Aimi, Antonio: Les Mayas et les Aztèques, traduit de l’italien par Todaro Tradito, collection Guide des arts, volume broché, 13,5 x 20 cm, 384 p., 360 illustrations, ISBN 978 2 7541 0344 2, 27 euros TTC
(Éditions Hazan, Paris 2009)
 
Compte rendu par Ludovic Lefebvre
 
Nombre de mots : 3299 mots
Publié en ligne le 2009-07-27
Citation: Histara les comptes rendus (ISSN 2100-0700).
Lien: http://histara.sorbonne.fr/cr.php?cr=705
 
 

          Ce guide a pour objet de présenter au lecteur les civilisations de la Méso-Amérique avant l’arrivée des Européens. Ces civilisations fascinent, intriguent et interrogent la vieille Europe depuis plus de cinq siècles, suscitant à la fois admiration, effroi et incompréhension. Cet ouvrage traduit de l’italien, qui peut se lire comme un guide de voyage, par son aspect didactique et son érudition s’adresse également à toute personne, profane ou érudite, désireuse de découvrir ou de mettre à jour ses connaissances. Chaque article est à chaque fois présenté selon une mise en page identique mêlant image de référence, fiche signalétique, citation, texte (ces quatre éléments se trouvant sur la page principale) puis des illustrations avec des légendes précises.
          En introduction, l’auteur rappelle à juste titre que si « l’on veut s’aventurer sur le terrain toujours glissant des comparaisons entre civilisations », il faut garder à l’esprit que les populations rencontrées par les Espagnols ne sauraient être comparées avec celles contemporaines d’Europe mais avec celles du premier âge du bronze. Le guide s’articule autour de  cinq thèmes : « les personnages », « le pouvoir », « les rituels et la vie politique », « la vie quotidienne », « les divinités et la religion » et « sites et cités ». Il se termine par des annexes sur lesquelles nous reviendrons en fin de compte rendu. Il est bien sûr impossible de revenir sur chacune des notices.

