|
||
Compte rendu par Sabine Berger, Université Paris IV-Sorbonne Nombre de mots : 3461 mots Publié en ligne le 2010-09-27 Citation: Histara les comptes rendus (ISSN 2100-0700). Lien: http://histara.sorbonne.fr/cr.php?cr=948 Lien pour commander ce livre
C’est à l’occasion d’une grande exposition tenue à l’Hospice Comtesse de Lille à l’automne 2009, organisée par la ville de Lille avec le soutien du Ministère de la Culture et de la Communication et du Conseil régional du Nord-Pas-de-Calais, qu’est paru ce catalogue exhaustif consacré à Jeanne de Constantinople, figure majeure du Moyen Age pour l’Europe du nord.
Le catalogue, rédigé par des conservateurs, des archivistes et des enseignants-chercheurs, s’organise en six grandes sections. Les cinq premières sections occupent le corps de l’ouvrage. Elles sont thématiques et consistent en chapitres de synthèse relatifs aux questions biographiques et généalogiques, à l’action politique de la comtesse et au paysage économique flamand au XIIIe siècle, aux rapports de Jeanne de Constantinople avec l’Eglise et aux changements affectant le monde ecclésiastique en son temps, à la vie intellectuelle – et notamment littéraire – en Flandre et en Hainaut au XIIIe siècle, ainsi qu’à la production artistique dans ces régions dans la première moitié du XIIIe siècle – l’architecture et l’enluminure sont tour à tour examinées. La sixième section est constituée du catalogue proprement dit, où les œuvres sont présentées par domaine : manuscrits enluminés, documents d’archives, manuscrits à caractère scientifique, sculpture (bois, pierre) et dalles incisées, orfèvrerie. L’ouvrage ne se conçoit donc pas seulement comme un reflet de l’exposition mais également comme une contribution collective à la réflexion sur le XIIIe siècle flamand et hennuyer dont il brosse un panorama précis et documenté.
Dans l’avant-propos, Martine Aubry rappelle que cette exposition est la concrétisation d’un projet plus ancien, inabouti. Ce sont les fouilles du tombeau de Jeanne de Constantinople dans l’église abbatiale de Marquette qui ont constitué le point de départ de cette manifestation, que la maire de Lille met en parallèle avec l’exposition consacrée simultanément par la Belgique aux « Femmes de Flandre ». Martine Aubry évoque le rôle de bienfaitrice de la comtesse, dont les œuvres charitables sont mises à l’honneur par l’exposition, et insiste également sur la figure de la femme politique, dirigeant avec courage et discernement deux importants comtés entre 1214 et 1244 et laissant à la ville de Lille une Charte, « premier fondement du droit écrit » (p. 9) en 1235. L’exposition, réunissant commandes artistiques de Jeanne de Constantinople et témoins matériels de son temps, rend hommage à une femme de pouvoir et met la lumière sur une époque dont les apports ont été multiples dans bien des domaines pour la Belgique comme pour la France.
Nicolas Dessaux effectue une présentation globale de l’exposition mais surtout du catalogue qui l’accompagne et qui développe en une série de chapitres synthétiques des réflexions en rapport étroit avec les vestiges – fragments du tombeau de Jeanne reconstitué – et les œuvres présentés. Ayant marqué l’histoire et le paysage monumental de la Flandre et du Hainaut, les fondations conventuelles et hospitalières de Jeanne de Constantinople ont associé de façon indéfectible la comtesse aux territoires sur lesquels s’est exercée son action politique et édilitaire. Tour à tour critiquée puis encensée – l’image de la « bonne comtesse » ne se forgeant d’ailleurs, sans véritable recul critique, que dans la seconde moitié du XIXe siècle –, la femme n’en demeure pas moins méconnue, peu présente dans les chroniques contemporaines et presque exclusivement saluée dans l’historiographie pour ses fondations charitables et son rôle dans l’octroi de libertés communales. Après avoir mentionné les trois principales monographies consacrées à Jeanne de Constantinople, Nicolas Dessaux souligne que parmi les pièces exposées, certaines, dans les domaines de la sculpture sur bois ou de l’orfèvrerie notamment, constituent « la quasi-totalité de ce qui subsiste de la production des comtés de Flandre et de Hainaut au XIIIe siècle » (p. 11). A l’inverse, les ouvrages manuscrits – provenant essentiellement de monastères – forment un corpus immense, facilitant ainsi l’étude de la pensée et de l’enluminure en Flandre au XIIIe siècle. Les différents chapitres composant la majeure partie du catalogue sont brièvement introduits – histoire politique, économique, financière, sociale et religieuse, littérature et arts –, Nicolas Dessaux achevant sa présentation par l’évocation des thématiques qui restent à explorer afin de bénéficier à terme d’une vision d’ensemble de l’époque de Jeanne de Constantinople : affaires militaires, relations diplomatiques et transformations du monde rural.
