Court, Sarah - Rainer, Leslie: Herculaneum and the House of the Bicentenary: History and Heritage. 160 pages, 8 x 10 inches, 136 color and 20 b/w illustrations, 4 maps, ISBN 978-1-60606-628-7, $29.95
(Getty Publications, Los Angeles 2020)
 
Compte rendu par Alix Barbet, CNRS
 
Nombre de mots : 1184 mots
Publié en ligne le 2021-01-29
Citation: Histara les comptes rendus (ISSN 2100-0700).
Lien: http://histara.sorbonne.fr/cr.php?cr=3878
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          Ce petit livre de 160 pages, de 20 cm x 25 cm, très bien illustré par 136 images en couleur, 20 en noir et blanc et 4 cartes, est conçu en neuf chapitres, dont un seul est consacré à la maison du Bicentenaire, qui figure dans le titre de l’ouvrage, et dont nous pensions qu’il en était le centre. 

 

         Le chapitre I, « dans l’ombre du Vésuve », retrace la découverte du site, dès 1709, expose les buts du livre pour conserver ce fragile héritage. Ironie du sort, lorsque Pompéi et Herculanum sont reconnus par l’UNESCO en 1997, c’est l’époque où ces deux sites sont en grand danger. Le rôle du « Packard Humanities Institute’s Herculanum Conservation Project » est signalé ainsi que celui du Getty Institute. 

         

         Le chapitre II traite de  « la villa d’Hercule » et donne à voir des documents rarement illustrés comme l’inscription en osque d’une dédicace à une déesse italique assimilée à Vénus. Au bas de chaque page, une date importante, qui rythme la vie de la cité, est inscrite, depuis 20.000 à 6000 av. J.-C. jusqu’en 476 ap. J.-C. et la dépose de Romulus Augustus, dernier empereur d’Occident. La date de l’éruption du Vésuve le 24 août 79 est remise en question en se fondant sur les trouvailles de fruits d’automne, entre autres, et d’une monnaie de Titus, nouvel empereur, sans entrer dans plus de détails. 

 

         Le chapitre III pénètre dans « La cité souterraine » et raconte l’exploration de la cité par des tunnels, avec beaucoup d’illustrations, dont certaines peu connues, comme celle figurant l’éruption de 1631 ou la découverte de la villa des Papyrus dès 1750. La mission française au XVIIIe siècle nous fait découvrir les relevés clandestins de Ch. Bellicard (1750-1751) et, toujours en bas de page, se déroulent les dates importantes pour Herculanum, dont les premières fouilles en 1738 avec la parenthèse du règne de Joachim Murat de 1808 à 1815. 

 

         Avec le chapitre IV, « les fouilles et musée à ciel ouvert », nous entrons dans le XXe siècle et la période de trente ans des fouilles menées par A. Maiuri, aussi bien à Herculanum, qui avait été abandonnée pendant près d’un demi-siècle, qu’à Pompéi. Là encore, des images rares nous sont proposées, comme la visite du roi Emmanuel II en 1869, la célébration, en 1938, des 200 ans des fouilles en tunnel de l’époque des Bourbons, dont les images de la maison du Bicentenaire montrent qu’elle a besoin de restauration et qu’elle se dégrade.

 

         Le chapitre V se consacre à « Lire les ruines ». Le plan de la partie dégagée de la ville nous est dévoilé et les principales maisons sont passées en revue. Nous découvrons la statue d’un certain Lucius Mammius Maximus, affranchi, à l’honneur dans le théâtre. 

