AA.VV. : Descamps, Florence - Chappey, Frédéric - Plagnieux, Philippe (dir.) ; Frommel, Sabine (avec le concours de). Un bretteur au service du patrimoine. Mélanges pour Jean-Michel Leniaud. 880 p., 17 x 26 cm, 978-2-84934-475-0, 95 €
(Mare & Martin, Paris 2020)
 
Compte rendu par Gilles Soubigou, Conservation régionale des monuments historiques Rhône-Alpes
 
Nombre de mots : 8483 mots
Publié en ligne le 2021-07-20
Citation: Histara les comptes rendus (ISSN 2100-0700).
Lien: http://histara.sorbonne.fr/cr.php?cr=4058
Lien pour commander ce livre
 
 

          Tradition académique aussi ancienne que consacrée, les volumes de mélanges prospèrent toujours en ce début de XXIesiècle. Citons, sur les vingt dernières années, dans le seul champ de l’histoire de l’art francophone (université et musées) et sans volonté d’exhaustivité, les mélanges publiés en l’honneur de Pierre Rosenberg (2001), de Françoise Cachin (2002), de Daniel Alcouffe (2004), d’Alain Erlande-Brandenburg (2006), de Bruno Foucart (2008), de Daniel Rabreau (2016), de Dominique Thiébaut (2018), de Claude Mignot (2019) ou de Dario Gamboni (2021). Fin 2020, un nouveau volume est venu s’ajouter à cette liste, dédié à Jean-Michel Leniaud.

 

         L’ouvrage, imposant au premier abord avec ses près de 900 pages, a été conçu sous la direction scientifique de Florence Descamps, maître de conférences HDR à l’École Pratiques des Hautes Études (EPHE-PSL) ; Frédéric Chappey, conservateur du patrimoine et également maître de conférences en histoire de l’art à l'Université Charles-de-Gaulle-Lille 3 et Philippe Plagnieux, issu de l’École des Chartes, professeur d’histoire de l’art médiéval à Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Ils ont également bénéficié du concours de Sabine Frommel, directrice d’étude en histoire de l’art de la Renaissance à l’EPHE-PSL et directrice de l’équipe Histara. 

 

         Dans ces Mélanges pour Jean-Michel Leniaud, les directrices et directeurs de publication affichent une volonté d’ancrer spécifiquement l’ouvrage dans le champ patrimonial et d’affirmer, selon les termes de la quatrième de couverture, « l’importance du patrimoine dans les affaires de la Cité ». Cette orientation est toute naturelle s’agissant d’un ouvrage dédié à Jean-Michel Leniaud, qui est à la fois le sujet mais aussi l’objet de ce livre, sa personnalité comme sa carrière définissant, comme cela est de tradition dans l’exercice des mélanges, les orientations, les parti-pris et les thématiques mis à l’honneur dans ce volume. Cela n’est pas une mince affaire, s’agissant d’une personnalité qui a multiplié les activités et les casquettes tout au long d’une carrière marquée par une insatiable curiosité que nombre de contributeurs tiennent à souligner : élève de l’École des Chartes, qu’il finit par diriger, universitaire, docteur en histoire de l’art et docteur d’État en Droit, conservateur régional des monuments historiques (en Rhône-Alpes), inspecteur des monuments historiques, haut fonctionnaire, enseignant-chercheur (à l’École des Chartes, à l’EPHE, à l’École du Louvre), membre actif de nombreuses associations et comités d’experts… Jean-Michel Leniaud fut et souvent demeure tout cela. Il est difficile, lorsque l’on œuvre dans le domaine du patrimoine, de ne pas avoir croisé un jour ses travaux. Plusieurs de ses ouvrages sont d’incontestables références, incontournables pour celles et ceux qui étudient le patrimoine (L’Utopie française, essai sur le patrimoine, 1991 ; Les Archipels du passé. Le patrimoine et son histoire, 2002).

 

         Le présent volume respecte les codes d’un genre extrêmement normé, finement analysés il y a quelques années par l’historienne Françoise Waquet, dans un article vers lequel nous renvoyons celles et ceux qui voudraient mieux connaître l’historiographie des mélanges universitaires (Françoise Waquet, « Les « mélanges »: honneur et gratitude dans l'Université contemporaine », Revue d’histoire moderne & contemporaine, 2006/3, n° 53-3, p. 100-121. URL : https://www.cairn.info/revue-d-histoire-moderne-et-contemporaine-2006-3-page-100.htm). Il se divise en une première partie d’environ cent pages constituant les paratextes, suivis des essais offerts par des chercheurs – collègues, amis, élèves, disciples – à J.-M. Leniaud, réunis sous quatre grandes  thématiques. Ce ne sont pas moins de 70 auteurs qui se sont livrés à cet exercice, pour 67  articles (trois de ces textes étant rédigés à quatre mains). Exercice difficile que de faire cohabiter autant de personnalités et de sujets.

 

         L’angle d’attaque – la métaphore militaire est ici d’actualité – se lit dès le choix du sous-titre, Un bretteur au service du patrimoine. Le qualificatif « bretteur » (« qui se bat souvent à l’épée », nous rappelle Littré) définit et explicite un tempérament de spadassin, qui dans le cas de J.-M. Leniaud, s’est exercé principalement dans le domaine de la défense et de l’étude du patrimoine. Il introduit également une dimension polémique qui peut être lue à la fois comme une allusion aux combats qui furent ceux du dédicataire, et comme la licence que se donne cet ouvrage d’ouvrir des questionnements, voire de laisser une place à quelques sujets polémiques. De toute manière, chaque auteur reste responsable de ses propos, ont tenu à rappeler les directeurs de publication, dans un « Avis au lecteur » (p. 91), 

 

         En ouverture du volume, la liste du « Comité d’honneur » (p. 17), rassemblant les représentants des grandes institutions culturelles, universitaires et patrimoniales, est suivie des « Remerciements » (p. 19-20) qui complètent la liste des partenariats prestigieux. Suit l’« Avant-propos » (p. 21-22), qui, de manière assez synthétique, expose les attendus et ambitions de l’ouvrage, qui gravite autour de l’engagement de J.-M. Leniaud pour le « patrimoine français parfois si curieusement mal-aimé des pouvoirs publics » (p. 21). Cette assertion, si elle n’est pas sans fondement, n’est-elle pas nuancée par l’ouvrage lui-même, qui rassemble une pléiade (« une véritable légion d’honneur », disent les directeurs de publication) de fonctionnaires de toutes les institutions patrimoniales du pays, institutions qui relèvent pleinement de l’action des pouvoirs publics, preuve que le patrimoine n’est pas non plus abandonné. Vient ensuite la « Biographie de Jean-Michel Leniaud » (p. 23-28), qui expose ce parcours riche dont nous parlions plus haut, initié de manière plutôt inattendue par des études d’orgue au conservatoire national de région de Toulouse, au début des années 1970. Puis Raphaël Tassin a établi la « Bibliographie de Jean-Michel Leniaud et travaux universitaires effectués sous sa direction » (p. 29-87). Page 88, le portrait photographique de J.-M. Leniaud par Louis Frank, conservateur au département des Arts graphiques du musée du Louvre, fait emblema. En buste, mains derrière le dos, en noir et blanc, c’est un portrait institutionnel, quasi ministériel, oserait-on dire (il fait penser à des portraits d’André Malraux, dont le bureau était tout proche). Ce parallèle est renforcé par le fond, même laissé volontairement flou, mais parfaitement reconnaissable : les galeries du Palais-Royal, évocation transparente du patrimoine, non exclusive d’ailleurs de l’art contemporain (puisque, même si elles ne sont pas visibles, c’est le lieu des Deux plateaux de Daniel Buren et des Fontaines Sépharades de Pol Bury). Dans la lapidaire contribution de Laurent Le Bon (p. 89), faut-il voir  un trait d’espièglerie, qui ne serait d’ailleurs pas contradictoire avec la personnalité parfois facétieuse de son auteur, ou bien une mise en abyme des codes du genre ? Cet acrostiche ne renvoie-t-il pas à la tradition, bien ancrée chez les humanistes, de faire entrer des poèmes dédiés au récipiendaire dans les libri amicorum ? Enfin, après une « Table des abréviations » (p. 93) et la « Liste des auteurs » (p. 95-98), viennent les essais.