La première section regroupe les aspects biographiques et généalogiques. Gérard Sivéry s’attache à décrire la vie et le gouvernement de Jeanne de Constantinople et de sa sœur Marguerite. Filles du comte Baudouin VI de Hainaut (comte de Flandre sous le nom de Baudouin IX et empereur de Constantinople en 1204 sous celui de Baudouin Ier), considéré mort en 1206 après avoir été fait prisonnier des Bulgares l’année précédente, les jeunes comtesses se retrouvèrent seules héritières de la Flandre et du Hainaut, leur mère Marie de Champagne ayant trouvé la mort à Acre en 1204. Un conseil dirigé par leur tuteur, Philippe de Namur, administra un temps les deux comtés, sur lesquels le roi Philippe-Auguste avait des prétentions. Proposant en mariage au comte de Namur sa fille Marie, le roi de France fit ainsi venir à Paris Jeanne et sa sœur, jeunes « otages » qui bénéficièrent toutefois de grands égards, recevant notamment une éducation solide. En 1212, Jeanne épousa Ferrand de Portugal, après plusieurs propositions rejetées par Philippe-Auguste. Ferrand, suite à la perte d’Aire et de Saint-Omer, s’opposa au Capétien. En dépit du soutien de l’Angleterre et de l’Empire, il perdit la lutte : vaincu à Bouvines en 1214, il fut fait prisonnier des Français et demeura captif jusqu’en 1226. Jeanne, à nouveau seule, régna sur ses comtés, avec intelligence et bienveillance, appuyée par un entourage politique avisé. Aidée par Louis VIII lors des troubles qui accompagnèrent en 1225 l’affaire du faux Baudouin – l’usurpateur Bertrand de Ray, sur lequel reviendra plus précisément Gilles Lecuppre au chapitre suivant – Jeanne de Constantinople parvint à reprendre, avec fermeté, le contrôle de ses terres. Elle retrouva Ferrand de Portugal en 1227, mais il mourut en 1233. Veuve, désormais sagement soumise au roi de France, Jeanne ne se remaria avec Thomas II de Savoie, oncle de Marguerite de Provence, qu’en 1237. Ils régnèrent ensemble sur la Flandre et le Hainaut jusqu’à la mort de Jeanne en 1244. Les relations de la comtesse avec la ville de Lille sont longuement examinées par Gérard Sivéry ; la fondation par Jeanne de l’hospice Comtesse, près de sa résidence lilloise, en 1237, est notamment évoquée. La fin du chapitre est consacrée à Marguerite de Constantinople, qui succéda à sa sœur en 1244. La vie mouvementée de Marguerite est présentée au lecteur : son mariage avec Bouchard d’Avesnes en 1213 malgré la désapprobation de sa sœur, puis ses secondes noces avec Guillaume de Dampierre – fidèle du roi de France – en 1223, la question de la succession de Marguerite en 1235 sous l’arbitrage de Louis IX, les luttes entre les Avesnes et les Dampierre pour le gouvernement des deux comtés – Marguerite régnant uniquement en Flandre de 1256 à sa mort en 1280. Son action politique à Lille et ses œuvres charitables sont enfin présentées. Gilles Lecuppre revient sur l’épisode du faux Baudouin, imposteur qui tenta de se faire passer pour Baudouin IX – et fut soutenu par une partie de la