Bellucci, Nikola D.: I reperti e i motivi egizi ed egittizzanti a Pompei Indagine preliminare per una loro contestualizzazione, (Archaeopress Roman Archaeology, 83), Paperback; 174x245mm; 596 pages; 51 figures, 63 plates (colour throughout). Italian text., Printed ISBN 9781789699241. £65.00 (No VAT). Epublication ISBN 9781789699258. £16.00 (Exc. VAT)
(Archaeopress, Oxford 2021)
 
Compte rendu par Alix Barbet, CNRS
 
Nombre de mots : 1415 mots
Publié en ligne le 2023-03-27
Citation: Histara les comptes rendus (ISSN 2100-0700).
Lien: http://histara.sorbonne.fr/cr.php?cr=4303
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      L’ouvrage est en petit format (17,5 cm x 24,5 cm) : 574 pages, dont 51 figures, 63 planches, avec 8 planches de plans et 97 pages de tableaux. Du fait de la taille de l’ouvrage, certaines figures sont vraiment très petites, et parfois quasi illisibles, comme par exemple la tav. 1.5., du viridarium de I,7,11. En revanche, le fait d’avoir indiqué dans les légendes dans quel type de pièce se trouve le décor est fort important. Sont étudiés non seulement des peintures, mais aussi des mosaïques, des inscriptions et des objets dont des statuettes. Les appendices occupent la moitié du livre, soit 291 p. sur 574.

           

       L’A. cherche à démontrer par l’analyse de ces éléments qu’il ne s’agit pas d’une mode égyptisante mais de l’expression d’une culture ouverte et globale faisant partie de la culture romaine. Le livre rassemble tous les éléments historiques, documents et matériaux en contrôlant ces fonds documentaires. Ainsi, dans une première partie le contexte historique des rapports entre Rome et l’Égypte, notamment l’épigraphie et les cultes, est analysé.

           

       Le chapitre II passe en revue la terminologie employée par ses collègues avant de proposer un lexique technique commun résumé dans un tableau (p. 56). Il faut donc distinguer l’Aegyptia, l’égyptien de l’Égypte, des originaux trouvés sur place, de l’Aegyptiaca, provenant de l’Égypte mais produits d’importation. Enfin il y a Egittizzante, qui n’est pas proprement égyptien mais une imitation. Il y a aussi Pharaonica, œuvre égyptienne dans le cadre des cultes égyptiens, de sanctuaires publics ou privés, puis le terme Isiaca, œuvre égyptienne trouvée hors d’Égypte de culte isiaque, dans des sanctuaires, Nilotica œuvres figurant des paysages de la terre du Nil avec ses habitants, sa flore et sa faune, enfin Hieratica, images ou symboles qui imitent l’architecture de l’ancienne Égypte.

           

       En deuxième partie dans le chapitre III, les sujets égyptisants, divisés en nilotiques (A), isiaques (B), éléments variés (C), sont calculés en pourcentage dans les maisons pompéiennes, puis, par région, enfin par style, le IVe style étant le plus abondant. Enfin les différents sujets, lotus, sphinges, serpents, etc., sont l’objet de tableaux examinés dans leur répartition, selon le type de pièce. Les sphinges viennent en tête et les animaux en dernier et une liste d’emplacements précis est fournie. Un pourcentage est fourni selon que les sujets se trouvent en milieu domestique, cultuel, public ou funéraire, basé sur des listes de répartition par pièce, par sujet pour chaque édifice. Ainsi, Isis Fortuna se trouve plutôt dans les cubicula et les viridaria, tandis qu’Io est représentée dans les triclinia et les portiques, mais cela se joue sur moins de dix exemples et rappelons que certaines pièces n’ont pas d’attribution spécifique.

           

       Le chapitre IV est consacré aux sujets nilotiques, avec étude en pourcentage de la fréquence et la distribution des scènes selon les pièces et les maisons, en incluant les jardins où ils sont majoritaires et de même dans les péristyles. Donner le pourcentage des scènes nilotiques selon les différentes régions d’Italie ne reflète en fait que l’empreinte de l’activité archéologique de ces différentes régions, avec évidemment une surreprésentation de la Campanie, de la même façon que le tableau concernant l’ensemble de l’empire romain. Pour Pompéi, les tableaux proposés des peintures et mosaïques à sujets nilotiques comprennent le type d’édifice et de pièce et la date, soit 49 occurrences. Suit un catalogue descriptif très complet de chaque exemple, avec une très riche bibliographie, puis un diagramme des sujets selon leur occurrence. Enfin, un tableau donne pour chaque sujet le renvoi à l’édifice où il a été identifié.

