Gabolde, Luc (éd.): Hommages à Jean-Claude Goyon, BiEtud 143 (IF-981)
Format: 20 x 27,5
ISBN: 978-2-7247-0478-5
Prix : 40 Euros
(Institut français d’archéologie orientale du Caire [IFAO] 2008)
 
Compte rendu par Caroline Dorion-Peyronnet, Musée départemental des antiquités de Rouen
 
Nombre de mots : 6661 mots
Publié en ligne le 2009-09-28
Citation: Histara les comptes rendus (ISSN 2100-0700).
Lien: http://histara.sorbonne.fr/cr.php?cr=374
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La série de la BdE (Bibliothèque d’Études), éditée par l’IFAO (Institut Français d’Archéologie orientale), présente dans son numéro 143 un recueil d’ « hommages à Jean-Claude Goyon » (Professeur émérite des Universités) pour ses 70 ans (en 2008). Les différentes contributions sont réunies et éditées sous la direction de Luc Gabolde, ancien étudiant et collègue de Jean-Claude Goyon à Lyon : en quelque sorte l’hommage de l’élève à son maître. 40 ans de la vie du maître furent consacrés à l’égyptologie, à la recherche et à l’enseignement de cette discipline. 41 auteurs (élèves, collègues et amis) dans 40 articles lui rendent hommage. À cause de la variété de ses intérêts scientifiques et du nombre de ces amis, l’ouvrage propose un ensemble très diversifié de contributions qui font écho de façon plus ou moins lointaine aux travaux du professeur Goyon. C’est sans doute aussi pour cette raison que l’ordre alphabétique des auteurs a été privilégié dans la présentation des articles ; si certains regroupements thématiques sont évidents (rituels, Karnak, magie), une grande majorité des contributions sont « inclassables ».

 

L’ouvrage s’ouvre sur une préface de l’éditeur qui rend compte en quelques lignes du parcours de Jean-Claude Goyon, de ses premières recherches consacrées aux rituels à ses années de fouilles égyptiennes. L’avant-propos est consacré aux remerciements, adressés à l’ensemble des personnes qui ont collaboré à l’ouvrage.

 

L’ouverture, logique et traditionnelle, des Hommages est de consacrer les premières pages à la biographie et à la bibliographie (qui se veut exhaustive jusqu’en 2007) du chercheur honoré. Cet ensemble a le mérite de présenter le travail scientifique de Jean-Claude Goyon dont la durée, la variété et la richesse expliquent la diversité des contributions, qui relèvent aussi bien de la philologie, de l’épigraphie, de l’archéologie, de l’historiographie que de l’histoire ou de l’histoire de l’art.

La bibliographie est dressée à partir des données fournies par Jean-Claude Goyon entre 1966 (date de la publication de son premier ouvrage dans la BdE 42) et 2007, soit quelque 191 contributions à la recherche (ouvrages, articles ou comptes rendus) organisées chronologiquement, année par année. Le classement thématique aurait aussi pu être adopté : il aurait manifesté beaucoup plus clairement la diversité et la richesse des axes de recherches privilégiés par Jean-Claude Goyon. En outre, l’organisation thématique facilite la recherche documentaire et dans une édition « papier », cette seconde approche aurait complété utilement le classement chronologique. Enfin, il faut mettre au crédit de Jean-Claude Goyon le catalogue, paru en octobre 2007, de l’exposition L’Égypte antique à travers la collection de l’Institut d’égyptologie Victor-Loret qui s’est tenue à Lyon, au Musée des Beaux-arts d’octobre 2007 à janvier 2008. Le dépôt de cette collection au Musée des Beaux-arts fut initié et achevé par Jean-Claude Goyon (voir Véronique Gay, « La collection de l’Institut d’égyptologie Victor Loret au Musée des Beaux-arts de Lyon », p. 207).

 

- El-Aguizi Ola, « Une stèle funéraire de l’époque tardive à Saqqâra »

L’auteur édite une stèle funéraire tardive, mise au jour par la faculté d’archéologie égyptienne lors de fouilles au sud de la chaussée couverte de la pyramide du roi Ounas (dernier roi de la Ve dynastie, vers 2380 – 2350 av. J.-C.).

Cette contribution respecte les normes de l’édition : la description de la stèle (composition générale et scène représentée dans le cintre), la translitération, la traduction et le commentaire philologique du texte et le commentaire général sur la stèle.

Dans la description de la scène du cintre, elle translitère et traduit les légendes, en notant, sans l’écrire explicitement, que le nom de la mère est écrit de façon rétrograde (le texte ne se lit pas dans le sens des signes comme c’est normalement le cas) et que le texte se lit suivant le principe du boustrophédon ; elle ne donne cependant pas d’explication pour ces spécificités (Sur l’écriture rétrograde, voir par exemple La magie en Égypte : à la recherche d’une définition. Actes du colloque organisé au Musée du Louvre les 29 et 30 Septembre 2000, Paris 2002 ; sur la lecture des images en boustrophédon, voir notamment V. Angenot, « La vectorialité de la scène des travaux des champs chez Mererouka. Étude sur le sens de lecture des parois des mastabas des l’Ancien Empire », GM 176, 2000, p. 5-23). Dans ce cas, l’écriture rétrograde et la lecture en boustrophédon permettent d’orienter les signes dans le même sens que le défunt en prière. Elle signale également quelques signes « inversés » qui seraient une forme d’archaïsme prisée à la XXVIe dynastie notamment.

Par ailleurs, concernant le nom de la mère du défunt, l’auteur translittère et traduit : &A-dj-nfr-jr.(t).f (?). Cependant, la qualité des trois photographies couleurs illustrant l’article, nous permet de distinguer nettement le signe   p (Q3), ce qui donne comme translitération &A-dj-p(A)-nfr-jr.(t).f ( ?). Ce nom, comme celui traduit par l’auteur, n’est pas attesté dans le Dictionnaire des anthroponymes de Ranke. En revanche, le radical &A-dj-p(A)- existe (PN I, 373, 4-11), tout comme celui de &A-dj-nfr-.

