Dell’Acqua, Antonio – Peleg-Barkat, Orit (eds.): The Basilica in Roman Palestine: Adoption and Adaption Processes, in Light of Comparanda in Italy and North Africa. Workshop, 5-6 December 2019, Tübingen, 315 p., 21x28 cm, ISBN: 978-88-5491-213-7, 45,00 €
(Edizioni Quasar, Roma 2021)
 
Compte rendu par Caroline Arnould-Béhar, Institut Catholique de Paris
 
Nombre de mots : 1506 mots
Publié en ligne le 2023-04-26
Citation: Histara les comptes rendus (ISSN 2100-0700).
Lien: http://histara.sorbonne.fr/cr.php?cr=4528
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       L’ouvrage constitue les actes de la table ronde réunie à Tübingen les 5 et 6 décembre 2019 par Orit Peleg-Barkat et Antonio Dell’Acqua. Professeur à l’Université hébraïque de Jérusalem, O. Peleg-Barkat est une figure majeure de l’archéologie de la Judée hérodienne et de la Palestine romaine, en particulier dans les domaines de l’architecture et des décors sculptés. A. Dell'Acqua est un jeune chercheur italien, docteur de l’Université Catholique de Milan et de l’Université de Tübingen, qui a étudié la basilique d’Ashkelon dans le cadre d’un contrat postdoctoral. Il a depuis poursuivi son investigation des villes de la Palestine romaine en s’intéressant à Samarie-Sébaste.

 

       Les éditeurs présentent dans la préface les objectifs de la publication et ses limites. Des limites intentionnelles, la volonté de ne pas prendre en compte tous les aspects de la question mais de centrer le propos sur les problématiques de l’adoption et de l’adaptation du modèle de la basilique romaine en Palestine ; des limites conjoncturelles, les confinements et les difficultés afférentes qui ont empêché plusieurs auteurs de rendre leur texte. Cinq d’entre eux n’ont ainsi pu être inclus dans la publication.

 

       Comme ils le soulignent, malgré des vestiges significatifs, parfois même remarquables, la Palestine romaine est négligée dans les études consacrées aux basiliques et d’une manière générale à l’architecture romaine. Lui redonner sa place était l’enjeu principal de la rencontre. Une brève et récente synthèse sur le sujet est mentionnée, celle de H. Shlochik (« The civic basilica in the Decapolis and Judaea-Palaestina », Questions of the History of World Architecture 13/2, 2020, p. 9-49), que le lecteur pourra consulter en parallèle.

 

       Les objectifs énoncés (p. 11), à savoir étudier les fonctions et les schémas architecturaux des basilicae en premier lieu et, à travers elles, de mesurer l’étendue de l’influence romaine dans l’Orient romain et de faire apparaître les éléments se rapportant à la définition de l’identité des habitants des cités, étaient ambitieux. Pour les servir, il aurait fallu pouvoir s’appuyer sur un plus grand nombre de cas d’étude. Ils sont peu nombreux en ce qui concerne la Palestine : la basilique royale du sanctuaire de Jérusalem dont le commanditaire est Hérode, les basiliques de Sepphoris, d’Hippos-Sussita et d’Ashkelon. Deux autres ont été présentées lors de la rencontre, celles de Beit Shean et de Beth Shearim, mais leur étude n’a malheureusement pas pu être incluse dans les actes. En résulte un déséquilibre, car les comparanda sont au moins aussi nombreux, sinon plus, que les édifices palestiniens. En ce qui concerne les parallèles, on peut s’étonner que l’Asie Mineure ne soit pas du tout représentée alors que l’Italie et l’Afrique du Nord occupent une grande place. Le corpus des basiliques y est important et son passé hellénistique rendait d’autant plus pertinent le rapprochement avec la région étudiée.

 

       L’ouvrage s’organise en cinq sections dont l’articulation peut être discutée. Ainsi, la première réunit deux articles sans lien véritable. Ils n’en sont pas moins, l’un et l’autre, d’un très grand intérêt. Le premier, dû à Matteo Cadario, de l’université d’Udine, est une étude de fonds, accompagné d’une très riche bibliographie, des portraits honorifiques exposés dans les basiliques. Dans le second, Gil P. Klein questionne les sources rabbiniques anciennes, Mishna et Tosefta, et observe l’attitude des rabbins face aux contraintes que posent en termes de halakha, c’est-à-dire de législation religieuse, ces espaces publics que sont les bâtiments à colonnades.

 

       Les sections II et III correspondent à une distinction opérée entre les villes juives de la Palestine romaine (II) et les cités à majorité païenne (III). Est-elle vraiment pertinente dès lors qu’il s’agit d’évoquer l’édifice du point de vue de son architecture et son décor ? De ce parti résulte que le portique royal d’Hérode à Jérusalem est étudié dans une section tandis que la basilique d’Ashkelon dont le premier état est attribué à ce même souverain est discutée dans la section suivante.

 

       Le portique royal du sanctuaire de Jérusalem avait fait l’objet d’une très belle étude d’O. Peleg-Barkat dans sa publication des fragments architecturaux des fouilles du mont du Temple en 2017 (The Temple Mount Excavations in Jerusalem 1968–1978, Vol. V : Herodian Architectural Decoration and King Herod’s Royal Portico, Qedem 57, Jérusalem). Elle avait été saluée en son temps par P. Gros comme pionnière en ce qu’elle se fondait non seulement sur les sources littéraires et l’analyse comparative, mais également sur la documentation archéologique, une documentation extrêmement lacunaire et éparse. C’est en grande partie de cette étude que proviennent les données et les illustrations de sa contribution (p. 69-89) dont la perspective est de s’assurer de la véracité de la description de Flavius Josèphe.

