Belarte, M. C. – Noguera, J.: La necròpolis protohistòrica de Santa Madrona. (Riba-roja d’Ebre, Ribera d’Ebre), (Hic et nunc, 2) 122 p., 30 euros, ISBN 9788493469870
(Institut Català d’Arqueologia Clàssica, Tarragona 2008)
 
Compte rendu par Walter Leclercq, Université Libre de Bruxelles-FNRS
 
Nombre de mots : 1058 mots
Publié en ligne le 2010-12-20
Citation: Histara les comptes rendus (ISSN 2100-0700).
Lien: http://histara.sorbonne.fr/cr.php?cr=688
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          Situé sur la commune de Riba-roja (Ribera d’Ebre), le site de Santa Madrona a livré une nécropole protohistorique localisée à 200 mètres d’une chapelle homonyme, cette dernière étant construite sur un site ibérique. La fouille, répartie sur deux campagnes respectivement en 2003 et 2004 permit de mettre au jour 21 structures dont plusieurs sépultures relativement bien conservées. En effet, elles livrèrent des fragments d’ossements incinérés permettant encore d’estimer, dans certains cas, l’âge du défunt. Les apports de ces fouilles ne se limitèrent pas aux recherches anthropologiques. Parmi les structures exhumées, il faut mettre en évidence la présence de quelques dépositions – dont une céramique à même le sol, interprétée comme un dépôt votif – et de plusieurs structures de pierre.

 

          La découverte de la nécropole ne fut pas une surprise. En effet, elle était connue depuis les années 70 grâce à de nombreuses prospections. Quelques années après la découverte, l’inventeur publia une notice concernant notamment plusieurs fragments d’urnes ramassés au cours des différentes recherches. Dans cette publication, il soulignait la probabilité de la conservation de la nécropole dont les tessons de céramique étaient issus. L’intérêt attisé par ses découvertes, une petite campagne de fouille fut menée à quelques pas de la chapelle Santa Madrona où furent mis au jour 84 fragments de céramique. L’analyse de ceux-ci a permis d’établir une fourchette chronologique comprise entre le 3e et le 1er siècle avant J.-C., quelques-uns, pouvant être datés de la fin du 5e ou du début du 4e siècle avant notre ère, attestant une occupation antérieure.  

 

          À partir de ces données, il fut décidé d’entreprendre des fouilles, d’une part pour confirmer l’occupation mise en évidence précédemment, d’autre part pour découvrir une potentielle occupation antérieure. La fouille fut menée sur deux fronts distincts. En effet, à la prospection et la fouille traditionnelle avec un enregistrement des données selon la méthode Harris, s’adjoignit une micro-fouille minutieuse en laboratoire. L’objectif de cette dernière était le dégagement précis des restes osseux et la récupération par flottaison de micro-restes – invisibles au cours d’une fouille traditionnelle extérieure – permettant des études palynologique, carpologique et anthropologique.

 

          Sur l’ensemble de la fouille, seules onze structures, pour la plupart étêtées suite aux divers travaux agricoles, livrèrent du matériel céramique. Par conséquent, aucune information n’a subsisté sur un éventuel dispositif de signalisation de ces structures funéraires. Le matériel céramique découvert dans ces dernières est généralement de profil globulaire avec un évasement du col. Le décor, relativement peu foisonnant, est constitué pour la majeure partie de cannelures, de protubérances et de décors digités dans deux des cas. Ce registre décoratif reste fréquent dans les complexes funéraires de cette région. 

 

          Il est difficile d’avancer une datation typologique pour ces urnes suite à l’arasement par les cultures des structures et par conséquent des céramiques qui y étaient conservées. Néanmoins, la fréquentation du site est attestée dès le 8e siècle av. J.-C. dans la partie nord de la nécropole, les autres vestiges étant compris dans une fourchette chronologique entre le 7e et le début du 6e siècle av. J.-C. Rares sont les objets - en bronze notamment - qui furent découverts en contexte, la plupart étant des ramassages de surfaces souvent oxydés. Leur analyse montre une déformation qui indiquerait le passage sur le bûcher funéraire de ces objets métalliques. D’un point de vue fonctionnel,  une grande majorité de ces objets semblait posséder une fonction ornementale, certains, mais très peu, étant non pas en bronze mais bien en or. La plupart sont donc à rapporter à la catégorie des objets d’ornements. Le matériel issu du ramassage de surface n’est pas constitué uniquement de matériel métallique mais également de tessons de céramiques. Leur datation contredit la tendance générale et laisse supposer une occupation de la nécropole au 3e siècle av. J.-C (les tessons trouvés à proximité de la tour de l’ermitage sont datés quant à eux du 2e au milieu du 1er siècle avant J.-C.). Cela pourrait éventuellement indiquer une volonté des habitants de cette époque d’installer leur sépulture à côté de celles de leurs ancêtres qui devaient encore être visibles. Ce geste serait, selon les auteurs, l’affirmation de leur identité et de leur rattachement à ces derniers (au cours de la seconde guerre punique ?).

 

          Si l’analyse fine des structures funéraires permet de mettre en évidence huit types différents, ces derniers peuvent essentiellement être regroupés en quatre grands groupes : d’une part la déposition des ossements directement en pleine terre ou au préalable placés dans une urne, ainsi que les sépultures avec une structure tumulaire (les deux n’étant pas exclusives comme il est attesté dans de nombreuses nécropoles catalanes) et d’autre part les offrandes et les structures quadrangulaires annexes (attestées ailleurs mais non identifiées, sans trace de bûcher). Que cela soit sous tumulus ou en fosse, une sélection après la crémation a été effectuée. En effet, jamais du charbon de bois n’est associé avec les résidus osseux, à l’exception d’une des tombes. Il faut relever la présence de deux enfants déposés au sein d’une seule et même urne. Peu fréquents mais présents, des objets métalliques faisaient partie du mobilier funéraire du défunt. À l’instar de celui-ci, ils étaient également placés sur le bûcher funéraire. Parfois, il semble qu’ils aient fait l’objet d’une déposition postérieure. Sur le plan de la répartition spatiale, toutes ces tombes semblent se regrouper selon des caractéristiques propres. Malheureusement, les données chronologiques disponibles sont trop parcimonieuses pour permettre de trancher ce problème.

 

          En conclusion, nous devons souligner la grande tenue de cette publication, second opus de la collection Hic et Nunc instaurée par l’Institut Català d’Arqueologia Clàssica. Le lecteur y est, grâce à son côté synthétique, directement guidé vers l’essentiel de l’information. De surcroît, toute la démarche archéologique est clairement mise en évidence. Nous devons néanmoins déplorer la qualité inégale des dessins effectués ou du moins de leur rendu lors de l’impression, certains étant légèrement flous. Nous regrettons également, et cela sur un plan moins technique, le faible rayon de recherche, souvent concentré sur une seule et même région, rares étant les parallèles réalisés avec des régions plus lointaines. Néanmoins, pour toute personne portant de l’intérêt à la recherche archéologique, cette publication s’avère un outil essentiel car, outre une lecture agréable, elle offre une étude récente et une bibliographie de base pour approfondir le sujet.