Dans le commentaire général de la stèle, elle explicite de façon convaincante l’emploi mêlé du rouge et du bleu pour colorer les hiéroglyphes. Enfin, elle établit une liste de critères (au nombre de 5) qui justifie l’appartenance de cette stèle au style memphite de l’époque tardive ; elle la date par comparaison de la XXXe dynastie.

 

- Altenmüller Hartwig, Ein Skarabäus mit Seligpreisung aus einer Hamburger Privatsammlung

L’auteur étudie un scarabée provenant d’une collection privée d’Hambourg et inscrit d’une formule qui souligne une relation personnelle entre le porteur et la divinité (ce type de formule apparaît à partir du Nouvel Empire). La formule inscrite sous le scarabée d’Hambourg est :   Ax Sms Jmn.

L’auteur revient sur la question de la traduction pour opter en définitive pour : « Est heureux qui suit Amon ! »

L ‘auteur étudie ensuite le statut et la forme de cette formule au sein du corpus plus large des formules dites de « piété personnelle ». L’auteur constate qu’elle est inhabituelle, la formule traditionnelle étant simplement Ax Sms nTr. Ensuite, il évoque ce type de sentences dans le cadre général de la « piété personnelle », puis la classification de la sentence du scarabée d’Hambourg. Enfin, il revient sur la datation du scarabée d’après la typologie (notamment des élytres) ; il pourrait être daté dans un intervalle de temps allant de la XVIIIe dynastie à la Troisième période intermédiaire (environ 1550 – 664 av. J.-C.), mais la graphie spécifique du nom d’Amon avec l’obélisque (O25) n’apparaît qu’à partir de la Troisième période intermédiaire. Il est ainsi daté entre 1000 et 800 av. J.-C.

 

- Azim Michel, 1860, une année sombre pour les monuments de Karnak

L’auteur, en se basant sur l’étude de photographies anciennes et de documents d’archives, démontre comment Mariette a volontairement falsifié les dégradations survenues tout le long de l’axe central en les plaçant durant l’année 1865. Mariette a été, sans doute, contraint de déguiser une triste réalité et d’occulter l’action d’agents du pouvoir qui à la demande du Vice-roi ont « nettoyé » l’axe central du temple : le Vice-roi voulait célébrer son anniversaire dans le temple d’Amon, ce qu’il ne fit pas.

 

- Carlotti Jean-François, Le mur fantôme de la « cour de la Cachette » du temple d’Amon-Rê à Karnak

L’auteur s’interroge sur le « mur fantôme » de la « cour de la Cachette » dont les tracés de pose sont bien visibles sur le parement ouest du mur oriental de la cour ; il évoque les questions relatives à sa construction, à sa démolition et à son rôle.

La démonstration de l’auteur s’appuie, d’une part, sur le mobilier repéré aux abords immédiats de la « cour de la cachette » - des éléments en grès inscrit au nom de l’Amon de Pérounefer par Aménophis II et des éléments en calcite – et, d’autre part, sur les sources textuelles, dont les textes d’Aménophis II inscrits sur les colonnes de la Ouadjyt sud, qui évoquent notamment deux chapelles placées de part et d’autre de quelque chose. À partir de ces éléments, l’auteur propose de localiser les deux chapelles d’Aménophis II dans la « cour de la Cachette », contre le petit pylône sud de Thoutmosis II et le « mur fantôme ». Ce dernier servait d’appui à la chapelle en calcite d’Aménophis II (utilisée en remploi dans le 3e pylône édifié sous Aménophis III et remontée aujourd’hui dans le musée en plein air de Karnak) et à une chapelle en grès dédiée à l’Amon de Pérounefer.

 

- Chappaz Jean-Luc, Quand les oushebtis se croisent les bras. Variantes et variances de la Troisième période intermédiaire

Jean-Luc Chappaz étudie un serviteur funéraire (ouchebti), conservé au Musée d’art et d’histoire de Genève sous le numéro d’inventaire MAH A 1998-64. Dans une longue introduction, l’auteur revient sur « ’habitude » en égyptologie qui consiste à associer le chapitre vi du Livre des morts aux serviteurs funéraires. Or, la démonstration est claire, cette association n’est absolument pas automatique et les inscriptions reportées sur ces statuettes sont en réalité d’une infinie richesse. En témoigne l’exemplaire étudié ici, qui est une variante assez rare, élaborée au cours de la Troisième période intermédiaire. Des critères typologiques et techniques permettent de le dater de la xxiie dynastie. L’auteur étudie ensuite l’inscription peinte en noir (4 colonnes sur le pourtour de la statuette), qu’il traduit et commente : elle se compose de la formule Dd-mdw jn, suivie des titres et nom du défunt (Ns(y)-Nfr-tm ou Sd-s(w)-Nfr-tm) et du texte du chapitre v du Livre des morts. À noter toutefois l’ellipse du signe   mdw dans la séquence   Dd-mdw jn, « Paroles à prononcer par … ». La fonction attribuée à ces serviteurs, par l’emploi du chapitre v, est alors radicalement différente, puisque, dès la XXIe dynastie, quelques documents présentent ces serviteurs comme des « esclaves ». Or, le chapitre v dispense son possesseur du travail dans l’Au-delà, car il est « celui qui cherche l’inerte ». Néanmoins, aux époques tardives, on peut retrouver les deux chapitres dans un même Livre des morts (par exemple : Livre des morts de Néferiou, Fragment A3, Musée Champollion-Les écritures du monde, Figeac). L’auteur conclut sur les autres « formules dissidentes » inscrites sur les serviteurs funéraires de la Troisième période intermédiaire et de la Basse Époque.

 

- Chermette Michèle, Un coffret à ouchebtis découvert dans la tombe de Tjanouenany à Thèbes Oues

L’auteur publie un petit coffret à serviteurs funéraires, mis au jour lors des fouilles de la tombe TT 134 de Tjanouenany par une mission lyonnaise placée sous la direction de Jean-Claude Goyon. L’étude typologique et épigraphique du coffret le rattache à l’époque de la réutilisation de cette sépulture lors de la XXVe dynastie, tout comme les autres éléments du mobilier funéraire évoqués rapidement.

