Ghedini, Francesca; Bullo, Silvia; Zanovello, Paola: Amplissimae atque ornatissimae domus (Aug., civ., II, 20, 26), L’edilizia residenziale nelle città della Tunisia romana, Antenor quaderni 2, 1. Saggi, 2. Schede, Università degli studi di Padova. 387 et 396 p. ISBN 88-7140-238-3. 72€ chaque volume.
(Edizioni Quasar, Rome 2003)
 
Reviewed by Nicolas Lamare, Université Paris IV-Sorbonne
 
Number of words : 1586 words
Published online 2008-09-20
Citation: Histara les comptes rendus (ISSN 2100-0700).
Link: http://histara.sorbonne.fr/cr.php?cr=426
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Cet ouvrage, qui traite de la construction résidentielle dans les villes de la Tunisie romaine, est issu des séminaires d’archéologie de Francesca Ghedini, à l’Université de Padoue. Professeurs et élèves ont été mis à contribution dans le cadre d’un vaste programme d’étude lancé par l’université, en collaboration avec les universités tunisiennes. Le but était de créer une banque de données destinée à l’analyse des domus africaines : analyse horizontale, par sites et par édifices ; analyse verticale, par phases chronologiques. La principale difficulté d’une telle entreprise relevait des problèmes de documentation. Les chercheurs ont dû étudier les rapports de fouilles et les documents anciens, lacunaires, fragmentaires et de qualité inégale. Aussi, la mise en place d’un voyage d’étude s’est avérée indispensable, l’aire de recherche ayant été limitée à une zone facile d’accès, en l’occurrence le territoire de l’actuelle Tunisie, l’antique Proconsulaire. Les limites de ce type de projet étaient aisément prévisibles : loin de vouloir répondre aux nombreuses questions relatives à l’habitat africain antique, les archéologues, en compilant une bibliographie quasi exhaustive sur le sujet et en développant une réflexion méthodologique nouvelle, ont ici cherché à mettre en lumière de nouvelles problématiques, pour susciter l’intérêt sur le sujet, inciter à l’approfondissement des connaissances et ainsi permettre aux futurs chercheurs d’aller au-delà des publications de référence.

 

Catalogue (vol. 2)

Le catalogue recense 19 sites et 136 maisons. Pour chacune des cités, sont proposés l’histoire administrative, l’historique de la découverte et des fouilles, ainsi qu’un plan du site indiquant l’emplacement de chaque domus étudiée. Pour chacune d’entre elles, on trouve détaillés les fouilles et l’état de conservation, l’emplacement de la maison dans la ville, la chronologie de l’édifice (phases de construction, réaménagements éventuels et abandon), une description des pièces, des revêtements de sol et pariétaux, des structures hydrauliques. Des plans actualisés et corrigés, particulièrement intéressants, illustrent ce catalogue, souvent associés aux relevés originaux des premières fouilles (environ 220 plans, dont 30% réélaborés et colorisés pour une meilleure compréhension). L’association du texte, de tableaux et de multiples plans peut décourager au premier abord, mais l’ensemble fait de ce volume une véritable mine d’informations dont l’organisation et la mise en page rendent la consultation simple et attractive.

 

Synthèse (vol. 1)

Le volume de synthèse a été pensé dans un second temps, après la création du catalogue, qui était la véritable entreprise de cette recherche. Les communications proposées ont permis d’aborder les questions et les problèmes relatifs à l’habitat, plus largement qu’avec un simple inventaire. L’étude traite de l’habitat de manière générale, en particulier en Afrique, et s’attache à chacune des pièces de la maison, de l’extérieur vers l’intérieur. Les chercheurs affirment eux-mêmes que l’analyse était limitée et difficile ; toutefois, il semblait nécessaire d’étudier les domus en lien avec leur environnement – la ville – tout en prenant en compte leur chronologie.