          La partie sur les figures historiques occupe quatre-vingt pages (p. 9-88). La succession de ces courtes biographies est à la fois géographique et historique. Sans les recenser toutes ici, voyons quelques-unes des plus marquantes.
L’auteur part du sud de l’aire de son étude (maya) en commençant avec Sihyaj Chan K’awiil II (mort en 456), connu pour avoir remis à l’honneur les traditions dans son royaume de Tikal après une influence marquée du rival, Teotihuacán, qui avait conquis Tikal en 378. La stèle reproduite atteste ce retour aux traditions, Sihhyaj Chan K’awiil II s’étant fait représenter selon un style archaïque (p. 11).
          Est traitée ensuite la cité de Palenque et son roi K’inich Janaab’ Pacal dit Pacal le Grand (mort en 683), dont l’arrivée sur le trône suscite l’intérêt des historiens. Celui-ci en tout cas a laissé son empreinte dans l’histoire pour ses réalisations artistiques, comme le montrent le Temple des Inscriptions (p. 14-15) ou encore la dalle tombale du souverain (p. 16). Autre souverain de Palenque, K’inich Kan B’ahlam II (mort en 702), héritier du précédent, qui symbolise l’apogée de Palenque, inaugura un ensemble de constructions dit « Groupe de la Croix » (p. 19).  
          Revenons à Tikal dont le roi Jasaw Chan K’awiil (couronnement en 682) vainquit « l’autre grande puissance du monde maya », Calakmul, et promut un grand programme architectural. Sa tombe, découverte dans les années 1960, a révélé un mobilier funéraire somptueux (p. 20).
          À Yaxchilan, Itzamnaaj B’ahlam II eut un règne de soixante ans (il mourut en 742) et  le dernier tiers de son règne a vu, outre de belles victoires militaires, de beaux monuments avec de superbes linteaux (p. 24). Son épouse, Ix K’ab’al Xook, eut un prestige sans doute équivalent à celui des grandes femmes antiques de l’Ancien Monde ; elle a souvent été représentée avec son mari, notamment sur un linteau exposé au British Museum (p. 26).
          Calakmul, la grande puissance hégémonique du monde maya, est évoquée notamment par la figure de Yuhknoom Took’ K’awiil qui symbolise toutefois une période de déclin de la cité après qu’elle subit une défaite cinglante face à Tikal. Toutefois, bien qu’humiliée, elle ne fut pas anéantie et ne disparut pas. La cité de Dos Pilas accueillit d’ailleurs Yuhknoom pour la célébration d’un rituel. La stèle 51 que l’on peut voir au  Museo Nacional de Antropologia de Mexico, est la mieux conservée de Calakmul (sur plus de cent cinquante qui ont été recensées). Elle représente le souverain en position guerrière ; caractéristique rare dans les figurations humaines mayas, le souverain a les cheveux frisés (p. 35).
          L’auteur n’étudie toutefois pas uniquement des figures de souverains. Ainsi il consacre quelques lignes à Aj Maxam, sans doute l’un (ou le) plus grand représentant de la peinture sur vase cylindrique dont plusieurs œuvres sont reproduites pages 36-40. Les spécialistes ont longtemps pensé qu’il était un prince ; une relecture et une réinterprétation du Vase des fleurs prouvent qu’il n’en est rien mais que son œuvre était largement reconnue, ce qui assimilait sa réputation à celle d’un noble.
          Le déclin subit et brutal des cités mayas est naturellement évoqué. Les explications sont différentes selon les époques et cela tient évidemment à nos sources. Le cas de Copán et de son dernier roi, Yax Pasaj Chan Yoopat (mort en 821), est abordé (p. 41-43). Comme le rappelle l’auteur après la mort du souverain : « Cette crise politique – ce que l’on a appelé le mystère de la fin de la période classique, qui a suscité tant d’interrogations et d’interprétations – se manifesta de façon éclatante par la cessation de la construction de stèles et de monuments avec le Compte long, qui exaltaient les souverains et rattachaient les lignées royales aux événements des mythes cosmogoniques ». Page 43 est représenté un autel (dit autel Q) qui résume l’histoire de la dynastie.
          En remontant vers le nord et en passant l’an 1000 (chrétien), l’auteur s’intéresse à l’histoire du peuple mixtèque dont l’histoire nous est connue notamment par une série de codex dont l’un, le codex Nutall (XIVe-XVe siècle), est reproduit sous la forme de deux fragments (p. 45-46). Ainsi, la vie de 8-Cerf-griffe-de-jaguar, roi de Tilantongo puis roi de Tututepec est narrée : il fut en effet le plus grand souverain de la Mixtèque.
          La biographie d’Acamapichtli (mort en 1396), roi de Tenochtitlán, qui réussit à surmonter deux épreuves (le rassemblement de tributs exorbitants) imposées par le roi d’Azcapotzalco, indique que, si l’histoire comme nous l’entendons devient plus détaillée à partir de cette époque, il n’en est pas moins vrai qu’elle était fort éloignée de notre conception actuelle et que, lorsqu’un peuple remportait une victoire, il n’hésitait pas à détruire les livres afin de réécrire l’histoire à sa convenance comme ce fut le cas quand les Mexicas l’emportèrent sur Azcapotzalco.
Dans la période de deux ou trois générations précédant l’arrivée des Espagnols, un exemple de souverain extrêmement intéressant est celui de Nezahualcóyotl, roi de Texcoco mort en 1472 (représenté p. 53 en tenue de combat sur le codex Ixtlilxochitl visible à la Bibliothèque nationale de France), qui avait de multiples dons touchant aussi bien l’architecture, la poésie, la législation, la guerre… C’est de son règne que date la création de la Triple Alliance associant Texcoco, Tenochtitlán et Tlacopan, ces trois cités (avec leurs conquêtes) constituant l’empire aztèque. On ne sait pas vraiment si cette alliance était conçue initialement sur un pied d’égalité mais il semble que dès l’origine, Tlacopan avait moins d’influence que les deux autres.
          Le contemporain de Nezahualcóyotl à Tenochtitlán était Montezuma Ilhuicamina dit Montezuma l’Ancien (Huehue) pour le distinguer de l’adversaire de Cortès. Les faits marquants de son règne sont décrits dans le codex telleriano-remensis (f. 32) qui se trouve également à la BnF. Pages 60-61 est reproduit un monumental cuauhxicalli, récipient qui avait souvent la forme d’un aigle dans lequel on déposait les cœurs des malheureux sacrifiés. Celui consacré à ce souverain fut retrouvé dans le palais archiépiscopal de Mexico.
          De cette alliance faisait donc partie Texcoco. L’un de ses souverains, Nezahualpilli (p. 70-71), jouissait d’un grand prestige (des anecdotes font de lui un souverain sensible à la misère humaine et opposé aux sacrifices). Il mourut en 1515. Il semble cependant que ce fut sous son règne que Texcoco perdit de son influence de façon graduelle au profit de Tenochtitlán.
          Les biographies des derniers souverains de l’empire aztèque sont évidemment traitées, à commencer par Montezuma Xocoyotl (p. 75-83 avec p. 76 une peinture visible au Museo degli Argenti à Florence, datant du XVIe siècle avec des éléments iconographiques européanisants) qui fut la première victime royale de Cortès. Montezuma mourut en effet en mai ou juin 1520. Cuauhtemoc épousa la fille légitime de Montezuma et constitua le dernier rempart face à Cortès. Son héroïsme ne l’empêcha pas d’être atrocement torturé (voir la peinture de David Alfaro Siqueiros, p. 86-87, visible au Palacio de Bellas Artes de Mexico) pour révéler en compagnie de Tetlepanquetzatl, roi de Tlacopan, où se trouvait l’or, la grande quête des Conquistadores…