 

- Chrysikopoulos Vassilis I., Contribution à l’étude de l’histoire de l’égyptologie : Tassos Néroutos et la genèse de l’égyptologie en Grèce ; Nikolaos Boufides et la collection d’antiquités égyptiennes du Musée national d’archéologie d’Athènes

Cette contribution historiographique, comme son titre l’indique, fait le point sur l’apport de T. Néroutos et de N. Boufides à l’histoire de l’égyptologie. Ce travail s’inscrit dans un projet plus vaste intitulé « Deux siècles de présence et de contribution hellénique à l’égyptologie : 1801-1988 ». L’auteur évoque notamment un ouvrage écrit en grec en 1873, concernant Les Fouilles et découvertes archéologiques exposées en sommaire (entre 1850 et 1873). On apprend également que la petite Triade d’Osorkon II (Musée du Louvre, E 6204), que commente T. Néroustos, appartenait à I. Demetrious (qui donna sa collection d’antiquités égyptiennes au plus tard en 1880 à la Société archéologique d’Athènes) et qu’elle venait du temple d’Amon-Rê à Thèbes.

 

- Czerny Ernst, Remarques sur un hymne à Min-Amon et sur un bloc méconnu de Coptos

L’auteur ajoute au corpus des textes relatifs à l’hymne de « Min-Amon, seigneur de la chapelle – zHnt », un bloc de Coptos, copié par Fl. Petrie, mais dont on ignore la localisation aujourd’hui. Ernst Czerny translittère, traduit et fait le commentaire philologique des 5 colonnes du fragment concerné, le texte de l’hymne ne commençant qu’à la 4e colonne. L’étude comparative montre une relation de réciprocité avec le texte conservé à Edfou (Ptolémée iv).

 

- Devauchelle Didier, Quelques notes à propos d’un sarcophage ptolémaïque (Musée de Marseille inv.267)

Dans cette contribution, l’auteur revient sur un monument particulier : un sarcophage ptolémaïque au nom de Petousir (ou PA-dj-Wsjr), fils de Pesed(j). Conservé à Marseille (inv. 267), il est encore largement inédit, même s’il fait régulièrement l’objet de l’attention des spécialistes de la prosopographie ptolémaïque. À partir de l’étude prosopographique, l’auteur revient sur l’origine de ce sarcophage (traditionnellement Saqqara, mais, selon l’auteur, Abydos, puis Akhmim) et les titres du second propriétaire (Petousir).

Dans la note 14, l’auteur souligne qu’il faut éviter d’associer les sarcophages de Marseille (inv. 266 et inv. 267) et ceux du Louvre (D 39 et D 40), car, s’ils proviennent bien de la même collection (Clot Bey), ils n’ont pas été acquis en même temps. Cependant, lors d’une intervention au Musée du Louvre, dans le cadre de l’œuvre en scène consacrée au « Sarcophage (D 39) de la dame Tanethep (Égypte, IVe siècle av. J.-C.) » le jeudi 3 juin 2009, Marc Etienne, conservateur en chef du Département des Antiquités égyptiennes, a démontré que les sarcophages D 39, D 40 et inv. 266 peuvent bien être rapprochés. En effet, la mère de Dioskouridès (D 40) : &A-dj-Wsjr / Jj-m-Htp a réutilisé le sarcophage de Tanethep (D.39), sarcophage que le fils a fait copié pour lui-même (D 40), mais aussi pour son frère anx-Hp, propriétaire du sarcophage inv. 266 (Marseille).

 

- Drew-Bear Marie, Arsinoé II Philadelphe : le passage du trône à l’autel selon les sources égyptiennes

L’auteur évoque, à partir des sources égyptiennes, le processus de divinisation de la reine Arsinoé II Philadelphe. Elle revient sur le port par cette reine des deux uraei, attributs de grandes épouses royales comme Tiyi, Nefertiti et Nefertari qui sortaient de l’ordinaire et « partageaient » le pouvoir avec le souverain. L’auteur évoque un édit de Ptolémée III (en plusieurs fragments, dont un est entré dans la collection du Musée Champollion – Les écritures du monde, Figeac, lors d’une vente publique aux enchères en Novembre 2006) ; son contenu a, selon elle, servit de modèle à l’apothéose d’Arsinoé II Philadelphe.

 

- Dupont Pierre, Amphores grecques archaïques de Gurna. Note additionnelle

À la lumière de travaux récents, l’auteur apporte des corrections à l’attribution de certaines amphores découvertes dans le temple funéraire de Séthi Ier à Gurna. Deux types, dits « samien » et « protothasien », étaient attribués à des ateliers de fabrication de l’Egée septentrionale, il conviendrait aujourd’hui de les attribuer à l’Ionie du Nord.

 

- Emerit Sibylle, Une représentation de harpe dans la scène de marché de la chaussée d’Ounas

Sybille Emerit identifie la représentation d’une harpe dans la « scène de marché » de la chaussée montante du complexe funéraire du roi Ounas (dernier roi de la Ve dynastie, vers 2380 – 2350 av. J.-C.). À partir de nombreux parallèles iconographiques, elle revient sur l’identification de l’instrument, puis sur la représentation elle-même, exceptionnelle sur un monument royal et inédite parmi les 11 scènes de marché de l’Ancien Empire actuellement connues. Enfin, elle présente un état de la question concernant la représentation d’instruments de musique dans les scènes de marché comme monnaie d’échange. Au-delà, et pour conclure, l’auteur pose des questions plus larges concernant les fabricants d’instruments et le statut des musiciens en Égypte ancienne. Ces dernières questions, simplement posées, ont été abordées par l’auteur dans son intervention à la Table ronde internationale (Lyon, juillet 2008), consacrée au « statut du musicien dans la Méditerranée ancienne : Égypte, Mésopotamie, Grèce, Rome », sous le titre : « L’évolution du statut du “chef des chanteurs” (imy-ra hesou) entre l’Ancien Empire et la période gréco-romaine »

 

- Fazzini Richard, O’Rourke Paul, Aspects of the Temple’s contra-temple at south Karnak, Part I

Dans cette contribution, les auteurs exposent les conclusions récentes obtenues suite aux fouilles du Brooklyn Museum sur « la petite chapelle appuyée contre l’arrière du temple de Mout à Karnak ». Autrefois datée de l’époque ptolémaïque, la construction de ce petit édifice peut être aujourd’hui attribuée avec certitude au quatrième prophète d’Amon, Moutouhemat, sous la XXVIe dynastie.

