Macias i Solé, Josep Maria: Les termes públiques de l’àrea portuaria de Tarraco: Carrer de Sant Miquel de Tarragona, Sèrie Documenta 2, 216 p., ISBN 84-89936-96-X, 40 euros.
(Institut Català d’Arqueologia Clàssica, Tarragona 2004)
 
Compte rendu par Nicolas Lamare, Université Paris-Sorbonne
 
Nombre de mots : 2332 mots
Publié en ligne le 2009-02-21
Citation: Histara les comptes rendus (ISSN 2100-0700).
Lien: http://histara.sorbonne.fr/cr.php?cr=387
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L’objectif de cette publication (consultable gratuitement en ligne sur www.icac.net) est d’étudier les thermes impériaux de la zone portuaire de l’ancienne Tarraco, construits à une période déjà avancée du Haut Empire, probablement dans la première moitié du IIIe siècle de notre ère. Ces thermes sont, d’une part, un élément important de l’archéologie tarraconaise, de l’autre, un monument tout à fait exceptionnel dans le cadre de l’archéologie romaine en Hispanie. Ils ont été découverts lors des fouilles effectuées par la société Codex, entre 1994 et 1998, au 33 rue Sant Miquel à Tarragone, dans le cadre de fouilles urbaines préventives coordonnées par l’archéologue Josep Maria Macias. Le résultat de cette étude est présenté dans ce livre, qui comprend également les fouilles par la même équipe au numéro 1 de la rue Castaños, dans les années 1999-2000, dont les structures font partie du même contexte archéologique et urbanistique.

La fructueuse collaboration entre l’Institut catalan d’archéologie classique (ICAC) et l’entreprise Codex a permis de constituer une équipe de recherche qui, en 2003, a lancé l’étude, l’interprétation et a proposé une restitution virtuelle de ce bâtiment. L’ICAC a réaffirmé, avec la publication de ce livre, la volonté de coopérer intensivement avec les institutions qui gèrent le patrimoine archéologique de Tarragone, un partenariat qui vise à contribuer à l’approfondissement de l’étude scientifique de l’ancienne Tarraco.
Josep Maria Macias est titulaire d’un doctorat en préhistoire, histoire ancienne et archéologie de l’Université de Barcelone depuis 1999. Il a été lié à l’archéologie d’affaires jusqu’en 2003, quand il a rejoint l’ICAC en tant que chercheur. Il est spécialisé dans l’architecture et l’urbanisme de l’époque classique et la céramologie de la fin de l’Antiquité. Il a dirigé et coordonné la participation de plusieurs auteurs qui ont contribué à l’élaboration et à la documentation de l’ouvrage. Ce volume de 216 pages et 155 illustrations est écrit en catalan et propose une traduction anglaise des conclusions.
Auteurs : Moisés Díaz, Ignacio Fiz, Montserrat García, Joan Gómez Pallarès, Eva M. Koppel, Josep Maria Macias, César A. Pociña, M. Immaculada Teixell.

1. Évolution historique de l’environnement urbain
L’auteur propose, comme dans toute étude archéologique digne de ce nom, une présentation du site. En premier lieu, il aborde l’emplacement de la ville et l’orographie (l’étude du relief) puis revient sur l’évolution du site, des origines jusqu’au XXe siècle. La présentation s’appuie sur des documents anciens, écrits et graphiques. On trouvera aussi quelques explications méthodologiques sur l’étude de la ville, et notamment la mise en place d’un système d’information géographique (SIG).

2. Des premières trouvailles à l’archéologie actuelle
L’intensité des trouvailles a été proportionnelle au processus de transformation du paysage rural, ce qui explique que la majeure partie des trouvailles ait été faite dans la deuxième moitié du XIXe et dans le courant du XXe siècle. Cependant, la documentation sur la ville et plus particulièrement sur le quartier étudié remonte au XVIe siècle. Depuis les premières descriptions de cette époque, suivies de cartes du XVIIIe siècle et jusqu’aux fouilles de l’époque contemporaine, l’auteur revient sur toute l’histoire des fouilles du quartier, sur la découverte de vestiges et de mosaïques, relevant les erreurs d’identification, construisant sa réflexion à partir de ces documents anciens, repris par extraits. Cette analyse en quelques pages, qui permet de replacer les fouilles dans leur contexte historiographique jusqu’aux jours récents – classement de la ville de Tarragone « Conjuto Histórico Artístico » en 1966 et instauration de l’obligation de fouilles archéologiques en 1979 – est nécessaire pour aborder les nouveaux travaux sur ce quartier.

