AA.VV.: Valeurs Croisées – Les Ateliers de Rennes – Biennale d’art contemporain. Edition bilingue (français / anglais), 20 x 27 cm, 448 pages (280 ill. coul. et n&b), 35 €, ISBN : 978-2-84066-288-4
(Les presses du réel, Dijon 2009)
 
Reseña de Laurent Marissal
 
Número de palabras : 3020 palabras
Publicado en línea el 2010-05-25
Citación: Reseñas HISTARA. Enlace: http://histara.sorbonne.fr/cr.php?cr=730
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          Les Ateliers de Rennes – Biennale d’art contemporain titré « Valeurs croisées », a eu pour thème les rapports entre l’art et l’entreprise. À travers l’association Art Norac, c’est un groupe agro-alimentaire qui est à l’initiative de la Biennale. L’association a mis au concours le commissariat de la manifestation. Le projet mené par Raphaële Jeune de l’association art to be a été retenu. Ils ont reçu le soutien de l’Etat, de quelques collectivités locales, territoriales et d’entreprises privées. L’exposition s’est déroulée dans les principaux lieux de la culture rennaise. Le catalogue est pensé comme le prolongement des expériences initiées durant la manifestation.

 

          En introduction, un cahier théorique rédigé par des critiques d’art, artistes, philosophes, sociologues, acteurs du monde syndical et de l’entreprise, etc. légitime et encadre le sujet. Suivent les deux pôles qui ont ordonné la Biennale. Le pôle SouRCE présente les travaux réalisés lors d’une résidence artistique en milieu entrepreneurial. Le pôle exposition : documentation fait l’inventaire des œuvres réunies. Cette dernière partie mêle des œuvres provenant de collections publiques, privées et d’œuvres réalisées en partenariat avec des entreprises.

 

 

Un cahier théorique

 

Introduction, Les artistes et la citrouille par Raphaële Jeune

          En guise d’introduction, la commissaire dresse un rapide historique des rapports entre l’art et l’industrie (Duchamp ou Rodtchenko). Le développement du temps libre est présenté comme contemporain de l’immersion de l’art dans la vie (Filliou), la dématérialisation des œuvres par les artistes (conceptuels) comme préfiguration de la dématérialisation du travail. Expliquant par là l’urgence de son projet, motivé par les mutations immenses du capitalisme hyperindustriel et de l’extension du spectacle. Les ateliers de Rennes nous proposeraient donc d’expérimenter des rapports inédits entre l’art et l’entreprise présentés comme « conventionnellement » conflictuels.

 

Liaisons Dangereuses ? par Jean-Marc Huitorel

          Huitorel nuance les critiques de B&C&M [1] : l’activité de l’artiste ne saurait se réduire à la sociologie. L’art serait une activité surplombante et paradoxale échappant aux outils d’analyse de l’économie ou de la sociologie. Au sens élargi de symbolisation, la représentation du travail serait une fin permettant destructions et reconstructions. Linhart avec L’établi serait le modèle qui légitime quelques pratiques artistiques en entreprise, notamment celles de A. Bernardini. Cet artiste a photographié dans des attitudes inhabituelles des salariés au travail. L’opération est fondée sur le volontariat.  Un peu plus loin dans le catalogue, on trouve le témoignage d’une monteuse : « Moi je n’aime pas être photographiée, au début je ne voulais pas (…) Mais je me suis rendue compte que sa démarche était originale, car il nous demandait de faire attention à l’expression de notre visage. Et puis, cela lui faisait plaisir, alors finalement j’ai accepté. » On s’étonne que ses propos ne soient pas plus étudiés à l’aune de ceux de son directeur industriel : « je suis toujours aussi surpris de découvrir un nouveau visage de l’entreprise et des hommes qui y travaillent. » (Propos cités in l’abécédaire des SouRCEs). Ce volontariat n’est-il pas biaisé par les rapports hiérarchiques ? Les salariés ne se voient-ils pas imposer de fausses alternatives, fausses mais non sans conséquences quant à leur avenir dans l’entreprise (ce salarié est-il docile…) ? Bernardini  renforce la manipulation des salariés en en faisant des objets réifiés dans la chaîne artistico-industrielle, sous l’œil de l’esthète employeur... Linhart, l’intellectuel maoïste, n’est pas entré en usine pour publier un livre de chevet pour bobo idéaliste mais par activisme. Linhart fit de ses collègues des sujets en lutte pervertissant les représentations sociales. Son action n’avait pas pour fin la représentation, mais la révolution. Son ouvrage devient le récit d’une métamorphose qui échoue mais qui reste exemplaire. Plus qu’un document, une preuve. Sous cet éclairage la critique de la représentation, contrairement aux thèses de Huitorel, n’est-elle pas encore d’actualité ?

