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Rezension von Evelyne Toussaint, Université de Pau Anzahl Wörter : 1056 Wörter Online publiziert am 2009-04-04 Zitat: Histara les comptes rendus (ISSN 2100-0700). Link: http://histara.sorbonne.fr/cr.php?cr=604 Bestellen Sie dieses Buch Michel Giroud se définit lui-même comme un peintre oral et tailleur de mots, sons, gestes et dessins, un historien « des non-avant-gardes », ainsi qu’il qualifie Dada et Fluxus. Depuis la fin des années 1960, il multiplie les actions-interventions-rencontres dans les écoles d’art, les universités, festivals, lieux de poésie et d’art contemporain, ou clubs improbables qu’il affectionne, voire invente (Mille voix/1000 voies). En parallèle à ses activités d’artiste-performer, il a fondé, avec Alain Macaire, la revue Kanal (1984-1994), consacrée aux arts contemporains, et il est l’inventeur des concepts de PTT (poésie totalement totale), d’AAA (art-action-attitude) ou de l’intitulé générique IAM (Imperium Asinum Magnificum).
Dans la collection « L’écart absolu - Poche » des Presses du réel, il
publie un petit ouvrage dense et joyeusement chaotique qui tient à la
fois du pamphlet et de l’enquête historique : Paris, laboratoire des
avant-gardes. Transformations – transformateurs, 1945-1965, trace
pérenne d’une « Semaine de 49 conférences-actions » qu’il
présenta à l’École des Beaux-Arts de Lyon du 5 au 10 octobre 2008. La
collection « L’écart absolu - Poche », que dirige Michel Giroud, en
collaboration avec Xavier Douroux, a déjà publié des textes d’Hugo
Ball, François Dufrêne, Carl Einstein, Richard Huelsenbeck, Jacques
Villeglé ou Marc Décimo, parmi d’autres pépites littéraires et
poétiques ou documents historiques.
Dans ce petit livre foisonnant – qui a pour objet, comme
l’annonce l’auteur en introduction, de rendre compte d’une trentaine de
« mouvements, mouvances, tendances et groupuscules » qui, pendant
deux décennies, cherchèrent à « renouveler l’art pour changer la vie »
(p. 5) –, Michel Giroud revient sur l’histoire des « transformations »
depuis le début du XXe siècle, en poésie, musique et arts plastiques.
Il convoque, à cette fin, tous les « transformateurs », depuis Stéphane
Mallarmé – dont le Coup de dés avait été publié en 1897 dans la revue
Cosmopolis – , Arthur Rimbaud, Isidore Isou et tous ceux, comme Hugo
Ball, Antonin Artaud ou Kurt Schwitters, qui inventent de nouveaux
langages, bouleversent toutes les traditions d’écriture et explorent le
« corps sonore ». Dans la dispersion et le désordre, surgiront alors
« des singularités qui excèdent toutes les définitions comme
toutes les classifications » (p. 41), souvent dans des contextes de
rivalités assassines : Arp, Duchamp, Dubuffet, Hains, Blanchot,
Queneau, ou encore Bataille, Guattari, Deleuze, Lyotard ou Derrida,
revendiquant leur singularité et leur insoumission. L’auteur
s’attachera aussi à recenser les revues qui se multiplient (Plastique,
Cobra International, La Dictature lettriste, Critique, Orbes, Zéro, Les
Lettres…).
Certes, dès la fin des années 1950, des festivals d’avant-garde
anticipent l’art total multimédia qui sera le projet de Fluxus dans les
années 1960 et Paris est encore le laboratoire central où tout a lieu :
expérimentations d’Yves Klein, Jean Tardieu, Pierre Boulez,
Jean-Jacques Lebel… Cependant, tandis qu’à New York – nouvelle
capitale internationale des arts – l’importance de John Cage s’affirme
dès 1952, et celle de George Maciunas, l’inventeur de Fluxus, dès 1960,
Paris est « figée dans ses querelles internes ». Précédemment, ses
figures majeures, dont André Breton, n’avaient déjà « pas assez
d’ouverture d’esprit pour reconnaître les valeurs du constructivisme,
de Dada, de Mondrian et de Malevitch » (p. 69), et l’ancienne capitale
de l’art va aussi négliger Fluxus, seulement accueilli par Ben à
Nice en 1963, méconnaître Robert Filliou, qui imaginait en 1960 une
République géniale sans compétition ni pouvoir, et marginaliser des
démarches comme celle d’Alain Jouffroy (co-fondateur, en 1967, de la
revue Opus international), qui, dans son ouvrage L’Abolition de l’art
en 1968, proposera l’« individualisme révolutionnaire » comme issue
inéluctable.
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Herausgeber: Lorenz E. Baumer, Université de Genève ; Jan Blanc, Université de Genève ; Christian Heck, Université Lille III ; François Queyrel, École pratique des Hautes Études, Paris |