Simoncini, Giorgio: Roma. Le trasformazioni urbane nel cinquecento. Vol. I: Topografia e urbanistica da Giulio II a Clemente VIII, 17 x 24 cm, 512 pages, ISBN 978 88 222 5730 7, 50 euros
(Olschki Editore, Florence 2008)
 
Compte rendu par Eva Renzulli, Université de Venise
 
Nombre de mots : 1148 mots
Publié en ligne le 2009-08-11
Citation: Histara les comptes rendus (ISSN 2100-0700).
Lien: http://histara.sorbonne.fr/cr.php?cr=485
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    Avec ce nouveau tome, Giorgio Simoncini poursuit son étude sur Rome et ses transformations urbaines qui, en 2004, avait pris corps dans deux premiers tomes consacrés au Quattrocento, sous sa même direction. Cette fois-ci, la période considérée s’étend du début du règne de Jules II della Rovere, en 1503, à la fin de celui de Clément VIII Aldobrandini, en 1605.

    De façon analogue au premier tome sur le Quattrocento, Simoncini se concentre ici sur la topographie des transformations urbaines. On peut ensuite imaginer qu’un quatrième tome réunira des essais de plusieurs auteurs détaillant des thèmes spécifiques suivis par un répertoire thématique, comme dans le deuxième tome sur le Quattrocento. Dans ce dernier, les thèmes visités étaient aussi divers que les dynamiques immobilières, l’approvisionnement annonaire, les lieux de culte, les résidences des cardinaux, les hôpitaux et leur distribution dans la ville, l’utilisation du sol à l’intérieur de l’enceinte urbaine, les vignes et les jardins potagers et une analyse formidable de l’état des forums impériaux et des constructions qui s’y étaient implantées.

    Le texte est construit à partir des sources primaires : les témoignages préservés dans les journaux intimes des contemporains, les éloges funèbres, les guides de Rome et les cartes historiques ont été regroupés et considérés avec soin pour décrire les principales transformations de chaque période. Simoncini s’appuie aussi largement sur les données d’archives recueillies dans les volumes historiques et les grands répertoires sur Rome (par Pastor, Delumeau, Lanciani, Muntz, Gnoli), tout en rappelant succinctement les résultats des études critiques d’Arnaldo Bruschi, de Luigi Spezzaferro, de Manfredo Tafuri ou de Christophe L. Frommel, mentionnées dans la bibliographie en fin d’ouvrage et dans les notes de bas de page.

      Le livre comprend dix chapitres organisés chronologiquement, chacun consacré à la durée d’un pontificat (ou deux ou trois, dans certains cas). Le texte de chaque chapitre est suivi d’un répertoire organisé de façon topographique, cherchant à réaliser un portrait panoramique des transformations urbaines d’un point de vue à la fois physique et fonctionnel. Bâtiments, places et rues sont considérés non seulement pour leur forme physique, mais aussi pour leur capacité à donner une orientation à la transformation de la ville.

     Chaque chapitre organise les informations par zones géographiques, suggérant la structure duale de la ville : une partie sous la juridiction du Pape – la « città Leonina » –, une autre sous la juridiction des autorités municipales résidant dans le Capitole. Non seulement les grands travaux et la situation des grands axes sont pris en considération, mais les raisons de chaque pape pour ces transformations et leurs effets sur le tissu urbain sont également précisément analysés.

     Si les deux premiers chapitres consacrés aux vingt premières années du siècle – couvrant les pontificats de Jules II della Rovere et de Leo X de Medici – se concentrent sur les exploits de Bramante au Vatican, ils se penchent également sur les grandes mutations de la « città Leonina » et sur l’aménagement des grandes artères que constituent la via della Lungara et la via Giulia, qui ont marqué cette période.

    Il se dégage du troisième chapitre un climat austère, d’une part à cause du caractère d’Hadrien VI et, d’autre part, malgré les efforts de Clément VII, à cause du Sac de Rome. Simoncini se concentre ainsi plutôt sur les activités des « maestri di strada » et sur la façon dont les travaux de taille relativement modeste incarnent la politique générale de gestion de la ville.