          La deuxième partie (p. 89-136) traite du pouvoir, des rituels et de la vie politique.
          Sont évoqués les chamans (p. 90-93), dont le rôle était si important dans les civilisations méso-américaines. Le chaman est défini en anthropologie comme un « technicien de l’extase ». Chez les Aztèques, nahualli a une étymologie approximative et multiple, qui démontre bien la complexité de la fonction de celui qui avait le pouvoir, par différents moyens, de voyager dans des mondes différents du quotidien.
          À côté des chamans, les prêtres (p. 94-96) sont les intercesseurs des dieux, rôle éminemment cultuel donc, mais qui ne s’arrêtait pas là. Les prêtres étaient également détenteurs du savoir  (sans doute les inventeurs de l’écriture et du calendrier) et déchiffraient les mouvements des astres. Ils n’eurent de cesse, dans ces sociétés profondément religieuses, de vouloir s’immiscer dans la sphère politique, mais les souverains eux-mêmes avaient une fonction sacerdotale.
          La valeur du sacrifice dans les sociétés indiennes est réelle et on connaît l’effroi qui s’empara des Espagnols à la vue de ces rituels. Parmi ceux-ci, l’autosacrifice (p. 97-98) avait une grande importance et les élites y étaient astreintes avec des modalités et pratiques différentes selon les sociétés et les époques. Toute une gamme de sacrifices existait, comme ceux pour la pluie (où des nourrissons, selon certains rites, étaient pris par les prêtres à leurs mères) ou ceux voués à Tezcatlipoca, fêté le cinquième mois de l’année ; le moment culminant était l’exécution d’un jeune homme dont le cœur était arraché (offert au soleil) et la tête exposée. Pendant un an, cet homme avait bénéficié de tous les raffinements de l’éducation de la noblesse pour être prêt à être offert (voir les représentations du codex de Florence p. 102-104).
          Page 107 est rappelée l’importance que ces peuples accordaient au calendrier et, aux pages suivantes, à certaines cérémonies (p. 110-113, la Cérémonie du feu nouveau qui revenait tous les 52 ans ou, p. 114-117, diverses fêtes qui célébraient les divinités). Les pyramides (Teocalli), si présentes dans le paysage méso-américain, étaient les lieux où les dieux étaient visibles et leur orientation (ou plutôt celle de leur temple) n’était pas due au hasard (p. 126-127), le soleil étant souvent le point de référence. Le Teocali de la Guerra Sagrada (p. 128-129), découvert en 1831 et visible au Museo Nacional de Antropologia, serait le trône de Montezuma Xocoyotl selon certains spécialistes. Il est une véritable miniature d’un temple qui proclame le caractère central de Tenochtitlán dans le cosmos.
          Les jeux que nous connaissons par plusieurs représentations sont évoqués, dont ceux de balle (ulama) qui étaient assez violents (p. 118-125).
Des objets plus courants, mais qui étaient également porteurs de sens religieux, sont figurés tels les encensoirs et braseros (p. 130-131). Certains sont de véritables œuvres d’art même s’il existait des formes plus simples.
Cette deuxième partie se conclut sur la représentation d’une tête colossale figurant un souverain olmèque ; dix-sept d’entre elles ont été découvertes et la plus grande pèse plus de vingt tonnes.


