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Recensione di Patrizia Birchler Emery, Université de Genève Numero di parole: 1994 parole Pubblicato on line il 2009-10-26 Histara les comptes rendus (ISSN 2100-0700). Link: http://histara.sorbonne.fr/cr.php?cr=420 Link per ordinare il libro La collection Antenor Quaderni est constituée de monographies portant sur des thèmes archéologiques divers, fruits des réflexions non seulement des chercheurs du département d’archéologie de l’Université de Padoue, mais aussi des dialogues avec d’autres chercheurs italiens ou internationaux. C’est dans cette collection que sont publiés également les actes du premier colloque Iconografia organisé par l’École de Padoue en 2001 (Eaed. [éd], Iconografia 2001. Studi sull’immagine, Atti del Convegno [Padova, 30 maggio-1 giugno 2001], Edizioni Quasar [Antenor Quaderni 1], Roma, 2002) [Voir le compte rendu HISTARA : http://histara.sorbonne.fr/cr.php?cr=427], et ceux du deuxième colloque (Eaed. [éd], Iconografia 2005. Immagini e immaginari dall’antichità classica al mondo moderno, Atti del Convegno Internazionale [Venezia, Istituto Veneto di Scienze, Lettere et Arti, 26-28 gennaio 2005], Edizioni Quasar [Antenor Qauderni 5], Rome, 2002).
Ce colloque s’est tenu à Taormina, lors du festival que cette ville dédie annuellement depuis 2005 à Giuseppe Sinopoli, compositeur et chef d’orchestre italien, directeur pendant de nombreuses années de la section Musique de la kermesse de Taormina. La curiosité de Sinopoli l’amena à s’intéresser à de nombreuses disciplines, dont l’archéologie qu’il étudia même à l’Université de La Sapienza à Rome. Il constitua également une riche collection de céramique antique, connue sous le nom d’Aristaios [Paribeni, E.; Adembri, B.; Bruni, S.; Pecorella, P.E.; Romualdi, A., Aristaios : la collezione Giuseppe Sinopoli, Marsilio, Venezia, 1995], exposée une première fois à Bonn [Meisterwerke griechischer Keramik : aus der Sammlung Giuseppe Sinopoli (Ausstellung im akademischen Kunstmuseum Bonn), Ph. Von Zabern, Mainz, 2000], puis à Taormina à l’occasion du colloque Iconografia 2006.
Iconografia 2006 se concentre sur les héros homériques, d’une part pour souligner la permanence et le caractère toujours actuel de ces personnages, d’autre part parce que la réutilisation constante de certains épisodes des poèmes homériques permet de présenter une étude qui dans sa multidisciplinarité et son étendue chronologique peut se concentrer sur des questions plus universelles de méthodologie iconographique. En effet, sur les 23 contributions du volume, un quart, soit six, étudie les héros homériques dans leurs réinterprétations modernes.
Dans la table des matières, les articles sont regroupés par thématiques : Iconologie des héros homériques, Ambivalences héroïques, Héros homériques dans les temps modernes ou placés dans une section Poster, pour ceux qui n’ont pas fait l’objet d’une présentation orale lors du colloque.
Dans la première section, Iconologie des héros homériques, F. Lissarrague, « Ajax, corps et armes » (p. 21-32), étudie dans la céramique attique archaïque et classique le lien entre la représentation d’armes et le héros Ajax, considéré comme un substitut d’Achille : le soin apporté à la représentation des armes et leur mise en valeur dans l’image en font un double du corps du guerrier. D. del Corno, « Piccole storie di eroi omerici » (p. 33-35), présente deux des exemples les plus longs et les plus denses en termes de pathos – Lycaon et Euphorbe – des courtes biographies qui, dans l’Iliade, introduisent la mort de héros mineurs. F. Giudice-I. Giudice-Rizzo, « Eroi ed eroine contro la guerra : Ecuba, e Glauco e Diomede » (p. 37-48), prennent comme point de départ un article de J. Boardman (AntK 19, 1976, 3-18) sur les scènes troyennes du Peintre de Kléophradès et leur lien avec l’histoire contemporaine d’Athènes. Par l’ajout d’un document iconographique qui présente un échange d’armes entre un guerrier grec et un guerrier oriental, ils mettent en évidence le profond désir de paix des Athéniens au cours du dernier quart du 5e s. L’article est suivi d’un appendice de F. Muscolino, présentant les thèmes homériques qui apparaissent dans la céramique attique du 5e s. Dans la dernière contribution de cette section, M. Menichetti, « Calypsò, una donna fatale » (p. 49-60), reprend l’analyse des scènes figurées sur une hydrie attique à figures rouges de Naples, dont la rencontre d’Électre et Oreste faisant miroir à celle d’Ulysse et Calypso, pour conclure que l’ensemble présente les différents rôles et fonctions attribués au monde féminin.
