AA.VV.: Fregellae. Il tempio del Foro e il tempio suburbano sulla via Latina (Monumenti antichi, 78 - serie misc., 23), 416 pp. di testo, 329 ill., 24 x 34 cm, ISBN : 978-88-7689-314-8, 165 €
(Giorgio Bretschneider, Roma 2019)
 
Recensione di Xavier Lafon, Aix-Marseille Université
 
Numero di parole: 2296 parole
Pubblicato on line il 2020-07-10
Histara les comptes rendus (ISSN 2100-0700).
Link: http://histara.sorbonne.fr/cr.php?cr=3913
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          Cet ouvrage publié dans la prestigieuse collection des Monumenti Antichi est la troisième monographie collective consacrée à ce site depuis le début des fouilles initiées par l’Université de Pérouse sous la direction de F. Coarelli au début des années 80 du siècle dernier. En effet Fregellae 1 (éd. Coarellli et Monti, 1998) retraçait le cadre général (sources, histoire et territoire) de cette colonie latine fondée en 338, puis détruite et abandonnée en 125 avant J.-C. alors que Fregellae 2, publié bien antérieurement (éd. Coarelli, 1986), traitait du seul sanctuaire extra-urbain dédié à Esculape. Il s’agit donc de nouveau ici d’une monographie consacrée à deux sanctuaires : le premier (« temple » 1 par la suite) est celui découvert en bordure du forum et fouillé en même temps que celui-ci entre 1989 et 1993, spécialement pour le temple lui-même en 1991 et 1992 ; le second (« temple 2 » ci-dessous), connu antérieurement notamment à cause de travaux routiers, a été fouillé en 2002 et 2004. Il est situé à environ 100 m du tracé supposé de l’enceinte urbaine. Ce troisième volume (même s’il n’est pas numéroté ainsi) regroupe donc les contributions de différents auteurs, réalisées le plus souvent à partir de leurs travaux universitaires consacrés aux diverses catégories de matériels étudiés. On compte donc plus de vingt auteurs, certains signant plusieurs chapitres ou sous-chapitres (cf. table des matières ci-dessous), et la remise des contributions s’est largement étalée dans le temps, comme cela est précisé dans une note préliminaire à chaque chapitre.

 

         Les différences entre les deux temples concernent au premier chef la localisation (un temple inscrit dans un environnement dense de monuments et dans un secteur très largement exposé aux travaux agricoles ; un temple, ou du moins un sanctuaire, isolé en bordure d’une voie d’accès essentielle) mais également l’environnement méthodologique et l’évolution des méthodes de recherche. Tout cela explique qu’au-delà d’une présentation initiale identique (présentation des fouilles, étude de l’architecture et du décor des monuments), le traitement du matériel associé soit très différent : rien n’est dit sur celui du forum car, en raison de la faible importance des niveaux archéologiques, les artefacts découverts dans son emprise ne provenaient pas nécessairement du temple mais possiblement de tous les monuments environnants. En revanche pour le temple suburbain, l’absence de construction voisine (même s’il est fait mention à plusieurs reprises de la possibilité de constructions « annexes ») rendait indispensable l’examen détaillé de ces découvertes. De ce fait, seules 72 pages sont consacrées au temple du forum contre 243 pour le temple suburbain.

 