 

         Les directeurs ont regroupé plusieurs générations de chercheurs et de professionnels, depuis les maîtres (Alain Erlande-Brandenburg, décédé en juin 2020, qui fut le directeur de thèse de Jean-Michel Leniaud à l’EPHE en 1978) jusqu’aux plus récents disciples, issus notamment de l’École des Chartes, très fortement représentée dans cette publication. Universitaires, conservateurs (de musées, des monuments historiques, des archives, des bibliothèques...), hauts fonctionnaires, défenseurs et acteurs du patrimoine – tout ce que fut et est J.-M. Leniaud –, en activité, honoraires ou émérites, se côtoient donc dans cet ouvrage. Les textes couvrent par conséquent un champ chronologique vaste, qui va de la Rome augustéenne jusqu’à la période contemporaine. L’Occident domine, avec des incursions notables du côté de l’Asie. On y compte une majorité d’études monographiques, mais certaines contributions développent plutôt des problématiques iconographiques, quand d’autres proposent des essais plus théoriques ou transversaux. Architecture médiévale et du XIXe siècle dominent assez naturellement, compte tenu des centres d’intérêts du récipiendaire. Il en va de même pour les thèmes religieux ainsi, bien sûr, que pour les grands enjeux patrimoniaux. Mais des sujets plus inattendus, quoique toujours en phase avec les travaux et centres d’intérêts de J.-M. Leniaud, sont aussi abordés, comme l’ethnomusicologie, la cynégétique ou l’univers du vin. Plusieurs articles sont représentatifs des travaux des chercheuses et chercheurs issus de l’École des Chartes : numismatique, héraldique, diplomatique, études de projets éditoriaux, de fonds d’archives, d’histoire des institutions... 

 

         Les directrices et directeurs de publication ont opté pour une division en quatre parties, qui font écho aux « bases de granit » du parcours et des travaux du destinataire. La première partie est sobrement intitulée « Les productions artistiques ». Faisant écho aux publications de J.-M. Leniaud sur divers édifices, ou bien à sa monographie sur l’Art nouveau (2009), cette section regroupe dix-neuf essais. Nous avons spontanément cherché les modalités d’articulation des textes entre eux, la cohérence interne à chaque partie n’étant pas, au premier abord, évidente, avant de nous apercevoir que l’ordre des textes au sein de chaque section obéissait plus simplement à la logique de l’ordre alphabétique des noms de famille des contributeurs. Agnès Bos, lecturer à l’Université de St Andrews (mais passée par le musée du Louvre), ouvre donc cette section en présentant le cabinet d’ébène provenant de la collection Révoil et conservé au Louvre depuis 1928 (p. 101). Très appréciés par les collectionneurs du XIXe siècle, ces meubles ont souvent été modifiés au cours du temps, comme le démontre l’autrice avec cette étude de cas. Valérie Carpentier-Vanhaverbeke, conservatrice au musée du Louvre, sous le titre « Du château au musée et réciproquement », offre une étude de cas d’une sélection de sculptures bellifontaines (p. 109) aujourd’hui essentiellement conservées au Louvre, et analyse leurs parcours d’une institution à l’autre, à la lumière de diverses archives. Le voisinage fortuit de cet essai avec le texte précédent n’est pas inintéressant, le cabinet d’ébène du Louvre ayant longtemps été déposé à Fontainebleau. Laure Chabanne, conservatrice au château de Compiègne, étudie ensuite la participation des élèves de l’École nationale supérieure des beaux-arts à plusieurs chantiers d’art monumental entre 1903 et 1968, qu’il s’agisse d’églises (Saint-Pierre de Neuilly) ou d’architecture civile (lycée Albert-Schweitzer du Raincy), en France et à l’étranger (église Notre-Dame-de France de Londres) (p. 119). Ophélie Ferlier-Bouat, conservatrice au musée d’Orsay, commissaire de la récente rétrospective Gauguin au Grand Palais (2017), propose une réflexion sur les rapports de Gauguin à l’architecture, à travers le cas de sa maison-atelier de Punaauia et de la « Maison du jouir » d’Atuona (p. 129). L’architecte en chef des monuments historiques Pierre-Antoine Gatier présente la documentation rassemblée sur le travail du peintre décorateur Alexandre Denuelle (1818-1879), dont les compositions à la cire réalisées pour l’église Saint-Germain-des-Prés sont actuellement en cours de restauration (p. 135). Ariane James-Sarazin, directrice adjointe du musée de l’Armée, spécialiste de Hyacinthe Rigaud dont elle a publié le catalogue raisonné, en étudie une œuvre de jeunesse, le portrait du sculpteur Martin Desjardins, qui œuvra sur le chantier de Versailles (p. 147). A un corpus de trois portraits déjà connus, l’autrice en ajoute un quatrième, conservé dans une collection particulière, et pour lequel elle propose, en l’argumentant, une datation vers 1686. Irène Jourd’heuil, conservatrice des monuments historiques à la DRAC Centre-Val de Loire et Fabienne Audebrand, conservatrice des antiquités et objets d’art d’Eure-et-Loir, cosignent une étude sur les statues-colonnes déposées en 1967 du Portail royal de Chartres, à l’occasion des travaux de restauration préalables à leur prochaine installation dans l’ancienne salle capitulaire de la chapelle Saint-Piat (p. 155). Jean Lavit, conservateur en chef du patrimoine, propose une « nouvelle lecture » de la vie et de l’œuvre du peintre paysagiste Alexandre Millin du Perreux (1764-1843), visant à sortir du traditionnel dualisme « romantisme » et « pyrénéisme » (p. 173). Rodolphe Leroy, conservateur à la bibliothèque universitaire de Bourgogne, étudie l’œuvre de Charlotte Grappe-Roy (1890-1930), illustratrice de mode, « inconnue talentueuse » selon son expression, et dont un important fonds est conservé à la médiathèque du Grand-Dole, dans le Jura (p. 185). Ségolène Le Men, professeure émérite d’histoire de l’art, propose une analyse de l’essai des Goncourt sur l’illustrateur Gavarni, Gavarni, l’homme et l’œuvre, publié en 1873, qui doit beaucoup au modèle vasarien et fit dire à Flaubert, après l’avoir lu, qu’aucun artiste n’avait encore reçu l’hommage d’un tel témoignage (p. 191). Antoinette Le Normand-Romain, conservatrice générale honoraire du patrimoine, revient sur Rodin, un artiste qu’elle connaît bien pour avoir longtemps dirigé le musée qui lui est dédié, et plus particulièrement sur des œuvres conservées à la National Gallery of Art de Washington, provenant du don de John et Kate Simpson en 1942 (p. 201). Rosine Lheureux, directrice des Archives départementales du Val-de-Marne, consacre son texte au fonds  des dessins et modèles déposés au conseil de prud’hommes de Paris entre 1845 et 1979, conservé aux Archives de Paris grâce à l’action de préservation menée par Brigitte Lainé dans les années 1980, et démontre tout l’intérêt de cette « part accessoire » d’objets artisanaux et industriels provenant du milieu des couturiers et de la parfumerie (p. 207). François Macé de Lépinay, inspecteur honoraire des monuments historiques, ne parle pas, lui, des monuments historiques, comme on aurait pu s’y attendre, mais analyse Le Passage du Grand-Saint-Bernard (1805) de Charles Thévenin (p. 215), donnant ainsi un pendant à l’article qu’il avait consacré à La Fête de la Fédération, du même artiste, dans la Revue de l’Art en 1989. Martin Motte, directeur d’études à l’EPHE, se penche sur l’amitié qui exista entre Gustave Doré et Ferdinand Foch, entrecroisant leurs regards sur un thème commun : la guerre, en se concentrant sur l’analyse des gravures consacrées par Doré aux batailles de la guerre de Crimée, l’Alma et Inkerman (p. 223). Pauline Prevost-Marcilhacy, maître de conférences en histoire de l’art contemporain à l’Université de Lille, s’intéresse aux commandes d’orfèvrerie religieuse de  Mellerio dits Meller, au travers du fonds inédit de la correspondance commerciale de cette maison, que cette dernière conserve toujours (p. 231). Maria-Anne Privat, conservatrice au Domaine de Compiègne, étudie les travaux de la Commission des arts et édifices religieux de l’administration des Cultes entre 1848 et 1857, source précieuse pour la prise en compte de la mise en place d’une esthétique néo-gothique favorisée par l’administration à cette période, particulièrement dans le domaine de la paramentique (p. 245). Isabelle Rouge-Ducos, conservatrice au musée national Picasso-Paris, consacre son essai à une analyse croisée des travaux de François Rude, dans le domaine de la sculpture, et de Gustave Le Gray dans celui de la photographie, à travers la photographie du Départ des volontaires réalisée par Le Gray en 1852, probablement sur la commande du sculpteur lui-même (p. 257). Charles-Eloi Vial, conservateur à la Bnf (Département des Manuscrits), s’intéresse aux quatorze paysages exécutés de 1809 à 1811 par le peintre Jean Vasserot (né en 1769) pour la salle de bain de Napoléon à Rambouillet, en en étudiant les sources visuelles et la dimension de « panorama de l’Empire » que constituait l’ensemble, toujours en place (p. 257). Enfin cette section se clôt par un essai d’Inès Villela-Petit, archiviste paléographe, qui, dès son titre, « Une médaille pour Jean-Michel Leniaud », marque l’hommage personnalisé au récipiendaire, pour se consacrer à une évocation de la représentation monumentale et de la sculpture de l’espace figuré dans la numismatique médiévale (p. 273), sujet vaste pour un court article, remarque que l’on pourrait faire à beaucoup de textes de ce recueil, contraints par la formule même des mélanges. 