La deuxième section, Ambivalences héroïques, commence par une étude de S. Bruni, « Una Ilioupersis etrusca » (p. 61-81), sur l’utilisation de thèmes homériques dans la céramique étrusque et plus particulièrement sur un ensemble d’amphores à figures rouges attribuées au Peintre de Jahn, qui témoignent de la connaissance et de l’intérêt profonds des seigneurs étrusques pour la légende troyenne. M. Fuchs, « Le cheval de Troie version romaine : une machine de guerre ?» (p. 83-95), part du cheval de bois exposé actuellement à l’entrée du site archéologique de Hissarlik-Troie pour analyser l’évolution de son iconographie, plutôt pauvre (36 exemplaires dans le LIMC plus une illustration présentée dans l’article) en comparaison de son impact visuel. G. Sena Chiesa, « Neottolemo a Delfi e il rancore di Apollo » (p. 97-112), reprend l’analyse d’un cratère à volutes apulien attribué au Peintre de Lycurgue illustrant le meurtre de Néoptolème à Delphes par Oreste, pour démontrer d’une part l’utilisation de modèles et, d’autre part, le lien entre les commanditaires de ce vase et le royaume macédonien. M. Caltabiano Caccamo, « L’eroe omerico : identità civica e valenza politica » (p. 113-126), montre comment l’utilisation du héros homérique comme type monétaire n’est pas tant liée à l’influence de l’épopée, qu’aux traditions locales. C. Isler-Kerényi, « Achille e Atene » (p. 127-140), livre une analyse fouillée sur l’utilisation de la figure d’Achille dans la céramique attique archaïque et l’évolution de la perception du personnage, qui, avec Thésée, semble personnifier les événements politiques qui transformèrent graduellement au 6e s. la polis d’Athènes. Enfin, F. Ghedini, « Achille a Troia nel repertorio del IV-V secolo D.C. » (p. 141-161), nous fait faire un saut chronologique de quelques siècles en nous présentant quelques exemples de cycles « achilléens » dans la toreutique tardo-antique, particulièrement un char de bronze exposé au Palais des Conservateurs sur le Capitole et encore partiellement inédit. L’étude montre comment le personnage d’Achille, sous l’influence des réélaborations littéraires médio- et tardo-impériales et à travers l’évocation des différents épisodes de la guerre de Troie, incarne un parcours de souffrances et de conquête progressive de la maîtrise des passions, permettant d’accéder in fine à l’immortalité.
La troisième section, Héros homériques dans les temps modernes, met en évidence à travers quatre présentations (M.A. Rigoni, « Ettore, Achille e Ulisse nell’interpretazione di Leopardi » (p. 163-166), F. dell’Agnese, « Isole, zattere e naufragi. Trasfigurazioni di Ulisse nell’arte contemporanea » (p. 167-176), M.G. Ciani, « Il volto del terrore : l’Ulisse di Ugo Attardi » (p. 177-184), M. Salvadori, « Riflessi dell’epos omerico nel cinema : i « ritorni » di Ulisse », p. 185-195) l’impact des poèmes homériques sur la littérature moderne, à travers l’exemple de Leopardi, ou l’art contemporain, avec ses réinterprétations d’Ulysse et de sa longue quête, paradigmatique d’une réflexion sur l’aventure de l’homme au sens large, ou encore le cinéma où, une fois de plus, le personnage d’Ulysse a toujours joui d’une certaine faveur, tant dans sa version antique que sous des formes plus modernes.
La quatrième et dernière section rassemble les articles issus des « posters » présentés lors du colloque et couvre des sujets variés, de la numismatique antique aux films publicitaires, en passant par la céramique, la glyptique, la mosaïque et le cinéma. M. Puglisi, « Strutturazione di un lemma per il LIN (Lexicon Iconographicum Numismaticae) » (p. 197-206), prend l’exemple du personnage d’Ulysse pour montrer comment la numismatique – de par la nature même des images monétaires – pousse l’analyse iconographique dans ses derniers retranchements, en réduisant les éléments-base au plus petit dénominateur commun et en établissant un système de description extrêmement précis et rationnel. F. Giacobello, « Il furto dei cavalli di Reso nella ceramica apula » (p. 207-215), se penche sur les trois représentations de l’attaque du camp de Rhésus dans la céramique apulienne en arrivant à la conclusion que ce sont les chevaux qui constituent l’élément le plus important de ces scènes, à relire comme des illustrations de l’idéologie aristocratique apulienne. M. Baggio, « Un eroe nel gineceo » (p. 217-229), réinterprète les personnages figurés sur un stamnos attique à figures rouges en se basant sur les études récentes des codes gestuels et des attitudes corporelles, éléments fondamentaux du langage figuratif et instruments privilégiés de la communication non-verbale. M. Pedrina, « Tra supplica e oltraggio, tra beau mort et belle mort. Segni, gesti e posture nel riscatto del corpo di Ettore » (p. 231-239), analyse les différents schémas iconographiques de la rançon d’Hector. E. Giudice, « Postilla in margine ad uno scarabeo etrusco di Monaco », utilise un scarabée étrusque montrant vraisemblablement la mort de Troïlos, pour affiner l’interprétation de cette scène dans la céramique grecque et S. Toso, « Iliade glittica : gli eroi intorno alle mura di Troia » (p. 249-257), résume de façon très efficace l’iconographie troyenne en glyptique. M. Novello, « Gli eroi dell’epos nella decorazione musiva dell’Africa proconsolare » (p. 259-268), réexamine le répertoire homérique dans les mosaïques romaines d’Afrique, plus particulièrement les représentations d’Ulysse et d’Achille. E. Gagetti, « Omero e la decima musa : le mura di Troia » (p. 269-279), analyse la manière dont les éléments antiquisants et les éléments contemporains ont été utilisés dans la filmographie de la chute de Troie et I. Colpo, « Troia non si conquista con una matrioska ! » (p. 281-290), présente quelques exemples de réutilisations de scènes de l’Odyssée dans des films publicitaires de notre époque.