 

L’art contemporain au seuil de l’entreprise par Laurent Jeanpierre

          L’auteur s’appuie sur le travail de l’anthropologue F. Barth. Le chercheur norvégien renverse la pensée selon laquelle les groupes engendrent leurs limites. Pour lui, ce sont les frontières qui déterminent les groupes sociaux par leur interaction avec les territoires hétérogènes... Appliqué à l’art, ce champ ne peut se définir qu’en fonction du champ adverse, le non-art. Le monde du travail ne saurait donc lui être totalement étranger. Il s’applique à déconstruire le mythe moderne de l’autonomie de l’art et de son désintéressement où s’opposent la figure de l’artiste et celle du travailleur. Art & craft, le Bauhaus, le Constructivisme sont les preuves qu’à l’intérieur même de la modernité, des mouvements font  interférer les champs.

          L. Jeanpierre prend soin de différencier le marché de l’art et l’entreprise. La critique de l’art comme marchandise par les artistes est rendu vaine par ce paradoxe : l’œuvre, pour être perçue, doit s’inscrire dans le milieu qu’elle dénonce, ce qui la valorise comme marchandise... Des tactiques sont mises en place par des artistes pour échapper au fétichisme du marché en n’offrant rien d’autre que des services (Ikhéa©service, Acces local…). Mais, comme le souligne le chercheur, cette voie qui exclut l’objet d’art ne renonce pas à l’économie de marché. Les services s’inscrivent dans une économie capitaliste et transforment l’artiste en spécialiste ou en consultant (Brunon, Deck). L’artiste est bien le modèle pour le management contemporain, révélé par le travail de B&C&M. Il doit se positionner face à d’inconciliables stratégies : s’estomper en travailleur comme les autres ou affirmer son autonomie par un repli vers des zones improbables du monde de l’art (les écoles…). Hétéronomie ou autonomie, l’alternative est impossible tant les champs interfèrent. Les interventions en résidence rendent compte des attirances comme des oppositions entre l’art et l’entreprise : les frontières libidinales sont éprouvées. J. Prévieux, artiste, donne une forme juste à ce désir contradictoire, par d’ironiques lettres de non-motivation et obtient une réponse réelle des entreprises révélant les positions respectives de l’art et du monde du travail. Le sociologue relève discrètement la « censure » générée par l’intervention de I. Antic (v. infra). Le chercheur nuance l’échange des compétences entre les agents qu’appellent de leurs vœux  certains acteurs de la Biennale. Il serait surtout l’initiative des dirigeants (s’identifiant à l’artiste), les salariés ne restant souvent que de simples rouages. Laurent Jean-Pierre suggère enfin que ces tentatives d’agencements impliquent une réinvention des formes de l’hétérogénéité comme de l’autonomie, repensées en fonction des limites plutôt que du noyau.

 

Kafka, l’art, l’artiste et le public par Maurizzio Lazzarato

          Le sociologue et philosophe dénonce, sans vraiment argumenter, les positions critiques de B&C&M et de Badiou. Puis il prend pour modèle un personnage de Kafka, Joséphine la cantatrice. Le peuple ne veut pas lui reconnaître son statut de cantatrice, elle chante, mais tout le monde chante. Nul besoin de lui allouer un revenu garanti ou de lui assurer un statut particulier. Elle est finalement rejetée, le peuple se passe d’art. Cette histoire serait à l’image de notre époque, où même la gauche refuse de suivre les revendications des intermittents trop attachés à l’opposition révolue de l’art et du travail.  Pour finir, Lazzarato en appelle à « une stratégie politique transversale aux ordres séparés de l’économie, du politique et du culturel-artistique »

 