Dans une première partie, la communication de G. Bejor donne une analyse intéressante sur un sujet difficile et déjà abordé par Y. Thébert, l’apport de la construction privée au paysage urbain. Avec de nombreux exemples à l’appui, l’auteur aborde toutes les composantes de la maison qui entrent en jeu dans le façonnement de la ville : décor de la façade, lien entre la maison et la rue, existence d’étages, présence de boutiques, de portiques ou de cour couverte. Le rôle de la construction privée dans le décor urbain, méconnu et souvent mésestimé au profit des édifices publics, reprend ici toute son importance. U. Vincenti et G. Zanon abordent ensuite les abus dans la construction privée. Cette étude axée sur le droit antique revient, à grand renfort de citations de textes juridiques – tout à fait à propos – sur différents points : la construction des maisons au début de l’époque impériale et leurs multiples destinations au cours des siècles suivants, l’utilisation du sol public pour l’agrandissement des demeures, la nature juridique de la ville à l’époque tardive, la gestion de la voie publique, les problèmes méthodologiques de l’absence de traces archéologiques de ces nombreux remaniements. On trouvera de nombreuses références aux textes de lois ainsi qu’une vaste bibliographie, même si l’on regrette de ne trouver aucun renvoi à l’ouvrage de C. Saliou, Les lois des bâtiments (Beyrouth, IFPO, 1994).

La deuxième partie traite chacun des espaces de la domus séparément, sur le même mode d’étude : présentation du type de pièce, historique des études, problèmes méthodologiques, caractéristiques architecturales, décor et emplacement dans la maison. Les communications sont relativement brèves, mais proposent presque toutes des typologies, présentées sous forme de tableaux et accompagnées de nombreux plans.

La troisième partie est consacrée à l’eau. Deux communications abordent le sujet. Dans la première, A.R. Ghiotto traite des fontaines et vasques ornementales. Elle propose une typologie assez peu développée, définie à partir des principes exposés par P. Aupert (Le nymphée de Tipasa, EFR, 1974), revient sur les questions de terminologie et sur le rôle décoratif de l’eau dans l’habitat, sans apporter d’informations réellement inédites (on attend, pour une étude complète hors de l’Afrique, l’ouvrage de H. Dessales, La distribution de l’eau dans l’architecture domestique de l’Occident romain, en cours de publication). M. Casagrande revient dans la deuxième contribution sur les puits et les citernes. La question de la répartition des puits dans la région et leur place dans la maison est intéressante ; toutefois, on regrette que la typologie proposée soit assez difficile à utiliser et à interpréter.

La dernière partie du volume de synthèse laisse la place à des thèmes plus larges, à des questions transversales sur les domus africaines. Les communications sont plus développées et les sujets divers : une première intervention propose une enquête assez fine des sources littéraires – analysant aussi bien la littérature antique elle-même que les textes juridiques – destinée à donner des pistes pour la restitution des maisons. Un second chapitre traite des sous-sols, reprenant en grande partie les travaux fondateurs de Y. Thébert, en s’appuyant sur de nombreux exemples. Une troisième partie aborde les problèmes d’hydraulique, mais plus largement que précédemment, dans la ville et dans la maison. Après quelques réflexions générales, on y trouve rappelées les querelles anciennes et récentes sur l’eau dans l’antiquité (P. Leveau, J.-L. Paillet, A. Wilson, A.T. Hodge), les lacunes de la recherche dans le domaine de l’hydraulique et l’importance de l’eau comme élément décoratif. Une fois encore, l’intérêt repose pour beaucoup sur les nombreux exemples, et l’on se réfèrera avec profit au catalogue. Les deux dernières communications considèrent les problèmes liés proprement à l’organisation de la maison, agencement des pièces, datation, place des maisons dans la ville, traditions et goûts régionaux, décor propre à chaque espace.

 

Les deux bibliographies (une pour chaque volume) sont très complètes et offrent un panorama quasi exhaustif des publications sur le sujet et au-delà : on y trouve les références incontournables sur l’Afrique du Nord, des ouvrages généraux sur différents domaines – urbanisme, religion, hydraulique, décor – ainsi que des références importantes sur d’autres régions de l’empire, notamment l’Italie et la Gaule.