 

         Dans la seconde partie, intitulée « Architecture et urbanisme », les essais fonctionnent en miroir des nombreux travaux consacrés par J.-M. Leniaud à l’architecture médiévale et du XIXe siècle. Composée de vingt-huit essais, elle est ouverte par Frédéric Barbier, directeur de recherches au CNRS et directeur d’études à l’EPHE, qui analyse l’image de la ville dans le Narrenschiff (La Nef des fous) de Sébastien Brant, publié en 1494, en comparant les gravures sur bois à l’état de la connaissance sur l’architecture des villes du Rhin supérieur à la fin du XVsiècle, et montrant comment cette connaissance gagne à se nourrir de ce type d’études iconographiques, riches en informations (p. 283). Basile Baudez, de l’Université de Princeton, consacre l’essai suivant à Nikolaus Pevsner et à son ouvrage A History of Building Types (1976), pour comprendre la violence de l’accueil critique de ce dernier en analysant les circonstances et la méthode (non typologique) de rédaction de cet ouvrage, issu de conférences prononcées dans le cadre des Mellon Lectures (p. 289). Jean-François Cabestan, maître de conférences en histoire de l’art à Paris 1 Panthéon-Sorbonne, analyse la distribution d’un hôtel particulier en 1847, l’hôtel de Sébastiani, mais dans le contexte bien particulier de l’enquête sur l’assassinat de la duchesse de Choiseul-Praslin, en exploitant les documents de police produits dans le cadre de ce féminicide qui eut un fort retentissement (p. 299). Elsa Cherbuy, conservatrice des bibliothèques, donne un texte sur la salle Le Peletier, qui accueillit l’opéra de Paris entre l’assassinat du duc de Berry en 1820 au sortir de la salle de la rue de Richelieu et l’attentat contre Napoléon III en 1858, salle de spectacle à laquelle elle avait consacré sa thèse de l’École des Chartes soutenue en 2013 (p. 307). Thomas Coomans, professeur à la KU Leuven, et Jan De Maeyer, professeur émérite de la même institution, cosignent un texte sur les relations – pas toujours évidentes – entre les prêtres et les architectes, à partir d’un texte publié en 1934 par le chanoine Raymond Lemaire dans la revue flamande Ons Geloof précisément pour guider les premiers dans leurs rapports avec les seconds (p. 313). Markus Dauss, maître de conférences à l’Université de Francfort, analyse, à partir des données de sa thèse de doctorat soutenue sous la direction de J.-M. Leniaud, la série des Trente-Six vues de la tour Eiffel publiée entre 1888 et 1902 par Henri Rivière, dans son rapport notamment au medium photographique (p. 325). Jean-François Delmas, conservateur aux musées et domaines nationaux des châteaux de Compiègne et Blérancourt, étudie les relations (professionnelles et familiales) entre le peintre Jules Laurens et l’architecte Jean-Camille Formigé au travers d’une lettre de janvier 1889 du fonds Laurens conservé à la bibliothèque-musée Inguimbertine de Carpentras (p. 333). Philippe Dufieux, professeur d’histoire de l’architecture à l’Ensa de Lyon, analyse le Lyon artistique de Léon Charvet, élève de Chenavard, un dictionnaire biographique conçu selon le modèle vasarien, précieux pour l’histoire de l’architecture dans la capitale des Gaules (p. 341). Alain Erlande-Brandenburg, dont il s’agit d’une des tous derniers textes, propose une synthèse historique, architecturale et archéologique sur la cathédrale de Bourges, dans la lignée des premiers essais de Focillon sur ce monument (p. 349). L’article de Nicolas Fiévé, directeur d’études à l’EPHE, se tourne vers l’Asie, avec une fine analyse du pavillon de lettré au Japon, habitat de plaisance très normé et « allégorie de la cabane de reclus », texte offert à J.-M. Leniaud à l’heure où ce dernier « s’apprête à se retirer dans son ermitage de la Montagne Sainte-Geneviève », à l’image des ermites érudits japonais (p. 357). Bernard  Fonquernie, architecte en chef des monuments historiques, étudie ensuite l’église de Larochemillay, œuvre du jeune Anatole de Baudot, achevée en 1871 et empreinte des leçons rationalistes de Viollet-le-Duc (p. 363). Jean-Philippe Garric, professeur d’histoire de l’architecture à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, analyse les liens entre Eugène Viollet-le-Duc et Charles Percier, qui nous éclairent, explique l’auteur, sur la « fracture française qui sépare l’architecture proprement dite et la restauration monumentale » (p. 373). Mario Kramp, directeur du Kölnisches Stadtmuseum de Cologne, consacre le texte suivant au grand chantier du « port napoléonien » de cette ville, en analysant l’impact des choix de Napoléon, exposés dans une lettre du 18 décembre 1811 de Montalivet à l’Empereur, avec note marginale de ce dernier, chantier d’envergure interrompu par la chute de l’Empire (p. 379). Guy Massin-Le Goff, conservateur honoraire des antiquités et objets d’art du Maine-et-Loir, étudie l’église Saint-Laud d’Angers, de style néoplantagenêt – style local qui fait l’objet d’une définition –, œuvre d’Ernest Dainville (p. 389). Jean-Baptiste Minnaert, professeur d’histoire de l’art contemporain à l’Université Paris IV, (Sorbonne Université), pose une question intéressante à l’heure où nous écrivons cette recension et où la Samaritaine rouvre au public à Paris, après quinze années de travaux : « Y a-t-il un style Henri Sauvage ? », en soulignant son impact sur les architectes de la génération suivante (p. 395). Jacques Moulin, architecte en chef des monuments historiques, consacre son texte à un sujet qu’il connaît bien, la destruction de la flèche de la basilique de Saint-Denis, qualifiée de « crime originel et mythe fondateur du service des Monuments historiques », présentant l’argumentaire historique (et technique) des défenseurs du remontage – ou de la reconstruction – de cette flèche (p. 401). Fabien Oppermann, directeur du Collège néerlandais, étudie ensuite la construction du Collège néerlandais de la Cité universitaire de Paris, œuvre de Willem Marinus Dudok, chantier complexe, ralenti par de nombreux facteurs et achevé en 1938 (p. 411). William Pesson, architecte et président de l’association des amis de Quatremère de Quincy, consacre son essai à Notre-Dame de Paris, qualifiée de « cathédrale du mystère et de l’alchimie » (p. 421). Il y expose des hypothèses sur la part supputée de connaissances ésotériques dans l’œuvre de Viollet le Duc, s’aventurant ainsi en dehors du cadre plus documenté, pensons-nous, d’architectures plus pleinement symboliques car spécifiquement pensées comme telles, comme la somptueuse Quinta da Regaleira abordée par cet auteur dans une précédente publication. Le texte suivant parle aussi de cathédrale, et Philippe Plagnieux s’y pose la question suivante : le maçon portraituré avec son outil de travail dans la crypte de cet édifice (dit « l’homme à la bretture ») est-il l’architecte de la cathédrale de Bourges ? » (p. 433). Marc Polonovski, conservateur général honoraire du patrimoine, consacre son essai aux  synagogues de Strasbourg et aux traces architecturales et urbanistiques laissées dans cette métropole par la présence juive, au fil des conflits et des destructions, notamment l’incendie de la synagogue en 1940, dans le contexte des persécutions et des spoliations qui furent immédiates dans ce territoire annexé au Reich (p. 443). Stéphanie Quantin-Biancalani, conservatrice du patrimoine à la Cité de l’architecture et du patrimoine, s’intéresse ensuite à l’esthétique sociale du sculpteur Maurice Maignan (1872-1946), telle qu’exprimée dans son projet palingénésique de « Tour du Progrès », dont témoignent des dessins et de superbes maquettes entrés dans les collections du musée des Monuments français en 2001 (p. 453). Daniel Rabreau, professeur honoraire à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, prouve ensuite qu’il reste des choses à dire sur l’abbé Marc-Antoine Laugier (1713-1769) et l’architecture des Lumières, à la lumière d’une relecture de ses essais théoriques (p. 463). Anne Richard-Bazire, docteure en histoire de l’art qui a consacré sa thèse à Pascal, étudie ensuite le fonds de correspondance entre les architectes Jean-Louis Pascal (l’élève) et Charles Garnier (le maître), qui s’étend sur plus de cinquante ans et est conservée à la bibliothèque de l’Ensba (p. 473). Gilles Sauron, professeur émérite d’archéologie romaine à Paris IV (Sorbonne Université), étudie ensuite les façades des grands édifices publics de l’époque, augustéenne (Maison d’Auguste et ara Pacis notamment), replacée dans le contexte du mythe impérial du retour à l’âge d’or (p. 485). Gennaro Toscano, professeur des universités et conseiller scientifique à la Bnf, présente une attribution à Frantz Ludwig Catel (1778-1856) de deux dessins conservés à la Bnf représentant l’ancienne façade de la cathédrale d’Amalfi, exécutés en 1812 lors de l’expédition menée par Aubin-Louis Millin (p. 497). Dans un texte sobrement intitulé « Paradoxes de la modernité », Pierre Vaisse, professeur honoraire d’histoire de l’art contemporain, part du constat des problèmes d’étanchéité des toits terrasses du couvent de la Tourette du Corbusier pour questionner les failles techniques et constructives de l’architecture moderne, qui se voulait pourtant avant tout fonctionnelle, concluant que l’affirmation du « lien nécessaire entre technique de construction, fonction et qualités formelles » n’a rien, précisément, de nécessaire (p. 507). Éliane Vergnolle, professeure honoraire à l’Université de Franche-Comté, s’intéresse ensuite à la trace laissée par Richelieu à l’abbaye de Saint-Benoît-sur-Loire, dont il fut abbé commendataire à partir de 1621, y initiant une grande campagne de reconstruction suite à un incendie (p. 513). Enfin, Guido Zucconi, professeur d’histoire de l’architecture à l’Université IUAV de Venise, questionne la notion d’« éclectisme », envers laquelle il affirme son « aversion », partagée avec J.-M. Leniaud, et révélatrice, à ses yeux, d’une incompréhension du phénomène même, qui relèverait plutôt d’une « perte de références bien établies par les architectes qui sortent des écoles », dans un contexte marqué par l’émergence des nationalismes (p. 523). 

