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Compte rendu par Oncala Macarena, Université Hispalense de Séville Nombre de mots : 957 mots Publié en ligne le 2011-04-18 Citation: Histara les comptes rendus (ISSN 2100-0700). Lien: http://histara.sorbonne.fr/cr.php?cr=933 Lien pour commander ce livre
Marbles and Stones of Hispania est un catalogue réalisé lors de l’exposition organisée par l’Institut Catalan d’Archéologie Classique à Tarragone (Catalogne, Espagne) du 8 au 13 Juin 2009 dans le cadre du IXe congrès de l’« Association pour l’Étude des Marbres et Autres Pierres de l’Antiquité » (« Association for Study of Marbles and Other Stones in the Antiquity », ASMOSIA). Cette exposition a présenté seize types de marmora (marbres) et lapides (pierres) utilisés durant l’époque romaine dans les trois Hispaniae. Cet ouvrage regroupe les études scientifiques d’une équipe de chercheurs espagnols spécialisés en archéologie et en géologie. Il a été conçu et réalisé sous la coordination d’Ana Domènech de la Torre et Aureli Àlvarez Pérez (géologues de l’Institut Catalan d’Archéologie Classique) et grâce aux conseils d’autres géologues tels Pilar la Puente Mercadal, Hernando Royo Plumed et Àfrica Pitarch Martí ainsi que des spécialistes en archéologie classique, à savoir Virginia García-Entero, Anna Gutierrez García-Moreno et Isabel Rodà de Llanza ; cette dernière, Présidente du Comité Organisateur du IXe ASMOSIA et Directrice de l’ICAC, nous présente cet ouvrage. Le catalogue décrit les matériaux « lapideos », les marbres et pierres, sous deux angles : archéologique et géologique.
Après le pillage de Corinthe (146 av. J.-C.), toutes les pièces grecques dérobées (parmi elles, un grand nombre de marbres) furent exposées le long d’un large cortège organisé dans les rues de Rome. À partir de cet événement, les citoyens romains se rendirent compte de la beauté de ces matériaux et commencèrent à les apprécier. Vers la fin du IIe siècle av. J.-C., les premières exportations de marbres exotiques apparurent, résultat de cette volonté de « monumentaliser » et décorer les monuments, tant privés que publics.
Sous le règne de l’empereur Auguste (27 av. J.-C. – 14 ap. J.-C.), le marbre acquiert une valeur matérielle supplémentaire, symbole de pouvoir impérial. C’est pourquoi les principales carrières de l’Empire appartenaient à l’empereur, qui développa l’exploration et la création de nouvelles carrières dans toutes les provinces. Les matériaux extraits étaient autant travaillés et utilisés sur leur lieu d’origine, qu’exportés vers d’autres provinces romaines, incluant Rome elle-même. Ils étaient employés dans la construction de bâtiments publics et privés (architraves, entablements, colonnes, recouvrement de façades, pavages), ainsi que pour des inscriptions commémoratives et des monuments funéraires.
Du point de vue géologique, chaque matériau est décrit en référence aux diverses excavations où ils sont apparus afin de les cataloguer et les dater. Ces descriptions s’avèrent fort utiles afin de pouvoir les reconnaître au cours de fouilles ultérieures diverses, tant au niveau de l’Hispaniae que hors de ses frontières. En effet, comme mentionné précédemment, nombre de ces matériaux avait été exporté dans tout l’Empire romain.
Les caractéristiques des matériaux sont exposées strictement du point de vue scientifique, non seulement archéologique mais surtout géologique ; le vocabulaire, les définitions, les explications quant aux résultats des analyses, sont en effet destinés à des professionnels en géologie, ce qui rend difficile leur compréhension et leur utilisation par un large public. Néanmoins, l’ouvrage est richement illustré par de nombreuses photographies en couleur de très bonne qualité facilitant son usage directement pour l’identification.
Les marbres et pierres présentés dans le catalogue sont les suivants (par ordre d’apparition) : · Marbres d’Almadén de la Plata, Séville (Andalousie), (p. 18 à 25) · Pierre Buixcarró, Játiva (Valence), (p. 26 à 31) · Marbres de Cabeza Gordo, Murcie (Carthagène), (p. 32 à 37) · Pierre de Médol, Tarragone (Catalogne), (p. 38 à 43) · Pierre d’Ampurias (Catalogne), (p. 44 à 49) · Pierre d’Ereño-Rojo, Bilbao (Pays Basque), (p. 50 à 53) · Pierre d’Espejón, Soria (Castilla y León), (p. 53 à 59) · Marbres d’Extremoz (Portugal), (p. 60 à 67) · Pierre de Gerona (Catalogne), (p. 68 à 74) · Pierre de Jaspi de la Cinta-Brocatello, Tortosa (Catalogne), (p. 75 à 79) · Marbres de Macael, Almería (Andalousie), (p. 80 à 85) · Pierre de Montjuic, Barcelone (Catalogne), (p. 86 à 93) · Pierre de Sagunto (Valence), (p. 94 à 99) · Pierre de Santa Tecla, Tarragone (Catalogne), (p. 100 à 105) · Marbres de la Sierra de Mijas, Málaga (Andalousie), (p. 106 à 113) · Pierre de Torcal d’Antequera, Málaga (Andalousie). (p. 114 à 119)
Chaque pièce est minutieusement identifiée à l’aide d’une carte géographique générale indiquant les premiers lieux d’apparition (leur ayant donné leur dénomination d’origine). Cette carte précise la géologie, la formation géologique et ses caractéristiques géologiques. Elle regroupe également des explications détaillées de leur composition : diaclase, taille du grain, couleur, émergences actuelles et les variantes existant du matériau en question. Des photographies microscopiques par cathodoluminescence et lumière polarisée accompagnent et complètent également leur description.
En outre, il est expliqué quelle exploitation eurent ces matériaux durant l’Antiquité, le nombre de carrières et, si elles perdurent, leur exploitation actuelle, ainsi que différents types d’utilisations possibles attestées durant l’Antiquité : épigraphie, éléments architectoniques d’édifices publics ou privés, pavages, fresques… (énumération d’exemples datés et illustrés, photographies des fouilles où ils sont apparus).
Enfin, sont proposés en annexe du catalogue les photographies minéralogiques des pétrographies réalisées et les résultats des essais cathodomicrofaciès où, entre autres, apparaissent les quantités de chlore (Cl) et d’isotopes (essais réalisés essentiellement afin d’identifier la provenance des marbres blancs).
En conclusion, ce catalogue magnifiquement illustré nous présente une étude très complète des matériaux nobles que sont le marbre et certaines autres pierres réparties dans la péninsule ibérique (Espagne et Portugal) ainsi que les sites d’extraction les plus importants en service durant l’époque romaine et perdurant dans certains cas jusqu’à aujourd’hui. Toute cette information est très utile afin de vérifier la datation de certains gisements d’où ces matériaux ont été extraits et peut constituer une base de renseignements à des fins de recherches en archéologie classique (essentiellement dans le domaine de la technologie architectonique, sculpturale ou de pavage) et en géologie, dans le cadre géographique des trois Hispaniae.
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Éditeurs : Lorenz E. Baumer, Université de Genève ; Jan Blanc, Université de Genève ; Christian Heck, Université Lille III ; François Queyrel, École pratique des Hautes Études, Paris |