 

- Feder Frank, Die Verschiedenen Redaktionen des « Rituals des Herausbringens von Sokar aus dem Shetait-Sanktuar »

L’auteur revient sur le « Cérémonial pour faire sortir Sokaris du Sanctuaire-Chetaït » qui appartient à la littérature tardive. Il dresse en premier lieu le corpus des papyrus tardifs mentionnant le rituel. Il aborde ensuite son contexte, à savoir celui des temples et des tombes. Concernant les versions sur papyrus tardives, il étudie la structure interne et les variantes (contenu et graphies) du texte en les relevant. Suite à cette étude, il peut regrouper les textes témoins : un groupe A qui serait une rédaction thébaine du IIIe s. av. J.-C (pBerlin 3057 ; pLouvre N 3079 ; pCaire JE 97249,15 ; pAsasif ainsi que probablement pLouvre N 3129) ; un groupe B : une rédaction peut-être plus ancienne, mais avec une diffusion interrégionale (Thèbes, Meir) avec les papyrus pBM 10188 (Bremner-Rhind) ; pMMA 35.9.21 ; pBM 10252 et enfin « les autres textes » (pLouvre N 3135, pPrinceton GD 974 ; pCarlsberg 656).

 

- Gabolde Luc, Une statuette thébaine aux noms de Pépi Ier et d’ « Amon-Rê maître de la ville de Thèbes » (BM EA 58366)

L’auteur revient sur un petit monument (BM EA 58366, égaré depuis 1885) qui a alimenté une controverse entre F. Dumas et D. Wildung au sujet de l’antiquité des temples de Karnak.

Il présente la bibliographie de l’objet, sa provenance et son histoire récente avant de passer à sa description et à la question centrale de sa datation. Pour cela, il reprend d’une part les indices internes (graphies, matériau, absence de martelage amarnien, représentation incisée latérale sur le dosseret de la jambe gauche) et d’autre part les indices dit externes. Ceux-ci concernent d’abord les fouilles récentes à Karnak qui n’ont pas mis au jour le moindre élément de l’Ancien Empire, puis les monuments mémoriaux découverts à Karnak et enfin l’absence du nom d’Amon sur l’ensemble du site de Thèbes à l’Ancien Empire.

En conclusion de cette convaincante démonstration, l’auteur considère que cette statuette est « une amulette votive représentant Amon. Remontant à une époque relativement tardive (XXIIe – XXXe dynasties) par son matériau et les particularités graphiques qu’elle porte, elle livre ainsi une mention posthume de Pépi Ier. »

 

- Gabolde Marc, Des travailleurs en vadrouille

L’auteur fait l’analyse philologique (traduction, notes de traduction et commentaire général) de deux textes : le papyrus Caire 58091 et l’ostracon Michaelides n° 15 évoquant les cas d’ouvriers éparpillés qu’il convient de ramener sur leur lieu de travail. Bien que les deux documents ne soient pas contemporains et traitent d’affaires différentes, ils s’éclairent l’un l’autre.

 

- Gasse Annie, Crocodiles et revenants

Annie Gasse présente une amulette passée en vente publique : une petite plaquette « de faïence vert pâle regroupant sept crocodiles disposés côte à côte, la tête levée et la queue recourbée vers la droite ». Elle dresse un petit catalogue (non exhaustif) des pièces de ce type présentes dans les collections publiques avant de revenir sur la symbolique d’une part du crocodile en Égypte ancienne, et d’autre part du chiffre 7. Elle met ensuite cette petite amulette en relation avec le papyrus amulette de Moutemheb (XXe dynastie, Deir El-Medineh, Louvre E 32308). L’auteur conclut que les 7 crocodiles sont là pour protéger les 7 « orifices naturels » du porteur de l’amulette, par où les démons (ou esprits) nsy.t, les morts dangereux (mwt) et les esprits malfaisants (DAy.w) peuvent entrer dans le corps.

 

- Gay Véronique, La collection de l’institut d’égyptologie Victor-Loret au Musée des Beaux-Arts de Lyon

Dans cette contribution, l’auteur retrace l’historique de la constitution de la collection de l’Institut d’égyptologie Victor Loret, ainsi que la question de l’identification de certaines pièces provenant du don de François Maspero, petit-fils de Gaston, au moyen de la correspondance de Gaston Maspero avec sa seconde femme Louise (E. David, Gaston Maspero, lettres d’Égypte, correspondance avec Louise Maspero, 1883 – 1914, Paris, 2003) récemment publiée.

 

- Germond Philippe, En marge du décor des tombes thébaines du Nouvel Empire. Quelques exemples du jeu symbolique des marqueurs imagés de la renaissance

L’auteur s’intéresse à la charge symbolique des images égyptiennes, comme complément essentiel aux textes. Pour expliciter son propos, il s’appuie sur l’exemple de la « scène de chasse et de pêche dans les marais » de la tombe de Menna (TT 69, Cheikh Abd-El-Gourna, XVIIIe dynastie, Thoumosis iv – Aménophis iii) ; ainsi il mets en évidence les « marqueurs imagés de la renaissance » : le papyrus, le lots bleu, la vigne, le canard pilet, le Lates niloticus et le Tilapia nilotica, ainsi que certains éléments caractéristiques de la sphère humaine, notamment féminine, comme la présence de l’épouse portant lotus, perruque et cône parfumé, les enfants du couple.