noblesse, dont Bouchard d’Avesnes – avant d’être confondu par Louis VIII et finalement pendu par Jeanne de Constantinople : l’auteur montre comment cet événement survenu en 1225 sous « les effets combinés de l’insatisfaction et de la nostalgie » (p. 33) marqua la comtesse Jeanne et fut à l’origine de mythes tenaces. Jean-François Nieus évoque la figure d’une autre femme politique dont on a pu contester la légitimité du pouvoir, une cousine de Jeanne, Elisabeth Candavène, comtesse de Saint-Pol. Elle mit au monde deux fils, en âge de gouverner à la mort de leur père Gaucher de Châtillon. Malgré tout, elle régna dans un premier temps sans se soucier de leurs ambitions, passant brusquement de la condition d’« épouse effacée » (p. 44) à celle d’héritière à « l’attitude déterminée » (p. 45), avant d’être définitivement écartée du pouvoir. Le dossier constitue un parallèle intéressant avec la situation des comtesses Jeanne et Marguerite.
Dans la deuxième section, les questions politiques et économiques sont développées en trois chapitres. Els de Parmentier examine en premier lieu la politique de la comtesse à l’égard des villes de Flandre : l’examen des chartes émanant du pouvoir comtal révèle un permanent « exercice d’équilibre » (p. 55) entre les attentes des villes et les besoins de la comtesse, celle-ci cherchant, en favorisant leur autonomie et leur développement par la confirmation de privilèges, à s’assurer leur fidélité et leur appui financier tout en gardant un certain contrôle sur les élites urbaines. James M. Murray offre un aperçu de l’économie des deux comtés au XIIIe siècle (fondée sur l’agriculture céréalière et l’industrie textile), expliquant la prospérité régionale par l’exploitation rationnelle des terres et des ressources – bien amorcée par les prédécesseurs de Jeanne de Constantinople – et par la rapidité de la croissance des villes – où la vie commerciale était intense. Le dernier chapitre de cette section est centré sur les financiers italiens présents dans les comtés de Flandre et de Hainaut à l’époque de Jeanne et de Marguerite de Constantinople. David Kusman rappelle tout d’abord que des commerçants italiens sont signalés aux foires d’Ypres dès le XIIe siècle, et dénombre les raisons de cette présence en ces régions (notamment l’existence de nombreuses infrastructures commerciales facilitant les échanges). Sont expliqués par la suite les activités et les stratégies des financiers italiens, leurs relations avec le pouvoir comtal et les populations locales – si Jeanne et Marguerite avaient besoin des prêts que leur octroyaient les Italiens afin de « mener une politique internationale de grande volée » (p. 78), bourgeois et aristocrates requéraient régulièrement les services des banquiers italiens. Après les Piémontais sous le gouvernement de Jeanne de Constantinople, arrivèrent sous celui de sa sœur des financiers toscans, lombards et ligures. David Kusman mentionne enfin quelques Toscans qui, autour de 1300, furent nommés trésoriers comtaux.