           

       D’autres tableaux suivent : pourcentage de divers types de scènes avec des pygmées où ce sont les scènes de violence qui dominent, leur répartition par type de pièce, et bien d’autres, où chaque fois, le diagramme est suivi de la liste des lieux pris en compte et d’un tableau synoptique des rapports avec les structures hydriques, ou celles des repas. Le chapitre se termine en citant les auteurs grecs et romains qui ont évoqué, entre autres, les pygmées et les animaux évoquant un certain exotisme. L’A. conclut en supposant que des éléments sacrés contenus dans les scènes nilotiques supposent une sorte d’allusion au culte égyptien, notamment isiaque.

           

       Le chapitre V est un catalogue de tous les objets égyptiens et égyptisants trouvés à Pompéi, avec tableaux donnant leur position, lorsqu’elle est connue, et un inévitable « camembert » où figurent en pourcentages les trouvailles selon les régions, puis une distribution selon la typologie des objets, les statues étant les plus nombreuses.

           

       Le chapitre VI nous donne les exemples repérés de corrélation entre les fresques et les objets et des pourcentages par région.

           

       Dans le chapitre VII, qui cherche à approfondir les rapports entre objets et fresques, un lien est possible entre les paradeisoi et les scènes nilotiques, citant des exemples, comme les deux statues d’ibis en marbre autour du bassin circulaire central du jardin de la maison de Marcus Lucretius, ou le jardin d’Octavius Quartio, avec lion, un dieu Nil et des figurines en terre cuite du dieu Bès, tandis que des sphinges étaient sculptées sur une table en marbre. Les images de paradeisoi avec animaux sauvages et ceux de l’Égypte devaient créer chez les hôtes et les spectateurs un certain goût pour l’exotisme. Le cas des laraires et du culte à Isis est examiné où l’on note que sur 505 reconnus, 14 présentent des effigies de divinités qui rappellent l’Égypte. L’A. fait ensuite une digression sur les différents types de peintres qui travaillaient ensemble, depuis le pictor parietarius, jusqu’au pictor imaginarius, ce qui supposerait des inclinations et des tendances expressives différentes, il appelle « le peintre d’Io » celui qui aurait œuvré dans une demi-douzaine de maisons, il suppose que certains propriétaires avaient un lien avec le culte isiaque et évoque une sorte de dilatation de la romanité. Il annonce les appendices qui suivent, reconnaissant qu’il manque des informations pour certaines régions et pense qu’il faudrait se fonder sur de futures trouvailles et donc de nouvelles fouilles !

           

       Le chapitre VIII se résume à deux pages, où le plan de Pompéi nous est proposé avec inscrit le pourcentage de décors des sujets traités dans chaque région, la région VI étant la plus riche.

           

       Enfin le chapitre IX passe en revue les collections égyptiennes dans les divers inventaires historiques, depuis l’époque des Bourbons jusqu’à la collection du Museo Archeologico Nazionale di Napoli, avec une nécessaire révision pour en saisir tous les éléments, et les critères qui ont successivement défini leur mise en valeur.

           

       La deuxième partie du volume, consacrée aux appendices, donne des listes impressionnantes. La première liste concerne les sujets et motifs égyptiens et égyptisants dans les peintures et les mosaïques pompéiennes : lieu précis, type de pièce, emplacement sur la paroi ou le sol, sujet, description brève, style. La seconde liste traite des objets retrouvés, classés selon les numéros d’inventaire général du musée de Naples, soit 296 numéros. La troisième liste est un tableau synoptique donnant à la fois la liste des sujets égyptiens ou égyptisants sur les peintures, les mosaïques et les objets, replacés dans chaque édifice où ils ont été retrouvés. Le quatrième appendice donne toute une série de textes qui décrivent ces trouvailles, dont certains datent de 1755, tirés de publications anciennes, comme le Pompeianorum Antiquitatum Historia, de G. Fiorelli, le Giornale degli Scavi, les Notizie degli Scavi di Antichità, jusqu’au corpus des laraires de Boyce de 1937. Et pour pouvoir mieux se repérer, un dernier tableau concerne les pages et les numéros des Notizie degli scavi où ces éléments sont décrits, région par région, insula par insula.

           

       En ce qui concerne les illustrations, après les planches qui donnent quelques exemples de peintures et de mosaïques, et une sélection des objets égyptiens et égyptisants, des plans, région par région, indiquent en rouge les édifices où tout cela a été enregistré d’après les listes établies préalablement et qui montrent une répartition assez homogène.

           

       En conclusion, cette recherche, basée sur un contexte historique précis, donne un corpus à jour du phénomène de l’influence de la culture égyptienne sur la civilisation romaine, mais limitée à Pompéi. L’A. indique bien dans son titre qu’il s’agit d’une enquête préliminaire, et peut-être envisage-t-il de traiter plus tard les mêmes sujets, par exemple à Herculanum et à Stabies où, dans la villa San Marco, a été trouvée l’unique coupe en obsidienne à sujets égyptisants de tout le monde romain.