 

- Golvin Jean-Claude, Le temple n° 8 de Sabratha : Iseum ou Serapeum ? Restitution architecturale, identification, datation

Sortant de l’Égypte, l’auteur analyse le temple 8 de Sabratha (en Tripolitaine), un temple dédié à une divinité égyptienne : Isis ou Sérapis. Il ne présente pas la synthèse des différents travaux et études entrepris, mais s’intéresse exclusivement à la problématique de sa restitution architecturale et à l’exploitation de certains détails « techniques » pour revenir sur la question de sa datation et de son identification. Pour l’auteur, le temple a été édifié au Ier siècle, sans doute sous Vespasien et était consacré principalement à Sérapis.

 

- Haikal Fayza, An unusual Ostracon from the Beit el-Kreteleya Museum

L’auteur présente un ostracon de forme inhabituelle, conservé dans la collection du Musée Beit el-Kreteleya et ayant appartenu à la collection Gayer-Anderson.

Cet ostraca a la forme d’une main droite sur laquelle a été justement dessinée une main droite, et sur chaque doigt une ligne de texte en hiéroglyphe cursif mêlé à du hiératique.

Sur la « paume » de la main, on trouve une représentation d’Amon-Min-Kamoutef regardant à gauche, associé à une colonne de texte. Au recto, une invocation à Amon pour obtenir aide et protection rédigée par (pour) le scribe Qen-Amon « juste de voix »

 

- Hawass Zahi, Giza GSE 1937 : A Seated Statue of an Unknown Man and an Unfinished Double Statue (Unique Statues Discovered at Giza VII)

Zahi Hawass présente le résultat des fouilles entreprises depuis 1990 sur les nécropoles des ouvriers des pyramides. Il présente plus spécifiquement la tombe GSE (Giza Southeast) 1937 et le mobilier mis au jour, notamment deux statues, l’une, anépigraphe, d’un homme assis sur un tabouret et l’autre, une dyade inachevée.

 

- Leblanc Christian, « Labet el-al » ou « bawawah » : un jeu d’adresse égyptien, vieux de plusieurs millénaires

Christian Leblanc, dans cet article, souligne l’importance des « permanences culturelles » souvent négligées en égyptologie. Dans le cas présent, cette comparaison est particulièrement efficace, puisqu’elle permet d’interpréter des découvertes faites dans l’école du Ramesseum : soit quatorze exemplaires d’un jeu de bille encore attesté de nos jours (le bawawah).

 

- Leoben Christian E., Ein « Riesen-Luxus-Zaubermesser » - Vielleicht von Köning Hatchepsut ? – sowie zwei weitere mit ägyptischer Magie Assoziierte Objekte im Kestner-Museum Hannover

L’auteur présente trois objets magiques égyptiens, provenant de la collection de Friedrich Von Bissing et conservées au Musée Kestner de Hanovre. Ce sont : un grand « couteau magique » en grauwacke, décoré de tête de chacal et ayant pu appartenir à la reine Hatchepsout (un cartouche royal ayant été soigneusement effacé) (1935.200.152) ; un élément de « bâton magique » ( ?, 1949.350) en stéatite non glaçurée ; et un étui à khôl en serpentine, en forme de pylône (1935.200.485).

 

- Maruéjol Florence, Un chaouabti de la reine Hatchepsout au Musée d’Aquitaine de Bordeaux

Florence Maruéjol présente un serviteur funéraire au nom de la reine Hatchepsout, conservé au Musée d’Aquitaine de Bordeaux et ayant appartenu à la collection du Dr Jean-Ernest Godard. Elle décrit l’objet et étudie un serviteur « jumeau », conservé aux Pays-Bas (Museum Meermanno-Westreenianum, inv. 79/130) ; elle discute ensuite de la provenance du serviteur funéraire, du trousseau funéraire de la reine et de la question de sa proscription.

 

- Mathieu Bernard, La taille de Pharaon (à propos de Diodore, I, 44, 4)

L’auteur, à partir d’une citation de Diodore de Sicile (Bibliothèque Historique I, 44, 4), revient sur une des trois données normalement enregistrées, concernant le règne du pharaon : la taille, le caractère et les principales réalisations. Bernard Mathieu s’intéresse à la taille. Après avoir évoqué les quelques sources disponibles sur la taille du roi, il signale que les données sont compilées à la mort du souverain mais il souhaite surtout attirer l’attention du lecteur sur ces données chiffrées d’une grande précision. Cette petite enquête montre un lent processus de « dégradation » au fil des générations des premiers règnes divins aux pharaons héroïques. L’auteur s’interroge sur l’affirmation de ses tailles à l’époque ptolémaïque et la met en parallèle avec l’influence possible du mythe d’Hésiode (Les travaux et les jours).

 

- De Meulenaere Herman, Derechef Pétamenophis

L’auteur entreprend une enquête prosopographique concernant quelques statues (Berlin 23728, Le Caire CG 1202, Le Caire CG 48615, Le Caire CG 48620, Le Caire JE 37361) du « prêtre-lecteur en chef » Pétamenophis, afin d’apporter quelques réflexions au débat égyptologique concernant la période d’activité de ce haut fonctionnaire qui vécut entre la fin de la XXVe dynastie (R. Anthès ; U. Rössler-Köhler) et le milieu du règne de Psammétique ier (XXVIe dynastie – M. Bietak, K. Jansen-Winkeln). Les indices soutiennent dans la majorité des cas la seconde hypothèse : Pétamenophis aurait exercé ses activités sous Psammétique Ier.