          La troisième partie est consacrée à la vie quotidienne (p. 137-182). Les différentes étapes de la vie des habitants de la Méso-Amérique sont passées en revue ; ainsi la naissance et le baptême (p. 138-139) ou encore l’éducation (voir le codex Mendoza, p. 141) et le mariage (p. 142-145), où est rappelée la sévérité du châtiment pour les coupables d’adultère, et bien évidemment, la mort, dont les perspectives d’au-delà pour ces populations pourtant si croyantes étaient peu réjouissantes. Inhumation et incinération pouvaient alterner au sein d’une même civilisation (rituel funéraire, p. 151).
          Un passage est accordé à l’alimentation (p. 148-149) dont le maïs constituait la base. La cuisine était cependant riche et diversifiée mais celle-ci était surtout le privilège des couches aisées. Si beaucoup de recettes ont disparu, quelques plats sont parvenus jusqu’à nous (tamales, tortillas). La médecine est également abordée, et des recherches récentes ont prouvé l’efficacité de certains remèdes.
          Les différentes composantes de la population sont ensuite recensées, à commencer par les souverains et les nobles dont la pratique de la polygamie n’était pas sans créer des difficultés pour les héritages (p. 156-158). Les marchands (p. 159-161) avaient une fonction importante dans ces sociétés mais leur situation était plus complexe que ce que l’on a longtemps pensé. Ils étaient assimilés à des « corporations de marchands-guerriers » pouvant donc faire des tractations commerciales mais également la guerre.
          Autre catégorie de population très estimée, les artisans, qui étaient organisés en corporations (p. 162). Le statut de plébéien, comme le rappelle l’auteur, n’était pas synonyme de statut social mais correspondait à une absence de titres. Le sort de l’esclave semble avoir été plus enviable que celui de l’esclave gréco-romain mais naturellement, dans ces sociétés où le sacrifice humain occupait une si grande place, l’esclave était la première victime choisie.
Tous les thèmes de la vie quotidienne sont effectivement abordés dans cette partie : la justice (p. 166-167), la musique et la danse (p. 168-170), la guerre (p. 171-173) qui a fait couler beaucoup d’encre chez les spécialistes ou encore l’horoscope et les présages (p. 174-175).
          L’écriture n’avait pas la même importance selon les civilisations mais on sait qu’elle apparut à l’époque préclassique avant d’être développée chez les Mayas de l’époque classique puis d’être amplement utilisée chez les mêmes Mayas, les Mixtèques et les Aztèques à la période postclassique (voir p. 178-181 les multiples supports de l’écriture).

          La quatrième partie (p. 183-237) traite de la religion dont nous avons pu voir certains aspects dans les parties précédentes. Les principales divinités sont donc recensées, mais un point important est rappelé ; citant Alfredo López Austin, l’auteur écrit au sujet des dieux aztèques qu’« ils n’avaient pas une individualité absolue : ils se fondaient et se dédoublaient; ils changeaient d’attributs et de noms selon les circonstances ; leurs personnalités muaient constamment suivant la dynamique du contexte » (p. 184). Ainsi en est-il de Tezcatlipoca, le dieu le plus important des Aztèques ou encore de Quetzalcóatl, divinité associée originellement à l’eau et au ciel mais qui possédait de multiples facettes (p. 190-193).
          Chez les Mayas, deux divinités étaient particulièrement vénérées : Itzamnaaj qui était leur créateur (p. 194-195) et K’awiil, le dieu de la prospérité et de l’abondance (p. 196-197). Les divinités astrales et naturelles sont naturellement recensées, ainsi le Soleil (magnifique mascaron p. 201), la Lune qui avait peu de prestige face au Soleil  (p. 202-203), les dieux de la pluie (ainsi Chank chez les Mayas p. 206 et page suivante, Tlaloc, chez les Mexicas) ou encore ceux de la fertilité agricole (voir la statuette du jeune dieu du maïs p. 231).
          Un sort à part doit être fait aux morts divinisés. Dans ces sociétés méso-américaines où, comme nous l’avons écrit, les perspectives de l’au-delà n’étaient guère réjouissantes, les guerriers morts au combat et les femmes mortes en couches bénéficiaient de privilèges hors du commun (p. 212-214).
Enfin, les dieux de l’inframonde. Ce lieu, divisé en neuf niveaux, était l’endroit où  régnaient les divinités de la mort. Il était froid, humide et associé au monde féminin. Les figurations des pages 233-237 sont assez saisissantes à ce sujet.