La féminisation du clergé dans les différents diocèses qui se superposaient aux deux comtés est étudiée par Bernard Delmaire dans le premier chapitre de la section consacrée à la religion. Après un état de la question sur l’histoire religieuse des régions étudiées, l’auteur dépeint le paysage monastique et canonial jusqu’au XIIIe siècle puis s’attache à expliquer pourquoi, à partir de ce siècle, la grande majorité des établissements fondés – d’origine diverse – furent féminins. La présence des ordres mendiants en Flandre et en Hainaut au XIIIe siècle est analysée par le même auteur à la lumière des travaux les plus récents – dont la thèse de Walter Simons pour la Flandre : types et chronologie des fondations, activités des frères, action des comtesses en faveur des établissements (avec une préférence marquée pour les Dominicains). Bernard Delmaire propose par la suite au lecteur un point sur le mouvement béguinal et les raisons de son expansion rapide en Flandre et en Hainaut au temps de Jeanne et de Marguerite de Constantinople, promotrices essentielles du mouvement. Il fournit notamment une cartographie et un tableau synoptique des béguinages, dont une typologie est dressée. L’importante section consacrée à la religion et à la place croissante des femmes dans l’Eglise s’achève par l’étude d’Isabelle Guyot-Bachy des établissements victorins féminins dont l’implantation a été encouragée par Jeanne de Constantinople et sa sœur. C’est alors que « l’expansion victorine jetait ses derniers feux » (p. 118) que des établissements féminins affiliés ou rattachés à l’ordre de Saint-Victor se développèrent dans le nord du royaume de France et dans les comtés de Flandre et de Hainaut. Au contraire d’autres ordres, l’accueil des vocations féminines avait en effet été ininterrompu. Mais ce succès s’explique par un autre facteur : le soin des pauvres auquel se consacraient certains établissements de victorines croisait les préoccupations caritatives des deux comtesses.
La vie intellectuelle est traitée en quatre chapitres. Olivier Collet propose au préalable un tableau général de la création littéraire au temps de Jeanne de Constantinople, de Marguerite et de Gui de Dampierre. Il en ressort un très faible goût pour les entreprises historiographiques, à l’exception de la Chronique de Philippe Mousket, œuvre toutefois composite où le récit historique est entremêlé d’éléments anecdotiques et fictifs. Au règne de Jeanne appartiennent plusieurs ouvrages, dont deux lui auraient été offerts par Blanche de Champagne. Manessier et Wauchier de Denain sont les seuls auteurs dont on puisse dire avec certitude qu’ils travaillèrent pour la comtesse, impliqués dans les projets de continuation du Conte du Graal, le second auteur étant de plus à l’origine de plusieurs traductions latines où prédominent les textes didactiques (vies d’ascètes et de saints). C’est à l’époque de Gui de Dampierre que se manifeste de la manière la plus évidente la « culture d’autovalorisation et de divertissement » (p. 126) de la famille comtale. L’étude des œuvres produites alors permet d’entrevoir les thèmes appréciés par l’aristocratie flamande et hennuyère à la fin du XIIIe siècle. Sébastien Douchet propose ensuite une analyse des œuvres littéraires réalisées pour Jeanne de Constantinople (contexte de création, spécificités du récit). A la comtesse, peut-être parce qu’elle n’eut pas le loisir de se consacrer à ce type de mécénat, on ne peut rattacher que très peu d’ouvrages : une vie de sainte Marthe traduite par Wauchier de Denain – cet exemple édifiant a pu profondément marquer la jeune Jeanne –, et les romans arthuriens que sont les suites de l’œuvre inachevée de Chrétien de Troyes. Rudi Malfliet étudie quant à lui la carrière du cistercien Guillaume de Boudelo, auteur du premier roman en langue flamande, Van den vos Reynaerde, une traduction augmentée du Roman de Renart. Ce clerc était également au service des comtesses de Flandre comme « administrateur de leurs domaines » (p. 145). Jean-Pierre Duteil emmène le lecteur hors de l’Europe en évoquant dans le dernier chapitre de cette section la figure du clerc Guillaume de Rubrouck, dont le voyage dans l’empire mongol à l’occasion d’une ambassade envoyée par le roi de France Louis IX fut relaté par le voyageur lui-même et copiée dès la fin du XIIIe siècle. Sa vie, son périple et les raisons de celui-ci sont exposés, de même que le contenu de son récit, fort précis sur les mœurs des peuples rencontrés comme sur la géographie des régions traversées.
Dans une même section dédiée à la vie artistique sont rassemblés un chapitre relatif à l’architecture et un chapitre consacré à l’enluminure.