 

- Nelson Monique, À propos de la « Reine blanche »

Monique Nelson revient sur un document découvert au Ramesseum par Flinders Petrie en 1896 : « La Reine blanche » (Le Caire, JE 31413), identifiée comme étant Merytamon, fille de Néfertari et Ramsès II, depuis la découverte en 1981 d’une statue monumentale de cette princesse (et grande épouse royale) dans le temple de Min à Akhmim. Il convenait donc de fouiller ladite « chapelle de la Reine blanche » pour voir si elle avait un quelconque rapport avec Merytamon. Les fouilles menées montrent qu’il ne s’agissait pas d’une chapelle tripartite, mais de deux bâtiments jumeaux précédés d’une vaste cour ouverte à l’est. En outre, les estampilles relevées sur les briques sont au nom de couronnement d’Aménophis IV : Nefer-Kheperou-Rê Wa-en-Rê. Le monument semble avoir été, à une époque postérieure, une zone de nombreux débitages. Il devait s’agir initialement d’un bâtiment administratif.

 

- Nivet-Sambin Chantal, A Médamoud le temple du Moyen Empire était orienté vers le Nil

Dans ces quelques lignes, l’auteur publie certains documents inédits, laissés par les savants qui fouillèrent le temple de Montou à Médamoud : F. Bisson de la Roque de 1925 à 1933 et Cl. Robichon et A. Varille jusqu’en 1939.

 

- Postel Lilian, Une nouvelle mention des campagnes de Montouhotep II à Karnak

L’auteur publie un fragment d’inscription conservé dans le magasin dit du Cheikh Labib à Karnak (inv. 92CL1876), dont la présence du toponyme Ouaouat (Nubie) et la phraséologie sont caractéristiques des « Könignovelle » et de l’évocation des campagnes militaires en Nubie d’un souverain de la XIe dynastie (d’après l’épigraphie). L’auteur étudie le fragment - description, relevé, translitération, traduction et commentaires -, évoque les questions de sa datation en se basant sur l’étude épigraphique et paléographique du document, de sa localisation au sein des constructions édifiées par Montouhotep II à Karnak, et des campagnes nubiennes de Montouhotep II.

 

- Roccati Alessandro, Le temps différé dans les récits égyptiens (note letterarie iv)

Après avoir brièvement exposé la question du temps différé dans la littérature égyptienne, l’auteur revient sur Le conte du paysan (dit aussi Le paysan éloquent ou L’oasien), rédigé à la XIIe dynastie (comme Le Conte de Sinouhé). L’auteur tente d’expliquer la mention du roi Nebkaourê, inconnu par ailleurs. Il propose d’y voir un « roi-sobriquet », représentant d’une époque obscurantiste et destiné à souligner le passage entre deux ères : « celle de l’oralité à celle de la textualisation » marquée par le développement de l’écriture.

 

- Rondot Vincent, Les deux gardiens et le crépuscule des temples, Berlin Ägyptisches Museum inv. 20917

L’auteur présente une hypothèse quant à l’identification des personnages représentés sur le relief Berlin 20917, fragment détruit pendant la guerre, mais connu grâce une photographie d ‘archives récemment publiée. L’auteur, suite à l’analyse iconographique, propose d’y voir les deux dieux « militaires » Hèrôn et Lycurgue. Il date la stèle du milieu du IIe siècle après J.-C. et propose une origine thébaine. Enfin, l’auteur conclut à l’originalité de la « démarche artistique » qui fait que le motif (arrivé en Égypte déjà hellénisé) a été adapté aux canons pharaoniques, ce qui n’est jamais le cas pour l’Égypte à l’Epoque romaine.

 

- Simon-Boidot Claire, Encore une révision de l’ostracon BM 41228 et sa représentation de reposoir de barque !

Après un bref état de l’art concernant l’interprétation de l’ostracon BM 41228 représentant le plan d’un reposoir de barque, l’auteur rétablit les cotes (27 x 17 coudées). L’ostracon pourrait être le dessin « préparatoire » d’un reposoir de barque ruiné (et jamais publié), mentionné par Winlock lors de ses fouilles sur le site de Deir el-Bahari. En outre, si les dimensions relevées sur le terrain correspondent approximativement à celle de l’ostracon, celui-ci a été mis au jour sur le site de Deir-el Bahari, dans les couches du Moyen Empire ; l’écriture hiératique le rattache à la XVIIIe dynastie, aux règnes d’Hatchepsout et de Thoutmosis III. Enfin, l’auteur revient de façon empirique sur certains procédés de constructions de ce type d’édifice, notamment l’usage de cordes étalonnées.

 

- Thiers Christophe, Ouadjyt et le lac du Saule (Tôd, n° 322, 3-4).

L’auteur, à partir de l’étude de la monographie n° 322 (mur nord, paroi ouest, salle des offrandes) du temple de Tôd, revient sur un aspect particulier de la théologie locale. Le texte évoque les générosités prodiguées par le pharaon Ptolémée Evergète II (170-163, puis 145-116 av. J.-C.).

Christophe Thiers décortique plus précisément les colonnes 3-4 du texte, en donne le relevé, la traduction et les commentaires. Ensuite, il décrypte ce texte religieux en explicitant certaines appellations comme « la place de l’engendrement » et « le temple de Rê » qui sont des désignations usuelles du temple de Tôd. Il évoque ensuite « le Château de l’or » (atelier des orfèvres) comparé à la (salle de la) « Montagne d’or », une salle ou un édifice construit, ainsi qu’en témoigne l’usage du déterminatif du plan. Il s’intéresse plus particulièrement à la suite de la comparaison mettant sur le même plan le « Château de l’or » avec « un lieu divin semblable à celui de Ouadjyt dans le lac de Saule ». L’auteur analyse cette dernière expression en relevant les attestations connues, rappelant les divinités en relation avec le saule et avec le lac de Saule. Ces remarques l’amène à conclure que la tradition locale du culte du saule présente à Tôd a des origines héliopolitaines. En revanche, l’auteur souligne nettement une adaptation opérée par les prêtres de Tôd en associant au lac de Saule, Ouadjyt. L’identification de cette épithète de la déesse permet de rétablir deux graphies « fautives » inscrites dans la Salle des déesses (« le Château de l’or », i.e. l’atelier des orfèvres).

 

- Traunecker Claude, Les deux enfants du temple de Teudjoï (à propos du P. Rylands IX).