          La dernière partie (p. 238-367) est consacrée aux sites et cités (très nombreux). Les photographies laissent rêveur quant à la majesté des lieux représentés. Ainsi Tula (p. 240-245) fondé vers 700 sur le Haut Plateau Central et dont l’identification pose problème. Teotihuacán (p. 246-255 avec plan), la bien nommée « cité des dieux » qui pouvait sans doute compter 125 000 habitants (apogée entre 450 et 500).
           L’importance de Texcoco (l’une des cités de la Triple Alliance) est rappelée (p. 256-257, avec reconstitution du palais royal) en tant que principal centre culturel de l’empire aztèque.
          Tlatelolco, la cité jumelle de Tenochtitlán, perdit son autonomie face à sa rivale en 1473. Elle fut néanmoins le dernier bastion de résistance face aux Conquistadores et l’on peut voir (p. 259) l’insertion de son centre cérémoniel (vestiges) dans l’actuel paysage urbanistique.
      Tenochtitlán justement, la rivale, sorte de « Venise tropicale » est naturellement abordée (p. 261-271). On sait que la ville avait à son apogée une forme de trapèze et comptait entre 150 000 et 200 000 habitants, ce qui faisait de cette unité urbaine l’une des plus grandes du monde. Si les photographies des restes de l’ancienne cité restent impressionnantes, la peinture de Diego Rivera (p. 268-269) quant à elle, datée de 1945, montrant Tenochtitlán depuis la rive occidentale du lac de Texcoco, malgré ses invraisemblances, est néanmoins touchante.
          Un sort à part doit être fait à Xochitecatl-Cacaxtla (p. 272-277), fondée par les Olmèques-Xicalancas, dont nous savons peu de choses à l’instar de cette cité justement. Elle fut en effet fondée au milieu du VIIe siècle  mais subit une éruption du Popocatepetl en 823. De nombreuses interrogations restent en suspens, dont celles de ses rapports avec le monde maya, mais l’on devine qu’ils devaient être proches. Pages 274-275, une superbe fresque guerrière (Mural de la Batalla) est reproduite avec de belles couleurs bleues. Des fresques d’un édifice (édifice A) sont également figurées aux pages suivantes.
          Ensuite, d’autres cités sont évoquées, telles Cholula (p. 278-279), connue pour abriter la plus grande pyramide d’Amérique mais connue aussi pour le massacre perpétré par Cortès en 1519. Le mystère des cités subitement disparues est à nouveau étudié avec El Tajín. Les découvertes archéologiques n’ont pas permis de comprendre pourquoi celle-ci fut détruite brutalement et une première fois abandonnée vers 1230. Pages 288-289, on peut observer une représentation picturale assez libre de la ville par Diego Rivera intitulée La Civilisation totonaque et datée de 1950 et aux pages 290-290, une photographie aérienne de La Plaza del Arroyo montre quatre pyramides à degrés correspondant aux emplacements des points cardinaux. La ville de Vera Cruz, première fondation des Conquistadores, est entrevue (p. 294-295). Monte Albán (p. 300-306), capitale des Zapotèques, a livré aux chercheurs un centre cérémoniel fastueux (nombreux édifices sur la photographie, p. 302-303) avec des fresques et des objets précieux, tel le pectoral en or, trouvés dans des tombes. La civilisation des Zapotèques déclina aussi brutalement, au VIIIe siècle.
          Tout au long des pages de ce guide, le lecteur ne peut qu’être fasciné par le travail des archéologues qui a permis de connaître des cités comme Chichén Itzá (p. 312-317), Mayapán (p. 318-319) ou encore Uxmal (p. 320-324).
          Le livre nous fait progresser vers les sites de l’aire maya et c’est ainsi que Tulum, cité tardive (p. 328-331), Calakmul dont l’origine au contraire se perd dans la nuit des temps (p. 332-333), Palenque très étudiée par les archéologues (p. 334-340) ou encore Tonina, longtemps considérée comme la cité guerrière par excellence (p. 341-344), se dévoilent à nos yeux. Il ne faut pas oublier Bonampak (p. 349-353) : fouillé dans les années 1960, le site a révélé de superbes fresques.
          Cette dernière partie se conclut par l’évocation de la prestigieuse Tikal (p. 354-359), l’énigmatique Izapa dont le rôle exact dans la civilisation de la Méso-Amérique reste à éclaircir (p. 360-361), et enfin Copán, dont l’auteur rappelle qu’elle périclita vers l’an 1000 sans que l’on s’explique très bien pourquoi (p. 362-367).

       Les annexes sont riches et instructives, à l’image de ce guide. Elles regroupent cartes, principaux musées évoquant ces civilisations, chronologie, glossaire, index et bibliographie.
          En conclusion, on peut donc dire que cet ouvrage s’impose comme un outil de connaissance et de plaisir aussi utile au connaisseur de ces civilisations qu’au touriste voulant les découvrir.