3. Fouilles archéologiques : description et analyse
Les fouilles ont montré que les thermes étaient présents dans ce secteur tout au long de l’époque impériale. Les autres trouvailles illustrent l’évolution historique de cette partie de la cité, faisant de la zone portuaire une des aires les plus monumentales et dynamiques du point de vue urbanistique.
Les auteurs présentent les trouvailles pour chacune des zones de fouilles, carrer del Dr. Zamenhoff 2, carrer de Sant Miquel 33 – où ont été faites la majorité des trouvailles archéologiques, d’où la dénomination de l’édifice thermal – et carrer de Castaños 1.
On trouve ici une description détaillée de la fouille, avec les différents participants – et notamment la présence d’une entreprise privée – les problèmes méthodologiques et une présentation exhaustive des unités stratigraphiques (US) fouillées, photographies et plans à l’appui. Pour le secteur Sant Miquel, chaque pièce de l’édifice thermal est décrite et commentée minutieusement. L’étude de chaque secteur est chronologique, selon les phases d’occupation présentées comme suit :
Carrer Sant Miquel – Phases : II. Urbanisation des environs, III. Niveaux de comblement de la fin du IIe – début du IIIe siècle, IV. Thermes publics, V. Transformation de l’édifice thermal, VI. Réutilisation domestique des bains publics.
Carrer de Castaños – Phases : I. Urbanisation de l’environnement naturel, II. Le premier grand complexe architectonique, III. Comblement au niveau de l’aire ouverte, IV. Le dépotoir du IIIe siècle, V. L’habitat domestique tardif.
La construction des grands thermes peut être datée du IIIe siècle. Cependant, les archéologues manquent de données stratigraphiques suffisantes pour pouvoir préciser cette datation (p. 39). De plus, comme pour d’autres grands édifices thermaux, les nombreux remaniements qu’a subis l’édifice le rendent difficile à comprendre : les comblements postérieurs puis le réaménagement en bains privés ont entraîné des changements de fonctions des salles thermales. Là encore, « le manque de données stratigraphiques rend difficile la définition exacte du processus historique » (p. 58). La chronologie relative est donc précisée autant que possible par l’étude détaillée du mobilier archéologique.

4. Stratigraphie et analyse du matériel
On retrouve dans cette partie le même plan que dans la partie 3, où chacune des phases d’occupation décrite précédemment est étudiée à travers son matériel archéologique. L’étude présentée ici est essentiellement stratigraphique, mettant en parallèle le mobilier étudié, la chronologie et les relations entre les couches archéologiques.
L’analyse du matériel céramique est très détaillée. Un texte de synthèse et des tableaux récapitulatifs très complets présentent le panel des différents types découverts. Une brève étude des monnaies est ensuite proposée : intégrer une étude numismatique dans une fouille archéologique est exceptionnel et si l’ICAC, comme le note l’auteur, a proposé, durant ces vingt dernières années, de telles études du matériel exhumé incluses dans la publication d’ensemble, ce type d’analyse reste souvent isolé dans les rapports de fouilles. L’ensemble des monnaies étudiées fait partie d’un registre stratigraphique fouillé méthodiquement, ce qui permet une étude allant au-delà du simple catalogue, pour nous offrir d’intéressantes données chronologiques applicables à l’ensemble archéologique et des conclusions économiques qui rendent compréhensibles les paramètres historiques du gisement. Les quelques fragments de sculpture retrouvés font l’objet d’une étude chronologique et d’une analyse iconographique assez poussée ; suit une note à propos d’une inscription sur mosaïque.
Les fragments architecturaux – essentiellement des chapiteaux – et les mosaïques sont étudiés en détail. Une fiche signalétique est rédigée pour chaque élément ; suivent une description et un commentaire, accompagnés d’une photographie et d’un dessin. Les éléments de comparaisons possibles sont associés à des renvois bibliographiques.

