l’autre.
On peut comprendre ce point de vue. Il me semble néanmoins qu’il aurait
été plus logique de garder, pour cette série, la même présentation que
pour les deux grands sanctuaires. Cela aurait mis davantage en
valeur l’unité de chacun de ces monuments, mais aurait aussi permis de
mieux souligner les lacunes qui pourraient entraîner des incertitudes
sur le programme d’ensemble (par exemple, le décor de deux coupoles
seulement au-dessus de ces sanctuaires – chaque fois un Pantocrator –
est conservé) ou encore une comparaison entre ces programmes. Par
ailleurs, il ne me semble pas y avoir de différence essentielle entre
les « grands » et les « petits » sanctuaires, sauf,
précisément, leur taille, mais, fondamentalement, leur structure reste
la même au-delà des différences architecturales. Il suffit de comparer
le plan du sanctuaire du monastère Rouge, publié p. 32, et le plan de
l’église du monastère de Saint-Antoine (p. 35), pour voir que le
sanctuaire de cette dernière conserve les mêmes éléments principaux,
malgré l’absence des conques latérales.
Il faut être reconnaissant à l’IFAO d’avoir entrepris ces missions de
relevé graphique des peintures coptes médiévales dont l’état ne permet
pas toujours de reproduction photographique satisfaisante. Les
documents fournis dans ce volume complètent la documentation qui se
trouve déjà dans des publications existantes, essentiellement dues à J.
Leroy pour Esna et le Ouadi al-Natroun et à P. Van Moorsel pour les
monastères de Saint-Paul et de Saint-Antoine. Ce sont les deux savants
qui ont supervisé l’ensemble de ces missions. Le volume de P.
Laferrière ne peut pas tenir lieu de publication définitive pour les
monastères encore inédits. Ce n’était d’ailleurs pas le but du volume
et on ne saurait le lui reprocher. Mais, comme l’auteur s’en explique,
il lui a paru normal d’accompagner les dessins publiés de quelques
commentaires, plus ou moins développés suivant les monuments,
esquissant des interprétations, mais aussi précisant la description ou
donnant des indications sur les inscriptions. Pour celles-ci, l’auteur
renvoie toujours aux publications originelles et n’en fait pas de
nouvelle édition, ce qui est normal compte tenu de la nature du livre.
On notera encore dans la conclusion une récapitulation intéressante des
peintres qui ont laissé leurs noms dans ces sanctuaires.
Nécessairement, il n’a pas été possible de laisser complètement
l’interprétation iconographique de côté, tant il est vrai qu’on ne peut
guère séparer ces deux niveaux. Ces commentaires appellent quelques
remarques. En particulier, il me paraît nécessaire de rappeler que les
peintures coptes doivent être replacées dans un cadre plus large. Même
si le décor des absides de Baouît et de Saqqara présente des traits
originaux, leur signification d’ensemble les rapproche du décor de
l’ensemble des sanctuaires paléochrétiens. Les ensembles plus tardifs
qui sont présentés dans ce volume, dépendent par contre des précédents
régionaux pour des raisons qui se laissent approcher assez facilement
et n’ont pas suivi l’évolution du système décoratif des églises
byzantines.
Plus généralement, on ne peut s’empêcher de relever au passage quelques
approximations qui sont souvent dues à l’utilisation d’un vocabulaire
un peu daté pour des faits ou des idées que la recherche plus récente
nuance ou nomme un peu autrement. Je voudrais signaler quelques-uns de
ces points pour attirer l’attention des lecteurs non spécialistes de
l’iconographie paléochrétienne, sans que ces remarques ne cherchent à
diminuer l’intérêt du livre qui, faut-il le rappeler encore une fois,
ne cherche pas à être une somme iconographique pour les représentations
qui y sont reproduites. Si le terme « théophanie » est un
terme générique qui convient bien aux images du Christ trônant dans ces
absides, il conviendrait de signaler que, même si la discussion n’est
pas close, on tend à penser que cette image symbolise la présence
divine et qu’elle est plutôt une image du royaume éternel de Dieu
qu’une image à proprement parler eschatologique. Pour les quatre Êtres
ailés présents dans ces représentations, on invoquera plutôt, pour leur
origine, la vision d’Ézéchiel que l’Apocalypse de saint Jean (cf. p. 12
où l’auteur, tout en renvoyant aussi aux livres prophétiques et à la
liturgie copte qui les mentionne comme « portant le trône de
Dieu », les appelle les « Quatre Animaux de
l’Apocalypse »). Notons aussi que le rapport entre ces Quatre
Êtres et les Évangélistes est un peu plus compliqué qu’on ne le dit en
général (cf. Irénée, Contre les Hérétiques III, 11, 8 -SC t. 34, p
.195). Je ne suis pas sûr non plus que l’on dirait toujours que le
Christ dans la mandorle est l’héritier de l’imago clipeata romaine.
L’idée que la Croix triomphale est représentée uniquement ou
essentiellement pour éviter l’image du Crucifié est aussi à nuancer
(cf. p. 16-17). Pour la Vierge allaitante (p. 26), on peut renvoyer
maintenant à E. S. Bolman, The enigmatic coptic Galaktotrophousa, in
Images of the Mother of God. Perceptions of the Theotokos in Byzantium,
ed. M. Vassilaki, Aldershot 2004, p. 13-22. Quelques remarques peuvent
aussi être faites sur le décor des absides des haikal. Dans l’abside du
monastère de Saint-Antoine, le registre inférieur où la Vierge est
entourée de deux archanges ne dérive pas nécessairement des
compositions à deux registres de Baouît. Un rapprochement pourrait se
faire avec les deux images superposées à Saint-Paul (voir p. 57 et fig.
32 et 33) ou encore avec l’abside sud de l’église nord d’Esna (pl. XX).
Pour les compositions qui reprennent les deux registres bien attestés à
Baouît, il est peut-être dommage de les désigner dans les légendes des
planches par le simple terme d’Ascension, alors que, p. 58, l’attention
est bien attirée sur les difficultés de cette interprétation (la
bibliographie à ce sujet est plus riche que l’article d’Engemann cité
en note).
Ces quelques remarques, que j’appellerais complémentaires plus que
critiques, ne visent qu’à donner à un lecteur non spécialiste quelques
pistes supplémentaires pour approfondir la recherche. Il faut remercier
l’IFAO, et en particulier l’auteur qui, s’il reste discret sur sa
participation personnelle à l’établissement de la documentation, y a
certainement joué un rôle essentiel, ayant sans doute participé à
toutes ou presque toutes les campagnes qui ont permis de la réunir.
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