         Même si la question a été abordée déjà à plusieurs reprises dans les très nombreuses publications antérieures, articles ou communications, consacrées aux fouilles de Fregellae, en particulier dans Fregellae 1, l’identité des divinités honorées dans les deux sanctuaires est une question qui revient régulièrement dans les différentes contributions. À propos du temple 1, l’hypothèse d’un temple dédié à la Concorde, formulée dès la fouille par F. Coarelli, est généralement reprise mais constitue pour tous les auteurs seulement une possibilité (par exemple p. 23), aucune preuve ne pouvant être apportée pour valider définitivement cette attribution. Il en est de même pour le temple suburbain, pour lequel l’hypothèse Bona Dea demeure encore plus clairement objet de discussion : si tout le monde s’accorde à voir dans ce sanctuaire un culte rendu essentiellement par des femmes à une divinité féminine, en particulier lors des rites de passage à l’âge adulte, plusieurs noms reviennent régulièrement « en concurrence » avec Bona Dea, à commencer par Minerve, Vénus mais aussi Feronia, Mefite et bien d’autres encore comme Fortuna ou Junon. En l’absence d’une inscription lisible, ou du moins restituable (les fragments d’une inscription dédicatoire en argile sont trop réduits pour permettre une lecture : les deux seules lettres jointives sont E et D qui renvoient peut-être à aedes mais pas à un nom propre), on doit donc en rester au niveau des seules hypothèses. Cette absence d’inscription rend tout aussi aléatoire la recherche des commanditaires, même si des hypothèses sont proposées (p. 66) comme, pour le temple 1, celle de Cornelius Scipio Asiaticus, vainqueur d’Antiochos III en 192-189, sachant qu’une unité d’élite frégellane combattait à ses côtés.

 

         La conservation, au mieux au niveau des fondations, des deux édifices étudiés rend également difficile l’analyse architecturale. Si les dimensions au sol sont connues avec un certain degré de précision (mais des chiffres au centimètre près étonnent un peu pour le temple 2…), c’est uniquement l’étude stylistique des éléments de décor en argile cuite qui permettent, d’une part, de connaître l’allure générale de ces deux édifices et, d’autre part, de proposer une chronologie de leur évolution. La construction initiale, pour laquelle peu de restes sont conservés, est fixée par les différents auteurs aux premiers temps de la colonie (fondée pour rappel en 328 av. J.-C.). Dans les deux cas, il s’agit de temples de petites dimensions (respectivement 8,2 x 17 m, avec un podium de 10,8 m pour le temple 1 et 6,11 x 13,29 m, sans podium, pour le temple 2). Mais c’est surtout pour la seconde phase, qui s’est traduite par une reconstruction d’ensemble, tout en maintenant le plan initial (avec cependant création de frontons désormais fermés), que l’on dispose d’une information relativement abondante.  Dans les deux cas, cette reconstruction est attribuée aux années les plus fastes de la colonie, la première moitié du IIe siècle avant notre ère, avec une antériorité d’une vingtaine d’années au maximum pour le temple 1 (vers 190), la phase 2 du temple 2 étant datée de façon moins précise entre 180 et 160. Les rares éléments conservés de fondation traduisent également le passage de l’usage du tuf à celui du travertin, les élévations, surtout dans la première phase du temple 2, ayant pu être réalisées en terre crue mais, de fait, aucun élément concret n’en a été retrouvé. Il en va de même pour les sols et le décor des murs, pour lesquels on ne dispose d’aucune information.

 

         Malgré les nombreuses destructions qui ont réduit les niveaux archéologiques à peu de chose, chacun de ces deux sanctuaires a révélé quelques éléments complémentaires. Dans le cas du forum, il s’agit de trois puits relativement bien conservés et de deux autres plus endommagés, creusés entre le temple et le forum proprement dit. Ils n’ont malheureusement pas pu être fouillés en profondeur pour établir leur fonction (fosses à offrandes ? emplacement pour mettre des arbres ?) et les auteurs se demandent même s’il ne faut pas les interpréter comme des aménagements du forum (p. 11 et 23), différents cependant des bases identifiées à l’autre extrémité de la place comme un possible aménagement de saepta

 

         Pour le sanctuaire extra-urbain, il s’agit de restes de canaux qui témoignent, avec la découverte de très nombreuses cruches et des ex-voto, de l’importance de l’eau dans les manifestations du culte qui y était rendu.