 

         Enfin, avec le chapitre VI, nous abordons « la maison du Bicentenaire », considérée comme la plus somptueuse et la plus belle par A. Maiuri, et qui est effectivement la plus vaste. Cette maison fut ensuite réduite en façade par des échoppes et des pièces occupées par les maisons voisines. Sur les 39 clichés, 15 montrent les archéologues, les restaurateurs au travail et les visiteurs dans la maison afin d’illustrer les campagnes pour la mise en valeur de l’édifice. L’atrium possède une mosaïque ancienne, tandis que les peintures des parois ont été refaites quelques années avant l’éruption, de même que celles du tablinum, très abîmées lors du tremblement de terre de 62, qui nous montrent le tableau de Dédale et Pasiphae ainsi que celui de Mars – possible portrait du propriétaire – et Vénus. Il y avait un étage, partiellement conservé, dont les auteurs se demandent si les habitants étaient indépendants du propriétaire du rez-de-chaussée.

 

         Dans le chapitre VII, consacré aux « Peintures et mosaïques », nous restons à la maison du Bicentenaire, dont les parois du tablinum à panneaux jaunes ont viré au rouge du fait de la chaleur de l’éruption, transformant la goethite en hématite, phénomène signalé avec renvois en note aux rapports du Getty Conservation Institute. De même, la description de la technique à fresque nous est citée pour les fonds, mais on aurait utilisé la technique a secco pour les parties figurées, sans qu’aucune preuve soit apportée. À noter que Maiuri avait laissé en place les tableaux peints au milieu des parois, au lieu de les faire déposer comme c’était alors la tradition, et l’on s’interroge sur la présence des natures mortes avec fruits dans un couloir de la maison des Cerfs, qui, en fait, mène au triclinium et serait donc là pour annoncer la fonction de la pièce vers laquelle conduit le couloir. En double page sont résumés les quatre styles pompéiens pour les lecteurs non informés, et c’est là une caractéristique de ce livre qui oscille entre exposé pour spécialistes, avec force notes placées en fin de volume, et discours général pour grand public. 

 

         Le chapitre VIII, « conserver une maison et un héritage », nous donne la liste de toutes les agressions sur les édifices, en raison de la pluie, du soleil, des polluants, de la végétation, et deux clichés nous montrent un buste féminin en médaillon, parfaitement lisible, car déposé et conservé au Musée Archéologique National de Naples, et un autre illisible in situ. Nous est détaillée ensuite l’action entreprise dans la fameuse maison du Bicentenaire, dont les peintures avaient été restaurées en 1930, attaquées par les sels, dont les mosaïques avaient perdu des tesselles, fermée aux visiteurs en 1983 et objet d’un projet de conservation en 2001. On apprend ainsi que la paraffine, utilisée pour consolider les bois carbonisés, si abondants à Herculanum, fond par fortes chaleurs et le bois se dégrade. Les principes de restauration mis en œuvre pour une meilleure lecture des décors respectent strictement les parties originales et distinguent les parties refaites. La remise en service des citernes vise à régler le problème du drainage des eaux. 

 

         Enfin le dernier chapitre, intitulé « ville ancienne et ville moderne », soit l’espace de 2000 ans, nous rappelle les découvertes récentes, celle de la zone inférieure de la villa des Papyrus, avec sa pièce voûtée en cours de restauration au moment de l’éruption, les sculptures en marbre, dont une garde des traces de sa polychromie, et les nouvelles technologies pour lire les rouleaux de papyrus, dont l’image multispectrale qui nous est montrée est impressionnante. Il est aussi fait allusion aux discussions entre spécialistes concernant la politique à suivre, notamment sur de nouvelles fouilles, pour lesquelles il y a divergence. Enfin, les rapports entre l’Herculanum antique et l’Ercolano moderne sont examinés ; on apprend notamment que les habitants se sont réfugiés dans les tunnels de fouilles pendant la Seconde Guerre mondiale. Un grand changement vient de se produire avec la création du parc archéologique d’Herculanum, autonome par rapport à Pompéi, et les liens avec la ville moderne sont en cours de développement, dont les centres d’intérêt locaux, y compris les fêtes religieuses, sont mis en avant car ils font, eux aussi, partie de l’héritage dont ce petit livre a cherché à nous convaincre qu’il fallait le préserver.