Les grandes caractéristiques de l’architecture militaire, civile et religieuse en Flandre et en Hainaut au XIIIe siècle sont traitées par Alain Salamagne. Le chapitre débute par un rappel de la précocité de l’essor urbain dans ces régions. Parmi les facteurs essentiels qui contribuèrent au développement des villes et du commerce, l’importance dans le réseau des voies de communication des cours d’eau qui traversent les deux comtés est soulignée. L’auteur insiste sur la vitalité des activités de construction, consacrant une sous-partie à la localisation des carrières de pierre et à l’utilisation des différents matériaux – dont la brique – dans l’architecture régionale. L’édification de fortifications urbaines et de châteaux (à vocation défensive ou résidentielle), la construction de maisons de pierre ou de bois et la réalisation de bâtiments communaux (notamment les beffrois) sont développées dans des sections distinctes. L’architecture religieuse est abordée à travers les réalisations séculières et régulières. Son évolution est présentée de façon claire et synthétique : arrivée et succès durable du premier art gothique français, introduction des formes rayonnantes, existence d’un gothique propre dit scaldien, « réponse régionale au gothique picard » (p. 170). Les chantiers d’abbayes, en particulier cisterciennes, de grande ampleur ou de taille plus modeste, furent nombreux, certains – comme Marquette ou Flines – à l’initiative de la famille comtale. Le dynamisme de la création architecturale, encore représenté par les couvents des ordres mendiants (Franciscains de Valenciennes, Dominicains de Bruges), fut freiné dès la fin du XIIIe siècle par les troubles de la guerre de Flandre. La construction d’hôpitaux est évoquée par le biais des fondations lilloises, gantoise et valenciennoise de Jeanne de Constantinople dans les années 1220-1230. Alain Salamagne clôt ce panorama par quelques réflexions sur les maîtres d’œuvre, pour lesquels les sources sont plus que lacunaires. Charpentiers et maîtres d’œuvre étaient essentiellement recrutés par les villes, ces derniers travaillant surtout sur des chantiers ecclésiastiques. Parmi eux, Villard de Honnecourt, très probablement un des architectes du chœur de la cathédrale de Cambrai, fait l’objet d’un intéressant paragraphe en fin de chapitre.
Alison Stones présente enfin la diversité de la production enluminée dans les comtés gouvernés par Jeanne de Constantinople puis par sa sœur Marguerite. Le chapitre s’ouvre par un point sur le mécénat littéraire des deux comtesses et d’autres membres de la famille de Flandre (comme Gui de Dampierre), un patronage difficile à appréhender en raison du petit nombre « d’exemplaires de dédicace [...] parvenus jusqu’à nous » (p. 177). Les attributions demeurent donc hypothétiques. De manière générale, des paiements et des inventaires après décès attestent la possession ou la commande d’ouvrages enluminés par les comtesses et leurs descendants ; il est cependant ardu de rapprocher les données fournies par ces documents d’œuvres subsistantes – les pertes sont en outre nombreuses. La bibliophilie des comtes de Flandre et de Hainaut est par la suite présentée, jusqu’aux environs de 1320. La production d’ouvrages à destination de grands ecclésiastiques – dont plusieurs membres de la famille comtale – et du clergé régulier, fut particulièrement riche et diversifiée : une sous-partie lui est spécifiquement consacrée. Alison Stones aborde aussi les problématiques stylistiques, proposant des filiations, identifiant des commanditaires et esquissant les parcours d’artistes qui semblent avoir été pour la plupart des peintres polyvalents. Les commandes de livres enluminés, surtout dévotionnels, passées par la bourgeoisie pour son propre usage (n. 2, p. 177 : mentions dans les testaments) ou pour celui du clergé sont illustrées par trois exemples de productions de grande qualité réalisées pour des laïcs anonymes, dont ce qui semble être « le premier manuscrit littéraire français enluminé contenant de nombreuses miniatures » (p. 189).