Claude Traunecker présente dans cette contribution le papyrus Rylands IX. Il ne prétend pas faire une édition de ce texte démotique, mais tente de replacer les faits évoqués dans leur contexte archéologique. Une initiative particulièrement intéressante quand l’on sait la « distance » qu’il peut exister entre les papyrologues et les archéologues.

L’auteur présente l’histoire du papyrus, découvert fortuitement en 1898 et conservé depuis à la bibliothèque de Manchester ; il évoque ces éditions successives depuis Griffiths en 1909 jusqu’à celle de Vittman en 1998. Il présente la structure du texte, puis revient sur les faits évoqués dans ce texte, à savoir l’histoire d’une famille de prêtres d’Amon au temple de Tjeudoï (El-Hibeh) entre 660 et 513 av. J.-C. Enfin, l’auteur entame son approche archéologique en présentant le temple de Tjeudoï tel que les diverses fouilles archéologiques l’ont révélé depuis 1901. Pour l’auteur, les deux enfants ont été assassinés dans le temple à crypte de El-Hibeh et les corps cachés dans celle-ci. Pour argumenter, notamment contre Vittmann qui récuse cette théorie, l’auteur s’appuie sur une étude lexicographique des termes employés pour désigner les temples et en conclut que les enfants ont été assassinés dans le temple d’Amon (« ce qui est pur ») au sein du téménos (« le château du dieu »). Enfin en se basant sur le texte, il précise le lieu exact de l’assassinat et le lieu où sont jetés les corps (« maison de l’argent »). Enfin, il revient sur l’expression « descendus » d’une crypte, argument utilisé par Vittman pour rejeter l’hypothèse de l’auteur.

 

- Vandersleyen Claude, Le mal de mer.

L’auteur revient sur la traduction du terme Ouadj our « Grand vert », particulièrement polémique en égyptologie et souvent traduit littéralement par « La Grande verte » à cause du mot féminin français « la mer » communément adopté pour sa traduction. L’expression est donc fréquemment rendue par la « mer Rouge » (ou la « mer Méditerranée », suivant les cas). Or, il n’y a aucune désinence féminine dans l’expression égyptienne. Cet article, synthèse d’une recherche lexicographique beaucoup plus poussée, semble montrer que Ouadj our est, non pas la mer, mais les conséquences spécifiques d’une particularité du Nil, son inondation. L’auteur parle d’une « réalité géographique particulière à l’Egypte où le sol ferme et l’eau se conjuguent pour exprimer la fertilité du Nil », « c’est essentiellement la vallée du Nil et son Delta, autant l’eau et la verdure que le sol qu’elle couvre ». La démonstration et le choix des exemples sont particulièrement convaincants. Pour « enfoncer le clou », l’auteur n’hésite pas à revenir, malheureusement assez rapidement, sur les quelques documents qui posent réellement problème. L’auteur annonce un second volume sur le sujet en dernière note. Précisons qu’il est paru depuis, en septembre 2008, sous le titre Le Delta et la Vallée du Nil. Le sens de Ouadj-Our. Rappelons qu’il fait suite à un premier volume Ouadj our (WAD wr). Un autre aspect de la vallée du Nil paru en 1999. Le débat dans la communauté égyptologique n’est, à ce jour, pas encore clos.

 

- Vergnieux Robert, Granite rose d’Assouan dans Rome.

L’auteur propose de redécouvrir au cœur de Rome, d’anciens vestiges de la civilisation égyptienne et en particulier les blocs monolithiques de colonnes en granit rose d’Assouan, dont le transfert vers Rome s’explique encore mal. Ces éléments de granit ont été importés à Rome avant la chute de l’Empire romain et ne seront réemployés dans les constructions modernes qu’à partir de la Renaissance. Souvent, les fûts de colonnes ont été réutilisés tels quels ou débités pour constituer le seuil ou les montants de portes de nouveaux édifices. Cette étude présente la découverte de 4 blocs, débités d’un obélisque, ce qui est rare, et qui pourraient provenir de l’obélisque monumental qui se dressait devant l’Iséum et le Sérapéum romains.

 

- Vernus Pascal, Khâemouset et la rétribution des actions.

L’auteur propose « une infime suggestion » sur un passage ardu de la traduction de « l’inscription dédicatoire de Khâemouaset au Sérapéum de Saqqara (C. Barbotin, RdE 52, 2001, p. 29-40). Pascal Vernus complète la fin de la colonne 7 en m wdn, avec une graphie spécifique de wdn mais pas inconnue par ailleurs. Il revient sur la traduction de la colonne 8 à laquelle il associe un commentaire philologique très complet, puis sur le sens de ce texte, à savoir une autre façon de faire appel à la bonne volonté du passant. L’originalité de l’inscription de Khâemouaset réside dans le fait qu’elle exprime de façon claire des croyances jusque-là diffuses.

 

- Zaki Gihane, Isis HAt pA mSa, un instrument de propagande de Syène contre Philae au bénéfice d’Eléphantine.

L’auteur s’attache à mettre en évidence les divers moyens mis en œuvre par le clergé de Khnoum pour résister à l’importance grandissante de la déesse Isis (et de son clergé), installée à Philae. Elle se propose d’étudier le cas de l’Isis dite « HAt pA mSa », spécifique à Assouan et absente à Philae. Pour se faire, elle présente ses sources épigraphiques (relevé, translittération, traduction et annotations) : les inscriptions hiéroglyphiques du temple d’Isis à Assouan (l’antique Syène), les fromes démotiques dans le même temple. L’auteur fait le point sur le sens de l’épithète donnée à Isis « à la tête de l’armée (qui est là) », faisant probablement référence à un contingent spécifique de la ville. Revenant sur la chronologie de la construction et de la décoration du temple d’Isis à Assouan, elle rattache cet épithète à un moment précis : la visite d’inspection et de propagande de Ptolémée III en 237 av. J.-C. au cours de laquelle il demanda au clergé de Khnoum d’édifier ce temple à Isis, patronne des troupes indigènes qui avaient suivi le roi dans sa campagne d’Orient contre Seleucos II (256 – 241 av. J.-C.). Cette forme d’Isis est donc bien « un instrument de propagande théologique », dirigée contre le clergé « concurrent » de Philae, par les prêtres de Khnoum après que leur primauté eut été remise en cause par l’Isis de Philae.