Au-delà du travail par Chantal Pontbriand

          La critique d’art interprète la notion de travail comme un processus de transformation : depuis les années 70, le processus, précisément, s’impose sur le résultat. B. Nauman fait de son corps le médium de son travail, en séparant geste et fonction. Puis elle nuance la conception aliénante du travail pensée par Marcuse. Poussés par la mondialisation, les équilibres de jadis basculent et le capitalisme  cognitif s’intensifie. Le travail n’est plus cantonné à la répétition  mais à la production de différence. Dès 1970, avec son Continous Project Altered daily, Y. Rainer en est une préfiguration, où les notions postmodernes de transformation s’opposent à la tradition.  Sa chorégraphie devient un dispositif évacuant du théâtre spectacle et répétition, et l’auteur fait figure de médiateur. Par ailleurs, les nouvelles technologies affectent de manière inédite le corps et produisent de nouvelles « difficultés ». Toute cette série de réflexions trouve son illustration dans les œuvres de la Biennale. Le collectif WoS a observé un plateau de télémarketing à structure panoptique, enregistrant le lieu vide ou occupé, observant les gestes les plus anodins, les moments d’inactivité. Selon la critique, leur tâche consiste à collecter les « moments inattendus et improductifs (…) source d’exploration et de réinvention, contrant la notion d’aliénation souvent associée au travail. ». Et ce sont ces Hypothèses et séquences-témoins qui font office de diagnostic. En conclusion de cet article, sont présentés les travaux de S. Bianchini. L’artiste a collaboré avec le laboratoire de recherche d’un groupe de téléphonie pour produire un mur de compteur lumineux, dont les capteurs mesurent la distance qui le sépare du spectateur, produisant l’empreinte lumineuse de ce dernier modulé par ses mouvements. Vélasquez est convoqué pour signifier l’œuvre (où le spectateur se trouve intégré), puis, à son tour, Foucault (l’hétérotopie). L’art ferait ainsi de l’entreprise un champ d’expérimentation : « Le monde statique du travail regagne en mouvance et en véritable flexibilité ». En définitive, cet  article illustre clairement les thèses de B&C&M. Nauman est récupéré comme travailleur intérimaire, Rainer devient conseillère en management, WoS et Bianchini peuvent produire des diagnostics ou des machines utiles aux contremaîtres…

 

Art, contexte, conversations, organisations et politique. Un texte à trois voix conçu comme une conversation par Philippe Mairesse / Accès local, Henrik Schrat, Marko Stamenkovic Un Art de la Conversation par Accès local / Aacorn

          A travers deux textes, c’est le groupe Accès local qui ferme ce cahier théorique. De ces deux interventions, ressort une conception de l’art pensé comme médiation, constructeur de relations, où les statuts de l’artiste et de l’entrepreneur-créateur de formes de management se réfléchissent. Une condition : le bon entrepreneur est celui qui associe à sa création le bien et la démocratie…

 

Le générateur de problèmes. Une proposition de François Deck

          À la suite d’un séminaire inaugural réunissant les agents de la Biennale, l’artiste-consultant a établi un dispositif pour inventer collectivement des questions autour des relations art/travail. Certaines sont diffusées sous forme de carte postale. En réalité, le processus s’adresse à tous. Mais ce générateur, sans grain de sable, ne tourne-t-il pas à vide ? On pourrait répondre : « un problème, tel qu’il est posé, permet certaines solutions et en interdit d’autres (F. Deck – cellule de réflexion) »…

 

SouRCEs

          SouRCEs (Séjours de Recherche et de Création en Entreprise) sont des résidences d’artistes en entreprise. Ces dernières deviennent des lieux d’expérimentations collaboratifs. L’artiste se confronterait ainsi à une dimension réelle du système économique et le monde du travail se risquerait à l’imprévisible artistique. Dans sa philosophie des SouRCEs Raphaële Jeune compare les secteurs de l’art et de l’entreprise, tous deux concurrentiels, sujets à la spéculation, partagés entre intérêt privé et public. Non seulement  l’occasion serait donnée de penser ces champs complexes, mais l‘intervention de l’artiste permettrait de déjouer les rapports habituels qui constituent le travail.

 

L’art au travail par Jean-Pierre Burdin

          Ex-responsable de la politique culturelle à la CGT, garant d’une intégrité syndicale, l’auteur rappelle la dimension aliénante du travail et émancipatrice de l’art. A-t-il oublié Marx lorsqu’il affirme que l’art ne reste pas soumis à ses conditions de production ? Ces dernières ne sont-elle pas déterminantes quand les œuvres existent par leurs rapports au monde du travail ?

 

L’expérience de Valeurs croisées par Maurizio Lazzarato

          Pour l’auteur, SourCes met en lumière la manière dont s’instaure un gouvernement des conduites et  combien chacun ruse dans les interstices laissés par la société. Il montre d’une part comment l’art, confronté à la réalité de l’entreprise peut devenir fonctionnel sans se laisser instrumentaliser; et d’autre part, comment finalement les pouvoirs parviennent à gérer subjectivation libérée et organisation disciplinée (le même chercheur n’a-t-il pas nié la pertinence de B&C&M ?).