 

         L’articulation de la troisième partie, « Pouvoir et société », et de ses dix-huit essais, avec la structure générale de l’ouvrage comme avec le parcours de J.-M. Leniaud, nous semble moins évidente que les trois autres parties, si ce n’est que l’on y trouve des textes renvoyant à des centres d’intérêts moins faciles à placer ailleurs, comme l’histoire des institutions, l’histoire du droit ou la chasse. Ce qui n’enlève rien à l’intérêt des textes eux-mêmes. Dans « Patrimoine écrit et diplomatie », Jean-Pierre Bat, archiviste paléographe chargé de mission au CAPS du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, pose la question de l’existence de ce qu’il baptise une French Touch chartiste en Afrique francophone, analysant les partenariats tissés entre l’École des Chartes et plusieurs nations de ce continent (p. 529). Édouard Bouyé, directeur des Archives départementales de la Côte-d’Or, étudie ensuite les armoiries pontificales dans les églises françaises entre 1870 et les années 1930, avec de très nombreux exemples (en notes) et une volonté de présentation typologique, essayant de proposer des explications à la profusion constatée, notamment dans la culture héraldique des prêtres du temps, dans le contexte ultramontain ou dans la réaction à la chute des États pontificaux (p. 535). Olivia Brissaud, directrice du Fonds MecenARP, qui avait consacré sa thèse de l’École des Chartes au principe d’inaliénabilité à l’épreuve de la Révolution française, exploite et étudie le registre du dépôt de Nesle, reflet des sélections patrimoniales sous la période révolutionnaire, en tension entre l’urgence de vendre et la conservation patrimoniale avant l’heure (p. 547). L’article d’Agnès Callu, chercheuse à l’Institut ACTE, intitulé « Du Combat : art contemporain et politique » (p. 557), assume un ton très personnel et s’appuie sur l’expérience de l’autrice (visites d’expositions, lecture, fondation de la revue d’art contemporain Trop en 2018…) pour traiter de ce « combat » dont on comprend qu’il est surtout celui, intellectuel, social et politique, des chercheuses et des chercheurs et de leur « droit à questionner ». Frédéric Chappey consacre un très intéressant essai à  l’exposition longtemps oubliée d’Art français contemporain présentée à Berlin en 1937, replacée dans le contexte de la diplomatie culturelle de la France dans l’entre-deux guerres, en s’interrogeant pour déterminer si elle a constitué les prémices de la collaboration ou au contraire d’une volonté de résistance, dans un contexte où les autorités allemandes refusèrent la présence d’artistes juifs, communistes ou notoirement antinazis, écartant ainsi Chagall, Picasso ou Soutine (p. 567). L’essai suivant, par Yves Christe, professeur honoraire à l’Université de Genève, est le premier à faire écho à l’intérêt de J.-M. Leniaud pour la chasse, en étudiant les origines de la chasse par force, plus connue sous le nom de chasse à courre, au travers notamment des sources figurées à partir des XIIe et XIIIsiècles (p. 583). Olivier Christin, directeur d’études à l’EPHE, propose ensuite une étude iconographique des emblèmes de la Res Publica à travers l’étude de cas des éditions illustrées de gravures sur bois des ouvrages de l’humaniste toulousain Guillaume de la Perrière, au début du XVIe siècle (p. 591). Second essai de nature cynégétique, par Sylvio Hermann De Franceschi, directeur d’études à l’EPHE, « Morales en venaison » analyse les rapports entre les gens d’Église et la chasse à courre dans le monde catholique avant et après le Concile de Trente, à la lumière des textes des théologiens du temps (p. 597). Puis Florence Descamps nous ramène à l’architecture, mais contemporaine cette fois, en étudiant le ministère des Finances de Bercy, projet de Paul Chemetov et Borja Huidobro, « architecture technocratique d’un pouvoir financier » puisant dans la « mémoire longue » de cette institution précédemment logée dans l’aile Richelieu du Louvre, dont la « grammaire de la puissance » est analysée (p. 609). L’autrice a l’élégance de ne pas rappeler que deux de nos récents présidents y furent ministres, mais à la lire on se demande ce qu’il faudrait conclure de leur passage dans ce lieu dont se « dégage une esthétique contemporaine de la force et de la stabilité gouvernementale, une image de la puissance financière et de l’idéologie gestionnaire, une figure technocratique de l’expertise et du contrôle, (…) close sur elle-même et obsidionale » ? Le très intéressant texte de Laurent Ferri, conservateur des livres rares à l’Université Cornell et ancien directeur de la bibliothèque du musée Condé, présente l’activité méconnue du maréchal Pétain comme conservateur de Chantilly – poste réservé aux membres de l’Institut –, entre 1925 et 1944 ; l’on y apprend avec étonnement que, le lendemain même de l’entrevue de Montoire, le maréchal se rendait à Vandoeuvres pour y inspecter les collections de Chantilly, évacuées et mises à l’abri (p. 617). Laurence de Finance, conservatrice générale honoraire du patrimoine, présente la politique de mécénat de Napoléon III dans le domaine du vitrail civil et religieux, en insistant sur la mise en avant de saint Napoléon et sur la mise en scène occasionnelle du couple impérial (à la cathédrale d’Amiens, à l’église Saint-Thibault de Joigny dans l’Yonne et à l’église Saint-Remy de Troyes dans l’Aube) (p. 635). Jean-Louis Harouel, professeur émérite de l’Université Paris II Panthéon-Assas, spécialiste reconnu du droit de l’urbanisme, propose ensuite un essai intitulé « Visibilité religieuse dans l’espace public : l’inégalité dans le traitement entre catholicisme et islam », dont le contenu argumente et réclame l’interdiction du port du voile dans l’espace public (p. 643). Nous signalons toutefois que nous nous interrogeons sur l’opportunité réelle qu’il y avait à intégrer dans un ouvrage universitaire consacré au patrimoine ce texte visant à démontrer la complaisance supposée du législateur envers l’islam, en opposition à une « haine » envers le catholicisme estimée largement répandue dans l’espace public, article indiscutablement polémique et teinté de convictions politiquement marquées. L’article qui suit, intitulé de manière amusante « Un mauvais outil de travail », par Bertrand Joly, professeur émérite à l’Université de Nantes, expose le projet (et les conditions de réalisation) du Dictionnaire des parlementaires français, publié de 1889 à 1940, dont il pointe les défauts et les inexactitudes (p. 651). Frauke Michler, enseignante-chercheuse à l’Université de Weimar, présente l’étude de cas très détaillée du château de Coucy (Aisne), occupé par les troupes allemandes dès 1914, illustrant l’action de la Kriegsdenkmalpflege allemande durant la Grande Guerre, c’est-à-dire de l’action de préservation du patrimoine historique côté allemand pendant le premier conflit mondial, concept qui s’affronta dans une dialectique sans espoir à la doctrine de la « terre brûlée » dans un contexte de guerre totale, aboutissant finalement au dynamitage du château en mars 1917 (p. 661). Dans un article sobrement intitulé « Napoléon, maître du temps ? » (p. 679), Émilie Robbe, conservatrice au musée de l’Armée, revient sur des considérations nées de la préparation des expositions Napoléon stratège (2018) et Napoléon n’est plus (2021) pour interroger le rapport de l’Empereur – et de sa légende – au temps. Julie Rohou, conservatrice au musée national de la Renaissance-château d’Écouen, présente ensuite la commande artistique de Charles de Blois, neveu du roi de France et prétendant au duché de Bretagne mort en 1464, pour l’Église de Bretagne, à partir notamment du procès en canonisation instruit à partir de 1367, qui détaille ses largesses aux finalités très politiques (p. 687). Emmanuel de Waresquiel, chercheur à l’EPHE, consacre une étude iconographique aux images et monuments représentant le serment du Jeu de paume du 20 juin 1789, pendant la période qui sépare l’événement du centenaire de la Révolution, en 1889, sujet qui interroge notamment les enjeux de la peinture d’histoire au XIXe siècle (p. 693). Enfin, Jean Wirth, professeur honoraire d’histoire de l’art du Moyen Âge à l’Université de Genève, consacre un intéressant essai au « culte des chariots » dont diverses sources du XIIe siècle portent témoignage, thème déjà interrogé en son temps par Panofsky, consistant en un phénomène d’enthousiasme collectif et spontané (des chariots de matériaux de construction sont traînés par des attelages humaines, déclenchant des phénomènes de vénération sur leur passage), né autour du chantier de reconstruction de la cathédrale de Chartes et dont l’authenticité ou le caractère purement symbolique font l’objet de débats (p. 705). 

 