 

L’ouvrage répond aux lacunes de la recherche et, comme le rappelle Pierre Gros dans la préface (p. VII), « ce livre se situe à la confluence de deux axes majeurs de la recherche archéologique contemporaine, celui, régional, qui traite de l’Afrique romaine, (…) et celui, thématique, de l’habitat des provinces à l’époque impériale. » Cette publication est la bienvenue dans l’état actuel des recherches et doit servir de modèle pour d’autres domaines de l’architecture et de l’archéologie nord-africaine.

Le catalogue, qui est le point de départ et la raison d’être de cette publication, est un outil très précieux et incontournable pour qui travaille sur l’habitat et plus simplement sur les villes romaines d’Afrique. On reprochera à l’autre volume des communications d’importance et de qualité inégales, qui reviennent parfois sur des problèmes connus de longue date sans apporter d’information nouvelle. Néanmoins, l’ouvrage a le mérite de proposer un véritable bilan sur ces « vastes et magnifiques maisons » et d’inciter – l’objectif est atteint – à approfondir les questions soulevées à cette occasion.

 

Sommaire

 

Vol. 1 – Saggi

 

P. Gros, Préface (p. VII)

F. Ghedini, Premessa (p. 1)

 

La casa nella città

 

G. Bejor, L’apporto dell’edilizia privata al paesaggio urbano (p. 9)

U. Vincenti, G. Zanon, Abusi edilizi nelle città romane di Tunisia? (p. 21)

 

Gli ambienti della casa

 

E. Noto, Gli ingressi (p. 33)

M. Novello, Le aree scoperte (p. 45)

S. Bullo, Gli ambienti di rappresentanza (p. 71)

M. C. Mulè, Gli appartamenti (p. 105)

M. Novello, I cubicoli (p. 135)

M. Bassani, Gli spazi cultuali (p. 153)

P. Bonini, F. Rinaldi, Gli ambienti di servizio (p. 189)

A. R. Ghiotto, Gli impianti termali (p. 221)

 

L’acqua nella casa

 

A. R. Ghiotto, Le fontane e le vasche ornamentali (p. 235)

M. Casagrande, I pozzi e le cisterne (p. 249)

 

Le “domus” della Tunisia romana

 

M. Pugliara, L’edilizia privata romana in Africa: il contributo delle fonti letterarie (p. 261)

J. Bonetto, L’uso del sottosuolo nell’edilizia domestica della Tunisia romana (p. 281)

P. Zanovello, L’acqua nella città e nella casa (p. 299)

F. Ghedini, La casa romana in Tunisia fra tradizione e innovazione (p. 315)

M. Novello, Il ruolo dell’apparato decorativo nella caracterizzazione funzionale dello spazio abitativo (p. 357)

 

Bibliografia (a cura di M. Nardelli) (p. 361)

 

Vol. 2 – Schede

 

Como legere le schede (p. 1)

 

Acholla – Botria (p. 5)

Althiburos – Medeïna (p. 19)

Bulla Regia – Hammam Darrajj (p. 33)

Cillium – Kasserine (p. 73)

Clipea – Kélibia (p. 79)

Gigthis – Henchir Sidi Salem Bou Grara (p. 85)

Hadrumetum – Sousse (p. 97)

Karthago – Cartagine (p. 109)

Mactaris – Mactar (p. 169)

Neapolis – Nabeul (p. 177)

Pupput – Souk el Abiod (p. 185)

Sufetula – Sbeitla (p. 199)

Thaenae – Henchir Thyna (p. 207)

Thuburbo Maius – Henchir el Kasbat (p. 211)

Thugga – Dougga (p. 257)

Thysdrus – El Jem (p. 279)

Uthina – Oudhna (p. 321)

Utica – Henchir Bou Chateur (p. 335)

Uzitta – Henchir Makhreba (p. 365)

 

Bibliografia (a cura di M. Nardelli) (p. 369)