 

       Lui succède l’étude de la basilique de Sepphoris par Shulamit Miller et Zeev Weiss, dont le titre suggère qu’elle est préliminaire. De fait, le texte est assez court mais précieux par les données inédites qu’il contient. Les archéologues ont identifié dans la ville basse une basilique construite dans la première moitié du IIIe siècle et qui aurait succédé à un « peristyle building ».

 

       La troisième section s’ouvre avec deux études portant sur la basilique d’Ashkelon. La première exploite les données des fouilles conduites par les auteurs, R. Bar-Nathan et S. Ganor, entre 2016 et 2018. Elles leur permettent de préciser la datation de la première basilique, attribuée à Hérode le Grand et qui se prolongeait par une structure à gradins, bouleuterion ou curie. La chronologie des différentes phases de construction a été revue. A. Dell’Acqua, l’un des co-éditeurs de l’ouvrage, donne dans son article une synthèse des résultats de son étude des fragments sculptés de la basilique sévérienne, dont les fameux reliefs aux victoires.

 

       Les deux contributions suivantes ont pour objet une ville de la Décapole. La première est un dossier riche et abondamment illustré consacré par M. Eisenberg à la basilique d’Hippos, datée de la fin du Ier siècle et dont les vestiges sont importants. L’auteur donne en fin d’article un utile tableau récapitulatif des caractéristiques des basiliques des provinces de Syrie-Palestine et d’Arabie. L’article de J. Seigne porte sur le centre civique de Gerasa, situé au nord de la ville. Une partie importante est dévolue au « petit théâtre », un odéon ou bouleuterion. La basilique, connue très partiellement par des fouilles débutées en 1999, révèle, comme l’ensemble du centre civique et à l’instar des autres cités de la Décapole, un lien fort avec les modèles romains.

 

       Les deux dernières parties (sections IV et V) présentent des parallèles d’Afrique du Nord (Utique et Meninx en Tunisie), de Sicile et d’Italie (Tibur, Préneste et Luni). Tous très documentés et intéressants, ces articles doivent être consultés pour eux-mêmes, car ils contribuent peu à éclairer les processus d’adoption et d’adaptation du type de la basilique en Palestine et dans les provinces voisines.  

 

       L’un des points forts de ces actes est de présenter des données de fouilles récentes et pour partie inédites, un autre est la richesse et la qualité de l’illustration. Si l’on peut regretter un certain manque de cohérence dû principalement à la disproportion entre les édifices palestiniens étudiés, trop peu nombreux, et ceux qui viennent en comparaison, l’ouvrage apporte beaucoup à la connaissance de la basilique romaine et à celui de l’espace urbain dans l’Orient romain. Il permettra aussi à de nombreux chercheurs de l’Antiquité classique de prendre la mesure de l’importance du patrimoine architectural de la Palestine romaine. L’on peut souhaiter que d’autres rencontres suivent celle de Tübingen et permettent de poursuivre la discussion entamée.

 

 

Contents

 

Preface

The Basilica in Roman Palestine: Shedding Light on the Penetration of Roman Architecture into the Roman East

Antonio Dell’Acqua – Orit Peleg-Barkat   9

 

I. The Roman Basilica between Roman Tradition and Jewish Perspective

 

Decoration and Display in the Roman Civic Basilicas

Matteo Cadario  19

 

Basilica and Other Colonnades: A Rabbinic Theorization of the Public Sphere

 Gil P. Klein  45

 

II. The Basilica in the Jewish Cities of Roman Palestine

 

The Royal Portico on the Temple Mount: Between Historical Text and Archaeological Finds

Orit Peleg-Barkat 69

 

The Roman Basilica at Sepphoris: Initial Thoughts and Interpretations

Shulamit Miller – Zeev Weiss  91

 

III. The Basilica in the Cities of Roman Palestine and Arabia

 

The Basilica of Ashkelon between Herod and the Severan Dynasty

Rachel Bar-Nathan – Saar Ganor 109

 

The Basilica of Ashkelon and its Décor

Antonio Dell’Acqua 133

 

The Basilica of Hippos of the Decapolis and a Corpus of the Regional Basilicae

Michael Eisenberg 153

 

Gerasa of the Decapolis: Basilica and Civic Centre

Jacques Seigne  185

 

IV. The Roman Basilica in North Africa

 

The Antonine Basilica at Utica (Tunisia)

Ben Russell 215

Adaption and Autonomy in the Architecture of Roman North Africa. The Basilica of Meninx, a Case Study

Linda Stoeßel  241

 

V. Roman Basilicas in Italy and Sicily between the Late Republic and Imperial Periods

 

The Architecture of the Roman Basilica in Sicily: Case Studies from the Northern Coast Cities

Rocco Burgio – Leonardo Fuduli 267

 

The Basilica in the Region of Latium: The Case of Tibur and Praeneste

Martin Tombrägel 279

 

The Civic Basilica at Luni: an Update

Chiara Bozzi 293