         La quatrième partie est sobrement intitulée « Patrimoines », ce qui, même au pluriel, fait un peu double emploi avec le titre général du volume, la question patrimoniale étant, déjà, au cœur des contributions des trois parties précédentes. Composée de vingt-deux contributions, elle débute par un essai théorique d’Arlette Auduc, conservatrice en chef honoraire du patrimoine, intitulé « Du monument historique au territoire : ruptures et permanences. Vers une histoire critique du patrimoine ? », dans lequel l’autrice souhaite examiner les nouveaux enjeux patrimoniaux, notamment au regard de l’extension constante du domaine patrimonial, de l’apparition de nouveaux acteurs et de nouveaux outils, en s’appuyant sur l’étude de cas des travaux du service d’Inventaire de l’Île-de-France entre 1980 et 1992, concluant à la dissociation de la question patrimoniale du seul enjeu des monuments historiques (p. 715). Philippe Barbat, haut fonctionnaire et ancien directeur général des patrimoines au ministère de la Culture, présente la politique développée ces dernières années pour rapprocher l’Institut national du patrimoine (Inp), grande école dédiée à la formation professionnelle des conservatrices et conservateurs du patrimoine de l’État et des collectivités territoriales et des restauratrices et restaurateurs du patrimoine, et le monde de la recherche, politique surtout marquée par la création de parcours doctoraux et qui a reçu le soutien actif de J.-M. Leniaud, président du conseil scientifique de cette école depuis 2011 (p. 723). Dans « Pas de bon vin sans bonne bouteille » (p. 733), Jean-François Belhoste, directeur d’études à l’EPHE s’intéresse aux sources (traités, inventaires après décès, archives de manufactures…) qui permettent de mieux connaître les enjeux de la fabrication et des usages des bouteilles de vin au XVIIIsiècle. Dans « L’art de la conversation intime en temps de guerre », Marc Botlan, inspecteur général honoraire des monuments historiques, est lui aussi, comme son collègue François Macé de Lépinay, là où on ne l’attendait pas nécessairement. Dans « L’art de la conversation intime en temps de guerre » (p. 747), il présente la correspondance entre Henri A. et son épouse née Théonie B, pendant la Grande Guerre, une note précisant que l’édition critique de cette correspondance, dont l’auteur souligne l’exceptionnelle continuité, est en préparation aux PUR. Jocelyne Bouquillard, conservatrice à la Réserve de la bibliothèque Sainte-Geneviève, étudie le fonds d’iconographie et d’archéologie médiévales de l’archéologue Louis-Jean Guénebault (1789-1878) conservé dans cette institution et dont l’autrice souligne qu’il mérite d’être redécouvert (p. 747). Dans « A propos du patrimoine, le dialogue entre droit et histoire » (p. 767), Marie Cornu, directrice de recherches au CNRS, se penche sur l’histoire de la constitution progressive d’un corpus de textes législatifs (1887, 1913…) représentatifs de ce que J.-M. Leniaud a appelé le « jacobinisme patrimonial », non pas tant en présentant ces textes qu’en explicitant les enjeux qu’ils posent aux historiens de cette discipline. Xavier Dectot, conservateur aux National Museums Scotland, présente ensuite la place de la licorne dans la littérature zoologique et archéologique du XIXe siècle, soulignant qu’il ne s’agit pas d’une légende spécifiquement européenne, mais qu’elle est présente également dans d’autres contrées chrétiennes, et jusqu’au Tibet, dernier blanc de la carte où on l’alla chercher, en vain (p. 775). Nouvel essai sur la chasse, le court texte de Philippe Dulac, président de la Fondation François Sommers, intitulé « Sur les traces du Fouilloux, de l’École des Chartes à la vénerie en Poitou », souligne l’intérêt de J.-M. Leniaud pour la vénerie et l’apport de l’archiviste-paléographe à la connaissance de ce monde, et à sa défense « patrimoniale » (p. 783). François Fossier, professeur émérite d’histoire de l’art à l’Université Lyon II, étudie ensuite les travaux de diplomatique menés à la fin de l’Ancien Régime, d’abord par les mauristes puis par plusieurs figures parmi lesquelles il distingue les parcours et travaux du chancelier d’Aguesseau, d’Henri Bertin et de Louis-Georges de Bréquigny, notamment sur la collection des Ordonnances de rois de France (p. 785). Marie Gloc, conservatrice des monuments historiques à la DRAC Grand-Est, présente les aménagements de la cathédrale de Nancy, parmi les plus jeunes de France puisque inaugurée en 1742, au XIXe siècle, à la lumière notamment des fonds d’archives conservés, terminant par des installations d’œuvres postérieures à 1905 qui éclairent, à travers cette étude de cas, les relations parfois difficiles entre l’État propriétaire et le clergé affectataire (p. 795). Un essai cosigné par Pierre Grégory, vice-chancelier honoraire des Universités de Paris et Jean-Pierre Daviet, professeur d’histoire contemporaine à l’Université de Caen, se veut un plaidoyer pour le patrimoine vu comme une « nouvelle route de la Soie » française, un atout de développement économique, qui devrait être enseigné à l’école (l’article ne se penche pas sur la question de l’éducation artistique et culturelle, qui existe pourtant), freiné par le « vandalisme ordinaire », également qualifié de « bêtise commune et ravageuse », illustrée par un exemple qui respire le vécu : la disparition progressive d’éléments de décors XIXe dans les espaces administratifs de la Sorbonne, « ripolinés » au fil des ans (p. 801). Dominique Hervier, conservateur général honoraire du patrimoine, se penche ensuite sur André Chastel, en publiant un article de jeunesse de ce dernier, consacré à André Gide « l’amateur de jardins » (dont la vision du terroir s’oppose, souligne Chastel, à celle de Barrès) et publié dans Lueurs, journal du camp de prisonniers où Chastel était enfermé en 1941, rappelant ainsi la passion du grand historien de l’art pour la littérature, éclipsée par son œuvre ultérieure (p. 809). Dans un article très fin (p. 821), Christian Hottin, directeur des études à l’Inp, ressuscite la figure d’Eugène Ollivier, auteur d’un article qui fit sensation en son temps (« Les monuments historiques demain », Terrain, 9 octobre 1987) pour, après avoir évoqué de manière complémentaire les Chroniques patrimoniales de J.-M. Leniaud, poser la question de l’autonomie intellectuelle d’un travailleur scientifique œuvrant dans un contexte administratif d’État (ce qui est vrai aussi, ajouterons-nous, des collectivités territoriales). Toute la finesse de l’article apparaît lorsque l’on sait – ce qui n’est pas précisé, si ce n’est de manière cryptée dans le titre de l’article, « Mélanges offerts à Eugène Ollivier » – qu’Eugène Ollivier n’était autre que Jean-Michel Leniaud, publiant sous pseudonyme. Claude Langlois, directeur d’études émérite à l’EPHE, publie et analyse une lettre de l’historien Alain de Boüard (1882-1955), chartiste, proche de José-Maria de Heredia, lettre de 1906 portée au dossier de canonisation de Thérèse de l’Enfant-Jésus, ouvert en 1910, et dans laquelle de Bouärd témoigne de son expérience de lecture de la vie de Thérèse (p. 827). Catherine Massip, conservatrice générale honoraire des bibliothèques, analyse l’éphémère Revue de musique ancienne et moderne créée en 1856 par Thodore Nisard à Rennes, et le Bulletin qui l’accompagnait (p. 833). Dans « Le défenseur du patrimoine au défi du temps présent » (p. 839), François Monnier, directeur d’études à l’EPHE, propose un portrait de l’« historien défenseur du patrimoine », en fait un portrait de J.-M. Leniaud soulignant sa dimension de Don Quichotte, mais aussi la leçon qu’offre, selon l’auteur, l’historien qui ne se limite pas à étudier le passé mais combat pour le faire vivre dans le présent et l’avenir. Eric Peuchot, maître de conférences à l’Université Paris Descartes, propose « A la recherche de l’équipage perdu ou Balade en « Leniaudie » (p. 845), titre inspiré de Pierre Messmer, pour un texte qui entrecroise plusieurs fils autour du sujet-objet J.-M. Leniaud : Pierre Messmer, justement, mais aussi la chasse et le Poitou... François Picard, professeur d’ethnomusicologie à Paris IV (Sorbonne Université), propose d’esquisser une anthropologie religieuse du sonore, en se référent à plusieurs univers physiques et mentaux : la cloche de l’église ou du temple chinois, le shofar de la synagogue, l’appel à la prière de la mosquée, la voix, enfin, toujours et partout (p. 853). Jean-Miguel Pire, chercheur à l’EPHE, pose (p. 861) une question complexe : André Malraux, ministre des Affaires culturelles, était-il contre l’éducation ou contre l’éducation nationale ? Opposition classique issue  de la séparation, en 1959, des affaires culturelles et de l’instruction publique, toujours en vigueur aujourd’hui (que l’on songe à l’opposition « éducation aux arts et à la culture vs « action culturelle ») elle ne signifie pas, pointe l’auteur, que Malraux rejetait l’éducation en tant que telle ; au contraire, l’article démontre l’ambition éducative du ministre (mais sans la passivité du cadre scolaire), compatible avec la haute idée que Malraux avait de l’art comme « anti-destin ». François Ploton-Nicollet, professeur à l’École des Chartes, se plonge ensuite dans la compétition féroce que se livrèrent, sous la Restauration, deux institutions parisiennes se revendiquant chacune seule héritière du prestigieux Collège Sainte-Barbe, au travers de l’étude des productions poétique des élèves, notamment consacrées au Panthéon voisin et à l’enjeu de sa restitution au culte (p. 879). Marie-Anne Sire, inspectrice générale des monuments historiques, consacre son essai au château Abbadia à Hendaye, fruit de la collaboration entre Viollet-le-Duc et Edmond Duthoit et restauré entre 1997 et 2008 (p. 889). Enfin, dans le dernier essai de cet ouvrage, Noé Wagener, professeur de droit public à l’Université de Rouen, propose de « travailler à la « grammaire juridique » du patrimoine culturel » (p. 897). Il faudrait lire cet essai dans la continuité de celui de Marie Cornu, que la logique alphabétique a placé plus haut dans cette partie, car les deux auteurs se répondent, N. Wagener posant une question fondamentale : en quoi le droit positif arme-t-il correctement la politique publique en matière de patrimoine (et celles et ceux, ajouterons-nous, qui ont la charge d’exécuter cette politique) ? Pointant l’omniprésence des considérations juridiques dans les questions de patrimoine – et rendant hommage aux travaux de J.-M. Leniaud dans ce domaine – il pointe la difficile cohérence de ces considérations avec d’autres sujets juridiques, notamment le droit de la propriété ou les limites de la puissance publique.