 

L’ouvrage fournit dans son ensemble des contributions et des illustrations de qualité, d’une grande richesse. Cependant, on regrette l’absence de résumés en anglais et en français (voire en arabe, langue coutumière des publications de l’IFAO), ainsi que l’absence « d’index et/ou d’une classification » qui auraient permis une recherche thématique (et/ou chronologique).

 

 

 

 

Table des matières

 

Préface de l’éditeur, p. 1

Avant-propos, p. 3

Jean-Claude Goyon, Repères bibliographiques, p. 5

Bibliographie de J.-Cl. Goyon. 1966-2007, p. 9

El-Aguizi Ola, Une stèle funéraire de l’époque tardive à Saqqâra, p. 21

Altenmüller Hartwig, Ein Skarabäus mit Seligpreisung aus einer Hamburger Privatsammlung, p. 29

Azim Michel, 1860, une année sombre pour les monuments de Karnak, p. 39

Carlotti Jean-François, Le mur fantôme de la « Cour de la Cachette » du temple d’Amon-Rê à Karnak, p. 55

Chappaz Jean-Luc, Quand les oushebtis se croisent les bras. Variantes et variances de la Troisième période intermédiaire, p. 67

Chermette Michèle, Un coffret à ouchebtis découvert dans la tombe de Tjaouenany à Thèbes ouest, p. 79

Chrysikopoulos Vassilis I., Contribution à l’étude de l’histoire de l’égyptologie : Tassos Néroutos et la genèse de l’égyptologie en Grèce ; Nikolaos Boufides et la collection d’antiquités égyptiennes du Musée national d’archéologie d’Athènes, p. 87

Czerny Ernst, Remarques sur un hymne à Min-Amon et sur un bloc méconnu de Coptos, p. 99

Devauchelle Didier, Quelques notes à propos d’un sarcophage ptolémaïque (Musée de Marseille inv.267), p. 107

Drew-Bear Marie, Arsinoé II Philadelphe : le passage du trône à l’autel selon les sources égyptiennes, p. 115

Dupont Pierre, Amphores grecques archaïques de Gurna. Note additionnelle, p. 123

Emerit Sibylle, Une représentation de harpe dans la scène de marché de la chaussée d’Ounas, p. 127

Fazzini Richard & O’Rourke Paul, Aspects of the Mut Temple’s Contra-Temple at South Karnak, p. 139

Feder Frank, Die Verschiedenen Redaktionen des « Rituals des Herausbringens von Sokar aus dem Schetait-Sanktuar », p. 151

Gabolde Luc, Une statuette thébaine aux noms de Pépi Ier et « d’Amon-Rê, maître de la ville de Thèbes » (BM EA 58366), p. 165

Gabolde Marc, Des travailleurs en vadrouille, p. 181

Gasse Annie, Crocodiles et revenants, p. 197

Gay Véronique, La collection de l’Institut d’égyptologie Victor Loret au Musée des Beaux-arts de Lyon, p. 205

Germond Philippe, En marge du décor des tombes thébaines du Nouvel Empire : quelques exemples du jeu symbolique des marqueurs imagés de la renaissance, p. 215

Golvin Jean-Claude, Le temple n° 8 de Sabratha : Iséum ou Sérapéum ? Reconstitution architecturale, identification, datation, p. 225

Haikal Fayza, An Unusual Ostracon from the Beit el-Kretleya Museum, p. 241

Hawass Zahi, Giza GSE 1937: A Seated Statue of an Unknown Man and an Unfinished Double Statue (Unique Statues Discovered at Giza VII), p. 247

Leblanc Christian, « Labet el-Al » ou « Bawawah » : un jeu d’adresse égyptien vieux de plusieurs millénaires, p. 261

Leitz Christian, Die Zwei Kobras im Urwasser. Rekonstruktionsversuch eines Trümmerhaft erhaltenen Mythos au Theben und seine jahreszeitliche Einordnung, p. 267

Loeben Christian E., Ein « riesen-luxus-Zaubermesser » - vielleicht von Königen Hatchepsut ? Sowie Zwei weitere mit ägyptischer Magie assorziierte Objekte im Kestner-Museum Hannover, p. 275

Maruéjol Florence, Un chaouabti de la reine Hatchepsout au Musée d’Aquitaine de Bordeaux, p. 285

Mathieu Bernard, La taille de pharaon (à propos de Diodore I, 44,4) , p. 295

De Meulenaere Herman, Derechef Pétamenophis, p. 301

Nelson Monique, À propos de la « Reine blanche », p. 307

Nivet-Sambin Chantal, À Médamoud, le temple du Moyen Empire était orienté vers le Nil, p. 313

Postel Lilian, Une nouvelle mention des campagnes nubiennes de Montouhotep II à Karnak, p. 329

Roccati Alessandro, Le temps différé dans les récits égyptiens (note leterarie IV), p. 341

Rondot Vincent, Les deux gardiens et le crépuscule des temples, Berlin ägyptisches Museum inv. 20917, p. 345

Simon-Boidot Claire, Encore une révision de l’ostracon BM 41228 et sa représentation de reposoir de barque !, p. 361

Thiers Christophe, Ouadjyt et le lac du saule (Tôd, n° 322, 3-4), p. 375

Traunecker Claude, Les deux enfants du temple de Teudjoï (à propos du P. Rylands IX), p. 381

Vandersleyen Claude, Le mal de mer, p. 397

Vergnieux Robert, Granite rose d’Assouan dans Rome, p. 401

Vernus Pascal, Khâemouset et la rétribution des actions, p. 409

Zaki Gihane, Isis HAt pA mSa, un instrument de propagande de Syène contre Philae au bénéfice d’Eléphantine, p. 417

Tables des matières, p. 433