     Le quatrième chapitre, consacré au Pape Farnese Paul III, traite des apparats mis en place pour accueillir triomphalement Charles Quint et de leurs conséquences sur le tissu urbain. Malheureusement, cette partie n’a pu profiter de l’étude remarquable d’Anna Bedon sur les transformations du Capitole réalisées par Michel-Ange à cette époque (Il Campidoglio: Storia di un monumento civile nella Roma papale, Electa, Milan 2008), parue quelques mois après l’ouvrage de Simoncini. Cette étude regroupe de nombreuses informations sur les fortifications des deux parties de la ville, nous rappelant la situation politique en Europe à ce moment-là et la nécessité absolue de protection, tout en soulignant l’attention toujours portée à l’architecture de la ville et à l’urbanisme à l’intérieur des enceintes, avec le développement des grands axes et des nouvelles places comme la piazza del Popolo et son trident ou la piazza Farnese, symbole du pouvoir de la famille papale.

      Le cinquième chapitre regroupe trois pontificats : ceux de Giulio III del Monte, de Marcello II Cervini et de Paolo IV Carafa. Cette période se caractérise par des guerres et des menaces de guerres, incitant encore au renforcement des fortifications de la ville éternelle, mais aussi à l’amélioration des voies urbaines et extra-urbaines, en particulier celle reliant la ville à la grande ville suburbaine de Papa del Monte : villa Giulia. C’est aussi la période pendant laquelle est ordonné le cloisonnement des Juifs par Paolo IV, dont Simoncini tire une brève réflexion sur le ghetto de Rome et ses espaces, accompagnée d’une courte bibliographie de la littérature critique sur le sujet.

      Le sixième chapitre se concentre sur le règne de Pio IV Medici, qui coïncide avec les dernières années du Concile de Trente ; l’apparition de nombreux nouveaux ordres ayant besoin d’un siège détermine des nouveaux pôles religieux à l’intérieur de la ville. Le Borgo Pio, avec sa nouvelle Porta Pia, et le tracé rectiligne des nouvelles rues dans cette zone constituent d’importantes transformations de cette période, de même que la mise en œuvre de nouvelles dispositions législatives sur la gestion des travaux urbains et le commencement de travaux hydrauliques visant à contenir le Tibre.

    Pendant les six années de pontificat de Pio V Ghisleri (1566-1572), on n’enregistre pas de grands travaux dans la ville, seulement des petites interventions locales. Ces années – décrites au chapitre sept – furent en effet caractérisées par la guerre contre l’Infidèle, comme la célèbre bataille de Lepante. La multiplication des pèlerinages « a le sette chiese » engendrera alors les transformations de Rome sous Grégoire XIII décrites dans le chapitre huit, puis sous Siste V, auquel est consacré le chapitre neuf, l’un des plus riches de l’ouvrage.

      Le dixième et dernier chapitre traite du pontificat de Clément VIII Aldobrandini (1592-1605), nous rappelant notamment les grandes inondations de la fin du siècle, les nouvelles commissions instituées par le Pape pour gérer la ville, les grands travaux pour le Jubilée et l’apparition d’une multitude de nouvelles églises pour les nouveaux ordres réformés. Le plan d’Antonio Tempesta (1593) montre, selon l’auteur, un nouvel intérêt pour les bâtiments. À la trame du tissu urbain observée dans les plans précédents (de Bufalini, de Cartaro, de Du Pérac), s’ajoute ici une réflexion sur la plus petite taille des édifices – des églises, mais aussi des palais seigneuriaux – qui subissent vers la fin du siècle une augmentation exponentielle. Pour l’auteur, ce basculement de l’urbanisme vers l’architecture que l’on aperçoit dans les nouveaux plans de la ville reflète les nouvelles tendances de la ville elle-même qui émergeront au cours du siècle suivant.

    Au total, cet ouvrage, comme les deux tomes qui le précèdent, constitue indéniablement une source de référence pour les chercheurs d’histoire urbaine. La méticulosité avec laquelle Simoncini a rassemblé les informations est un travail colossal, qu’il a su pourtant rendre accessible grâce aux deux index situés à la fin, aux illustrations, qui intègrent les détails de plusieurs cartes de Rome et reproductions de dessins, ainsi qu’au répertoire des documents papaux. Seules la bibliographie et les notes de bas de page, déjà très fournies, auraient peut-être pu gagner à être enrichies de quelques références critiques supplémentaires.