 

         L’ouvrage se clôt par une table des matières suivie de la traditionnelle tabula gratulatoria, liste des personnalités qui ont contribué financièrement à la publication de l’ouvrage.

 

         Insistons sur la qualité éditoriale de cette entreprise. Certes coûteux (95 euros) – mais ces ouvrages le sont toujours –, le résultat de ce travail collectif est aussi un très bel objet. La maison d’édition Mare & Martin, fondée en 2003, confirme la position qu’elle s’est acquise dans le monde de l’édition en histoire de l’art. Malgré ses près de 900 pages, ce livre reste maniable ; présenté sous emboîtage, avec une reliure rigide, un papier de qualité et une belle typographie confortable à l’œil, il est illustré, dans le texte, de photographies en noir et blanc et, hors-texte, de deux cahiers en couleurs. Le choix de l’illustration de couverture (la Sainte-Chapelle de Paris représentée par l’Anglais Thomas Shotter Boys en 1839) rappelle les travaux de J.-M. Leniaud, auteur avec Françoise Perrot d’une monographie sur cet édifice en 1991, et surtout spécialiste de Jean-Baptiste Lassus.  

 

         Concluons par une question et une réponse. Cet ouvrage affirme, dans l’« Avant-propos », son ambition de faire date, de devenir une « référence incontournable » dans le champ patrimonial. Est-ce le cas ? Pas exactement, selon nous, au sens où ce rôle de jalon nous semble plutôt réservé aux essais, aux ouvrages collectifs ou aux actes de colloques, dotés d’une cohérence éditoriale forte, et problématisant leur sujet, ce qui n’est pas l’objectif des mélanges. Le caractère « libre » de la contribution des auteurs d’un volume de mélanges, source d’hétérogénéité consubstantielle au projet lui-même, rend difficile la réalisation de cette ambition. Et les mélanges sont notoirement des sources difficiles à manier, ne serait-ce que par la difficile indexation de leurs contenus. Nous croyons d’ailleurs sur ce point déjà faire œuvre utile en livrant en annexe de la présente recension l’intégralité du foisonnant sommaire de cet ouvrage, que l’éditeur gagnerait à publier intégralement sur son site internet, pour pallier aisément ce défaut. Mais, à défaut de devenir une « référence incontournable » sur la question patrimoniale, ce livre restera indubitablement comme un instantané coloré d’une communauté qui gravita – et gravite toujours – autour d’une figure majeure de la vie patrimoniale pendant quatre décennies. Il témoigne des sujets traités, des enjeux, des problématiques rencontrées, des pistes ouvertes. À ce titre, cet ouvrage restera, pour les historiographes du patrimoine, comme ce que les directeurs de publication appellent « une des futures « bibles » de l’histoire du patrimoine » (p. 22), soit un précieux témoin du travail de celles et ceux qui, à l’orée du XXIe siècle, auront œuvré, pour reprendre l’expression de l’un d’entre eux, « en Leniaudie ».

 

 

Sommaire

 

Comité d’honneur, p. 17

Remerciements, p. 19

Avant-propos, p. 21

Biographie de Jean-Michel Leniaud, p. 23

Bibliographie de Jean-Michel Leniaud, p. 29

Jean-Michel Leniaud (Laurent Le Bon), p. 89

Avis au lecteur, p. 91

Table des abréviations, p. 93

Liste des auteurs, p. 95

 

Première partie : les productions artistiques

 

Le cabinet d’ébène provenant de la collection Révoil (Agnès Bos), p. 101

Du château au musée et réciproquement. A propos de quelques sculptures bellifontaines (Valérie Carpentier-Vanhaverbeke), p. 109

De la participation des élèves de l’École nationale supérieure des beaux-arts à des chantiers d’art monumental 1903-1968 (Laure Chabanne), p. 119

Du fer au bois : Gauguin et l’architecture (Ophélie Ferlier-Bouat), p. 129

Alexandre Denuelle (1818-1879) à l’église Saint-Germain-des-Prés (Pierre-Antoine Gatier), p. 135

Au meilleur des amis, Martin Desjardins : un nouveau chef-d’œuvre du jeune Rigaud (Ariane James-Sarazin), p. 147

Les statues-colonnes déposées du Portail royal de Chartres (Irène Jourd’heuil et Fabienne Audebrand), p. 155

Alexandre Millin du Perreux (1764-1844), premier peintre de plein air des Pyrénées, une nouvelle lecture (Jean Lavit), p. 173

Charlotte Grappe-Roy (1890-1930), illustratrice de mode (Rodolphe Leroy), p. 185

La monographie d’artiste et l’écrivain, Gavarni, l’homme et l’œuvre des Goncourt (1873) (Ségolène Le Men), p. 191

Au cœur de la sculpture. Rodin, du Nu féminin debout à Psyché-Pomone (Antoinette Le Normand-Romain), p. 201

Invent(ori)er l’ordinaire aux Archives de Paris : la collection des dessins et modèles déposés au conseil de prud’hommes de Paris entre 1845 et 1979 (Rosine Lheureux), p. 207

Le Passage du Grand-Saint-Bernard de Charles Thévenin (1805). Un tableau impossible ? (François Macé de Lépinay), p. 215

L’artiste et le stratège : sur l’amitié entre Gustave Doré et Ferdinand Foch (Martin Motte), p. 223

Les commandes d’orfèvrerie religieuse de Mellerio dits Meller (Pauline Prevost-Marcilhacy), p. 231

L’administration des Cultes, les vêtements liturgiques et le mouvement néo-gothique (Maria-Anne Privat), p. 245

Sculpteurs et photographes en France : François Rude et Gustave Le Gray (Isabelle Rouge-Ducos), p. 257

Peinture et bibliographie : Vasserot à Rambouillet (Charles-Eloi Vial), p. 265

Une médaille pour Jean-Michel Leniaud. Représentation monumentale et sculpture de l’espace figuré dans la numismatique médiévale (Inès Villela-Petit), p. 273

 

Deuxième partie : Architecture et urbanisme

 

La ville des fous : image de la ville dans le Narrenschiff de Sébastien Brant (1494) (Frédéric Barbier), p. 283

« Sir Nikolaus is working on a history of certain building types » : Pevsner ou l’occasion manquée (Basile Baudez), p. 289

Un assassinat, une enquête : la distribution de l’hôtel de Sébastiani en 1847 (Jean-François Cabestan), p. 299