 

         L’argument principal pour l’établissement de la chronologie de la deuxième phase, et en particulier le décalage entre la réfection des deux édifices, est le maintien des pratiques élaborées par le coroplaste du temple 1, un artiste vraisemblablement d’origine gréco-orientale (et non d’Italie du sud), dont la signature partielle, thuma, a été retrouvée sur un fragment de la statue de culte. L’étude extrêmement précise de tous les fragments reconnus de ces décors, pour partie modelés à la main, pour partie réalisés à l’aide de moules, constitue un apport essentiel de cet ouvrage. Elle met en évidence la qualité exceptionnelle de cette production spécifique à Fregellae (car sans confrontations extérieures), tant du point de vue esthétique que technique : il s’agit de frises, d’éléments des rampants des frontons ou des tympans, de plaques diverses. De façon générale, l’étude des décors en terre cuite fournit à tous les intervenants, malgré leur extrême fragmentation, le principal fil conducteur de la chronologie proposée, tant pour les deux phases de construction que pour le matériel récolté.

 

         L’examen des différentes catégories de matériel (réservé, pour mémoire, aux découvertes réalisées dans le secteur du temple 2 dans la 4e partie de l’ouvrage) se présente de façon très didactique : un rappel plus ou moins important, selon le cas, de la définition de la classe de matériel étudié, suivi d’une analyse des caractéristiques principales du lot pris en compte, le dossier se concluant par un inventaire détaillé des objets. En raison des conditions du terrain et des difficultés de la fouille, le nombre d’éléments étudiés est généralement réduit, voire très réduit (trois clous, un fragment de bronze…), interdisant par avance tout tentative de synthèse, d’autant plus que l’on ne peut parler de stratigraphie (p. 211). De ce fait, les fourchettes chronologiques avancées sont larges, de la fondation coloniale en 328 à sa destruction en 125. Concernant cette dernière date, on peut toutefois relever à plusieurs reprises un raisonnement circulaire : puisque la colonie est, d’après les textes, prise et abandonnée à cette date, le matériel découvert est « nécessairement antérieur ». Il peut paraitre étonnant que le site de Frégelle, établi à un croisement de routes importantes, ait pu cesser d’être seulement fréquenté, voire même au moins partiellement habité, après cet événement tragique, même si une nouvelle cité est alors fondée à peu de distance. Cela concerne particulièrement le sanctuaire suburbain, dont les débuts étaient bien antérieurs à la colonie latine. De fait, l’analyse du trésor (47 monnaies) découvert dans son périmètre oblige les auteurs du chapitre à récuser la datation « récente », après 91, du type le plus fréquent proposée par M. Crawford (p. 331) au profit d’une vague datation « post 211 » dans le tableau récapitulatif. À plusieurs reprises (par exemple p. 275), les différents auteurs insistent (justement) sur le fait que 125 ne marque pas la fin des différents types céramiques ou autres présents dans le sanctuaire, et dans le cas de la céramique à vernis noir, ils précisent qu’il conviendrait « d’anticiper la datation traditionnellement adoptée » (p. 212). Tout cela nécessite donc encore une certaine prudence… On en retiendra cependant l’effort pour caractériser les lieux de production, très souvent locaux mais aussi largement régionaux, avec une importance décisive pour la zone correspondant à la basse vallée du Liri.

 

         Comme en témoigne la bibliographie (44 pages de références), toutes les comparaisons possibles avec ce que l’on connaît des sanctuaires de l’Italie centro-méridionale (et même bien au-delà) sont présentes, qu’il s’agisse des décors et des autres catégories de matériel ou de l’organisation des sanctuaires et des cultes.