5. Conclusions
La conclusion de cette monographie dresse un bilan très clair de la fouille archéologique. Une analyse interprétative de l’édifice revient sur la fonction et l’agencement de chacune des pièces, en proposant des comparaisons avec de célèbres édifices thermaux. Il faut noter qu’à Tarragone, l’absence de connaissances concernant les bains de l’époque républicaine ou antérieurs au IIIe siècle est due à une lacune de la recherche, minimisée par les nombreuses découvertes de constructions publiques monumentales de ces dernières années dans la cité de Tarraco. Toutefois, on dispose d’éléments suffisants qui confirment l’existence de tels édifices, impossibles à dater aujourd’hui, découverts dans différents quartiers de la ville (Carrer Méndez Núnez, Carrer Sant Augustí), d’autres ayant été détruits au cours du XIXe siècle.
La partie suivante est consacrée à la restitution architecturale : plans, élévations et modélisations 3D sont commentés par l’architecte en charge de cette étude, qui revient sur chacun des espaces de l’édifice, émet un certain nombre d’hypothèses, présente sa méthode de travail et justifie ses choix. Les dernières pages montrent l’intérêt plus large que l’on peut tirer d’une telle étude pour la connaissance des édifices thermaux de Tarragone et du quartier portuaire de la ville. En effet, d’un point de vue sociologique et architectural, ce complexe correspond bien à la vogue en cours à cette époque dans les autres provinces de l’empire – Afrique du Nord, Asie Mineure, provinces occidentales – qui consistait à doter les cités de grands établissements de bains, symboles par excellence du Roman way of life, et lieu privilégié de démonstration des progrès techniques. Les thermes de Tarragone correspondent au type des « grands thermes impériaux », très nombreux dans tout l’empire, dont l’emplacement – en bordure du rivage – et l’agencement des pièces rappellent les édifices les plus célèbres, de Rome à Cherchel en passant par Leptis Magna.

Bibliographie
La bibliographie, riche d’environ quatre cents références, constitue un outil très complet qui recense les travaux des principaux chercheurs dans différents domaines. On y retrouve, pour Tarragone et l’Espagne tout d’abord, les travaux de G. Alföldy, X. Barral, M. Díaz, M.L. Loza Azuaga ou encore I. Rodà ; de nombreuses autres études – ouvrages ou articles – moins connues, donnent un tableau très complet des travaux sur la Tarraconaise. Sur l’architecture, on renvoie aux références françaises, de J.-P. Adam et P. Gros, ainsi qu’aux travaux de l’Italien P. Pensabene sur la sculpture. Concernant les thermes, on ne s’étonne pas de voir référencées les sources majeures, J. DeLaine, G.G. Fagan, R. Mar, H. Manderscheid, I. Nielsen et F. Yegül. Enfin, les études provinciales ne sont pas oubliées, notamment sur la Gaule (A. Bouet, J.-P. Morel) mais aussi sur l’Afrique, avec N. Ferchiou, R. Rebuffat, H. Slim et bien sûr Y. Thébert.

L’ouvrage constitue une monographie très intéressante sur un édifice – les thermes publics de la zone portuaire de Tarragone – mais aussi sur une ville. Comme le rappelle l’auteur, l’étude archéologique, à plus forte raison la fouille, qui ne s’intéresse généralement qu’à un secteur restreint, ne permet pas d’envisager une étude globale sur une ville : la connaissance en est cumulative. Les résultats présentés ici concernent un monument de la ville, mais ils permettent évidemment de compléter les connaissances sur la cité antique dans son entier.
Cette publication est un modèle en matière de rapport de fouilles et de méthodologie archéologique. Les résultats sont très détaillés et bien agencés, suivant une ligne directrice : la présentation des fouilles d’un édifice thermal et l’apport de cette étude à différents degrés (celui de l’architecture thermale, du quartier, de la ville).
Les hispanisants ne seront pas handicapés par la langue et réussiront à trouver l’information qu’ils cherchent ; les autres sauront faire bon usage des conclusions traduites en anglais. Dans tous les cas, on conseillera ce volume aux spécialistes : malgré une présentation claire, la somme des données rend l’ouvrage d’une lecture assez ardue. Il s’agit donc d’une publication incontournable pour qui s’intéresse à la ville ou la région de Tarragone, à associer à la série des publications récentes de l’ICAC.