Il est dommage de devoir arriver à la fin de l’ouvrage pour se rendre compte qu’au fond les regroupements choisis ne correspondent pas tout à fait à la réalité des thématiques abordées dans certaines contributions et pour regretter que les « Posters » n’y aient pas été intégrés au lieu d’être rassemblés dans une section séparée en fin de volume. Les nombreuses illustrations insérées dans le texte même (en noir et blanc pour la plupart et quelques-unes de qualité moyenne) rendent la lecture aisée et les références ainsi que les bibliographies accompagnant pratiquement chaque article en font des contributions utiles pour chacun des thèmes abordés. Cependant, d’une façon générale, le lecteur reste sur sa faim. En effet, si les éditrices du volume mettent en avant la multidisciplinarité du congrès comme un de ses aspects le plus significatif, cette multidisciplinarité montre ici ses limites : certaines contributions restent isolées, malgré la définition d’une thématique unique, certes vaste, mais qui aurait dû permettre une mise en perspective enrichissante, surtout sur le plan des méthodes d’analyse et d’interprétation. On assiste à une sorte de cloisonnement, par méthodologie et par domaine ou période de recherche, ce qui fait regretter d’autant plus l’absence de compte rendu des discussions post-sessions. Par ailleurs, le qualificatif « international » du congrès paraît quelque peu usurpé, le nombre d’intervenants étrangers restant très limité. On saluera toutefois l’effort que constituent la mise sur pied d’un congrès régulier ainsi que l’édition de ses actes, permettant ainsi une contribution importante aux recherches menées dans le vaste champ d’études qu’est l’iconographie antique.
Table des matières:
S. Cappelletto, « Scavare e suonare. Coerenza e passione nel pensiero di Giuseppe Sinopoli », 15-19
Iconologia di eroi omerici
F. Lissarrague, « Ajax, corps et armes », 21-32 D. del Corno, « Piccole storie di eroi omerici », 33-35 F. Giudice-I. Giudice-Rizzo, « Eroi ed eroine contro la guerra : Ecuba, e Glauco e Diomede », 37-48 M. Menichetti, « Calypsò, una donna fatale », 49-60
Ambivalenze eroiche
S. Bruni, « Una Ilioupersis etrusca », 61-81 M. Fuchs, « Le cheval de Troie version romaine : une machine de guerre ?», 83-95 G. Sena Chiesa, « Neottolemo a Delfi e il rancore di Apollo », 97-112 M. Caltabiano Caccamo, « L’eroe omerico : identità civica e valenza politica », 113-126 C. Isler-Kerényi, « Achille e Atene », 127-140 F. Ghedini, « Achille a Troia nel repertorio del IV-V secolo D.C. », 141-161
Eroi omerici nei tempi moderni M.A. Rigoni, « Ettore, Achille e Ulisse nell’interpretazione di Leopardi », 163-166 F. dell’Agnese, « Isole, zattere e naufragi. Trasfigurazioni di Ulisse nell’arte contemporanea », 167-176 M.G. Ciani, « Il volto del terrore : l’Ulisse di Ugo Attardi», 177-184 M. Salvadori, « Riflessi dell’epos omerico nel cinema : i « ritorni » di Ulisse », 185-195
Poster
M. Puglisi, « Strutturazione di un lemma per il LIN (Lexicon Iconographicum Numismaticae) », 197-206 F. Giacobello, « Il furto dei cavalli di Reso nella ceramica apula », 207-215 M. Baggio, « Un eroe nel gineceo », 217-229 M. Pedrina, « Tra supplica e oltraggio, tra beau mort et belle mort. Segni, gesti e posture nel riscatto del corpo di Ettore », 231-239 E. Giudice, « Postilla in margine ad uno scarabeo etrusco di Monaco », 241-248 S. Toso, « Iliade glittica : gli eroi intorno alle mura di Troia », 249-257 M. Novello, « Gli eroi dell’epos nella decorazione musiva dell’Africa proconsolare », 259-268 E. Gagetti, « Omero e la decima musa : le mura di Troia », 269-279 I. Colpo, « Troia non si conquista con una matrioska ! », 281-290
Conclusioni I. Favaretto, « Appunti in margine al Convegno »
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Editori: Lorenz E. Baumer, Université de Genève ; Jan Blanc, Université de Genève ; Christian Heck, Université Lille III ; François Queyrel, École pratique des Hautes Études, Paris |