 

         À la lecture de cet ouvrage, Frégelle apparaît avoir été doté des trois types de sanctuaires qui caractérisent les colonies latines médio-républicaines : un culte politique (sans ex-voto) pour le temple 1. Son plan, son allure générale avec un podium traduisant un modèle déjà dépassé, son décor avec un fronton creux sont, pour sa première phase, plus caractéristiques du Latium que de Rome proprement (p. 25) : l’objectif poursuivi est de permettre aux colons venus d’ailleurs de se sentir en terrain connu pour fonder ensemble une véritable nouvelle communauté. Pour le temple 2, un lieu de culte habituel dans le monde italique, fréquenté à l’époque archaïque, est repris après au moins un siècle d’abandon par les familles de colons ; il est destiné à la sphère féminine, lié aux rites de passage, marqué par de très nombreux ex-voto et l’importance accordée à l’eau. Enfin, on ne peut oublier un sanctuaire directement lié au monde grec, celui d’Esculape, étudié dans Fregellae 2. Pour chacun d’eux, les auteurs relèvent une triple empreinte, à chaque fois différente par sa forme et son intensité, celle de l’hellénisme, celle de Rome et de ses élites, celle de la colonie et de ses propres élites. Les études sur Frégelle révèlent donc, malgré la conservation assez médiocre du site, un visage sensiblement renouvelé de la colonisation à l’époque médio républicaine.

 

 

TABLE DES MATIERES

 

Prefazione (A. Russo) : p. IX

Introduzione (G. Battaglini, F. Coarelli, F. Diosono) : p. XI

Abbreviazoni  bibliografiche : p. XIII-LVII

I INQUADRAMENTO GENERALE : (F. Coarelli) : p. 3

II IL TEMPIO DEL FORO

  • Il tempio del Foro: le indagini archeologiche e le strutture (G. Battaglini): p. 9
  •  Il tempio del Foro: riscostruzione architettonica e ipotesi per una lettura del monumento nel quadro della colonizzazine medio-repubblicana (F. Diosono): p. 19
  • Le terrecotte architettoniche del tempio del Foro (A. Pedacchioni): p. 29
  • La coroplastica modellata a mano del tempio del Foro (R. Känel, S. Stangoni): p. 43
  • La statua di culto del tempio del Foro (R. Känel, S. Stangoni): p. 77

III IL TEMPIO SUBURBANO SULLA VIA LATINA

  • Il tempio suburbano sulla via Latina: le indagini archeologiche e le strutture (G. Battaglini): p. 85
  • Il tempio suburbano sulla via Latina e la costruzione del paesaggio sacro della colonia di Fregellae : culto e cultura materiale (F. Diosono): p. 95
  • Le terrecotte architettoniche e la decorazione frontale del tempio suburbano sulla via Latina (R. Känel, S. Stangoni): p. 111
  • I frammenti dell’iscripzione monumentale in terracotta del tempio suburbano sulla via Latina (D. Nonnis): p. 145
  • Materiali edilizi in terracotta (N. Tiburzi, V. Tosti): p. 151
  • Materiali edilizi in piombo (E. Pozzi): p. 161

IV I MATERIALI DEL TEMPIO SUBURBANO SULLA VIA LATINA

  • Il materiale votivo (E.P. Chiarini, S. Decantis, S. Gallo): p. 165
  • I pesi fittili (L. Palini): p. 205
  • I th 349-ymiateria (A. Pallidino): p. 209
  • La ceramica a vernice rossa (S. Bernetti): p. 251
  • La ceramica depurata acroma (E. Rizzo, M. De Minicis): p. 255
  • La ceramica di cuccina (C. Cerquaglia, T. Privitera): p. 269
  • La ceramica comune ((D. Frapiccini, G. Saccarelli): p. 289
  • Le lucerne (T. Cinaglia): p. 299
  • Gli unguentari (S. Benetti): p. 303
  • Le anfore ((R. Latterini): p. 309
  • I grandi contenitori : dolia, mortaria e bacini (A. Carli, M.R. Ricciarini): p. 313
  • Materiali numismatici (A. Martin Esquivel, F. Diosono): p. 329
  • Gli oggetti in bronzo (D. Lanzi, E. Capucella): p. 341
  • Gli oggetti in ferro (M. Antinori): p. 343
  • Vetro e osso lavorato (F.R. Plebani): p. 345
  • Analisi preliminare dei resti faunistici (G. De Venuto): p. 347

INDICE ANALITICO : p. 349-358