Sommaire
Introducció.    7

1. Evolució històrica de l’entorn urbà.
1.1 Emplaçament i orografia. (Josep M. Macias)    11
1.2 El port modern i la nova població de la Marina. (Ignacia Fiz, Josep M. Macias)    14
2. De les primeres troballes a l’arqueologia actual. (Josep M. Macias)    21
3. Excavacions arqueològiques: descripció i anàlisi.
3.1 Carrer de Zamenhoff 2. (Josep M. Macias)    27
3.2 Carrer de Sant Miquel 33. (Moisés Díaz, Josep M. Macias)
3.2.1 Introducció.    30
3.2.2 La urbanització de l’entorn. Fase II.    31
3.2.3 Nivells de colgament del segle II. Fase III.    42
3.2.4 Les termes públiques. Fase IV.    42
3.2.5 Reformes de l’edifici termal. Fase V.    57
3.2.6 La reutilització domèstica dels banys públics. Fase VI.    58
3.3 Carrer de Castaños 1. (Moisés Díaz, Josep M. Macias)
3.3.1 Introducció.    62
3.3.2 La urbanització de l’entorn natural. Fase I.    63
3.3.3 El primer gran complex arquitectònic. Fase II.    66
3.3.4 Recreixement de la cota de l’àrea oberta. Fase III.    73
3.3.5 L’abocador del segle III. Fase IV.    73
3.3.6 L’hàbitat domèstic tardoantic. Fase V.    74
3.4 L’entorn urbà. (Immaculada Teixell, Moisés Díaz, Josep M. Macias)    75
4. Estratigrafia i anàlisi material.
4.1 Carrer de Sant Miquel 33: les restes ceràmiques. (Josep M. Macias)
4.1.1 La urbanització de l’entorn. Fase II.    79
4.1.2 Nivells de colgament de finals del segle II/principis del III. Fase III.    80
4.1.3 Les termes públiques. Fase IV.    82
4.1.4 Reformes de l’edifici termal. Fase V.    82
4.1.5 La reutilització domèstica dels banys públics. Fase VI.    83
4.2 Carrer de Castaños 1: les restes ceràmiques. (Josep M. Macias)
4.2.1 El primer gran complex arquitectònic. Fase II.    85
4.2.2 Recreixement de la cota de l’àrea oberta a finals del segle II. Fase III.    86
4.2.3 L’abocador del segle III. Fase IV.    86
4.2.4 L’hàbitat domèstic tardoantic. Fase V.    87
4.3 Les monedes. (Immaculada Teixell)
4.3.1 Introducció.    89
4.3.2 Les monedes del solar núm. 33 del carrer de Sant Miquel.    90
4.3.3 Les monedes del solar núm. 1 del carrer de Castaños.    91
4.3.4 Conclusions.    92
4.4 L’escultura. (Eva Koppel)    97
4.5 La inscripció musiva. (Joan Gómez Pallarès)    100
4.6 Restes arquitectòniques i musivàries. (Montserrat Garcia)
4.6.1 Carrer de Sant Miquel 33.    101
4.6.2 Carrer de Castaños 1.    116
4.6.3 Conclusions.    128
5. Conclusions.
5.1 Introducció. (Josep M. Macias)    133
5.2 Les termes del carrer de Sant Miquel.
5.2.1 Anàlisi interpretativa. (Moisés Díaz, Josep M. Macias)    134
5.2.2 La restitució arquitectònica. (César A. Pociña)    144
5.2.3 Les thermae del carrer de Sant Miquel i els banys de tipologia imperial. (Moisés Díaz, Josep M. Macias)    152
5.2.4 La cronologia. (Josep M. Macias)    155
5.3 Les termes de Tàrraco. Noves aportacions. (Josep M. Macias)    156
5.4 L’àrea portuària de Tàrraco: noves aportacions i estat de la qüestió. (Moisés Díaz, Josep M. Macias)    161
6. Bibliografia.    173
Conclusions
1. Introduction.    185
2. The Thermae of Sant Miquel Street.    186
3. The Tarraco Thermae. New Contributions.    202
4. The Port Area of Tarraco: new contributions and the state of the question.    207