          La collaboration entre un laboratoire de recherche d’une entreprise et un artiste, Bianchini, est exemplifiée. Preuve que de cette collaboration peut naître une œuvre qui sert à l’artiste et à l’entrepreneur : l‘œuvre propose une interactivité d’usages à contrôler…

 

Le déroulement des SouRCEs et L’abécédaire des SouRCEs  par Mari Linnman, Anne-Laure Zini 

          Ce texte tente un bilan des SouRCEs, et dresse, à travers des témoignages (d’ artistes, de salariés…) une sorte de typologie de l‘opération. De ces propos transparaissent (intentionnellement ?) les contradictions de la Biennale : « Il y a une chose que je n’ai pas bien comprise : pourquoi le travail de l’artiste doit-il absolument être critique ? (G. Bocabeille, PDG) ».

 

          Le catalogue présente ensuite les 14 interventions. Faute de pouvoir ici en faire une critique exhaustive, on peut tenter néanmoins d’en dresser les grandes lignes. Certains artistes ont utilisé l’espace de l’entreprise comme décor de leur intervention (B. Achour, N. Lichtig), instrumentalisant parfois les salariés (A. Bernardini). D’autres ont profité des machines de l’entreprise pour produire des œuvres (les fenêtres thermoformées de Mathieu Mercier…) ou ses services (N. F’loch et une agence de communication). D’autres ont observé les situations de travail dans l’entreprise pour donner à voir sa chorégraphie (Marie Reiner, WoS). Le groupe courants faibles a travaillé avec une entreprise d’intérim pour employer des "rédacteurs-non-issus-du-champ-de-l’art" à rédiger quelques-uns des cartels de l’exposition. Il peut sembler surprenant qu’un bulletin de paie, tarifé 1352,21 € net, soit publié dans le catalogue. Ce fait dévoile, en réalité, certaines pratiques salariales assez contestables dans le secteur en question. Pour le détail, on apprendra que 9 heures sur 156 d’une assistante commerciale intérimaire lui furent payées comme « critique d’art amateur ». Les 147 autres  lui furent rémunérées 9,89 € de l’heure, et les 9 heures consacrées à la Biennale seulement  9,49 €. Soit un manque à gagner de 4 € 50, dû peut-être à son amateurisme. A la décharge du collectif, on précisera qu’il n’entend pas tant résoudre la lutte des classes que  « rompre avec le concept habituel de médiation » en proposant de nouvelles expériences grâce à la mobilité des compétences… L’assistante commerciale n’aura pas eu la chance de travailler avec Claudia Triozzi, qui après un séjour à l’écoute des travailleurs et de leurs conditions de travail,  a monté un programme sur une machine et a offert une prime de 1500 € aux 6 employés qui l’ont accompagnée.

 

Exposition : documentation

          Le catalogue documente ensuite les œuvres récoltées pour la Biennale. Nous ne retiendrons que les plus révélatrices. 

 

 

          Artiste et chef d’une entreprise en bâtiment (That’s painting  production), B. Brunon joue sur les deux tableaux. Patron il enrichit son capital économique: artiste, il tire profit du capital symbolique produit de son nominalisme artistique. "Brunon-le-patron" exploite, comme n’importe quel chef, la main-d’œuvre à ravaler des murs signés "Brunon-l’artiste". Inspiré par les économistes suédois K. Nordström et J. Ridderstrâle, son entreprise est un Funky Business. Le capitalisme serait une sex-machine aux rapports d’exploitation jouissifs, mais qui en tire avantage?

 

 

          I. Antic a lancé un concours aux salariés du groupe Norac, l’œuvre reçue devant être exposée au côtés d’une pièce de l’artiste (en collaboration avec une entreprise de la région, bien qu’elle ne soit pas fruit des Sources).  Avec un projet légèrement subversif par rapport à son activité, une salariée retenue démissionne un peu plus tard, et se voit contrainte de renoncer au projet Art Service. Un directeur en Recherche et Développement la remplace, et Igor Antic expose à ses côtés un assemblage de plaques percées des citations recueillies dans l’entreprise de son collaborateur. Cependant, dans le catalogue,  le directeur est présenté à l’égal des autres artistes. Il est remarquable que la démission comme le projet subversif soient occultés.