Le Peletier : l’opéra fantôme du XIXe siècle (Elsa Cherbuy), p. 307

Prêtres et architectes : une leçon de morale (Thomas Coomans et Jan De Maeyer), p. 313

La tour de Rivière. Architecture iconique et iconoclasme (Markus Dauss), p. 325

Le peintre et l’architecte : filiation de Jules Laurens et de Jean-Camille Formigé (Jean-François Delmas), p. 333

Un dictionnaire biographique pour l’histoire de l’architecture : le Lyon artistique de Léon Charvet (Philippe Dufieux), p. 341

Un regard sur le Moyen Âge : la cathédrale de Bourges (Alain Erlande-Brandenburg), p. 349

De l’ermitage à la villa de plaisance : le pavillon de lettré au Japon, allégorie de la cabane de reclus (Nicolas Fiévé), p. 357

L’église de Larochemillay d’Anatole de Baudot (Bernard Fonquernie), p. 363

Eugène Viollet-le-Duc et Charles Percier (Jean-Philippe Garric), p. 373

Le « port napoléonien » : Cologne et son grand chantier, 1784-1896 (Mario Kramp), p. 379

Saint-Laud d’Angers, église néoplantagenêt par Ernest Dainville (Guy Massin-Le Goff), p. 389

Y a-t-il un style Henri Sauvage ? (Jean-Baptiste Minnaert), p. 395

La destruction de la flèche de Saint-Denis : crime originel et mythe fondateur du service des Monuments historiques (Jacques Moulin), p. 401

La construction du Collège néerlandais de la Cité universitaire (Fabien Oppermann), p. 411

Notre-Dame de Paris, une cathédrale du mystère et de l’alchimie (William Pesson), p. 421

L’homme à la bretture est-il l’architecte de la cathédrale de Bourges ? (Philippe Plagnieux), p. 433

Les synagogues de Strasbourg : à la recherche d’un urbanisme mémoriel (Marc Polonovski), p. 443

Un palais, un temple, une tour. L’esthétique sociale de Maurice Maignan (1872-1946) (Stéphanie Quantin-Biancalani), p. 453

« Tout n’est pas dit sur... ». L’abbé Laugier et l’architecture des Lumières (Daniel Rabreau), p. 463

La correspondance Pascal-Garnier : une amitié de plus de cinquante ans (Anne Richard-Bazire), p. 473

Un thème de l’architecture augustéenne : les façades de l’âge d’or (Gilles Sauron), p. 485

Retour à Amalfi. Frantz Ludwig Catel et l’ancienne façade de la cathédrale (Gennaro Toscano), p. 497

Paradoxes de la modernité (Pierre Vaisse), p. 507

Richelieu à Saint-Benoît-sur-Loire. Redressement spirituel et rénovation architecturale (Éliane Vergnolle), p. 513

Éclectisme, une expression qui ne permet pas de comprendre (Guido Zucconi), p. 523

 

Troisième partie : pouvoir et société

 

Patrimoine écrit et diplomatie : la French Touch chartiste en Afrique ? (Jean-Pierre Bat), p. 529

Les armoiries omniprésentes des papes prisonniers : l’exemple français (1870-années 1930) (Édouard Bouyé), p. 535

Préserver les arts ou vendre à la hâte : le registre du dépôt de Nesle comme reflet des sélections patrimoniales sous la Révolution française (Olivia Brissaud), p. 547

Du Combat : art contemporain et politique (Agnès Callu), p. 557

Un exemple de la diplomatie culturelle de la France dans l’entre-deux guerres, l’exposition d’Art français contemporain à Berlin en 1937 : prémices de collaboration ou volonté de résistance (Frédéric Chappey), p. 567

A courre et sans engin : aux origines de la chasse par force (Yves Christe), p. 583

Le cœur, l’arbre et le juriste : une iconographie humaniste de la Res Publica (Olivier Christin), p. 591

Morales en venaison : les gens d’Église et la chasse à courre dans les catholicismes tridentin et post-tridentin (Sylvio Hermann De Franceschi), p. 597

Bercy ou l’architecture technocratique d’un pouvoir financier (Florence Descamps), p. 609

Un conservateur atypique à Chantilly (1925-1944) : le maréchal Pétain (Laurent Ferri), p. 617

Napoléon III et le vitrail, mécène et mise en scène (Laurence de Finance), p. 635

Visibilité religieuse dans l’espace public : l’inégalité dans le traitement entre catholicisme et islam (Jean-Louis Harouel), p. 643

Un mauvais outil de travail : le Dictionnaire des parlementaires français de 1889 à 1940 (Bertrand Joly), p. 651

Patrimoine entre deux fronts : le château de Coucy et la Kriegsdenkmalpflege allemande durant la Grande Guerre (Frauke Michler), p. 661

Napoléon, maître du temps ? (Émilie Robbe), p. 679

Une sainteté très politique : la commande artistique de Charles de Blois pour l’Église de Bretagne (Julie Rohou), p. 687

Le Jeu de paume et les mémoires du serment du 20 juin 1789. Images et monuments (1789-1889) (Emmanuel de Waresquiel), p. 693

Le « culte des chariots » : histoire et légende (Jean Wirth), p. 705

 

Quatrième partie : patrimoines

 

Du monument historique au territoire : ruptures et permanences. Vers une histoire critique du patrimoine ? (Arlette Auduc), p. 715

L’Institut national du patrimoine et la recherche (Philippe Barbat), p. 723

Pas de bon vin sans bonne bouteille (Jean-François Belhoste), p. 733

L’art de la conversation intime en temps de guerre (Marc Botlan), p. 747

Le fonds d’iconographie et d’archéologie médiévales de Louis-Jean Guénebault (1789-1878) à la bibliothèque Sainte-Geneviève (Jocelyne Bouquillard), p. 747

A propos du patrimoine, le dialogue entre droit et histoire (Marie Cornu), p. 767

La licorne au Tibet. La place de la licorne dans la littérature zoologique et archéologique du XIXe siècle (Xavier Dectot), p. 775

Sur les traces du Fouilloux, de l’École des Chartes à la vénerie en Poitou (Philippe Dulac), p. 783

La diplomatique à la fin de l’Ancien Régime (François Fossier), p. 785

Les aménagements de la cathédrale de Nancy au XIXe siècle : l’administration et l’affectataire (Marie Gloc), p. 795

Patrimoine national : le vandalisme ordinaire, obstacle sur une nouvelle route de la soie (Pierre Grégory et Jean-Pierre Daviet), p. 801

André Chastel humaniste : une lecture de Gide, anti-Barrès (Dominique Hervier), p. 809

Mélanges offerts à Eugène Ollivier (Christian Hottin), p. 821

De José Marie de Heredia à Thérèse de l’Enfant-Jésus : Alain de Boüard, de l’École des Chartes, à la croisée des chemins (1906) (Claude Langlois), p. 827

La Revue de musique ancienne et moderne (1856) (Catherine Massip), p. 833

Le défenseur du patrimoine au défi du temps présent (François Monnier), p. 839

A la recherche de l’équipage perdu ou Balade en « Leniaudie » (Eric Peuchot), p. 845

L’espace sonore du rituel, du temple chinois à l’église catholique (François Picard), p. 853

Malraux contre l’éducation ou contre l’Éducation nationale ? Brève généalogie d’une occasion manquée (Jean-Miguel Pire), p. 861

Le Panthéon dans la poésie barbiste sous la Restauration (François Ploton-Nicollet), p. 879

« Plus estre que paroistre » : le château Abbadia à Hendaye (Marie-Anne Sire), p. 889

Travailler à la « grammaire juridique » du patrimoine culturel (Noé Wagener), p. 897

 

Table des matières, p. 903

Tabula gratulatoria, p. 913