Le catalogue regroupe les notices relatives aux œuvres exposées. Une douzaine de manuscrits enluminés (livres liturgiques, manuscrits de droit canonique, œuvres littéraires, philosophiques ou à visée encyclopédique) sont analysés sous leurs aspects formels, techniques et iconographiques. Quatre chartes mises en valeur par des commentaires d’une grande finesse illustrent la politique comtale (organisation communale de Lille, réglementation en matière de circulation des hommes et des biens par voie fluviale) et les violents conflits liés à la succession de la comtesse Marguerite. La sculpture flamande et hennuyère du XIIIe siècle est représentée par cinq Vierges à l’Enfant, une statue de saint Amand, un Christ en Croix issu d’un calvaire démembré et des éléments provenant du portail méridional de la collégiale Notre-Dame de Saint-Omer, un ensemble d’œuvres de grande qualité pour lesquelles sont effectués rapprochements stylistiques et propositions de datation. Une section du catalogue rassemble des fragments de dalles sculptées provenant de Notre-Dame de Saint-Omer, de beaux exemples de pavements à incrustation figurant motifs animaliers et monstrueux. Plusieurs dalles ornées d’épisodes de la vie de la Vierge et du Christ complètent cette présentation – leur appartenance à des éléments de mobilier liturgique, plutôt qu’au dallage de l’église, est suggérée. Les notices finales sont consacrées aux rares œuvres d’orfèvrerie religieuse parvenues jusqu’à nous (reliquaires, crosse, croix de procession).
Sources et bibliographie sont présentées en fin de catalogue, dans les annexes, qui s’ouvrent par un état des sources en relation avec quelques œuvres présentées précédemment.
Sommaire :
Remerciements, p. 5. Sommaire, p. 6. Avant-propos, p. 8. Présentation, p. 10. Biographie, p. 15. - Jeanne et Marguerite de Constantinople, comtesses de Flandre et de Hainaut au XIIIe siècle. - Jeanne de Constantinople face au fantôme du père. - Femmes et pouvoir au XIIIe siècle. Le destin d’une cousine de Jeanne de Constantinople. Politique, p. 55. - La politique de Jeanne de Constantinople à l’égard des villes (1212-1244). - L’économie en Flandre au temps de Jeanne de Constantinople. - La présence des financiers italiens dans le comté de Flandre sous les règnes de Jeanne et de Marguerite de Constantinople (1205-1280) : banque locale et négoce international. Religion, p. 81. - Le monde des moines et des chanoines, sa féminisation au XIIIe siècle. - Un nouveau mode de vie consacrée : les ordres mendiants, leur diffusion en Flandre et en Hainaut au XIIIe siècle. - Béguines et béguinages en Flandre et en Hainaut au XIIIe siècle. - Jeanne de Constantinople et quelques fondations féminines de l’ordre de Saint-Victor. Vie intellectuelle, p. 125. - La littérature en Flandre et en Hainaut au XIIIe siècle. - Sainte-Marthe et Perceval : deux figures entre exemple et divertissement, ou les œuvres littéraires écrites pour Jeanne de Flandre. - La comtesse Jeanne de Constantinople et l’histoire de Van den vos Reynaerde. - Guillaume de Rubrouck, un messager de Saint Louis à travers l’Eurasie. Vie artistique, p. 163. - L’architecture au temps de Jeanne de Constantinople. - L’enluminure au temps de Jeanne de Constantinople et de Marguerite de Flandre. Catalogue, p. 192. - Enluminures. - Archives. - Manuscrits scientifiques. - Sculptures et dalles incisées. - Sculpture. - Sculpture. - Orfèvrerie. - Orfèvrerie. Annexes, p. 272. Index, p. 280. Crédits photographiques, p. 288
|
||
Éditeurs : Lorenz E. Baumer, Université de Genève ; Jan Blanc, Université de Genève ; Christian Heck, Université Lille III ; François Queyrel, École pratique des Hautes Études, Paris |