 



          Les œuvres qui échappent le mieux à ce qui peut paraître comme un rapt symbolique sont peut-être celles qui n’ont pas été programmées pour cette Biennale. Ainsi « œuvre sans valeur » de R. Filliou, les « re-paired Chair » de P. Engels ou la chaise faite avec un vélo et le vélo fait avec une chaise de S. Starling « work, ready-made, Kunsthalle Bern » …


 

          Le catalogue apparaît comme un iceberg, beaucoup des enjeux de la Biennale restent tus, notamment l’ambiguïté qu’implique pour l’organisateur/mécène d’être juge et partie, employeur et sujet de la critique. Pour Jan Middelbos, artiste indépendant, cette ambiguïté décrédibilise toute ambition critique, c’est pourquoi il a décliné l’invitation. Son refus ne laisse pas de trace, Valeurs Croisées ne pouvant faire émerger un débat qui remet en question son principe même.

 

 

          Malgré les nombreuses dénégations des intervenants, Boltanski, Chiappello et Menger trouvent en cette Biennale une illustration exemplaire de leurs analyses : l’art comme champ d’expérimentation du nouveau management. La Biennale permet aux entrepreneurs de mesurer la croyance des salariés en leur culture d’entreprise et de vérifier la docilité de leurs employés comme des artistes. Les entrepreneurs sont aussi redevables aux agents de la Biennale, qui leur offrent des modalités dont ils n’osaient rêver. En témoigne Sabrina Piel, opératrice pour un centre de relations clients : L’artiste travaille mais ne compte pas ses heures. Les soumissions intégrées sont revalorisées par un art participatif à travers des dispositifs de représentations, de conseils, ou de contrôle. La dématérialisation de l’objet d’art en service ne remplace-t-elle pas l’artisan, comme figure historique, par celle du valet de chambre ? Si « capitalism kills » (selon le groupe Claire Fontaine),  la prochaine Biennale pourrait bien voir la formule se retourner en  « kill capitalism ».  Pour finir sur une rare œuvre d’art, notons celle de Gianni Motti « Think Tank » : une salle vide, 17000 pavés mal dégrossis et non solidaires dallant le sol…

 

 

[1] L. Boltanski & E. Chiapello auteurs du Nouvel Esprit Du Capitalisme et P.-M. Menger auteur de Portrait De L’artiste En Travailleur - Métamorphoses Du Capitalisme, ces 3 auteurs souvent mentionnés dans ce catalogue seront abrégés d’un acronyme : B&C&M.

 

 

 

  

Textes de : Raphaële Jeune, Jean-Pierre Burdin, Jean-Paul Fourmentraux, Samuel Bianchini, Emmanuel Mahé, Jean-Marc Huitorel, Laurent Jeanpierre, Maurizio Lazzarato, Chantal Pontbriand, Aacorn Organizational Art.

 

Artistes invités : AaMb, Adel Abdessemed, Accès Local, Boris Achour, Ghada Amer, Sandy Amerio, Igor Antic, Au travail / At work, Istvan Balogh, Iain Baxter&, Damien Beguet, Alain Bernardini, Samuel Bianchini, Bernard Brunon - That’s Painting Productions, Ludovic Burel & Noëlle Pujol, Jean-Marc Chapoulie, Jean-Louis Chapuis & Gilles Touyard, Chen Chieh-jen, Claude Closky, Collectif 1.0.3, courants faibles, Delphine Doukhan, Pieter Engels, Harun Farocki, Hans Peter Feldmann, Robert Filliou, Daniel Firman, Nicolas Floc’h, Claire Fontaine, Julie C. Fortier, Claire Fouquet, Générateur de problèmes  (François Deck), Raphaël Grisey, Eric Hattan, Pierre Huyghe, Olga Kisseleva, Ikhéa©Services, Benoît Laffiché, Martin Le Chevallier, Nadia Lichtig, Gilles Mahé, Jean-Charles Massera, Charles Mazé, Mathieu Mercier, Gianni Motti, Jean-Luc Moulène, Mud Office, Frédéric Ollereau, Régis Perray, Jean-François Pinot, Giuseppe Pinot Gallizio, Michelangelo Pistoletto, Romain Poussin, Julien Prévieux, Marie Reinert, Pascal Rivet, Kristina Solomoukha, Simon Starling, Claudia Triozzi, Jean-Luc Vilmouth, Marie Voignier, Work on Stage, Carey Young.